Archives des Printemps 2007 - Contact http://www.contact.ulaval.ca La zone d'échange entre l'Université, ses diplômés, ses donateurs et vous. Wed, 04 May 2016 14:20:06 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.1 Hélène Dorion et les chemins de l’écriture http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/helene-dorion-et-les-chemins-de-lecriture-196/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid Des kilomètres à parcourir pour aller à la rencontre d’Hélène Dorion, c’est-à-dire deux heures entières pour me replonger dans ses poèmes. Depuis quelques semaines, cette poésie me chambarde, m’oblige à revenir à l’essentiel. Le tête-à-tête avec la poète sera-t-il à…

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Native de Québec, Hélène Dorion (Philosophie 1980; Français 1981 et 1985) a été l’une des premières diplômées de la maîtrise en création littéraire à l’Université Laval. C’est dans la jeune vingtaine qu’elle a pris la décision ferme d’écrire, après avoir tâté de la philosophie. Au fil de 25 ans d’écriture, elle a bâti une œuvre importante qui comprend une vingtaine de recueils de poésie, un essai et un roman. Poète des origines, elle interroge la condition humaine et fonde son œuvre autour de trois questions essentielles: Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? «La poésie permet de poser des questions, et donne la capacité d’habiter le monde, de bâtir des ponts entre ce monde et soi», explique-t-elle. Sans compter que, pour elle, la poésie restitue, jour après jour, le mystère et l’étonnement d’être vivante.

Le doute et l’inquiétude

«Ce qui est notable, chez Hélène Dorion, c’est la qualité de son œuvre et sa constance en écriture, commente François Dumont, professeur au Département des littératures et spécialiste de la poésie québécoise. Poète de l’intime, elle est très proche d’Hector de Saint-Denys Garneau et de Jacques Brault, dont la poésie a une dimension spirituelle, non pas au sens religieux, mais plutôt parce qu’elle aborde les aspects fondamentaux de l’existence.» Un critique français a par ailleurs qualifié le travail d’Hélène Dorion de «poésie de l’inquiétude, hantée par la précarité de l’existence humaine». De recueil en recueil, l’écrivaine explore des thèmes universels: le rapport à l’autre et au réel avec Un visage appuyé contre le monde (1990), le vide et l’absence dans Sans bord, sans bout du monde (1995), la question des origines en parallèle avec l’histoire de l’univers dans Les murs de la grotte (1998) ou encore les lieux dans son tout récent Ravir: les lieux (2005), œuvre polyphonique qui réunit plusieurs villes, philosophes et écrivains.

Ce dernier recueil a marqué un tournant dans la carrière d’Hélène Dorion. Ravir: les lieux lui a valu une pluie de distinctions, dont le prix international de l’Académie Mallarmé, décerné pour la première fois à un poète du Québec. «Elle est l’une des rares poètes de sa génération à être remarquablement bien accueillie en France», souligne François Dumont. Il est vrai qu’elle est abondamment publiée dans l’Hexagone et au-delà sur le Vieux Continent, et qu’elle est traduite dans une quinzaine de langues. Aux antipodes de l’écrivaine enfermée dans sa tour d’ivoire, elle participe à plusieurs salons et festivals littéraires, collabore à des récitals de poésie ou, encore, dirige des numéros de revues étrangères consacrés à la poésie québécoise.

Cette activité trépidante traduit bien son engagement dans son art et sa foi totale en la poésie. Elle a d’ailleurs codirigé pendant huit ans (1991-1999) une maison d’édition de premier plan en poésie, le Noroît. Et comment arriver à écrire, à rentrer en soi au milieu de pareil tourbillon d’activités? «J’ai une très bonne capacité de concentration», avoue celle qui a élu domicile dans un petit village des Laurentides, aux abords d’un lac, un lieu qui lui donne pleinement les moyens de goûter à la solitude.
 
En pays de connaissance

Hélène Dorion a beaucoup à dire sur les mots, son matériau de travail et l’instrument de sa quête. «Lorsqu’on commence à écrire, les mots prennent une autre densité», confie-t-elle. Son travail de poète consiste à les manipuler comme une matière aussi concrète que l’argile, à en élargir et en approfondir le sens. «J’ai un immense respect pour eux et je trouve douloureux qu’on les malmène tellement de nos jours, dit-elle. Les mots sont une petite maison de sens dont il faut prendre soin.» Sa découverte des mots qui révèlent le monde sera d’ailleurs foudroyante. Enfant, elle lira tout ce qui lui tombera sous la main, dont les seuls livres de la maison: une encyclopédie médicale en dix volumes.

Le désir d’écrire d’Hélène Dorion se nourrit d’un immense désir de connaître. Un legs de son père, homme curieux au savoir éclectique. De sa mère, elle tirera la certitude que la connaissance ne doit pas être qu’intellectuelle, mais incarnée et intimement liée à la vie. En optant pour un baccalauréat en philosophie à 20 ans, elle a l’impression que c’est le monde qui s’ouvre devant elle, et trouve merveilleux de ne rien comprendre au début. Sa préférence va bien vite à des philosophes très proches de la littérature: Camus, Nietzsche, Sartre, Hermann Hesse. «À cette époque, je pensais déjà écrire, mais sur la philosophie. Ce sont des philosophes de l’art comme Kandinsky qui m’ont menée à l’écriture, mais surtout un poème de Jacques Brault qui m’a révélé la densité des mots.»

Elle se tourne désormais vers cette autre voie pour «interroger le mystère de l’être et celui du monde». Entière en toute chose, elle rattrape le temps perdu en s’inscrivant au certificat en littérature québécoise, dévorant à la douzaine les classiques jamais lus. Puis, c’est la maîtrise en création littéraire durant laquelle elle publie son premier recueil de poèmes aux éditions du Noroît, L’intervalle prolongé suivi de La chute requise (1983). Cet événement la conforte dans sa vocation, tandis que, toujours étudiante, elle multiplie les activités littéraires: elle se fait critique pour la revue Estuaire, auxiliaire de recherche pour le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec et même chargée de cours en théâtre. À la fin de sa maîtrise, le recueil de poèmes Hors champ voit le jour.
 
Une étrange rébellion

Selon Hélène Dorion, vivre véritablement –tout comme écrire– exige une part de risque. Le travail en poésie consiste, chez elle, à ébranler les certitudes. Cette part d’inconnu vaut aussi pour le lecteur, souvent déstabilisé. «Plusieurs ont peur de la poésie, mais il faut lui donner la chance de nous rejoindre et accepter la part d’ombre qu’elle recèle. Le chemin s’éclaire au fur et à mesure.» En fait, Hélène Dorion croit au pouvoir de transformation de la poésie, tant pour celui qui en écrit que pour celui qui en lit ou en écoute. Elle se prête à divers exercices –lectures publiques, enregistrement de poèmes mis en musique– afin de mettre le plus grand nombre de gens possible en contact avec cette forme d’art. «Si ces activités permettent à une personne, une seule, de changer son regard sur la vie et qu’il lui en reste quelque chose, le but est atteint.»

L’entrevue tirant à sa fin, deux questions me brûlent les lèvres. Le monde d’aujourd’hui, tel qu’il est (bruyant, envahi par la publicité, le vite-digéré), se prête-t-il mal à la poésie? Est-ce que cela expliquerait la désaffection du public pour ce genre littéraire? Elle acquiesce à la première. La poésie est un exercice de lenteur, éloigné de l’agitation quotidienne, ce qui la rend d’autant plus nécessaire dans notre société déboussolée et en quête de spectaculaire. Quant à la désaffection du public, elle n’y croit tout simplement pas. À l’opposé de François Dumont qui estime que le public n’est plus familier avec cette forme de littérature totalement évacuée des médias, Hélène Dorion trouve que les lieux de diffusion de la poésie n’ont jamais été aussi nombreux, l’offre si abondante et le public tant au rendez-vous.
 
De toute façon, la poète ira son chemin, nullement tracé. L’écriture est son lieu de résistance, une étrange rébellion, comme elle l’exprime dans son essai Sous l’arche du temps, qui lui permet de «rester en éveil devant tant de réalité: terre et ciel, vent, et cet invisible et si tangible lieu des possibles d’où l’on respire».

***

JE NE SAIS PAS ENCORE
(Tiré de Un visage appuyé contre le monde, éditions du Noroît/Le Dé bleu)

Si la vie n’est pas
ce vers quoi nous ne pouvons retourner;
s’il y a quelque consolation
pour la tristesse qui revient
comme une alerte, la marque visible
de ce qui lentement se défait
en chacun de nous, le monde cherche sa beauté
et s’il devrait éviter la douleur
je ne sais pas encore.

Pourquoi cette ombre, ce silence
versés dans nos mains
ces manques insaisissables;
au fond de l’air, un oiseau déploie ses ailes
et s’il devrait éviter la douleur
je ne sais pas encore.

Aurons-nous le temps d’aller très loin
de traverser les carrefours, les mers, les nuages
d’habiter ce monde qui va parmi nos pas
d’un infini secret à l’autre, pourrons-nous écouter
le remuement des corps à travers le sable;
aurons-nous le temps
de tout nous dire et d’arrêter d’être effrayés
par nos tendresses, nos chutes communes;

pourrons-nous tout écrire
d’un passage du vent sur nos visages
ces murmures de l’univers, ces éclats d’immensité;
aurons-nous le temps de trouver
un mètre carré de terre et d’y vivre
ce qui nous échappe;

je ne sais pas encore.

***

Lisez le témoignage de trois diplômés sur la vigueur de la poésie dans le pays où ils habitent.

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La poésie selon trois diplômés http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/la-poesie-selon-trois-diplomes-212/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid CÉLÉBRER LA NÉGRITUDE

Au Sénégal, pays d’Hamidou Dia (Littérature 1995), la poésie s’exprime de deux façons: l’expression traditionnelle orale, qui fait une large place à l’épopée et à la mémoire du peuple, et l’expression contemporaine écrite en langues…

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CÉLÉBRER LA NÉGRITUDE

Au Sénégal, pays d’Hamidou Dia (Littérature 1995), la poésie s’exprime de deux façons: l’expression traditionnelle orale, qui fait une large place à l’épopée et à la mémoire du peuple, et l’expression contemporaine écrite en langues sénégalaise et française.

Au sujet de la poésie en français, M. Dia explique qu’elle a pris son envol avec le mouvement de la négritude, un courant littéraire né simultanément à Paris et à Dakar après la Deuxième Guerre mondiale. «Cette poésie se caractérise par des propos essentiellement anticolonialistes et revendicatifs de l’identité nègre», explique le professeur de philosophie et de littérature comparée.

Plusieurs poètes sénégalais issus de ce courant se sont d’ailleurs distingués, particulièrement David Diop (1927-1960). «C’est celui qui a eu l’influence la plus profonde et la plus durable sur les poètes de la génération actuelle, dit-il. Son œuvre, qui tient dans un unique recueil, est à la fois un cri de révolte contre le colonialisme et un message d’espoir quant à la libération de l’Afrique de tous ses maux. Son poème intitulé Afrique est d’ailleurs enseigné à tous les écoliers africains. L’influence de cet homme a été déterminante pour moi.» M. Dia est lui-même auteur de deux recueils de poésie.

Hamidou Dia déplore que la poésie sénégalaise, bien que très féconde, souffre de graves problèmes d’édition et de diffusion. «Il existe quelques petites maisons d’édition qui font beaucoup d’efforts pour publier les œuvres de nos poètes, mais c’est encore trop peu. Sur le plan de la diffusion, le problème est tout aussi criant: Dakar, qui compte plus de deux millions d’habitants, n’a que deux grandes librairies!» Et bien que l’intérêt du public pour la poésie soit présent, la culture sénégalaise reste dominée par le roman, le théâtre et la musique, observe-t-il.

AFRIQUE (finale du poème)

Cet arbre là-bas
Splendidement seul au milieu des fleurs
Blanches et fanées
C’est l’Afrique ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinément
Et dont les fruits ont peu à peu
L’amère saveur de la liberté.

***

COMME LE DISAIT CONFUCIUS…


Selon Zenghou Cheng (Langue française 1980), la Chine est depuis toujours une terre poétique. Cinq siècles avant notre ère, Confucius a rassemblé 305 poèmes recueillis dans la population et, ainsi, constitué le tout premier recueil de poésie chinoise. «Les œuvres de cette époque existaient sous forme de chansons populaires», précise le professeur de langues modernes à la retraite. C’est vraiment sous la dynastie des Tang (618-907) que la poésie traditionnelle a atteint son apogée. Cette époque est d’ailleurs considérée comme l’âge d’or de la littérature chinoise. «Tout Chinois cultivé retient au moins quelques dizaines de vers des poètes des Tang, assure M. Cheng. Les enfants se familiarisent davantage avec cette poésie qu’avec celle d’aujourd’hui.»

Zenghou Cheng affirme qu’en Chine, les poètes qui écrivent des vers sont plus nombreux que ceux qui les lisent. «Pour attirer l’attention, certains poètes sont même allés jusqu’à se déshabiller pendant des récitations publiques», dit-il. Ce qui, selon lui, a pour effet de choquer le public et de creuser davantage le fossé entre la poésie et le peuple. Pour sa part, M. Cheng a consacré une partie de sa carrière à faire connaître la littérature québécoise à ses compatriotes. Il a notamment traduit en chinois les romans Kamouraska, d’Anne Hébert, et Une saison dans la vie d’Emmanuel, de Marie-Claire Blais.

***

POÉSIE AU PAYS DU TANGO


La poésie contemporaine est bien vivante en Argentine. Même si ce genre souffre, là aussi, d’un grand problème de diffusion, on y publie chaque année une vingtaine d’ouvrages collectifs. Et des poètes se réunissent régulièrement pour lire leurs créations devant un public enthousiaste. «Le fait que la poésie ne soit pas traitée comme un genre littéraire commercial nuit évidemment à la renommée de nos poètes et à leur rayonnement international, mais pas à l’importance de leur production», explique Miguel Santagada (Littérature et arts de la scène et de l’écran 2004), professeur en communication et cultures contemporaines à l’Université de Buenos Aires. «Hermann Hesse soutenait qu’écrire des mauvais vers procure plus de bonheur que de lire les vers les plus beaux. Je pense qu’il avait raison. Aucune avancée technologique ne peut remplacer cet art qui nous permet d’exprimer nos passions, et c’est pourquoi la poésie continue d’exister.»

M. Santagada ne peut parler de la poésie de son pays sans évoquer la chanson. La poésie rejoint en effet la population grâce à sa présence dans les textes des chansons populaires et folkloriques, mais aussi par le biais du tango, où la parole occupe une place aussi importante que la musique et la danse. «Plusieurs grands poètes se sont consacrés au tango. Parmi eux, je retiens Homero Manzi (1907-1951) et Enrique Santos Discepol (1901-1951), qui ont écrit les tangos les plus poétiques, largement diffusés hors des frontières de l’Argentine.»

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Des perles dans les sous-bois http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/des-perles-dans-les-sous-bois-197/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid Un écho nouveau porteur de richesses et d’espoir s’élève des sous-bois et résonne aux quatre coins du Québec. À l’est et au nord de la province, là où l’agriculture s’est toujours fait tirer l’oreille et où la foresterie traîne de…

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Ceux qui voient dans les plantes indigènes et dans les champignons forestiers des perles dont la récolte assurera le salut économique de leur région sont-ils des rêveurs ou des visionnaires? Des chercheurs de l’Université tentent de mettre un peu de science et de réalisme dans cette filière agroforestière –la science qui marie les cultures et les arbres– présentée, à tort ou à raison, comme une bouée de sauvetage économique pour les régions

La manne du Nord

Lorsque J.-André Fortin parle de champignons sauvages, c’est l’urgence d’agir qu’on entend en filigrane. Et pour cause  il y aurait des millions de dollars de champignons qui poussent et qui pourrissent chaque année dans les forêts de la Gaspésie, de la Côte-Nord, de l’Abitibi et de la Jamésie. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’en janvier 2006, ce professeur du Département des sciences du bois et de la forêt alertait le Québec au sujet d’une éventuelle explosion de morilles dans les régions dévastées par les grands feux de forêts de 2005.

Les résultats de l’Opération morilles 2006 devaient lui donner raison. Les cueilleurs, qui ont ratissé à peine 5% des zones brûlées, ont rapporté deux tonnes de morilles. Sur le même territoire, une quantité équivalente a été perdue sur pied. «Cela donne une production potentielle de 80 tonnes, soit 6 millions$, pour l’ensemble du territoire brûlé lors de cette année exceptionnelle, calcule-t-il. En moyenne, on parle d’environ 25 tonnes de morilles par an.» Ajoutez à cela la production de chanterelles, de russules, de bolets, de pleurotes et de matsutake et vous avez une activité qui peut générer 25 millions$ chaque année au Québec, assure le chercheur.

Et il y aurait moyen de faire encore mieux, comme le montrent les recherches qu’il mène avec son collègue du Département, Yves Piché, et l’étudiante au doctorat Caroline Rochon. Les chercheurs ont profité de l’abondance des champignons forestiers du Domaine de la rivière Mistassini, un territoire de 120 ha situé au Lac-Saint-Jean, pour déterminer les conditions écologiques dans lesquelles s’épanouissent la chanterelle et la dermatose des russules. «En caractérisant leur habitat, nous pourrons non seulement repérer plus facilement les milieux propices à ces champignons, mais nous pourrons aussi aménager la forêt pour créer des habitats favorables à ces espèces», souligne Caroline Rochon.

L’intérêt pour la récolte des champignons forestiers comestibles est palpable en régions, estime J.-André Fortin, mais cette industrie naissante se heurte à deux problèmes: l’absence de tradition québécoise en cueillette de champignons et la difficulté de recruter des cueilleurs. C’est pour cette raison qu’il a mis sur pied, avec d’autres passionnés, l’Association pour la commercialisation des champignons forestiers afin d’inciter les régions à tirer profit de cette manne de façon durable. «C’est garanti que si la récolte des champignons sauvages est faite sans contrôle, on risque de détruire la ressource comme on l’a fait avec l’ail des bois et le ginseng, commente Yves Piché. Par contre, si c’est développé avec intelligence, il ne devrait pas y avoir de problèmes.»

Éleveurs de perles

Le pillage de sites qui abritent des espèces à valeur commerciale n’est malheureusement pas nouveau, comme le démontre le cas du ginseng à cinq folioles. Le commerce de cette plante indigène, qui possède des vertus tonifiantes semblables à celles du ginseng oriental, venait juste derrière celui des fourrures dans l’économie de la Nouvelle-France pendant la première moitié du XVIIIe siècle. Les populations sauvages en ont payé le prix: il ne resterait plus aujourd’hui que quelques dizaines de colonies naturelles de cette espèce dans tout le Québec.

Presque partout au Canada, la culture au champ a remplacé la cueillette forestière du ginseng. Au Québec, des expériences de culture en érablières, réalisées par Alain Olivier et l’étudiante-chercheuse Isabelle Nadeau du Département de phytologie, ont amorcé un virage vers la production de cette plante en milieu forestier. Grâce à l’expertise acquise lors de ces recherches agroforestières, Isabelle Nadeau a créé Ginseng Boréal, une firme qui fournit conseils et matériel aux personnes intéressées par la culture forestière de cette plante. Depuis dix ans, plusieurs centaines de propriétaires de boisés se seraient lancés dans cette production, avec un inégal succès. «Ceux qui pensaient faire fortune sans travailler se sont trompés, affirme Isabelle Nadeau. Par contre, ceux qui y mettent les efforts et le temps en tirent un bon revenu parce que c’est l’espèce agroforestière pour laquelle il existe le meilleur marché.»

Le même scénario de pillage était sur le point d’être rejoué avec les plantes médicinales et ornementales indigènes, allègrement prélevées en milieu naturel pour approvisionner leur marché respectif. «Parce que ces plantes croissent et se propagent très lentement, il était plus simple et moins coûteux d’en récolter dans la nature plutôt que de tenter d’en faire la culture, explique Line Lapointe, du Département de biologie. Cette pratique, interdite par la loi depuis 2005, ne pouvait pas durer parce qu’elle menaçait la survie des populations naturelles.»
 
Depuis cinq ans, Line Lapointe et Alain Olivier dirigent un projet interuniversitaire qui vise à mettre au point des méthodes de culture forestière pour ces capricieuses espèces. Il n’est pas simple de convaincre la nature de produire en abondance ce qu’elle livre habituellement avec parcimonie… Les essais effectués en serres et sur le terrain sur des plantes médicinales (actée à grappe, caulophylle faux-pygamon, sanguinaire, gingembre sauvage, bois piquant et polygale sénéca) et sur des plantes ornementales (adiante pédalée, fougère-à-l’autruche, trille blanc, érythrone) ont permis de préciser les exigences écologiques de chaque espèce pour assurer leur croissance optimale.

Malgré certains succès, notamment avec la fougère-à-l’autruche (matteucie), la multiplication de la plupart des espèces reste toutefois problématique. Surtout chez les plantes à fleur comme le trille et le caulophylle. «Même après trois années de culture, les plants sont encore trop petits pour fleurir», souligne Line Lapointe. L’équation est simple: pas de fleurs, pas de multiplication par graines.

La seule façon de produire suffisamment de plants pour démarrer des cultures dignes de ce nom est donc le bouturage à partir du rhizome, la «racine» de ces plantes. «Chez les espèces de petite taille, on ne peut produire que trois ou quatre plants à partir d’un plant mère», précise-t-elle. Le hic, outre la lenteur du procédé, est qu’il faut prélever des plantes dans le milieu naturel pour partir la chaîne, et leur nombre doit être suffisamment élevé pour assurer une certaine diversité génétique. «Le défi d’accélérer et d’augmenter la production de graines chez ces espèces devra être relevé si l’on veut à la fois développer cette activité agroforestière et conserver les populations sauvages de ces espèces», résume la professeure.

La semi-domestication de plantes indigènes possédant des propriétés médicinales n’intéresse pas uniquement les entreprises de produits naturels. La compagnie Bioxel Pharma, qui commercialise des produits contenant des taxanes –des molécules anticancéreuses provenant des aiguilles et des branches de l’if du Canada– s’est associée au professeur Jacques-André Rioux, du Département de phytologie, pour une étude sur la culture de ce conifère arbustif. Sa production au champ assurerait un approvisionnement constant en matière première tout en évitant à cette espèce de subir le même sort que son cousin, l’if de l’Ouest, menacé en raison de la surexploitation des taxanes de son écorce.

L’économie de la nature

Toutes ces espèces montrent bien que l’agroforesterie en est à ses premiers pas chez nous. Comme bien d’autres pays développés, le Québec a mis du temps à s’intéresser à ce mariage nature-culture, constate Alain Olivier. À partir du moment où l’agriculture québécoise a fait le choix de la spécialisation et de la monoculture, les arbres ne cadraient plus dans le décor.

Selon lui, l’intérêt soudain pour ce secteur tient à deux facteurs: un certain désarroi dans les régions devant un modèle de production agricole qui ne fonctionne que dans le sud du Québec et une prise de conscience qu’on peut retirer autant sinon plus de dividendes d’une forêt debout que d’une forêt coupée. «L’agroforesterie crée de grandes attentes en région­, mais il faut se garder de la présenter comme un nouvel eldorado, prévient-il. Il ne s’agit pas simplement de semer des graines à la volée dans les sous-bois et de récolter les plantes quelques années plus tard. Ce sont des productions qui exigent soins et travail, et il faudra encore beaucoup de recherche avant d’atteindre le plein potentiel de chaque espèce.»

Les régions pourront-elles y trouver le tonus qui revigorera leur économie? «L’agroforesterie permet de diversifier l’activité économique d’une région sans devoir dépenser des millions, fait valoir le professeur. Je crois qu’il y a un potentiel pour certaines espèces, dans certains milieux, et nous devrions miser sur les productions biologiques pour nous distinguer de la concurrence. Mais il est clair que tout le monde ne pourra pas se lancer là-dedans. Il faut envisager l’agroforesterie comme un complément de revenus dans un contexte autre que l’agriculture industrielle.»

Pour bien mesurer les retombées économiques de cette filière, il faudra utiliser un cadre comptable plus englobant, ajoute-t-il. Par exemple, beaucoup de terres en friche obstruent présentement la vue sur le fleuve en Gaspésie. L’installation sur ces terres de systèmes agroforestiers comprenant des feuillus nobles et des arbustes fruitiers comme l’amélanchier (ou arbre à poires) générerait plus de richesses que les produits qu’on en tirerait parce qu’en créant une percée visuelle sur le Saint-Laurent, on donnerait une valeur ajoutée au paysage dont profiterait toute l’industrie touristique. «Pour rendre pleinement justice au potentiel de l’agroforesterie, les analyses devront tenir compte des biens et services environnementaux qu’elle génère dans toute la collectivité.»

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 LA CHICOUTÉ SUR LE GÂTEAU

Il n’y a pas que sous couvert forestier qu’on tente de domestiquer les plantes indigènes. Au cours des 15 dernières années, Line Rochefort et ses collaborateurs ont mis au point une technique qui permet de reconstituer des écosystèmes fonctionnels dans les tourbières abandonnées après exploitation des dépôts de tourbe. Adoptée par l’industrie canadienne de la tourbe, cette méthode repose sur la formation d’un tapis de mousses sur le sol nu. Mais, puisqu’on y est, pourquoi ne pas donner une valeur ajoutée à ces milieux en y faisant également pousser de la chicouté, plante typique des tourbières des régions boréales, proposent la chercheuse et sa collègue Line Lapointe.

La chicouté produit un fruit ambré dont les gens de la Côte-Nord tirent confitures et tartes destinées à leurs plaisirs gourmands ou à ceux des touristes. Depuis quelques années, l’espèce a accru sa renommée grâce à une liqueur fabriquée par la Maison des futailles et distribuée sous le nom de Chicoutai par la Société des alcools du Québec. Certains rêvent de faire de la chicouté le prochain petit fruit cultivé du Québec. Grosse commande pour cette modeste plante peu productive à laquelle les deux chercheuses arrachent petit à petit les secrets qui garantiront le succès de sa culture en tourbières.

«Les Scandinaves ont une expérience de plusieurs décennies en culture de la chicouté, mais il a fallu revoir les règles qu’ils appliquent chez eux parce qu’elles ne fonctionnaient pas très bien ici», explique Line Rochefort. Les résultats ne sont pas encore spectaculaires, mais la chercheuse croit néanmoins que d’ici dix ans, les cultures de chicouté dans les tourbières naturelles ou restaurées feront partie du paysage de la Côte-Nord.

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La Gaspésie et les Îles ont une chaire http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/la-gaspesie-et-les-iles-ont-une-chaire-213/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid QU’EST-CE QU’UNE CHAIRE DE RECHERCHE?

En 2002, l’Université Laval créait la Chaire multifacultaire de recherche et d’intervention sur la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. Une chaire est une structure de recherche qui reçoit un financement particulier. Pour un donateur, la formule …

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QU’EST-CE QU’UNE CHAIRE DE RECHERCHE?

En 2002, l’Université Laval créait la Chaire multifacultaire de recherche et d’intervention sur la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. Une chaire est une structure de recherche qui reçoit un financement particulier. Pour un donateur, la formule des chaires permet de soutenir un ou des objectifs définis; dans ce cas-ci, la revitalisation de la Gaspésie et des Îles.

La mise sur pied d’une chaire nécessite un engagement financier important dès sa création. Il peut s’agir de dons d’individus, de sociétés ou d’organismes. Une chaire est gérée par un comité directeur et dirigée par un titulaire. Ce dernier présente un budget annuel, et des subventions lui sont alors accordées par son comité directeur. Un comité scientifique peut aussi être rattaché à une chaire. En vertu d’ententes entre l’Université et la Fondation, c’est cette dernière qui s’occupe de la sollicitation et de la gestion liées aux chaires.

Une chaire peut être capitalisée ou non, c’est-à-dire que les dons peuvent être soit placés pour utilisation d’une partie des intérêts, soit utilisés en entier. La capitalisation contribue à assurer la pérennité d’une chaire tout en permettant la réalisation d’activités annuelles en accord avec l’objectif défini. C’est le cas de la Chaire multifacultaire de recherche et d’intervention sur la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.

L’Université Laval compte de nombreuses chaires. Une trentaine, dont l’aspect financier est géré par la Fondation, peuvent recevoir des dons individuels. Une centaine d’autres relèvent plutôt d’un partenariat de recherche entre l’Université et un organisme subventionnaire gouvernemental ou non, comme les chaires de recherche du Canada et les chaires CRSNG. Pour plus de renseignements sur les fonds et les chaires de l’Université Laval, consultez le site Internet de la campagne de financement au
www.detouteslesrevolutions.com.

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JULIE HÉMOND, DONATRICE À LA CHAIRE

De ses étés passés sur le bord du lac Matapédia, lorsqu’elle était enfant, Julie Hémond garde des souvenirs empreints de chaleur, de beauté et de la lumière toute particulière de ce coin de pays, la Gaspésie. Splendeur d’une région aux enjeux qui dépassent de loin ses frontières. «Ce qui se passe dans une portion du fleuve peut avoir des impacts importants ailleurs au Québec», plaide Mme Hémond, employée à la Fondation de l’Université Laval et donatrice à la Chaire de recherche et d’intervention sur la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.
 
Alliant le geste à la pensée, cette jeune femme passionnée a choisi d’investir dans cette chaire dont la mission colle parfaitement à sa vision des choses. «Les intervenants de la Chaire agissent de manière concrète et leurs champs d’action sont multiples. Par exemple, on ne peut pas demander aux PME de se préoccuper de développement durable si elles-mêmes ne sont pas en mesure d’assurer leur viabilité», explique Julie Hémond. Pour aider les entreprises, la Chaire y multiplie les interventions par l’entremise, entre autres, de la Faculté des sciences de l’administration. «Il faut partir de la base, estime-t-elle, sensibiliser les populations et leur donner les outils nécessaires à la réalisation de leur plein potentiel.» Les nombreux projets de la Chaire, elle connaît… «Je me tiens au courant de ce qui se fait chaque année, et je constate que l’argent que j’investis est utilisé à 100%. J’ai le sentiment de participer, à ma façon, au développement de cette région.»

Julie Hémond apprécie également que la Chaire mette l’accent sur l’attraction et la rétention des jeunes en région. Depuis sa création, la Chaire a attiré des centaines d’étudiants sur le territoire de la Gaspésie et des Îles afin qu’ils participent à différents projets, comme la mise en valeur et l’aménagement du paysage ou la caractérisation des potentiels agroforestiers. Certains de ces étudiants ont craqué pour l’endroit et pour la qualité de vie qui y est offerte. C’est le cas de Véronique Laveau, diplômée en service social et récipiendaire du trophée Personnalité AVENIR par excellence du Gala Force AVENIR, en 2000. Mme Laveau a déménagé avec sa petite famille dans cette région après y avoir fait un stage.

Et qui sait, peut-être Julie Hémond renouera-t-elle avec ses souvenirs d’enfance dans un avenir prochain…

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Gaspésie: cap sur l’espoir http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/gaspesie-cap-sur-lespoir-198/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid Suspendu entre ciel et terre dans un escalier du cap Gaspé, un jour du printemps 1999, Laval Doucet se posait mille questions sur l’avenir de ce coin de pays. «“Ce n’est pas possible qu’avec tous nos moyens, nous ne soyons…

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Préservé de la pollution agricole, car on y a surtout pratiqué l’agriculture de subsistance, et à l’abri des grands développements industriels, ce territoire pourrait devenir un modèle d’application de développement durable. «Ici, nous pouvons rêver d’une terre verte, s’enthousiasme Laval Doucet. Il est clair qu’avec nos méthodes d’exploitation du passé, nous avons frappé un mur. Il faut donc trouver de nouvelles idées, façonner le futur à l’aune du développement durable, en utilisant la forêt autrement et en créant de nouveaux produits.»

Louis Bélanger partage cette vision. Professeur au Département des sciences du bois et de la forêt, ce spécialiste de l’aménagement forestier constate d’un côté que l’exploitation traditionnelle des ressources naturelles menace directement la survie de la région. De l’autre, il croit fermement que les citoyens ont les moyens de changer ce processus. «Les Gaspésiens sont en train de se prendre en main et ça, c’est nouveau, affirme-t-il. Ils peuvent développer le territoire de leur propre initiative, à condition qu’ils parviennent à s’entendre, car la compétition est parfois féroce entre les villages.»

Dans le giron de la Chaire

M. Bélanger ne se contente pas de vœux pieux. Lui et une vingtaine d’autres professeurs sur le campus élaborent projets et idées qui pourraient bientôt tracer un avenir plus rose à la Gaspésie. Des projets qui trouvent leur place dans le giron de la Chaire multifacultaire de recherche et d’intervention sur la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, créée en 2002.

Cette chaire, c’est le bébé de Laval Doucet qui a su convaincre l’ancien recteur François Tavenas de l’importance pour l’Université de s’impliquer dans cette région. Dotée d’un modeste budget annuel d’exploitation de 100 000$ et placée sous la responsabilité de l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional, la Chaire accueille certaines initiatives et en suscite d’autres. M. Doucet, qui reste titulaire de la Chaire malgré son statut de retraité, parcourt inlassablement les routes du territoire. Au fil des ans, il a tissé des liens dans les villages, a écouté des citoyens décidés à contrer le mauvais sort et a semé des idées. Surtout, il a appris à ne pas tirer sur les fleurs pour les faire pousser plus vite.

L’expérience de Murdochville lui a montré que les entreprises les plus viables naissent parfois de situations en apparence désespérées. «Aujourd’hui, le secteur éolien est en pleine expansion dans cette municipalité, constate-t-il. Toute la Gaspésie en bénéficie, alors qu’on a déjà envisagé de fermer la ville, ce qui aurait coûté une fortune en dédommagements et forcé les gens à quitter leur coin de pays.»

Partisan des solutions à long terme, Laval Doucet considère la Gaspésie comme un terrain idéal pour appliquer les outils d’écologie sociale. Principes fondamentaux: respecter l’environnement et ouvrir les oreilles, comme le suggère l’Agenda 21, le mode de développement durable mis au point lors du Sommet de la Terre de Rio.

L’application de ces principes en Gaspésie commence en septembre 2001, avant même que la Chaire n’ait de statut officiel. M. Doucet débarque alors à Grande-Vallée, non loin de la pointe de la Gaspésie, et y organise des discussions sur l’avenir avec les habitants du village. Peu à peu, les voisins de Cloridorme, de Petite-Vallée et de Sainte-Madeleine se joignent à eux et des comités orientés vers la foresterie, l’architecture et l’agriculture se forment, suscitant bientôt l’intérêt des élus de cette région baptisée Estran.

Pendant ce temps, d’autres professeurs de l’Université apportent leur expertise aux idées qui émergent de cette structure communautaire. Sept d’entre eux viennent d’ailleurs explorer le territoire avec les habitants l’été suivant, tandis que plusieurs étudiants profitent de ce terreau fertile pour faire des stages en service social ou réaliser des thèses. Parmi les multiples propositions débattues par les Gaspésiens de l’Estran, une idée retient l’attention: celle soufflée par Louis Bélanger qui consiste à créer, dans ce coin de pays, un parc d’un type totalement nouveau au Canada.

Un parc nouvelle mouture

Le modèle envisagé s’apparente à celui des parcs naturels régionaux qui constituent 10% du territoire français. Contrairement au parc national Forillon, situé à quelques plongées de baleines, le projet n’exclut pas la présence humaine: le territoire à protéger s’étend sur 600 km2 et compte environ 3000 citoyens, englobant les quatre villages côtiers de l’Estran. Ce projet combine développement économique durable et protection de la nature.

Dans ce parc nouvelle mouture, les agriculteurs cultivent leurs terres ou pratiquent l’élevage, les forestiers vivent de la forêt et les touristes s’extasient sur les beautés du paysage. «L’Estran possède l’un des plus beaux paysages aménagés par l’humain au Québec, s’enflamme M. Bélanger. Les fonds de vallée avec leurs mosaïques agricoles, le contraste entre la mer et la montagne, l’architecture élaborée des maisons de certains rangs: ça vaut vraiment la peine d’être découvert.» Selon lui, la Gaspésie a tout intérêt à miser sur ce potentiel écotouristique remarquable pour concevoir de nouveaux produits du terroir et exploiter la forêt de façon moins industrielle. Le gouvernement voit cette initiative d’un bon œil, car ce type de structure n’existe pas actuellement. Baptisé «paysage humanisé», le projet-pilote pourrait même inspirer d’autres régions du Québec.

Avec l’appui d’étudiants et de professeurs de l’Université, les citoyens du futur parc habité cherchent la meilleure formule. Ils se penchent actuellement sur les règles à mettre en vigueur pour protéger la biodiversité, réfléchissent sur les tracés d’éventuels sentiers pédestres et se demandent quel type d’agriculture répondrait le mieux aux besoins de la communauté.

Concertation et agriculture

Des questions pas si éloignées de celles que se posent les Gaspésiens de la région administrative du Rocher-Percé. Là, la concertation régionale porte notamment sur la «multifonctionnalité» de l’agriculture. Dans cette perspective, l’agriculture n’est plus seulement considérée comme une façon de nourrir la population, mais aussi comme un facteur d’identité et comme une composante de la biodiversité et du paysage. Sans compter que, pour survivre, elle doit rester une activité lucrative dans le contexte mondial actuel.

Déjà, une douzaine d’agriculteurs du bout de la péninsule ont adopté l’idée d’Alain Olivier, professeur au Département de phytologie, qui participe à l’exercice de concertation: en bordure de leurs terres, planter des arbres d’essences nobles, comme des ormes, des frênes ou des pins. Non seulement vont-ils pouvoir en tirer un revenu intéressant un jour mais, en attendant, ils protègent leurs sols de l’érosion et agrémentent le paysage. «La Gaspésie ne peut produire aussi efficacement que le centre du Québec, précise le chercheur, car les terres n’y sont pas aussi fertiles et les conditions climatiques sont difficiles. Par contre, il est possible d’y développer une agriculture biologique ou d’innover dans la manière de cultiver.»

Autre projet issu de cet exercice de mise en valeur de la multifonctionnalité que coordonne en Gaspésie un employé de la Chaire, Bertrand Anel: à la coopérative maraîchère de Val d’Espoir, non loin de Percé, une parcelle de trois hectares a été plantée de sureaux, aux pieds desquels prennent place des rangs de céréale et de pomme de terre. Lorsque les arbustes parviendront à maturité, la coopérative vendra les petits fruits du sureau sur le marché des colorants alimentaires. Déjà, cette expérience agroforestière attire de nombreux curieux.

Encore plus de tourisme

En Gaspésie, le tourisme constitue déjà une véritable richesse, mais il est possible de le développer encore davantage. Le jugement vient d’Yvon Gasse, directeur du Centre d’entreprenariat à la Faculté des sciences de l’administration et membre actif de la Chaire. Dans un sondage qu’il a récemment effectué auprès de 600 entreprises de la région, le tourisme est d’ailleurs clairement apparu comme l’un des secteurs d’avenir.

Selon Yvon Gasse, lui-même Gaspésien de naissance, il faudrait allonger les saisons touristiques et, surtout, convaincre les entrepreneurs de s’associer pour offrir une large gamme d’activités et attirer des touristes d’outre-atlantique. Les marchés extérieurs constituent d’ailleurs une des clés de la réussite en Gaspésie, comme l’a démontré une autre étude réalisée par la Chaire en 2005. Ensemble, suggère M. Gasse, les gens d’affaires pourraient faire la promotion, en Europe et aux États-Unis, de loisirs comme la pêche en haute mer et la longue randonnée ou le ski dans les Chic-Chocs. «Il faut des produits novateurs, car les touristes ne passent pas toute la semaine à admirer le rocher Percé.»

Déjà, plusieurs étudiants de son cours de MBA en création d’entreprise ont plongé. Ils exploitent des gîtes du passant tout en proposant de la pêche au saumon, de l’esca­lade ou du kayak. Le golf constitue aussi une piste intéressante, considère M. Gasse en donnant l’exemple de l’Île-du-Prince-Édouard, destination très prisée des golfeurs.

«La Gaspésie ne doit plus attendre de gros projets pour se développer, estime-t-il. L’expérience a montré que, lorsque ce n’est plus payant, les multinationales s’en vont. Il faut miser sur un développement endogène, en créant des entreprises, des projets propres à la région. Peut-être que, du coup, la Gaspésie deviendra un modèle de développement économique pour les autres coins du Québec.» Bien décidé à donner un coup de main en ce sens, le professeur incite les étudiants de sa faculté à partir en stage, à la découverte d’entreprises gaspésiennes désireuses d’obtenir une étude de marché ou une planification d’affaires.

Des diplômés à l’œuvre

Un de ces anciens stagiaires, Nicolas Roy, dirige maintenant les fumoirs Atkins et Frères, à Mont-Louis. L’équipe de 16 employés importe des saumons de Chine ou de Russie, les fume et les expédie partout dans le monde. Et c’est loin d’être le seul diplômé à avoir entendu l’appel, notamment relayé sur le campus par les Journées Gaspésie-Laval. Cet événement annuel, né il y a sept ans à l’initiative de Laval Doucet, met en contact des employeurs gaspésiens et des finissants.

Gino Arsenault a su, de son côté, profiter du vent de changement qui souffle sur sa région. Alors qu’il étudiait en foresterie, en 1999, le jeune Gaspésien a mis sur pied une entreprise spécialisée dans le multimédia et s’est installé à Gaspé. Aujourd’hui, Azentic communication emploie une quinzaine de personnes et réalise des documents promotionnels, des sites Internet, des cédéroms, essentiellement pour des clients appartenant à de nouveaux secteurs d’activités comme l’éolien et l’écotourisme. «Je pense que, d’ici dix ans, la restructuration économique va être gagnante pour la Gaspésie, souligne cet entrepreneur qui poursuit actuellement, à distance, un baccalauréat en sciences de l’administration de l’Université Laval. Le récréotourisme est en plein essor et même la pêche en haute mer pourrait se développer, que ce soit avec des fermes d’élevage ou autre. Après tout, la demande pour le poisson et les fruits de mer est mondiale.»

(Site Internet de la Chaire)

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L’UNIVERSITÉ LAVAL À PERCÉ

C’est une maison victorienne blanche, en haut de la colline, juste en face du rocher, à Percé. Un lieu d’inspiration et de création où, depuis six étés, se réunissent les amoureux des arts inscrits aux différentes formations offertes par l’École internationale d’été de l’Université Laval. L’École relève de la Faculté d’aménagement, d’architecture et des arts visuels.

Ateliers de photo, classes de maître en arts visuels, en design, en typographie, voilà une partie du menu qu’offre l’École de juin à août. Un menu de cours crédités et de formation continue, concocté par des chefs de talent. L’architecte Pierre Thibault, la photographe de la nature Louise Tanguay, les designers franco-suisse et italien Ruedi Baur et Giulio Vinaccia et le philosophe de l’Université Laval Jean-Marc Narbonne constituent quelques-uns des fidèles de la Villa Fredrick-James, sur le point d’être cédée à l’Université. Directrice de l’École, Marie-Andrée Doran vibre littéralement lorsqu’elle évoque cet endroit exceptionnel. «On sent la force du rocher, celle de la nature, qui pousse à la création.»

Les cours s’appuient sur l’environnement, bien sûr, mais surtout ils se nourrissent de la présence des étudiants. Logés à proximité, ceux-ci se consacrent corps et âme à leur formation. Sans pour autant vivre en vase clos. «Nous ne sommes pas des touristes ici, mais des acteurs bien engagés dans la vie locale», affirme haut et fort la directrice.

Une perception que confirme le maire de Percé, Georges Mamelonet. Très satisfait de l’entente de partenariat signée en 2005 entre la municipalité et la Faculté, il espère bien mettre à profit les connaissances des invités de la Villa et des autres professeurs de l’Université Laval. La municipalité envisage actuellement la mise en place d’un téléphérique entre le sommet d’une montagne toute proche et le centre de la ville. «Un architecte comme Pierre Thibault a peut-être des idées pour bien intégrer ce projet dans le paysage, ou encore pour dissimuler les stationnements en ville», avance M. Mamelonet. Le prochain plan d’urbanisme pourrait également tenir compte des suggestions du professeur d’architecture Pierre Larochelle sur la nécessité de préserver des percées visuelles vers la mer.

Élément incontournable de la vie culturelle de Percé l’été, puisque le public y découvre les travaux des étudiants, la Villa James ouvre aussi ses portes à certains autres programmes universitaires le reste de l’année. Cette année, en mai, elle accueille Tania Martin, professeure de l’École d’architecture et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le patrimoine religieux bâti. Mme Martin y donne un cours de trois semaines à des étudiants québécois et américains. Objectif: mieux comprendre la manière dont les différents cultes religieux se sont partagé le territoire autour de Percé et de Gaspé. «C’est très intéressant d’observer comment certaines paroisses pouvaient abriter à la fois des églises anglicanes et catholiques, souligne la jeune femme. Nous allons nous intéresser à la façon dont les éléments comme l’église, le cimetière et le presbytère s’insèrent dans le paysage gaspésien.»

Ce travail de terrain s’effectuera avec des historiens du coin et avec l’aide de la population locale. Une façon, peut-être, de prolonger le cours dans les mois à venir, puisqu’un étudiant ou un professeur pourrait travailler plus tard sur des projets de reconversion d’édifices religieux, si l’idée sourit aux Gaspésiens sur place.

À partir de 2008, l’ancienne demeure du peintre américain Fredrick James devrait également accueillir pendant deux semaines les étudiants de la maîtrise inter-art, tout juste mise en place par la Faculté d’aménagement, d’architecture et des arts visuels. Cette formation unique, destinée à des artistes désireux de se perfectionner, se donne à distance. Cependant, les étudiants auront le loisir de profiter chaque année d’échanges intenses avec leurs professeurs dans la fameuse villa blanche.

(Site Internet de l’École)

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Pour en apprendre plus sur les chaires et sur une donatrice qui contribue à la Chaire de recherche et d’intervention sur la Gaspésie et les Îles.

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À pleines pages http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/a-pleines-pages-214/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid Architecture, habitat et espace vital au Québec
Sous la direction de Martin Dubois (Architecture 1993 et 1996)
Publications du Québec, 259 pages
Au moment de prévoir la construction de sa maison, pourquoi faire appel à un architecte, plutôt…

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Architecture, habitat et espace vital au Québec
Sous la direction de Martin Dubois (Architecture 1993 et 1996)
Publications du Québec, 259 pages
Au moment de prévoir la construction de sa maison, pourquoi faire appel à un architecte, plutôt que d’acheter un plan commercial? «Pour que votre résidence réponde réellement à vos besoins et soit vraiment adaptée au milieu, entre autres en tirant le meilleur parti de la lumière», répond Martin Dubois, chargé de cours à l’École d’architecture. Son argument le plus solide, M. Dubois le tient entre ses mains: un livre illustré par plus de 700 photographies, plans et coupes, qui présente une centaine de maisons construites au Québec depuis 1990. Ces habitations personnalisées, où domine l’innovation, ont été conçues par les Croft-Pelletier, De la Riva, Thibault… Rêve inaccessible? Certaines des maisons répertoriées ont coûté moins de 100 000$. Ce livre a été réalisé avec une vingtaine d’étudiants de l’École d’architecture.

Le diable à la danse
Jean Du Berger (Lettres 1962; Arts et trad. pop. 1980), professeur retraité de la Faculté des lettres
Les Presses de l’Université Laval, 246 pages
L’étranger (diable) qui séduit l’héroïne, elle-même secourue par le vieux sage (curé) ou laissée à son assassinat prévisible. Voilà le squelette d’un conte qui se transmet ici depuis des lustres, et qui a une parenté certaine avec les contes traditionnels de nombreux pays. L’auteur nous amène sur les traces de cet adversaire universel et partage son analyse de chercheur avec une plume de conteur.

Histoire d’un rêve brisé?
Yves Roby, professeur retraité de la Faculté des lettres
Septentrion, 148 pages
Ils sont près d’un million, ces Canadiens-français du tournant du XIXe siècle, à s’expatrier aux États-Unis. L’auteur présente leurs luttes pour se faire une niche en pays étranger et conserver une identité franco-canadienne. Un portrait fascinant et instructif à l’heure où plusieurs soulèvent des questions sur le phénomène inverse, l’immigration au Québec.

Le nazisme comme religion
Kathleen Harvill-Burton (Théologie 2004)
Les Presses de l’Université Laval, 228 pages
La lutte contre le nazisme s’est aussi menée sur le plan théologique. Et pour cause: la composante spirituelle du nazisme allait à l’encontre du christianisme de l’époque. L’auteure l’expose clairement et rend compte des arguments antinazis qu’ont alors déployés quatre théologiens, en Allemagne et en France.

Une école pour le monde, une école pour tout le monde
Jocelyn Berthelot (Chimie 1972; Administration scolaire 1988)
VLB éditeur, 220 pages
L’auteur présente une réflexion sur la mondialisation et son influence sur les réformes des systèmes d’éducation, particulièrement au Québec. M. Berthelot propose ensuite un nouveau pacte social où justice scolaire et égalité des chances figurent en priorité.

Les serres domestiques et les jardins d’intérieur
Simon Chrétien (Géographie 1996; Biologie végétale 1999)
Les Éditions de L’Homme, 304 pages
Voici un ouvrage pratique pour installer une serre dans sa cour ou un jardin dans sa maison: matériaux de base, dosage de la lumière, de la chaleur et de l’humidité, choix des plantes, etc.

Lumières du Nord
Stefan Hertmans et Gilles Pellerin (Français 1976 et 1983)
L’instant même, 133 pages
Cet échange épistolaire entre deux intellectuels, l’un flamand et l’autre québécois, aborde la difficile position des minorités linguistiques nationales, et la force de l’anglais comme langue technologique, mais aussi des diktats du «bon» français et du «bon» allemand. Politique, histoire et culture sont également au programme.

Les merveilleuses histoires de Ralph
Stéphan Bilodeau (Informatique 1991 et 1995)
Éditions AdA, 103 pages
Premier tome d’une série de cinq écrite par un papa, en collaboration avec ses deux filles de 11 ans. Le récit met en scène un vieil elfe qui raconte ses aventures de jeunesse, vécues dans une ville de l’époque moyenâgeuse.

Le reste du temps
Esther Croft (Catéchèse 1967 et 1968; Français 1982)
XYZ éditeur, 104 pages
Dans ce quatrième recueil de nouvelles, l’auteure met en scène des personnages qui font face à la mort, la leur ou celles de proches. Le plongeon dans les émotions qui en résulte n’est pas exploité avec fracas, mais ouvre une voie pour pénétrer dans les failles de chacun de ces personnages.

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Et la lumière fit POP! http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/et-la-lumiere-fit-pop-199/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid «Une telle infrastructure est unique au monde», lance Réal Vallée, tout en se défendant de se vanter. Professeur de physique et directeur du Centre d’optique, photonique et laser de l’Université Laval, M. Vallée a piloté la conception et la construction…

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Pour réaliser ce projet qui inclut l’achat d’instruments de pointe destinés à la recherche, le Centre a obtenu une subvention de 41 millions$ de la Fondation canadienne pour l’innovation, un programme où Québec et Ottawa investissent à part égale. La Fondation de l’Université Laval et quelques partenaires privés ont pour leur part injecté 5 millions$.

Réal Vallée a visité de nombreux centres de recherche en optique-photonique dans le monde afin d’établir les grandes caractéristiques du POP. «Nous pouvons nous comparer très avantageusement aux plus grands laboratoires», estime-t-il. Déjà, le POP brille comme un joyau, attirant le regard des chercheurs d’un peu partout.

Labos sous cloche

Les expériences faites en laboratoire dans le domaine de l’optique-photonique exigent des conditions très particulières. Nous sommes ici, entre autres, dans un monde de lasers à très courtes impulsions, de l’ordre de quelques dizaines de femtosecondes (10-15) ou moins, entre des miroirs parfois séparés de seulement quelques microns (ou millionièmes de mètres).

Imperceptibles à l’œil humain, ces impulsions permettent par exemple de «voir» les atomes et leurs mouvements, donc de mieux comprendre la structure de la matière. On peut ainsi détecter la présence de métaux toxiques à de très faibles concen­trations ou comprendre ce qui se passe à un niveau subatomique. Compte tenu de la taille infinitésimale des particules étudiées, la moindre fluctuation de température ou d’humidité complique le travail de l’expérimentateur, quand elle ne bousille pas carrément l’expérience. Ces conditions font donc l’objet d’un contrôle maniaque. Sans parler de la poussière.

Tous les laboratoires du nouveau pavillon, qui couvrent 4000 m2 sur deux étages soit, environ 2,5 fois la superficie des anciens labos du Centre d’optique, photonique et laser, sont des «salles blanches» dans lesquelles on ne tolère jamais plus de 100 000 particules de poussière par pied cube et par seconde (classe 100 000). En comparaison, une salle de réunion très propre peut contenir plus d’un million de particules. À l’intérieur même du secteur des laboratoires, se trouve une succession de plus petites salles blanches, où l’on pénètre en enfilade: un labo de classe 10 000, puis un autre de classe 1000, puis un dernier de classe 100. Avant de passer d’une salle à l’autre, les chercheurs doivent se soumettre à des procédures spéciales, dont des douches d’air.

Autre défi: l’instrumentation de recherche en optique et photonique est particulièrement sensible aux vibrations. Or, tout l’équipement requis pour le chauffage, la ventilation et le contrôle de l’humidité vibre allégrement!

L’édifice a donc été conçu pour absorber au maximum les vibrations. Par exemple, les planchers reposent sur des structures gaufrées qui empêchent l’onde néfaste de se propager à l’ensemble du bâtiment. Des murets de béton, posés perpendiculairement à l’édifice, contribuent également à réduire la propagation des vibrations. Et le POP est construit en deux parties, côte-à-côte. Une première pour les bureaux, où se trouvent également les équipements mécaniques, est séparée de la partie des laboratoires par un espace de 10 cm, invisible aux yeux des visiteurs. La cage d’escalier et celle de l’ascenseur sont des structures indépendantes du reste du bâtiment. «La partie des laboratoires a l’allure d’un cube aplati, fait remarquer Réal Vallée. Plus on s’élève, plus un édifice vibre: les laboratoires sont donc au sous-sol et au rez-de-chaussée.»

Les anciens labos étaient situés au second sous-sol du pavillon Alexandre-Vachon. «Pour le contrôle des vibrations, note Réal Vallée, c’était bien. Mais pour ce qui est de la poussière, les conditions étaient exécrables.» L’Université avait grandement besoin d’installations à la fine pointe pour réaffirmer sa position de leader dans le domaine de l’optique et de la photonique.

Une École supérieure

La création éventuelle d’une École supérieure d’optique et de photonique devrait elle aussi contribuer à réaffirmer le leadership de l’Université dans ce domaine de recherche au Canada, en plus de fournir une nouvelle structure administrative au pavillon. Le projet d’École en est à la phase d’audience.

Si elle voit le jour, l’École formera une structure axée sur la recherche et regroupera des chercheurs actuellement éparpillés dans plusieurs départements. «C’est particulièrement intéressant dans la perspective d’une synergie entre les ingénieurs, les biologistes, les chimistes et les physiciens qui travailleront ici. C’est en fait la motivation à l’origine de la demande de subvention pour construire le POP.» L’École supérieure ferait aussi en sorte que l’Université Laval deviendrait la première institution canadienne à offrir un véritable diplôme en optique et photonique, une reconnaissance qu’on peut obtenir ailleurs dans le monde. Pour l’instant, il n’y a pas de maîtrise en photonique ou de doctorat en optique au Canada. Les étudiants reçoivent un diplôme en physique, en chimie, en génie électrique, en génie informatique ou en biologie, les cinq principales disciplines représentées dans les recherches. De 1990 à 2006, 125 diplômés au doctorat et 258 diplômés à la maîtrise ont obtenu ce genre de diplôme au Centre d’optique, photonique et laser.

L’optique-photonique est devenue une science à part entière. «Elle s’est suffisamment différenciée pour revendiquer sa pleine autonomie par rapport à la physique, comme la chimie il y a longtemps déjà», plaide Réal Vallée. Des diplômes en optique-photonique attireront sans doute de nouveaux étudiants à l’Université.

Le Québec technologique

Les laboratoires du POP serviront en priorité aux chercheurs de l’Université Laval. «Nous allons toutefois rendre ces installations accessibles à des chercheurs de l’extérieur, selon des modalités que nous préciserons bientôt», indique Réal Vallée. Le Centre d’optique, photonique et laser comprend, par exemple, des chercheurs de l’École polytechnique de Montréal. L’entreprise privée aura aussi accès aux laboratoires, moyennant des frais.

Actuellement, une vingtaine de directeurs de recherche utilisent les installations du POP. Ce nombre passera très bientôt à 30. Chaque directeur de recherche est un peu une petite entreprise qui réunit une dizaine de chercheurs associés, d’étudiants de deuxième et troisième cycles et de stagiaires de niveau postdoctoral. Ainsi, ce seront quelque 300 chercheurs qui feront pétiller le POP.

L’Université Laval a déjà assuré la formation de 40% des diplômés en optique du Canada. «Malgré la multiplication des programmes ailleurs, note Réal Vallée, nous devrions encore former environ 25% des diplômés canadiens en optique.» Plusieurs de ces spécialistes contribuent à l’activité économique du Québec. Ainsi, une vingtaine d’entreprises ont été créées par des diplômés de l’Université, dont EXFO Electro-optique, Cor­Active, Fiso Technologies, Telops et TeraXion, pour n’en nommer que quelques-unes. Au total, l’optique-photonique fournit du travail à environ 5000 personnes au Québec, dont 2000 dans la région de Québec seulement, ce qui inclut les spécialistes à l’emploi de l’Institut national d’optique et du Centre de recherche et de la défense (Valcartier).

Forte de laboratoires ultramodernes et, espère-t-on, d’une véritable structure administrative encadrant les activités de recherche, l’Université Laval sera en mesure de maintenir sa précieuse contribution à la recherche de pointe et à l’activité du Québec tech­nologique.

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ADIEU ACCÉLÉRATEUR!

Entre le nouveau POP et le pavillon Alexandre-Vachon, côté nord, se dresse toujours le silo qui abritait, depuis 1962, l’accélérateur de particules Van de Graaff. Pendant plus de 40 ans, cet appareil a servi à la recherche fondamentale en physique atomique et pour certaines études biologiques nécessitant le recours à des isotopes radioactifs. Devenu vieillot, l’appareil vient d’être démantelé et le bâtiment qui l’abritait, rénové.

Ses locaux souterrains accueilleront prochainement un supercalculateur dont l’achat a été confirmé en décembre dernier. Couplé à son semblable de la région montréalaise, cet appareil comblera les besoins en calcul haute performance de recherche en physique des particules, modélisation climatique, astrophysique et autres.

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Confidences sur le clavier http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/confidences-sur-le-clavier-200/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid Beaucoup d’individus clavardent sur Internet dans le but de rencontrer l’âme sœur. Contrairement à l’opinion générale, l’internaute ne profite pas du contexte anonyme de l’espace électronique pour jouer un rôle. Il semble que l’individu n’a pas le choix d’être totalement…

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Ce sont ces pratiques de sociabilité en ligne qu’explore Madeleine Pastinelli, professeure au Département de sociologie. L’ethnologue a aussi observé les règles du jeu entourant le moment crucial où les internautes se rencontrent en chair et en os. Pour les fins de son enquête, Mme Pastinelli a mené des entrevues auprès d’une vingtaine de personnes socialisant sur un canal de clavardage, en plus d’avoir côtoyé virtuellement une centaine de membres de ce canal pendant deux ans.

De la fiction à la réalité

«Lors de leurs premières expériences, les internautes ont l’impression très forte, voire violente, de partager une intimité radicale», explique Madeleine Pastinelli. Cependant, lors du premier tête-à-tête, le décalage identitaire est très important. L’autre n’est pas toujours celui qu’on croyait, l’unique photo envoyée témoignant souvent de ce fossé entre fiction et réalité, puisque c’est autour d’elle que s’est cristallisée une certaine idée de la personne.

Lorsque cet autre ne correspond pas aux attentes, lors de la première rencontre, l’internaute fera rarement faux-bond à son vis-à-vis, a observé Mme Pastinelli. «Dans la mesure où une personne s’est livrée très sincèrement à l’autre, elle va choisir de respecter son engagement, ne serait-ce que le temps d’une soirée, pour ne pas nier sa propre consistance identitaire. Aucune des deux personnes n’a menti dans cette affaire, mais toutes deux ont bel et bien fantasmé. Ce qui est en jeu ici n’est pas le rapport à l’autre, mais bien le rapport à soi.»

Madeleine Pastinelli vient de publier ses résultats de recherche dans le livre Des souris, des hommes et des femmes au village global: Parole, pratiques identitaires et lien social dans un espace de bavardage électronique (PUL).

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Des neurones produits à partir de la peau http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/des-neurones-produits-a-partir-de-la-peau-201/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid Une équipe de la Faculté de médecine est parvenue à produire in vitro des neurones à partir de cellules souches multipotentes provenant de la peau humaine. C’est la première fois qu’une différenciation aussi poussée de cellules nerveuses est ainsi obtenue,…

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in vitro des neurones à partir de cellules souches multipotentes provenant de la peau humaine. C’est la première fois qu’une différenciation aussi poussée de cellules nerveuses est ainsi obtenue, précise le responsable de l’étude, François Berthod, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Laboratoire d’organogenèse expérimentale (LOEX). M. Berthod, Marie Gingras et Marie-France Champigny décrivent la méthode utilisée pour obtenir ces neurones dans le Journal of Cellular Physiology.

Des travaux antérieurs avaient montré que la peau des souris contient des cellules multipotentes qui peuvent se différencier en plusieurs types de cellules, notamment en cellules nerveuses. L’équipe du LOEX a repris ces expériences en utilisant de la peau humaine adulte, obtenue après des interventions de chirurgie esthétique. Les chercheurs ont soumis ce tissu cutané à différents traitements pour en libérer les cellules multipotentes et ils les ont ensuite cultivées in vitro. Le défi consistait à produire des neurones à partir de cellules indifférenciées et non à multiplier des neurones préexistants, puisque la peau ne contient que les prolongements de neurones situés dans la moelle épinière.

Applications thérapeutiques en vue

Les tests ont démontré que les cellules souches multipotentes de la peau peuvent se multiplier et se différencier in vitro lorsqu’elles sont placées dans un milieu approprié. Extérieurement, elles prennent progressivement la forme allongée typique des neurones. Au plan biochimique, dans les jours qui suivent leur mise en culture, elles produisent successivement éléments et molécules typiques des neurones.

À court terme, cette percée pourrait avoir des retombées dans le domaine de la recherche en neurosciences, à court de neurones humains pour la recherche. À plus long terme, la possibilité de produire des neurones à partir de cellules de la peau laisse entrevoir des applications thérapeutiques révolutionnaires. «L’idée serait de prélever des cellules de la peau d’un malade et de les utiliser pour produire des neurones parfaitement compatibles, éliminant ainsi les risques de rejet, rapporte François Berthod. On pourrait ensuite procéder à une greffe dans les régions malades du cerveau. Avant d’en arriver là, il faudra toutefois réussir à pousser plus loin la différenciation des neurones et démontrer qu’ils sont capables de transmettre l’influx nerveux.»

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Impact Campus a 20 ans http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/impact-campus-a-20-ans-202/ Tue, 15 May 2007 05:00:00 +0000 http://testguid Le journal étudiant Impact Campus a atteint l’âge de ses collaborateurs! Pour marquer le coup, ses responsables actuels ont organisé différentes activités, dont la publication de deux cahiers spéciaux. «Les textes du premier cahier sont écrits par une vingtaine d’anciens…

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Impact Campus a atteint l’âge de ses collaborateurs! Pour marquer le coup, ses responsables actuels ont organisé différentes activités, dont la publication de deux cahiers spéciaux. «Les textes du premier cahier sont écrits par une vingtaine d’anciens collaborateurs qui reviennent sur leur expérience au journal», explique Raymond Poirier, directeur général d’Impact Campus. Le second cahier spécial, en format magazine, aborde pour sa part certains dossiers chauds et des thématiques récurrentes: courses au rectorat avec des candidats étudiants, multiples grèves et manifestations, reprise des installations alimentaires, etc.

Un tremplin

Une centaine d’étudiants journalistes collaborent chaque année à Impact Campus. Certains font maintenant carrière en journalisme, notamment Kathleen Lavoie, Éric Moreau et Annie Morin (Le Soleil), Katia Bussière (Le Journal de Québec), François Foisy (Le Journal de Montréal), Ariane Krol (La Presse) et Isabelle Porter (Le Devoir). En 20 ans, environ 1600 collaborateurs et employés sont passés par le journal étudiant.

Impact Campus publie entre 24 et 36 pages selon les périodes de l’année. Son tirage est de 10 000 exemplaires. Au cours des ans, l’objectif n’a pas changé. «Notre but, indique Raymond Poirier, est de donner une première chance à ceux et celles qui veulent s’initier à la presse écrite, que ce soit en gérant un journal, en écrivant des articles, en prenant des photos ou en supervisant une équipe de bénévoles comme chef de pupitre.»

Pour obtenir les cahiers spéciaux: direction@impactcampus.qc.ca

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