Archives des Hiver 2018 - Contact http://www.contact.ulaval.ca La zone d'échange entre l'Université, ses diplômés, ses donateurs et vous. Mon, 16 Jul 2018 18:14:00 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.1 5 pistes pour guider les ados sur le Web http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/5-pistes-guider-ados-web/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/5-pistes-guider-ados-web/#comments Wed, 14 Feb 2018 19:20:06 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005410 Le Web est partout, les échanges sur les réseaux sociaux sont quotidiens et les plateformes pour y accéder se multiplient. Dans ce contexte, il est normal que les parents d’adolescents se questionnent sur l’utilisation que font leurs enfants d’Internet et …

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Le Web est partout, les échanges sur les réseaux sociaux sont quotidiens et les plateformes pour y accéder se multiplient. Dans ce contexte, il est normal que les parents d’adolescents se questionnent sur l’utilisation que font leurs enfants d’Internet et des autres médias électroniques. Doivent-ils limiter le temps que ceux-ci passent devant des écrans? Devenir leur ami sur Facebook? Leur interdire d’utiliser l’ordinateur ou le téléphone dans la chambre? Richard Bélanger1, clinicien-chercheur et professeur au Département de pédiatrie nuance les discours et énonce cinq lignes directrices à suivre avec les adolescents afin de les guider dans les méandres du Web et leur permettre de tirer avantage de l’utilisation qu’ils en font plutôt que d’en courir les risques.

1- S’intéresser aux outils de communication et en faire usage
Être exposé aux mêmes contenus que son enfant aide à mieux comprendre la réalité de ce dernier et à partager ses intérêts. Utiliser les différentes applications et visiter les sites dont les jeunes sont friands (Facebook, Snapchat, etc.) permet de moduler les inquiétudes, s’il y a lieu, et ouvre la porte à la discussion. Attention! Il ne s’agit pas de surveiller ou d’espionner ses enfants, mais bien de s’intéresser à l’univers qu’ils fréquentent. Par exemple, il n’est pas nécessaire d’être «ami Facebook» avec eux, mais bien de connaître le fonctionnement de cette plateforme afin de pouvoir les conseiller ou intervenir en cas de besoin. 

2- Discuter
Grâce au Web, les jeunes sont beaucoup plus conscients des réalités et des enjeux mondiaux. Ils ont toutefois besoin d’apprendre à séparer le bon grain de l’ivraie quant à l’information qu’ils y trouvent. Pour ce faire, la communication reste la clé: les parents doivent discuter avec leurs adolescents du contenu des sites, de leurs valeurs, de leurs craintes. Prévoir des périodes communes d’utilisation des médias, autant Internet que la télé, permet de susciter des discussions et d’avoir un regard commun sur le monde. Il importe également d’amener les adolescents à développer leur esprit critique quant aux médias et à ce qu’ils diffusent, particulièrement par rapport aux nouvelles. Il faut aussi se rappeler que le Web regorge de sites fiables, dont certains s’adressent aux adolescents.

3- Prévoir du temps sans écrans
Il importe de se réserver quotidiennement des moments sans écrans, tant pour les jeunes que pour leurs parents. Deux périodes sont à privilégier: les repas et l’heure qui précède celle d’aller au lit. Les repas en famille devraient être l’occasion d’échanger, de faire un retour sur la journée de chacun, de souligner les réussites, de prodiguer aide et conseils. Exit, donc, cellulaires et télévisions! Il est également recommandé de ne pas regarder d’écrans de 30 à 60 minutes avant le coucher, question de ne pas nuire à la qualité du sommeil. Les études à ce propos sont légions, et leurs résultats bien connus. Ce moment doit être consacré à la pratique d’une activité calme, comme la lecture.

4- Faire confiance
Alors que des recommandations claires d’utilisation des écrans ont été émises par des directions de santé publique pour les jeunes enfants, il est plus difficile d’en déterminer pour les adolescents. Avec les travaux scolaires, les réseaux sociaux et les jeux en ligne, leur recours au Web est fréquent. Ainsi, si un adolescent est en mesure de remplir ses obligations (études, tâches ménagères, mais également repos) et que d’autres activités l’intéressent (sport, sorties), il n’y a aucune restriction à une utilisation quotidienne d’Internet. Avec la multiplication des plateformes portatives, il est également moins aisé de limiter leur usage seulement aux espaces communs. Considérant que, à l’adolescence, les jeunes ont besoin de zones d’intimité et de marques de confiance, on peut les laisser naviguer sur le Web à l’abri des regards. Les parents doivent leur mentionner qu’ils sont présents pour eux s’ils vivent ou voient des choses difficiles ou s’ils se questionnent sur quelque sujet que ce soit, et rester vigilants si leurs adolescents s’isolent de plus en plus avec leurs écrans.

5- Donner l’exemple
Être un bon modèle demeure pour les parents la meilleure façon d’inciter leurs enfants à utiliser de manière appropriée Internet et les médias électroniques. On apprend par mimétisme, même à l’adolescence! Un parent qui respecte les lignes de conduite qu’il édicte par rapport à l’utilisation du numérique, particulièrement en ce qui a trait aux temps sans écrans, incite ses enfants à faire de même. Aussi, verbaliser son appréciation de certains sites et ses réserves par rapport à d’autres favorise le développement de l’esprit critique de ses adolescents. Être ouvert à la discussion et disponible démontrera finalement au jeune que ses parents sont présents pour répondre à ses questions ou l’aider, le cas échéant.

1 Richard Bélanger est également l’instigateur d’un site Web sur la santé des adolescents.

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Soigner par les gènes, c’est demain? http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/soigner-genes-cest-demain/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/soigner-genes-cest-demain/#comments Wed, 14 Feb 2018 19:15:13 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005401 Nous sommes en 2049. Vous entrez dans le bureau de votre médecin de famille. À l’écran de son ordinateur, il consulte déjà votre dossier électronique: histoire familiale, historique médical, habitudes de vie, derniers résultats de prise de sang et… votre …

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Nous sommes en 2049. Vous entrez dans le bureau de votre médecin de famille. À l’écran de son ordinateur, il consulte déjà votre dossier électronique: histoire familiale, historique médical, habitudes de vie, derniers résultats de prise de sang et… votre profil génétique. D’emblée, il sait que vous faites partie des gens à risque de souffrir de dépression et que votre organisme ne réagit pas à certaines classes d’antidépresseurs. Par contre, bonne nouvelle, votre prédisposition à développer une maladie cardiovasculaire n’est pas inquiétante. Un scénario utopique?

Pas vraiment. Plusieurs experts de l’Université Laval pensent que l’avenir des soins de santé repose sur la prévention et les traitements médicaux ciblés en fonction des caractéristiques génétiques de chacun. Mais la patience s’impose. Malgré les avancées en génomique –l’étude du génome entier, codé dans l’ADN, dont les gènes font partie–, le même traitement pour tous domine encore beaucoup les soins de santé. L’information génétique n’est utilisée que dans certains domaines. Les nouveaux tests qui exploitent le génome pour diagnostiquer ou traiter une maladie tardent à faire leur entrée en clinique. La médecine sur mesure, basée sur votre ADN, est bien réelle, mais elle a encore besoin de temps avant de livrer toutes ses promesses.

Génomique pour tous?
«La génomique reste le lot de la recherche et de certaines spécialités comme l’oncologie, estime France Légaré, médecin de famille et professeure au Département de médecine familiale et de médecine d’urgence. Le dépistage génétique n’est pas prescrit dans les bureaux de soins de première ligne, à part pour identifier des maladies génétiques chez le fœtus.» 

Avec son collègue François Rousseau, du Département de biologie moléculaire, de biochimie médicale et de pathologie, la Dre Légaré a passé en revue 3000  études s’attardant aux bonnes pratiques médicales de la bibliothèque Cochrane. À noter que celle-ci comporte six  bases de données en santé, dont les fameuses revues systématiques Cochrane, l’une des meilleures sources de données probantes sur les interventions en santé. Résultat: seulement 24 des études recensées traitent de l’utilisation de la génomique! Selon une enquête en ligne menée par des chercheurs de l’Université Laval, dont le professeur au Département de médecine moléculaire Jacques Simard, les deux tiers des 47  médecins de famille et des 375 médecins spécialistes du Québec interrogés n’ont pas recours aux tests pharmacogénomiques, qui cherchent à prédire comment votre génome réagit à certains médicaments. Manque d’intérêt? Non, puisque la presque totalité d’entre eux reconnaît le lien entre les gènes, les réactions à un médicament et les maladies. Les médecins avouent plutôt être mal formés en génétique et en pharmacogénomique. Ils seraient plus enclins à faire parler l’ADN de leurs patients si la génomique se trouvait dans le guide des bonnes pratiques de leur spécialité et s’il y avait davantage de données probantes sur ses bénéfices pour mieux soigner.

Cela dit, France Légaré affirme que sa médecine est déjà personnalisée. «On voit chaque patient comme un cas unique. On le traite selon ses antécédents familiaux et son mode de vie, des paramètres qui ont une grande influence sur la santé», précise-t-elle. Ainsi, une femme dont l’arbre généalogique regorge de cas de cancer du sein sera suivie de très près, dès un jeune âge. Un fumeur invétéré aura un drapeau rouge sur son dossier médical.

Les données génomiques d’un individu viennent ajouter une couche de données à ces informations pour amener plus loin sa prise en charge. «En connaissant les anomalies et les variations génétiques d’un patient, on peut déterminer s’il a besoin d’un dépistage précoce pour une maladie donnée, ou encore déterminer les meilleurs traitements adaptés à ses gènes», précise Yves Fradet, professeur au Département de chirurgie et chercheur en oncologie au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval. Il préfère donc parler de soins de santé de précision, plutôt que de médecine personnalisée.

Jacques Simard abonde en ce sens: «L’idée n’est pas de développer des médicaments ou des traitements différents pour chacun, mais d’établir des sous-groupes de personnes plus à risque de contracter certaines maladies ou de moins bien répondre à certaines approches thérapeutiques.» Selon ce spécialiste du cancer du sein et directeur adjoint à la recherche fondamentale du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, quantité de données génétiques et de découvertes sont prêtes pour l’implantation en clinique. Il y a déjà quelques exemples de réussite. Depuis une dizaine d’années, les oncologues peuvent utiliser des tests pour tracer le profil génomique d’une tumeur afin d’ajuster les traitements. Il existe aussi des tests génétiques de prédisposition à plusieurs cancers et autres maladies.

La prévention par les gènes
Dans le cas du cancer du sein, par exemple, on sait depuis la fin des années 1990 que les porteuses de mutations sur les gènes BRCA  1 et BRCA  2 sont environ 10 fois plus à risque de contracter la maladie. Une simple prise de sang permet de déceler ces femmes. Le recours à ce test de dépistage a d’ailleurs doublé losque l’actrice Angelina Jolie, porteuse du gène BRCA  1, a décidé de subir une double mastectomie à titre préventif.

Depuis quelques années, la science s’intéresse aussi aux variations génétiques qui altèrent le rôle de certains gènes. Dans le cadre de deux études publiées par Nature et Nature Genetics en octobre 2017, le Dr  Simard et une équipe d’experts ont analysé les profils génétiques de 275  00 0 femmes, dont 146  000 étaient atteintes du cancer du sein. Ils ont trouvé 72  nouveaux marqueurs en lien avec la maladie, qui s’ajoutent aux 108 déjà découverts. «Chacun de ces marqueurs fait augmenter légèrement le risque de cancer du sein, explique-t-il. Mais si une femme possède plusieurs de ces marqueurs, son risque d’avoir un cancer du sein augmente substantiellement.» En combinant la présence de ces marqueurs à d’autres facteurs de risque, comme la densité mammaire, l’âge, le système hormonal et les habitudes de vie, il est possible de déterminer le niveau de risque individuel et de prévoir un suivi adapté.

Le Dr Yves Fradet favorise la même approche pour le cancer de la prostate. Il utilise le profil génétique des patients pour cibler les variants génétiques qui mettent à risque de cancer. «Le but est d’utiliser cette information pour éviter des tests inutiles aux hommes qui présentent un faible risque et mieux cibler ceux qui ont besoin d’intervention rapide», précise-t-il. Le chercheur regarde aussi du côté de la tumeur. Il a ainsi séquencé 477 tumeurs afin d’associer certaines signatures génomiques à un risque plus élevé de récidive et de propagation de la maladie. «Il n’y a pas un cancer de la prostate, mais plusieurs, signale Yves Fradet. Les tumeurs réagissent différemment aux thérapies comme la chirurgie ou la radiothérapie. Dans 30% des cas, les cellules cancéreuses sont plus agressives et migrent à l’extérieur de la prostate, ce qui cause des récidives à la suite des traitements.»

Avec Chantal Guillemette, professeure à la Faculté de pharmacie et directrice du laboratoire de pharmacogénomique, et d’autres collègues, Yves Fradet a déposé des demandes de brevet pour des tests de prédiction du risque de récidive du cancer en faisant appel aux marqueurs génétiques découverts.

Traitements sur mesure
La génomique vient également répondre au besoin criant de traitements personnalisés. Par exemple, «aussi peu que 25% des gens répondent bien aux médicaments anticancéreux», révèle Chantal Guillemette. Dans le cas du traitement de la dépression, plusieurs patients expérimentent de nombreux médicaments avant de trouver celui qui leur convient le mieux. De tels essais-erreurs se font à grands coups d’effets secondaires et de manque d’efficacité pour le patient, et de dollars dépensés en vain pour la société. «Les tests pharmacogénomiques pourraient d’emblée éliminer les prescriptions inefficaces ou néfastes pour un individu et ainsi accélérer sa prise en charge», affirment Chantal Guillemette et sa collègue Isabelle Laverdière, également professeure à la Faculté de pharmacie.

Pour les deux chercheuses, la médecine de précision consiste à optimiser le médicament pour diminuer les effets secondaires et augmenter les bénéfices en utilisant l’information génétique sur le patient et sa maladie. «Neuf personnes sur dix ont au moins un gène qui a le potentiel d’interagir négativement avec un médicament. Idéalement, il serait judicieux de tester génétiquement chaque patient avant de lui prescrire un traitement», mentionne Chantal Guillemette.

Jusqu’à ce jour, on connaît quelque 200  médicaments sur lesquels les gènes peuvent avoir de l’influence. «La génomique est un outil de plus permettant au corps médical de trouver le meilleur médicament pour chaque individu, réitère Isabelle Laverdière. Un tiers des effets secondaires pourraient être évités par l’analyse des interactions entre les gènes et les médicaments.»

Du labo au patient
Mais pour que ces tests pharmacogénomiques se rendent jusqu’aux médecins, puis aux patients, il faut pousser le transfert de ces technologies vers la clinique. Or, selon Jacques Simard et Yves Fradet, les compagnies pharmaceutiques s’intéressent peu à la mise en marché des tests, qui sont financièrement moins intéressants que les médicaments. Les instances gouvernementales attendent des données probantes démontrant les bénéfices de la médecine de précision dans le contexte de notre système de santé. Plusieurs études sur les enjeux liés à l’utilisation des tests basés sur le génome –faisabilité, implantation, acceptation– sont en cours au Canada et dans le monde, mais peu au Québec. Leur coût –des dizaines de millions de dollars– limite les possibilités de subvention.

«Il faut croire en l’innovation québécoise et faire le saut, pense Yves Fradet. On pourrait être des leaders mondiaux dans ce domaine. Cette nouveauté doit être vue comme un investissement et non comme une dépense supplémentaire.» Surtout que les tests qui «interrogent» notre génome sont de moins en moins coûteux et les bénéfices sont très importants, d’ajouter Chantal Guillemette et Isabelle Laverdière.

Par ailleurs, le Dr Simard préconise d’éviter d’inonder les patients d’information génétique. Il suggère d’introduire ces données dans le dossier médical de façon ciblée. Si un médecin suspecte qu’une femme, par son historique familial, est à risque de cancer du sein, il ira scruter ses gènes sur cette question seulement.

«Il faut ensuite encadrer les gens de façon à ce qu’ils utilisent leur génétique pour se prendre en main», soutient Jacques Simard. Par exemple, une femme à haut risque de cancer du sein d’après ses gènes peut mettre les chances de son côté en surveillant sa consommation d’alcool, en faisant plus d’activité physique et en mangeant sainement. Inversement, il faut empêcher celles qui sont à faible risque d’abandonner leurs bonnes habitudes de vie.

«Pour que la médecine de précision ait du succès, il faut s’assurer que l’information génétique soit couplée à des actions et à des bénéfices pour le patient», ajoute le chercheur. Il cite l’exemple du nouveau Réseau ROSE. Crée par des chercheurs de l’Université Laval, ce réseau encadre des femmes à risque élevé de cancer du sein ou de l’ovaire. France Légaré est tout à fait d’accord. Connaître le patient sous toutes ses coutures génétiques ne change rien si cela n’améliore pas sa prise en charge. L’ADN dans le dossier médical, oui, mais pas à n’importe quel prix!

***

Lisez le témoignage d’une donatrice de la Faculté de pharmacie.

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Ménages à un: tendance à la hausse http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/menages-a-tendance-a-hausse/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/menages-a-tendance-a-hausse/#comments Wed, 14 Feb 2018 19:10:52 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005369 Voilà 50 ans seulement, c’eût été inimaginable: au Québec, d’après le dernier recensement de Statistique Canada (2016), le tiers des ménages sont composés d’une seule personne. Ce taux représente plus d’un million d’individus dans leur logis sans conjoint, sans enfants, …

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Voilà 50 ans seulement, c’eût été inimaginable: au Québec, d’après le dernier recensement de Statistique Canada (2016), le tiers des ménages sont composés d’une seule personne. Ce taux représente plus d’un million d’individus dans leur logis sans conjoint, sans enfants, sans parents, même sans colocs.

Mais les solos ne sont pas nécessairement esseulés. Cela dépend de beaucoup de choses, notamment du cycle de vie dans lequel ils se trouvent. Et puis, le ménage à un a plusieurs visages. Mais d’où vient le phénomène? A-t-il des conséquences sur notre société, sur nos relations? Le Québec fait-il bande à part dans cette situation?

Un phénomène occidental
Le Québec est la province canadienne qui, proportionnellement à sa population, héberge le plus grand nombre de ménages d’une seule personne: 33,3% comparativement à 28,2% pour l’ensemble du Canada; des femmes (près de 54%) et des personnes âgées en plus grand nombre. Le Yukon suit de près avec 32,2 %, l’Ontario est en deçà de la moyenne (25,9%) et la Colombie-Britannique, un poil au-dessus (28,8%). Depuis la création du Canada, en 1867, jamais autant de personnes n’ont vécu seules chez elles. Et leur nombre a plus que doublé depuis 1981. Pour la première fois, les ménages formés d’une seule personne sont les plus répandus.

Qu’en est-il ailleurs dans le monde? La situation du Québec se compare à celle de la France. Les États-Unis et le Royaume-Uni présentent à peu près les mêmes chiffres que le Canada, et l’Allemagne figure en haut de la liste avec 41,4% de ménages d’une seule personne. En fait, il s’agit d’une tendance partout en Occident, donc «là où les conditions économiques et sociales le permettent», observe Madeleine Pastinelli, professeure au Département de sociologie et directrice du Centre de recherche Cul­tures–Arts–Sociétés (CELAT).

L’amélioration des conditions économi­ques depuis la seconde moitié du XXe siècle a en effet été un facteur déterminant dans la progression du phénomène. L’arrivée des femmes sur le marché du travail, l’augmentation des revenus et le filet social tissé dans les pays industrialisés ont procuré une plus grande autonomie financière à d’innombrables personnes. Sans compter que les gains à la vie en couple ont diminué considérablement avec le temps, analyse Bernard Fortin, professeur au Département d’économique. «La spécialisation des tâches dans le ménage –homme pourvoyeur et femme à la maison– faisait en sorte qu’il y avait auparavant beaucoup plus d’avantages à vivre à deux», explique-t-il. Des avantages réduits entre autres par la diminution de l’écart des salaires hommes-femmes et celle de la taille des familles.

Changement de mœurs
L’autre facteur déterminant, c’est la transformation des valeurs que les conditions économiques ont permise et, avec elle, la montée de l’individualisme. Auparavant, l’unité de base de la société était la famille, explique Madeleine Pastinelli: «L’individu se définissait à l’intérieur du clan familial, mais l’autonomie financière accrue lui a permis de s’en détacher. Graduellement, l’unité de base de l’organisation des rapports sociaux est devenue l’individu. La responsabilité, la réussite, le bonheur, tout cela se vit et se pense maintenant à l’échelle individuelle.»

Est-ce à dire que les Québécois sont plus individualistes que les autres Canadiens, considérant leur suprématie au pays en matière de ménages solos? C’est sûr qu’il y a des différences culturelles, croit la directrice du CELAT. «Ils sont peut-être plus attachés à leur autonomie individuelle. Moins conservateurs? Je n’en suis pas sûre. On pourrait avancer toutes sortes d’hypothèses. Chose certaine, la montée de l’individualisme est réelle partout dans le monde occidental et elle progresse partout dans la même direction.»

Partout, certes, mais le plus grand nombre de ménages d’une seule personne qui résulte de cette montée de l’individualisme n’est-il pas un phénomène essentiellement urbain? De moins en moins, répond Mme Pastinelli: «L’évolution des marqueurs montre que la tendance est toujours plus forte en ville, mais les ménages solos se multiplient à la campagne aussi.»


De fait, si les ménages d’une personne ne se concentrent plus uniquement dans les centres-villes, ils restent tout même plus présents dans les secteurs centraux ainsi que dans les banlieues proches, et davantage dans les secteurs d’immeubles résidentiels que de maisons unifamiliales, selon Dominique Morin, également professeur au Département de sociologie. D’ailleurs, les frontières entre l’urbain, le rural et la banlieue sont devenues très floues, remarque-t-il.

De son côté, Diane Parent, professeure retraitée de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, précise que les ménages solos ne sont pas très courants chez les agriculteurs, mais que «les personnes qui vivent de l’agriculture, au Québec, ne comptent plus que pour 6% de la population rurale.»

Trajectoire de vie
En fait, la vie en solo est une question de trajectoire, de cycle de vie, explique Dominique Morin. Avant 20 ans, la plupart des jeunes vivent chez leurs parents. Puis, jusqu’à 24 ans, ils sont de plus en plus nombreux à prendre leur envol pour s’établir seuls. Entre 25 et 29 ans, la proportion de ménages solos atteint un premier pic (environ 15 % de tous les ménages). C’est la période où se manifeste fortement la figure glorifiée du ménage d’une personne, raconte Dominique Morin: le jeune célibataire, indépendant, disponible professionnellement, ouvert à toutes les aventures parce que sans attaches. «Mais l’autre figure existe aussi, à la fois dans la réalité et dans l’imaginaire collectif.» Celle de l’indigence dans un logement précaire, avec revenus modestes, consommation restreinte et incapacité à réaliser ses projets et ses rêves, dont celui de la vie à  deux.

Le mode de vie solo n’est donc pas toujours le résultat d’un choix. Et même la plupart de ceux qui «l’ont facile» rêvent de vie de couple, témoigne Madeleine Pastinelli : «Quand on rencontre des célibataires, ce dont ils nous parlent, c’est d’amour, de conjoint, d’enfants.» Et de fait, poursuit Dominique Morin, au stade suivant, chez les plus de 30 ans, la proportion de ménages d’une seule personne diminue. Les gens s’unissent, ont des enfants et, souvent, déménagent dans une maison en banlieue.

Des unions qui se défont
Puis, des unions commencent à se défaire (un mariage sur deux se solde aujourd’hui par un divorce), et les enfants s’émancipent. De sorte qu’à partir de 45  ans, la proportion des ménages d’une personne ne cessera d’augmenter jusqu’à l’âge de 85  ans, après quoi la vie en habitation collective (résidences et foyers) deviendra majoritaire. «Autrement dit, à partir d’un certain âge, plus on vieillit, plus la vie en solo devient probable», traduit M. Morin.

Au début de cette séquence, après la séparation, plus d’hommes que de femmes vivent seuls, car c’est plus souvent la mère qui a la garde des enfants. Passé 55  ans, la tendance s’inverse. Les enfants partis, madame se retrouve seule à son tour tandis que monsieur s’est (plus facilement) remis en couple, généralement avec une conjointe plus jeune que lui. Une bonne part de ces femmes deviendront veuves ou vivront autonomes plus longtemps que leur conjoint plus âgé qui, lui, passera en ménage collectif.

C’est donc chez les 55 ans et plus qu’on trouve la majorité des ménages d’une personne (point culminant entre 80 et 84  ans), et ces ménages sont majoritairement composés d’une femme. Chez les 75 à 84  ans, 2 fois plus de femmes que d’hommes vivent seules. Mais cela ne signifie pas que toutes ces personnes sont isolées, précise Dominique Morin: «Plusieurs sont entourées d’amis et de membres de la famille, et restent très actives dans la société. Encore là, les deux cas de figure existent.»

Pas sans conséquences
Y a-t-il des conséquences à cette forte présence de ménages solos dans notre société? Sur le plan économique, le marché immobilier a déjà commencé à se transformer. «On observe une demande plus forte pour des logements, surtout de petite taille et en particulier dans les grandes villes», note Marion Goussé, professeure au Département d’économique. On peut prévoir une baisse des prix des maisons unifamiliales à mesure qu’elles seront délaissées au profit des condos et des appartements, ajoute Dominique Morin. «Peut-être alors que l’achat d’une maison ne pourra plus être considéré comme un investissement qui rapporte. En même temps, l’accès à la propriété uni­familiale s’en trouvera possiblement facilité.»

Des changements se produisent également dans le commerce de détail. Le panier d’épicerie des solos n’est pas le même que celui des familles. «Les profils de consommation diffèrent, dit Marion Goussé. Il existe donc certainement des effets sur la demande de produits, concernant leur format par exemple.» Et comme le fait remarquer Madeleine Pastinelli, l’entreprise privée s’adapte en offrant de plus en plus de services aux personnes seules : maisons de convalescence, garde d’animaux… Par ailleurs, Mme  Goussé note que le coût de la vie est beaucoup plus élevé pour une personne seule que pour un ménage familial, qui profite d’économies d’échelle sur le loyer, l’électricité et la nourriture.

Quant à savoir si l’augmentation des ménages solos modifie les rapports sociaux, Mme Pastinelli considère que, si modification il y a, cela tient davantage de la montée de l’individualisme, dont le mode de vie en solitaire n’est qu’un effet : «Certes, ça change bien des choses quand on se voit comme un électron libre plutôt que comme membre d’un couple ou d’une famille.» Mais l’effet global sur le vivre-ensemble demeure selon elle, à explorer. Cela dit, les dispositifs de communication et la façon dont on les utilise sont désormais complètement individualisés, et ce, même dans les familles, où l’on compte parfois plusieurs écrans et où chaque personne possède son propre téléphone. Pour ceux et celles qui vivent seuls, les médias électroniques sont certainement un avantage. Ce sont des facilitateurs de communication. Là-dessus, Diane Parent renchérit : «Beaucoup de jeunes agriculteurs qui vivent seuls se sentent très isolés; pour eux, une chance que les médias sociaux existent!»

D’impensable il y a 50 ans, le mode d’habitation en solo est-il désormais installé à demeure? «Tout indique que la montée de l’individualisme ne va pas s’arrêter, ni sa manifestation, l’habitation en solitaire. C’est une tendance lourde et je ne vois pas comment la situation pourrait s’inverser en quelques décennies», fait valoir Madeleine Pastinelli. Par contre, l’organisation sociale continue de se transformer. Émergent en parallèle de nouveaux phénomènes comme les couples non cohabitants, la copropriété amicale, la colocation chez les personnes âgées… «Il faut donc s’attendre à voir se développer de nouvelles manières d’habiter», prédit la directrice du CELAT. 

***

Chez les agriculteurs
C’est peut-être chez les agriculteurs que le mode solo se vit le plus difficilement. Les mé­nages d’une personne sont rares dans ce milieu (moins de 20% des jeunes de la relève), mais un grand nombre de ceux qui le vivent sont désespérément à la recherche d’un conjoint ou d’une conjointe, selon Diane Parent, nouvelle retraitée de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation et auteure d’une étude sur l’isolement des jeunes agriculteurs. «Pour eux, dit-elle, partager une vie familiale est d’autant plus un objectif que, dans ce métier qui les rend captifs, le travail est indissociable du reste de la vie. Certains se sentent isolés au point de songer à quitter l’agriculture.» Quant aux plus âgés qui perdent leur partenaire, l’attachement à la ferme va souvent les retenir à la maison, même s’ils doivent désormais y vivre seuls.

Lisez les témoignages de trois diplômés sur la vie en solo à Malte, en Arabie Saoudite et au Sénégal. 

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Serge Bouchard: le curieux, l’enchanteur, l’oiseau libre http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/serge-bouchard-curieux-lenchanteur-loiseau-libre/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/serge-bouchard-curieux-lenchanteur-loiseau-libre/#comments Wed, 14 Feb 2018 19:05:24 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005386 Nous autres, les gars de truck: essai sur la culture et l’idéologie des camionneurs de longue-distance dans le nord-ouest québécois. Le titre original de la thèse de Serge Bouchard (Anthropologie 1971 et 1973) détonne en 1980, dans la …

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Nous autres, les gars de truck: essai sur la culture et l’idéologie des camionneurs de longue-distance dans le nord-ouest québécois. Le titre original de la thèse de Serge Bouchard (Anthropologie 1971 et 1973) détonne en 1980, dans la très victorienne salle de soutenance de l’Université McGill. À cette époque, les recherches en anthropologie portent davantage sur les chasseurs-cueilleurs d’Amazonie que sur les camionneurs de l’Abitibi et de la Baie-James. En plus, sa publication –qui compte près de 400 pages– emprunte parfois des chemins poétiques plutôt que de se cantonner dans un langage trop formel.

Presque quatre décennies plus tard, sa plongée dans l’univers des camionneurs résume bien la carrière de l’anthropologue à la célèbre voix de basse. L’homme n’a jamais cessé de se pencher avec tendresse, amusement ou agacement sur sa société, son monde, quitte à bousculer les idées reçues et le carcan institutionnel.

«Son approche, très novatrice, correspond à la définition de l’anthropologie moderne, souligne Frédéric Laugrand, professeur au Département d’anthro­pologie. Aujourd’hui, cette discipline se penche sur tous les aspects de la vie en société, qu’il s’agisse de la Bourse ou de la chasse. Et Serge Bouchard le fait avec une grande empathie, une grande ouverture.» De fait, pour le principal intéressé, l’anthropologie n’a jamais été une science mais une curiosité, un art, un émerveillement.

L’art de raconter
Émerveiller, don d’enchanter le monde. C’est peut-être son père, chauffeur de taxi, puis camionneur, qui lègue au jeune Bouchard ce précieux héritage. La famille Bouchard vivait à Pointe-aux-Trembles, dans l’est de Montréal. Le père, ce fabulateur, dont «les pieds n’ont jamais touché terre» aux dires de son fils, lui raconte alors des histoires. Il lui parle d’ours… qu’il aurait croisés sur le mont Royal, et de bien d’autres choses.

Rêveur, le jeune garçon se nourrit de ces récits pour inventer les siens. Il songe au fleuve, il y a des centaines d’années, lorsque celui-ci ne portait pas encore le nom de Saint-Laurent. Il y voit des peuples indiens ramer de concert en canot d’écorce, en route vers leur territoire de chasse. Une prouesse d’imagination dans ce quartier où les raffineries crachent une fumée noire qui plombe les poumons des habitants et où l’eau se charge de résidus lourds. «Nous, les enfants du petit peuple, nous nous baignions dans un égout à ciel ouvert, tout autant que dans un bassin de rejets industriels», relate-t-il dans son plus récent essai Les yeux tristes de mon camion paru chez Boréal.

Peu importe cette réalité, le jeune Bouchard voyage aussi à la faveur de ses lectures sur la préhistoire ou sur les Amérindiens. Ce sont les livres qui l’inciteront, lui l’élève médiocre au cours classique, à entreprendre des études supérieures. Là, il se révélera un jeune performant, allumé.

Un parcours maison
Nous sommes à la fin des années 1960. D’abord inscrit en géographie à l’Université de Sherbrooke, voici ensuite Serge Bouchard à l’Université Laval, où le Département d’anthropologie s’ouvre. À ce moment, peu d’établissements couvrent ce domaine d’études.

Tout à son rêve de découvrir «les Indiens d’ici», l’étudiant décide de leur consacrer sa maîtrise. «Aucun des professeurs de Laval ne travaillait sur ce thème, affirme-t-il. J’ai dû trouver des partenaires auprès du laboratoire d’anthropologie de Rémi Savard, lié à l’Université de Montréal, qui s’intéressait aux mythes montagnais.» En 1969, le voici donc parti sur le territoire des Innus dont la communauté l’Ekuanitshit se sédentarise à Mingan, sur la Côte-Nord. Des milliers de piqûres de mouches et des décennies plus tard, dans Le peuple rieur: hommage à mes amis innus, publié en 2017 chez Lux éditeur avec sa conjointe Marie-Christine Lévesque, Serge Bouchard revient avec beaucoup de tendresse et d’humour sur ses multiples séjours durant lesquels il a noué une profonde amitié avec Michel Mollen. Cet Innu qui avait traversé le Labrador et tout le nord du Nitassinan ne cessait de lui parler dans sa langue. En 2015, à l’occasion de l’ouverture officielle de la Maison de la culture innue, à Mingan, Serge Bouchard, appelé Kauishtut, le Barbu, a retrouvé les aînés qu’il a connus jeune homme, lors d’un repas de partage. Un gage de la place d’honneur qu’il occupe au sein de leur communauté.

Depuis ses premiers travaux de recher­che, celui qui, pourtant, craint l’avion de toutes les fibres de son corps, n’a eu de cesse de parcourir en tous sens l’Amérique du Nord, à la découverte des premiers habitants du territoire. Algonquins, Naskapis, Innus, Attikameks, Mohawks, Cris, ces noms et leur culture deviennent par la bouche de ce vulgarisateur hors pair autant de sésames pour accéder à leur histoire et à leur réalité. Aussi pour percer le mur de l’indifférence de ses contemporains qui ignorent tout des conséquences de 150 ans de sédentarisation forcée, de mépris et d’agressions.

Des policiers aux généraux
Bien avant la Commission de vérité et réconciliation du Canada ou des événements comme ceux de Val-d’Or où des policiers ont fait l’objet d’allégations graves concernant des femmes autochtones, Serge Bouchard souhaite conscientiser les autorités à la réalité profonde des hommes et des femmes des nations amérindiennes. Dans les années 1980, l’anthropologue mobile arpente les routes du Québec et de l’Ontario. Son mandat? Démontrer aux agents de la force publique que la réalité des membres des Premières Nations ne se limite pas à des ravages causés par les abus d’alcool ou de drogues. «Ma formation, qui s’adressait aux policiers affectés dans les réserves, était d’une redoutable efficacité, note ce conférencier dans l’âme. En deux jours, j’expliquais à des groupes d’une quarantaine de jeunes hommes et femmes qu’on ne vient pas au monde tout démoli. Que les situations tragiques auxquelles ils et elles font face dans leur travail auprès des communautés sont le résultat d’une politique génocidaire du gouvernement canadien.»

Pour mieux se faire comprendre de son public, le formateur met au point la méthode Bouchard. Remettre en contexte, revenir aux origines, manier les concepts philosophiques, décortiquer l’histoire, raconter, raconter, raconter. Utiliser sa bonhommie comme arme de destruction massive pour occire les idées reçues et les stéréotypes. Et, surtout, susciter l’empathie. Une façon de mettre l’anthropologie au service des relations interculturelles et du vivre-ensemble.

Cette quête de mieux-être dans les milieux singuliers l’amène aussi à travailler pour l’Armée française, 15 jours par mois, entre 1991 et 1997. Son rôle consiste à rappeler à des généraux et autres gradés des arsenaux de France fondés par Louis XIV, que l’humain demeure l’élément le plus important dans une entreprise, malgré la robotisation et l’informatisation. L’anthro­pologue met donc sa discipline au service d’une industrie de 25  000 employés fabriquant du matériel militaire. Pendant six ans, il va démontrer aux patrons, preuve à l’appui, que de simples machines ne peuvent rivaliser avec la qualité de soudures effectuées par des ouvriers soudeurs, héritiers du savoir-faire de leur père et de leur grand-père. Encore une fois, il sème de l’humanité là où on ne l’attend pas.

«Curieusement, ma thèse sur les camionneurs a été beaucoup plus lue par des gestionnaires que dans les départements d’anthropologie, souligne avec amusement cet empêcheur de penser en rond. À preuve, à l’École des hautes études commerciales de Montréal, l’ouvrage est au programme de formations en gestion pour mettre en avant le facteur humain dans l’entreprise.»

Le prix de la liberté
On l’aura compris, Serge Bouchard aime mélanger les genres, les disciplines, les types d’employeurs, les formats d’intervention sans se soucier si son travail correspond aux attentes des autorités. Cette pratique très libre lui procure une grande autonomie, mais elle l’a aussi privé de la sécurité financière liée à un poste dans une institution ou dans une entreprise. Elle l’oblige aussi à devoir souvent établir la preuve de sa pertinence aux yeux de ceux et celles qui sont chargés de la diffusion des savoirs. «Quasiment toutes les séries à succès que j’ai faites à la radio nationale, je les ai réalisées contre l’avis de la direction, raconte le septuagénaire. En 1999, j’ai traversé le Canada par la Trans­canadienne en wagonnette en racontant l’histoire du pays (l’émission radiophonique Une épinette noire nommée Diesel). Les diffuseurs ne croyaient pas au projet. Même chose pour De remarquables oubliés. » La série, diffusée de 2005 à 2011, se penchait sur les grands personnages oubliés de l’histoire de l’Amérique française.

Ces rendez-vous radiophoniques, comme ceux misant sur les aventures des coureurs des bois francophones sur la Côte Ouest ou sur les destinées du gazon dans les banlieues américaines, figurent pourtant au palmarès des grands moments de radio de tout amateur de petits et grands faits de société.

L’ami Bernard
Son parcours unique, l’animateur de la célèbre émission Les chemins de travers et de tant d’autres rencontres radiophoniques l’a souvent accompli en indépendant, mais aussi en duo avec Bernard Arcand, son ami de longue date et… ancien directeur de thèse. Ce dernier, aussi anthropologue, décédé en 2009, avait enseigné à l’Université McGill avant de se joindre à l’Université Laval au milieu des années 1970. Parce que Bernard Arcand a cru en la pertinence de son surprenant sujet d’études, Serge Bouchard dit qu’il lui doit en bonne partie son titre de docteur.

«Ils formaient un couple remarquable, témoigne le professeur Frédéric Laugrand. Arcand incarnait la rigueur, l’anthropologie britannique, la connaissance académique, tandis que Bouchard, c’était le poète, l’artiste qui n’hésitait pas à faire les liens qu’un anthro­pologue universitaire n’oserait établir.»

Les grands complices affichaient cette complémen­tarité en animant Le lieu commun et le déjà vu, cette «encyclopédie de l’ordinaire» en ondes dans les années 1990. Baseball, accent français, calvitie, pâté chinois, rien n’échappait à l’oeil de lynx de ces traqueurs de société, dont on retrouve les pensées dans plusieurs volumes parus chez Boréal.

«Ils se sont tellement côtoyés, témoigne Jean-Philippe Pleau (Sociologie 2000 et 2003) qui réalise et coanime avec Serge Bouchard le rendez-vous hebdo­madaire C’est fou à la radio de Radio-Canada, que parfois, Serge parle comme Bernard.» De quelques décennies cadet de Bouchard, le sociologue ajoute que son comparse a le don de partir d’un événement très ordinaire dans notre monde contemporain, pour le disséquer et faire des liens avec des rites des sociétés traditionnelles. Il s’étonne également que, peu importe les thèmes abordés, l’enthousiasme de Serge Bouchard revienne toujours à la charge. «Il y a quelques mois, il se montrait un peu bougon lors de la préparation d’une émission sur l’intelligence artificielle. Finalement, le jour venu, il avait très envie de se faire surprendre.»

Nullement prêt pour la retraite, Serge Bouchard se voit toujours écrire, raconter et réfléchir. Sa condition physique a beau lui jouer des tours, son esprit demeure aussi vif et son envie de découvrir les humains, intacte.

Lui qui s’interdit régulièrement de tomber dans l’amertume traverse pourtant à l’occasion des périodes de nostalgie. Particulièrement l’automne dernier lorsqu’il a reçu le Prix du Gouverneur général pour son essai Les yeux tristes de mon camion. Il n’a pu s’empêcher de penser à Bernard Arcand qui, 26  ans plus tôt, recevait ce même honneur pour son ouvrage Le Jaguar et le Tamanoir. «Il me tirait souvent la pipe en disant que nous pourrions parler d’égal à égal le jour où moi aussi je gagnerais ce prix», se souvient le lauréat. Le moment venu, malheureusement, l’ami Bernard avait déjà quitté ce monde. Mais sur ce plan, le pied d’égalité entre les deux complices peut continuer d’attendre.

***

Serge Bouchard le «possédé»
La revue Anthropologie et Sociétés, qui a été créée par le Département d’anthropologie de l’Université Laval, propose sur son site Web une série audiovisuelle appelée Les Possédés et leurs mondes. Le professeur Frédéric Laugrand, qui dirige la publication, a invité Serge Bouchard à prendre part à cette rubrique qui présente en libre accès les témoignages et les réflexions inédites d’une soixantaine d’anthropologues et de chercheurs en sciences humaines et sociales. En sept épisodes, les plus visionnés du portail, l’invité revient sur sa carrière, parle de ses études à l’Université Laval, de son expérience avec les Amérindiens et d’une foule d’autres sujets, dont la crise du verglas survenue il y a 20  ans. La série, disponible à l’adresse www.anthropologie-societes.ant.ulaval.ca, est une production d’Anthropologie et Sociétés, de la revue Anthropologica et de la Société canadienne d’anthropologie.

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Miroir, miroir, suis-je le plus musclé? http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/miroir-miroir-suis-plus-muscle/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/miroir-miroir-suis-plus-muscle/#respond Wed, 14 Feb 2018 18:20:39 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005406 Le cinéma, les médias, même les figurines jouets valorisent une morphologie masculine irréprochable et une musculature fortement développée. Devant ce puissant message envoyé aux hommes, force est d’admettre que la pression pour se conformer à un corps idéal n’est pas …

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Le cinéma, les médias, même les figurines jouets valorisent une morphologie masculine irréprochable et une musculature fortement développée. Devant ce puissant message envoyé aux hommes, force est d’admettre que la pression pour se conformer à un corps idéal n’est pas l’apanage des femmes. Professeure titulaire à l’École de psychologie, Catherine Bégin s’intéresse à ce phénomène et en explore les répercussions dans ses travaux de recherche.

Les hommes sont-ils touchés comme les femmes par la pression sociale liée à l’image corporelle?
Traditionnellement, le souci de l’image corporelle est associé à la femme. Par contre, depuis les dernières décennies, il inclut aussi les hommes. Nous avons vu s’instaurer tranquillement des images fortes de corps très esthétiques d’hommes au torse dénudé, épilé et très musclé, dans les publicités, les magazines. Le message a pris beaucoup d’ampleur au fil des années et génère une pression importante sur les hommes, les jeunes en particulier. Et ce phénomène n’est pas une question d’orientation sexuelle. Tous sont atteints par cette pression à différents degrés.

Les médias sociaux jouent-ils un rôle?
La grande influence qu’ont le Web et toutes les plate­formes de communication sur nos vies en général s’exerce aussi dans les troubles de l’image corporelle chez l’homme. Les messages véhiculés sont souvent porteurs d’une forte pression sociale, l’exposition des corps parfaits étant très valorisée. Ceux qui s’exhibent le plus sont aussi les plus avantagés physiquement. Les autres s’abstiennent ou se modèrent, ce qui biaise grandement la réalité. Qui plus est, les photos de corps parfaits ne montrent qu’un résultat et ne disent rien des dessous de cette apparente perfection.

Ce souci de l’image se vit-il de la même manière chez les hommes et les femmes?
Non, c’est vécu différemment. Alors que, pour les femmes, il est davantage question de minceur, chez les hommes, la pression de l’image concerne beaucoup la musculature. C’est évidemment la recherche de valorisation, d’estime de soi, la volonté d’être à la hauteur des normes sociales qui motivent les efforts des hommes en quête d’une image corporelle parfaite. Et c’est la musculature qui est le critère le plus important pour eux: elle témoigne de leur force et de leur volonté. Ils veulent un corps sans masse grasse et bien découpé en muscles. À cela s’ajoutent d’autres efforts esthétiques leur permettant de se distinguer, comme l’épilation, les tatouages et les perçages. Toute une industrie s’est développée sur la base de l’image corporelle masculine! L’offre de produits d’hygiène corporelle dédiés aux hommes a explosé au cours des dernières années.

À quoi attribuer la montée de cette norme sociale?
Les hommes n’ont jamais totalement échappé à la pression de l’image. Ils se sont toujours souciés de bien paraître, mais leurs critères et leurs priorités ont changé. Autrefois, la tenue vestimentaire témoignait d’un certain statut, d’une image du succès qu’il était très important de mettre en valeur. Les hommes en tiraient une grande fierté. Puis, au cours des dernières années, des changements sociaux ont entraîné, entre autres, une plus grande égalité des sexes. L’homme autoritaire, pourvoyeur et chef de famille s’est transformé en homme «moderne», plus souple, plus impliqué auprès des enfants et dans les tâches domestiques. Désormais, les activités attitrées autrefois aux femmes sont partagées: l’homme va à la garderie et borde les enfants, il fait du ménage et prépare les repas. Et comme la femme, il prend soin de sa personne, s’entraîne, se soucie de son alimentation et de son apparence. Or, c’est par la musculature que plusieurs hommes ont trouvé le moyen d’exprimer leur virilité. C’est probablement l’explication la plus significative de cette tendance, mais il y en a d’autres.

Comment se traduit cette pression dans le comportement des hommes?
Pour les hommes comme pour les femmes, la morphologie du corps ne permet pas toujours d’atteindre l’idéal désiré. Il y a des hommes qui arrivent à développer un taux élevé de musculature, sans toutefois en être totalement satisfaits. Mais il y a aussi tous ceux qui échouent malgré leurs efforts. Leur recherche du corps parfait entraîne parfois des excès, voire une obsession. Les hommes qui en viennent à cet extrême mettent des choses importantes de côté, comme leur vie amoureuse. Cette quête a des conséquences aux plans relationnel et social, au plan professionnel aussi dans certains cas, puisque leur routine rigoureuse d’entraînement et leur alimentation très stricte accaparent beaucoup de leur temps et de leur attention. Ils s’y consacrent avec une volonté inébranlable. Et les résultats ne sont jamais suffisants; ils en veulent toujours plus! Plus de muscles, moins de graisse, le miroir ne semble jamais pouvoir les satisfaire.

Tout cela a-t-il des conséquences sur leur santé?
Ces hommes en sont très affectés, ils se retrouvent dans une situation de grande anxiété, vivent une pression de la performance disproportionnée. Certains ressentent de la honte et leur estime d’eux-mêmes est à son plus bas. Des troubles dépressifs en découlent parfois. D’autres troubles comme la dysmorphie musculaire et la bigorexie peuvent aussi s’installer. À l’instar de l’anorexie, la dysmorphie musculaire entraîne une perception erronée de son aspect physique: l’homme se voit alors trop gras et peu musclé, alors que la réalité est tout autre. Quant à la bigorexie, elle consiste en une dépendance à la pratique des sports.

Ces effets néfastes sont-ils trop peu connus?
Malheureusement, oui. Chez les femmes, la maigreur extrême est un bon indicateur d’un trouble de l’image corporelle. Mais chez les hommes, les problèmes sont beaucoup moins détectés, puisque les efforts excessifs entraînent souvent, au premier abord, un résultat physique intéressant, bien qu’il cache un problème important. Les hommes qui souffrent de dysmorphie musculaire ou de bigorexie ne voient pas leur situation comme étant néfaste pour leur santé. Au contraire, ils tirent de l’obsession portée à leur corps un sentiment gonflé d’estime d’eux-mêmes, une grande fierté, puisqu’ils attirent les regards et les compliments. Cette forme de déni n’aide pas à déceler ce trouble. Le problème est renforcé par le fait que ces hommes sont généralement incapables d’en parler, de s’ouvrir sur leurs préoccupations et leurs craintes. Il devient alors très difficile d’intervenir auprès d’eux.

Quelles sont les pistes pour mieux y arriver?
L’importance de l’image corporelle chez l’homme est plus étudiée qu’auparavant, mais pas suffisamment. Les chercheurs font face à un problème de taille, celui de travailler avec une clientèle qui n’est pas facile d’accès et pas vraiment consciente du trouble de santé que présente son comportement. Or, il ressort de la littérature actuelle que, poussée à l’extrême, cette problématique s’apparente à l’anorexie mentale, pathologique. Par nos recherches, nous voulons mieux rejoindre ces hommes dont le corps et la tête sont épuisés par cette quête de l’idéal.

Faut-il prévoir plus de sensibilisation?
Des projets ont vu le jour à ce chapitre dans les écoles secondaires. Au collégial et à l’université, il est déjà tard pour intervenir, la pression sociale ayant fait son œuvre. Dans la population en général, il est important que tous comprennent que les problèmes liés à l’image corporelle ne concernent pas que les femmes en quête d’un corps parfait. Ces troubles affectent les deux sexes, et les plus jeunes sont évidemment les plus vulnérables en raison de leur niveau de maturité et de la forte exposition aux messages véhiculant un modèle unique de corps parfait. Ces messages sont très difficiles à comprendre pour eux, car ils mettent en cause des images de corps minces et musclés associés à la bonne santé, ce qui n’est pas tout à fait vrai. Il y a là une forme de cercle vicieux puisque certains, pensant bien faire, vont à l’encontre de l’objectif santé poursuivi en croyant pourtant être sur la bonne voie. Les chercheurs sont confrontés à la difficulté de développer un message clair et cohérent entre l’idée de soigner sa santé par l’exercice et la forme physique, en lien avec la lutte contre l’obésité, et la volonté de valoriser la diversité des corps.

Quelle approche privilégier pour relever ce défi?
Il faut miser sur l’importance d’éviter les extrêmes en tablant sur la modération, et rappeler aux gens d’être à l’écoute de leur corps, de bien interpréter les signes qu’ils en reçoivent. Actuellement, il est difficile pour tout le monde d’être en paix et en harmonie avec son image corporelle et sa relation avec la nourriture. Entre le «ni trop gros ni trop mince», les interprétations laissent peu de place à la nuance. Tout le monde cherche à se sentir mieux et valorisé, mais à quel prix? Dans plusieurs publicités sociales, on a vu des avancées intéressantes du côté de la diversité morphologique, mais ces avancées concernent surtout les femmes. Des deux côtés, les modèles sont beaucoup trop parfaits et inatteignables, ils exigent trop de sacrifices. Peu y arrivent. Quelqu’un peut avoir un léger surplus de poids bien qu’il s’entraîne et fasse attention à son alimentation. La nature est ainsi faite ! Bref, il nous faut travailler à valoriser autre chose que l’esthétisme dans nos messages de santé.

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À la rescousse d’anciens combattants http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/a-rescousse-danciens-combattants/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/a-rescousse-danciens-combattants/#respond Tue, 13 Feb 2018 13:00:25 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005398 Les anciens combattants atteints du trouble de stress post-traumatique (TSPT) pourraient améliorer certains aspects de leur condition grâce aux chiens d’assistance. C’est ce que démontre une étude menée par Claude Vincent, professeure du Département de réadaptation et du Centre interdisciplinaire …

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Les anciens combattants atteints du trouble de stress post-traumatique (TSPT) pourraient améliorer certains aspects de leur condition grâce aux chiens d’assistance. C’est ce que démontre une étude menée par Claude Vincent, professeure du Département de réadaptation et du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS), et par huit autres chercheurs.

Le TSPT se manifeste chez des gens ayant vécu des événements bouleversants qui leur ont causé une peur intense et un sentiment d’impuissance. Ces événements hantent leur esprit, provoquant de l’irritabilité, de la colère, des comportements d’évitement et de l’hyper­vigilance. Leur condition interfère avec les activités de la vie courante et peut causer de l’insomnie, diminuer la qualité de vie et conduire à la dépression. Au Canada, le nombre de vétérans atteints du TSPT est passé de 2800 en 2004 à 9900 en 2014.

Ce trouble est traité par pharmacothérapie ou psycho­thérapie, mais une bonne partie des patients ne réagissent pas à ces traitements, d’où l’idée de recourir à des chiens d’assistance. «Ces chiens sont entraînés pour réagir à certains symptômes du TSPT lorsqu’ils se manifestent chez leur maître, explique Claude Vincent. Ils vont alors s’approcher de lui et le toucher, ce qui peut interrompre une crise d’anxiété. De plus, on croit que ces chiens peuvent aider leur maître à relaxer, qu’ils créent une bulle de sécurité autour de lui et qu’ils peuvent faciliter les relations sociales.»

Les analyses des chercheurs révèlent que la présence d’un chien d’assistance s’accompagne d’une diminution des principaux symptômes du TSPT et d’une réduction des symptômes dépressifs. Les données montrent également une amélioration de la qualité de vie sur les plans de la santé physique, de la santé psychologique et des relations sociales ainsi qu’une embellie pour les différentes composantes de la qualité du sommeil. Enfin, les participants de l’étude osent davantage sortir à l’extérieur de leur domicile et leur aire de mobilité s’accroît avec le temps. 

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Héra Ménard: un album signé UL http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/album-signe-ul/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/album-signe-ul/#respond Tue, 13 Feb 2018 12:00:28 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005394 La maison de disques du Laboratoire audionumérique de recherche et de création (LARC), sis au pavillon Louis-Jacques-Casault, n’aurait pu trouver meilleure artiste pour ce premier opus. Fort prometteuse, la jeune auteure-compositrice-interprète cumule déjà de belles expériences musicales. On l’a vue …

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La maison de disques du Laboratoire audionumérique de recherche et de création (LARC), sis au pavillon Louis-Jacques-Casault, n’aurait pu trouver meilleure artiste pour ce premier opus. Fort prometteuse, la jeune auteure-compositrice-interprète cumule déjà de belles expériences musicales. On l’a vue se produire à New York, à San Francisco et à Paris. Avec son groupe The Rainbows, elle a fait la première partie des spectacles de Gregory Charles et des Cowboys Fringants, en plus de multiplier les apparitions à la télévision.

Lancé en collaboration avec les Disques Passeport, cet album éponyme réunit 13 pièces aux sonorités country. Le fil conducteur entre ces chansons? L’amour, un thème très cher à l’artiste. «L’amour, c’est près de ma personne, mais c’est aussi un thème universel qui peut rejoindre tout le monde», explique Héra Ménard.

Les paroles de certaines pièces sont le fruit d’une collaboration avec François Dumont, poète et professeur de littérature. Pour l’aspect musical, l’étudiante s’est inspirée d’artistes comme Sheryl Crow, Shania Twain, First Aid Kit et Ray LaMontagne. C’est son professeur, aussi directeur du LARC, Serge Lacasse, qui l’a convaincue de se tourner vers le country. «Au début de ses études, Héra voulait faire de la comédie musicale. En l’écoutant chanter, j’ai trouvé que sa voix convenait mieux au country», raconte le professeur.

Un comité de divers spécialistes, dont le célèbre producteur André Perry, a été formé autour de ce premier album. Du côté des musiciens, ils ont fait appel à des étudiants et à des diplômés de la Faculté de musique. La guitare électrique, la basse, la batterie, les violons et le violoncelle de ces artistes ont rejoint la guitare acoustique et l’harmonica de Héra Ménard. Serge Lacasse et ses acolytes ont profité de l’enregistrement pour faire avancer la recherche dans le domaine. «Nous avons testé diverses combinaisons de matériel analogique et audionumérique. Le format dans lequel nous avons enregistré permet d’avoir la plus haute qualité sonore possible. Le son est précis et très transparent», se réjouit le chercheur.

En plus d’être un cadre pour l’innovation et la recherche, les Productions LARC ont pour but d’encourager la relève et de contribuer au rayonnement de l’Université. À cet égard, le professeur Lacasse espère développer une signature propre au studio. «Le LARC permet aux étudiants et à tous ceux qui gravitent autour de l’enregistrement d’apprendre une foule de choses. C’est ici, par exemple, que le compositeur Dragos Chiriac a développé sa méthode de travail bien connue et qu’il a enregistré les chansons de Ghostly Kisses et de Men I Trust. Nos projets de recherche et de création contribueront à ce que l’on ait une marque “Productions LARC”.» 

***
Revisiter la chanson d’ici
Un autre album signé LARC revisite les classiques de la chanson québécoise. Remixer le Québec présente 14 adaptations de chansons parues avant les années 60. En plus de «Ça va venir, découragez-vous pas», chan­té par La Bolduc en 1930, 13 autres chansons font l’objet d’un remixage audio­numérique sur cet album disponible sur toutes les plate­formes numériques (Spotify, iTunes, Apple Music). Les remixs, allant du pop aux courants les plus expérimentaux, en passant par la musique cubaine ou techno, donnent un nouvel éclairage à ces chansons historiques et contribuent à leur redécouverte. Parmi les artistes remixés figurent aussi Alys Robi, Fernand Robidoux, Jeanne-d’Arc Charlebois et Paul Brunelle. Ce projet, dirigé par Serge Lacasse en collaboration avec Gérald Côté, professeur d’ethnomusicologie, réunit une équipe de remixeurs de la Faculté de musique. Fait intéressant, ces derniers, parmi lesquels figurent une dizaine d’étudiants en musico­logie, ne proviennent pas seulement du Québec, mais aussi de France, de Roumanie, du Maroc et de Cuba, ce qui confère à l’album un son et une diversité exceptionnels.

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Faciliter les déplacements http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/30005392-2/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/30005392-2/#respond Tue, 13 Feb 2018 11:00:44 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005392 Pour plusieurs personnes handicapées, circuler du point  A au point B relève d’un exploit. Stéphanie Gamache, doctorante en médecine expérimentale, s’intéresse à cet enjeu au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS). Encadrée par les professeurs Ernesto …

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Pour plusieurs personnes handicapées, circuler du point  A au point B relève d’un exploit. Stéphanie Gamache, doctorante en médecine expérimentale, s’intéresse à cet enjeu au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS). Encadrée par les professeurs Ernesto Morales et François Routhier, du Département de réadaptation, et Marie-Hélène Vandersmissen, du Département de géographie, elle mène un projet qui vise à doter les municipalités de lignes directrices pour mieux concevoir leurs aménagements piétonniers. En novembre dernier, sa recherche a été récompensée par le programme L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science.

Afin de dresser un portrait des aménagements piéton­niers au Québec, un sondage a été réalisé auprès de 186 municipalités. Sur 136 municipalités de moins de 15  000  habitants, seulement 41 ont un plan d’action pour assurer l’accès aux personnes présentant des déficiences physiques. «L’accessibilité est moins présente pour cette clientèle dans les petites municipalités, mais celles de moins de 15  000 habitants n’ont pas l’obligation d’avoir un plan d’action», résume Stéphanie Gamache.

En outre, les infrastructures mises en place s’attardent aux déficiences motrices, mais très peu aux déficiences visuelles ou auditives. Des groupes de discussion, réunissant des représentants municipaux et de sociétés de transport en commun, des chercheurs, des cliniciens et des personnes à mobilité réduite, ont mis en lumière l’importance d’avoir des outils d’aide à la conception. «Les gens sont sensibilisés à la réalité de ces utilisateurs, mais ils n’ont pas toutes les connaissances pour comprendre leurs besoins. L’outil permettra à ceux qui sont impliqués dans le processus de conception de s’y référer selon le travail qu’ils ont à accomplir.»

À terme, ce document sera diffusé par le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, qui finance le projet avec le Fonds de recherche du Québec–Nature et technologies et le Fonds de recherche du Québec–Santé. 

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Apprendre par le plaisir et par la musique http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/apprendre-plaisir-musique/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/apprendre-plaisir-musique/#comments Tue, 13 Feb 2018 10:00:55 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005389 Qui n’a jamais utilisé une mélodie pour mémoriser l’alphabet? Il est prouvé que la musique peut aider à consolider les apprentissages. Des comptines pour apprendre, c’est le titre d’un ouvrage novateur qui regroupe des textes et des structures rythmiques …

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Qui n’a jamais utilisé une mélodie pour mémoriser l’alphabet? Il est prouvé que la musique peut aider à consolider les apprentissages. Des comptines pour apprendre, c’est le titre d’un ouvrage novateur qui regroupe des textes et des structures rythmiques pour contribuer au développement langagier des tout-petits. Accompagné d’un CD, ce livre est destiné aux parents, aux éducateurs, aux enseignants, aux orthopédagogues, aux orthophonistes, bref à tous ceux qui travaillent avec des enfants d’âge préscolaire.

Ce projet est une initiative de Jonathan Bolduc, professeur à la Faculté de musique, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en musique et apprentissages et directeur du laboratoire Mus-Alpha. «Le but, dit-il, était d’offrir des comptines et des jeux de mots basés sur le rythme pour stimuler le développement du langage. Il a été démontré que plus l’enfant réalise ce type d’exercices, meilleures seront ses chances d’apprendre à segmenter des mots en syllabes, entre autres. Les syllabes sont la porte d’entrée principale dans le développement du langage chez l’enfant d’âge préscolaire.»

Testées auprès d’une centaine d’enseignants, les comptines racontent des histoires mettant en scène des animaux. Dans le livre, on retrouve des illustrations et les textes des chansons. Le CD, en plus de réunir du matériel pédagogique, comprend trois versions sonores de chaque comptine: une version rythmique ralentie, une version rythmique a tempo et une autre sans paroles.

Chaque comptine comprend des mots à une et à plusieurs syllabes, des mots qui riment et d’autres débutant par le même son. Elle contient aussi un verbe inventé, ce qui permet aux enfants de s’amuser à deviner le sens de ce mot et à justifier sa signification. «Pour un enfant qui présente des troubles langagiers, le fait d’avoir des mots inconnus ou inexistants permet de savoir ce qu’il connaît de la langue et ce qu’il ne connaît pas. Il est plus facile pour lui de segmenter un mot en syllabes s’il n’a pas de signification. Par exemple, pour plusieurs enfants, le mot “bateau” possède plus de syllabes que le mot “coccinelle”, mais cette perception est basée sur une représentation mentale de la chose, l’insecte étant plus petit», souligne le chercheur.

Pour les besoins de son projet, ce spécialiste de l’édu­cation musicale a fait appel à l’orthophoniste Pascal Lefebvre, de l’Université Laurentienne, à Sudbury. Il parle d’un «heureux mariage» entre leur domaine de recherche respectif. «En orthophonie et en musique, on parle le même langage, sans utiliser les mêmes mots. Il y a tellement de liens à faire entre ces deux univers, ne serait-ce que sur la structure des mots et la segmentation. On sait que le langage et la musique stimulent des zones connexes du cerveau. C’est pourquoi plusieurs enfants qui sont faibles en langage le sont aussi en musique, et vice-versa.» 

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On cherche, on trouve http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/on-cherche-on-trouve-8/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/on-cherche-on-trouve-8/#respond Tue, 13 Feb 2018 09:00:11 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30005382 Cerveaux à bout de souffle
De plus en plus populaire, l’apnée sportive pourrait avoir des effets négatifs sur certaines fonctions du cerveau. C’est la conclusion de François Billaut, professeur au Département de kinésiologie, et de quatre chercheurs français au terme …

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Cerveaux à bout de souffle
De plus en plus populaire, l’apnée sportive pourrait avoir des effets négatifs sur certaines fonctions du cerveau. C’est la conclusion de François Billaut, professeur au Département de kinésiologie, et de quatre chercheurs français au terme d’une recherche menée sur le sujet. Les adeptes de cette pratique peuvent, après quelques mois d’entraînement, dépasser trois minutes sans respirer. Le record mondial? 11 minutes et 35 secondes! Lors des compétitions d’apnée, le taux d’oxygène dans le sang baisse au point que 10% des participants sont victimes d’une perte de contrôle moteur, qui s’exprime par d’importants tremblements. De plus, 1% des concurrents poussent leurs limites jusqu’à perdre connaissance. Il s’ensuit des problèmes neurologiques qui durent quelques jours. Les analyses sanguines effectuées sur ces personnes révèlent la présence des mêmes biomarqueurs retrouvés chez les gens ayant subi un traumatisme crânien. Des effets qui ne sont pas dévastateurs, mais dont il convient de se préoccuper.

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Les yeux ont des oreilles
Nos yeux réagissent à des sons inattendus par une dilatation de la pupille, ce qui permet le passage de plus d’information visuelle en situation d’alerte. Cette réponse involontaire pourrait un jour servir à améliorer la sécurité à bord des avions, conclut une étude des chercheurs Alexandre Marois, Katherine Labonté, Mark Parent et François Vachon de l’École de psychologie. Lorsqu’ils sont aux commandes, en particulier dans des conditions difficiles, les pilotes sont exposés à une multitude de signaux visuels et sonores. Les signaux sonores présentent l’avantage de ne pas mobiliser leur attention visuelle. Toutefois, des enquêtes menées à la suite d’accidents aériens ont révélé qu’en situation d’urgence, les sons inhabituels sont parfois ignorés malgré eux par les pilotes. Or, la réaction de la pupille pourrait servir à détecter les situations où cette surdité attentionnelle se produit. S’il n’y a pas de réponse de la pupille, c’est que le pilote n’a pas entendu le signal. Un système intelligent pourrait alors générer une contre-mesure pour capter son attention.

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Du mou solide
Après une chirurgie buccale, les aliments liquides ou semi-liquides sont recommandés aux patients. Cette directive, qui vise à éviter les blessures et à limiter la douleur, pourrait apporter des bienfaits insoupçonnés pour la régénération des tissus buccaux, selon une équipe de chercheurs de l’Université Laval. Mahmoud Rouabhia, Dounia Rouabhia, Hyun Jin Park et Luc Giasson, de la Faculté de médecine dentaire et du Groupe de recherche en écologie buccale, et Ze Zhang, de la Faculté de médecine, ont exposé pendant 10 minutes des cellules épithéliales de gencive cultivées in vitro à du jus d’orange, à du yogourt à boire ou à un substitut de repas liquide. Après 24 heures, celles-ci produisent davantage de protéines associées à des cellules en bon état que celles des cultures témoins, et synthétisent plus d’interleukine 6, ce qui suggère qu’un processus lié à la régénération des tissus a été enclenché. Elles produisent aussi plus de ß-défensine 2, une molécule antimicrobienne, ce qui porte à croire que les fonctions immunitaires ont été stimulées.

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Le naturel au galop
Les opérations d’ensemencement dans les lacs ont des répercussions négatives. Plusieurs études suggèrent que l’introduction massive de poissons élevés en captivité affecte l’intégrité génétique des populations sauvages et leur capacité d’adaptation. Mais plus le temps passe, plus les populations de truites mouchetées retrouvent leur caractère naturel après l’arrêt des ensemencements. C’est ce que démontre une étude menée par Louis Bernatchez et son équipe du Département de biologie et de l’Institut de biologie intégrative et des systèmes (IBIS). L’explication la plus probable est que les poissons qui ont une forte composante domestique survivent moins bien ou ont un plus faible succès reproducteur que les poissons ayant conservé une plus grande proportion du génome sauvage. Le fait que les effets négatifs des ensemencements sur la génétique de populations soient réversibles constitue une bonne nouvelle pour la conservation de la biodiversité, mais aussi pour la pêche sportive car les populations «indigènes» sont recherchées par les pêcheurs.

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