Archives des Hiver 2013 - Contact http://www.contact.ulaval.ca La zone d'échange entre l'Université, ses diplômés, ses donateurs et vous. Wed, 04 May 2016 14:17:58 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.1 Anticosti, le laboratoire aux 200 000 cerfs http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/anticosti-le-laboratoire-aux-200-000-cerfs/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/anticosti-le-laboratoire-aux-200-000-cerfs/#respond Mon, 23 Dec 2013 19:53:52 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8139 Une grande île en plein golfe Saint-Laurent, toute en épinettes et en sapins, avec abondance de cerfs qui broutent paisiblement. La nature à l’état pur!

Oui, mais la nature d’Anticosti a été profondément modifiée depuis 120 ans par ces mêmes …

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Une grande île en plein golfe Saint-Laurent, toute en épinettes et en sapins, avec abondance de cerfs qui broutent paisiblement. La nature à l’état pur!

Oui, mais la nature d’Anticosti a été profondément modifiée depuis 120 ans par ces mêmes brouteurs paisibles, qu’on veut aujourd’hui protéger contre eux-mêmes en préservant l’écosystème qui les abrite. Pour y arriver, les membres de la Chaire de recherche industrielle CRSNG-Produits forestiers Anticosti analysent, expérimentent et scrutent, aussi bien les cerfs que leur habitat, faisant de l’île un véritable laboratoire à ciel ouvert. Ils ont acquis une somme inouïe de connaissances, entre autres sur l’extraordinaire faculté d’adaptation de ce ruminant insatiable. Et ils ne sont pas au bout de leurs études.

Alors que le cerf de Virginie est arrivé sur l’île par bateau au tournant du XXe siècle, le plus gros contingent de chercheurs y a mis pied à l’aube du XXIe. Entre ces deux arrivages, des dizaines de milliers de chasseurs n’ont cessé d’y effectuer de brefs séjours dans l’espoir rarement déçu d’en rapporter un ou deux panaches.

20 cerfs par km2
La harde d’origine comptait quelque 200 cerfs. Introduits en 1896 et 1897 par Henri Menier, alors le propriétaire des lieux, ces animaux se sont si bien multipliés en l’absence de prédateurs qu’on en compterait aujourd’hui 200 000 au bas mot, selon Steeve Côté. Le professeur au Département de biologie et titulaire de la Chaire préfère toutefois parler en termes de densité: plus de 20 cerfs par kilomètre carré. Quant aux chasseurs, ils sont venus à raison de 5000 par an au cours des dernières décennies, repartant avec 8000 trophées à chaque saison de chasse, qui dure près de 4 mois. Une manne annuelle de quelque 15 M$ pour l’économie locale! L’impressionnante prolifération du cerf ne s’est cependant pas faite sans dommages collatéraux. Plantes herbacées, arbustes feuillus et jeunes pousses de sapin baumier passent tous dans la moulinette des brouteurs qui, l’hiver venu, se rabattent sur les branches basses des sapins et sur les arbres qui tombent au sol. Jusqu’à la fin des années 1970, on ne savait même pas que le cerf de Virginie pouvait survivre grâce à une diète composée principalement de sapin, remarque Steeve Côté.

Résultat: dès les années 1930, alors que la taille du troupeau se comparait déjà à ce qu’elle est aujourd’hui, certains arbustes feuillus avaient pratiquement disparu. Quant à la sapinière, auparavant reine de l’île, elle ne se régénérait plus qu’en épinettes, moins prisées par les cerf. Si bien que les superficies de sapin ont diminué de plus de moitié en un siècle, au profit de grands peuplements d’épinette blanche, presque inexistants 100 ans plus tôt. Comme les vieilles sapinières restantes tomberont peu à peu, sans relève, au cours des prochaines décennies, le pire pourrait survenir pour le cheptel: un effondrement de population, faute de sapin pour passer l’hiver.

Certes, depuis 1995, la compagnie Produits forestiers Anticosti tente de régénérer en sapin toutes les superficies qu’elle coupe sur l’île, conformément à un plan de gestion établi avec le ministère des Ressources naturelles. Mais peine perdue: tous les petits plants sont broutés aussitôt mis en terre ! À moins d’être protégés.

La Chaire entre en jeu
C’est là qu’entrent en jeu les chercheurs de l’Université. Mise sur pied en 2001, la Chaire CRSNG-Produits forestiers Anticosti a contribué à la formation d’une trentaine d’étudiants de 2e et 3e cycles jusqu’à maintenant. Sa mission est de trouver les conditions permettant à l’habitat de se régénérer tout en maintenant la densité la plus élevée possible d’animaux. Quel type de coupe forestière effectuer: par bandes, en damier, avec îlots boisés pour assurer une retraite aux cerfs? Quelle grandeur de coupe réaliser pour que les cerfs n’osent s’aventurer à découvert jusqu’au centre des superficies replantées? Quelle grosseur de semis mettre en terre?

En fin de compte, il semble que le seul moyen efficace de protéger la régénération soit d’installer des clôtures autour des plantations et, par des primes aux chasseurs, d’abaisser la densité de cerfs dans les enclos ainsi créés. Voilà justement ce que fait l’entreprise forestière après chaque coupe, avec l’aide de ses partenaires. Entre 120 et 130 km2 d’enclos, sur les 8000 km2 de l’île, ont ainsi été aménagés depuis une douzaine d’années.

Le rôle de la Chaire a été d’établir la densité optimale de cerfs permettant une régénération de l’habitat. À cette fin, les chercheurs ont fait des essais dans d’autres enclos (dits de broutement contrôlé) avec différentes densités de cervidés. Il est apparu qu’un ratio de 3 à 7 cerfs/km2 procurerait une reprise rapide de la végétation permettant d’enlever les clôtures assez tôt, mais qu’on devrait de façon plus réaliste viser de 7 à 10. En dehors des enclos, l’habitat pourrait soutenir une quinzaine de cerfs/km2.

Pour découvrir tout cela, il a fallu mesurer quantité de paramètres sur la végétation et sur les cerfs eux-mêmes, fait valoir Steeve Côté: types de sol, nutriments, réponse des plantes en milieux ouverts et milieux forestiers, déplacements des brouteurs, plantes préférées… À partir de la deuxième phase d’activité de la Chaire (2006), les recherches ont aussi porté sur la biodiversité de l’écosystème: par exemple, les impacts du broutement sur les insectes et les oiseaux chanteurs dans les anciennes coupes forestières. On a ainsi démontré qu’à faible densité de brouteurs, non seulement la végétation se régénère mieux, mais les oiseaux sont plus présents, à la fois en abondance et en diversité.

Des faits inédits
Sur l’utilisation que les cerfs font du territoire, les travaux de maîtrise et de doctorat d’Ariane Massé, pendant plusieurs années, ont révélé des faits inédits. Notamment que le domaine vital d’un cerf sur Anticosti est d’à peine 0,4 km2 l’été et 0,3 l’hiver. C’est beaucoup moins que le kilomètre carré qu’utilisent les congénères du reste du continent. «Afin de le déterminer, raconte Mme Massé, nous avons capturé 39 cerfs auxquels nous avons fixé des colliers GPS qui, durant deux étés et trois hivers, nous ont transmis leurs positions.»

Encore plus intéressant, ce suivi télémétrique a aussi permis d’identifier les zones les plus fréquentées par les herbivores et, grâce à des inventaires de végétation, de savoir précisément ce qu’ils mangent. Première surprise: non seulement les brouteurs ne craignent pas de s’aventurer en milieu ouvert, en l’absence de prédateurs, mais ils fréquentent allégrement les tourbières, une habitude qu’on ne leur connaît nulle part ailleurs. «Avant que notre chaire soit reconnue mondialement, témoigne Steeve Côté, les gens avaient peine à nous croire.»

Autre surprise, poursuit Ariane Massé, aujourd’hui biologiste au ministère des Ressources naturelles: «Nous pensions que l’été, ils choisissaient d’abord les milieux où leurs plantes préférées étaient les plus abondantes.» Or, ils sont plutôt attirés par la diversité végétale. «Autrement dit, dans un contexte de rareté grandissante de leurs herbacées préférées, les cerfs semblent avoir élargi leur niche alimentaire pour consommer toutes les espèces disponibles.» Et il y a une belle diversité d’espèces dans les bordures de tourbières. Faudra-t-il donc maintenant clôturer ces milieux humides? Pour l’instant, les chercheurs de la Chaire mesurent l’impact du broutage sur les plantes qui y croissent, la chicouté entre autres.

Épinette au menu
Si le cerf a élargi son menu d’été et adapté sa diète hivernale au sapin, il pourrait pousser l’adap­tation encore plus loin, en con­sommant de plus en plus d’épinette à mesure que le sapin se raréfiera. Pourtant plus difficile à digérer, l’épinette compte déjà pour 20% de l’alimentation du cerf en hiver.

Or, pour sa maîtrise terminée en 2006, Joëlle Taillon a établi que cette proportion pourrait doubler sans que l’animal s’en porte plus mal. «Deux hivers de suite, explique-t-elle, nous avons nourri des faons avec une diète comportant 40% d’épinette blanche, ce qui pourrait constituer l’alimentation obligatoire du troupeau dans une trentaine d’années.» Le printemps venu, ces «mal nourris» n’avaient pas perdu plus de poids que les «bien nourris» alimentés, eux, avec la diète «normale» 80% sapin et  20% épinette. Et le taux de mortalité avait été le même dans les deux camps (35%). Deux différences notables, cependant: à mesure que l’hiver avançait, les faons dominants du groupe 40% épinette avaient moins d’interactions agressives que ceux de l’autre groupe. Il s’agissait peut-être d’une façon d’économiser l’énergie, avance Mme Taillon. L’autre différence est que les «mal nourris» passaient 10% plus de temps à s’alimenter. «Comme s’ils compensaient la mauvaise qualité par la quantité.»

De là à prédire que les cerfs pourraient survivre avec une diète tout épinette quand le sapin aurait disparu, il y a un pas que Joëlle Taillon refuse de franchir. «Ils seront capables de s’ajuster à une certaine hausse, mais on ne sait pas si cela pourra dépasser 40%, dit-elle. Et puis, il n’y a pas que l’alimentation: la sapinière leur offre un meilleur couvert contre la neige, ce qui facilite leurs déplacements en hiver.»

Jusqu’où ira l’adaptation du cerf d’Anticosti? Des chercheurs de la Chaire s’activent à sonder les estomacs, les urines et les liqueurs de rumen des animaux pour voir si leur grande plasticité s’étend jusqu’à des changements physiologiques. Des réponses vont venir bientôt, assure Steeve Côté, qui se doute bien qu’on trouvera des différences par rapport aux ruminants du continent.

Un modèle pour diminuer la densité
Pour le chercheur, il y a gros à parier que des cerfs du Bas-Saint-Laurent (d’où provient le troupeau d’Anticosti) ne seraient pas capables de passer l’hiver sur l’île dans les conditions actuelles de la végétation. Tout comme ceux d’Anticosti n’auraient probablement pas survécu s’ils avaient eu des prédateurs: à cause de la longueur de l’hiver. On est ici au nord de l’aire de répartition de l’espèce, d’ailleurs absente de la région de Mingan, juste en face sur la Côte-Nord.

Avec un modèle statistique en voie d’élaboration à partir des connaissances acquises depuis 12 ans, on pourra bientôt prédire l’effet de différents scénarios de gestion (chasse, foresterie) susceptibles de diminuer les densités du cerf à long terme. Malgré tout, on craint toujours la disparition des sapinières d’Anticosti. «En tout cas, pour l’instant, elles continuent de diminuer», observe M. Côté. Il faudra voir si la régénération tiendra le coup lorsqu’on commencera à démanteler les premiers enclos à compter de l’été prochain. Les sapins plantés au début de la décennie seront-ils assez costauds pour échapper à la voracité des cerfs?

Et, à plus long terme, il faudra voir ce qu’il adviendra de l’île et de sa faune si l’exploration pétrolière qui est faite un peu partout sur le territoire se transforme en véritable exploitation d’ici quelques années. Là aussi, la Chaire s’implique, en menant des recherches sur les impacts du bruit et autres dérangements subis par les cerfs à proximité des puits d’exploration. Tout en continuant à profiter du contexte unique de ce milieu insulaire pour étudier une espèce surabondante qui, dans quelque temps, pourrait bien se retrouver dans la situation inverse.

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Heureux au service de la science http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/heureux-au-service-de-la-science/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/heureux-au-service-de-la-science/#comments Mon, 23 Dec 2013 19:51:07 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8136 Il y a ceux qui consacrent leur vie à la science. Il y a ceux qui lèguent leurs corps à la science. Et il y a ceux qui donnent de leur temps et de leur personne à la science. Chaque …

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Il y a ceux qui consacrent leur vie à la science. Il y a ceux qui lèguent leurs corps à la science. Et il y a ceux qui donnent de leur temps et de leur personne à la science. Chaque année, ils sont des centaines à se porter volontaires pour servir de sujets à des recherches scientifiques de l’Université. Leurs motivations sont multiples. Les uns recherchent une activité sociale inhabituelle, amusante et instructive. D’autres sont plutôt curieux d’en savoir plus sur ce qui se passe derrière les murs des facultés, de voir la science en action. D’autres encore veulent contribuer en toute modestie à l’avancement des connaissances et, dans certains cas, à la formation des étudiants.

Sont-ils motivés par l’argent? «Il y a toujours une compensation financière, mais aucun de nos participants ne cherche à en tirer un revenu régulier; et personne ne vient ici pour s’enrichir», assure Sébastien Tremblay, professeur à l’École de psychologie. En général, les volontaires reçoivent ce qu’il faut pour couvrir leurs frais de déplacement et de stationnement. Dans certains cas plus rares, on leur offre plutôt un montant forfaitaire qui ne représente pas plus du salaire minimum. Et encore, ceux-là doivent travailler un peu plus fort que les autres!

De toute façon, les règles d’éthique fort rigoureuses qui délimitent ce qu’un chercheur peut et ne peut pas faire avec ses «cobayes» humains interdisent le versement d’une somme élevée d’argent. «La raison est simple, explique Angelo Tremblay, professeur au Département de médecine sociale et préventive. Offrir trop d’argent équivaudrait à exercer une pression indue sur les éventuels participants à l’étude ainsi qu’un trop grand incitatif à poursuivre la recherche peu importe les conditions.»

Il faut dire qu’en matière de recherche impliquant des humains, la liberté des volontaires est sacrée! En tout temps, un participant peut se retirer d’une expérience sans avoir à se justifier. C’est écrit noir sur blanc dans le contrat qui le lie au groupe de recherche. Et tout chercheur doit l’expliquer clairement aux personnes qu’il recrute, tout comme il doit bien faire comprendre les conditions dans lesquelles se dérouleront l’expérimentation. Sinon, l’un des trois comités d’éthique de la recherche avec des êtres humains de l’Université Laval (les CÉRUL) aura tôt fait de le ramener à l’ordre… avant même que la recherche débute, car chaque projet de recherche passe au crible de l’éthique.

D’ailleurs, ces trois comités ne chôment pas! Au cours de l’année 2011-2012, les CÉRUL ont examiné 327 nouveaux projets, soit 26 de plus que l’année précédente. Ce chiffre n’inclut pas les projets menés dans les hôpitaux affiliés, qui sont examinés par le comité d’éthique de l’institution concernée. Aux 327 projets impliquant des sujets humains, s’ajoutent 308 examens de suivi afin d’approuver des changements, des renouvellements et des nouvelles phases de recherche. Le rapport 2011-2012 des CÉRUL révèle aussi que les chercheurs font bien leurs devoirs éthiques: aucun projet n’a été refusé cette année-là. Les principales facultés d’où émanaient les projets sont celles des Sciences sociales, des Sciences de l’éducation, des Lettres, des Sciences de l’administration et de Médecine.

Indispensables volontaires
Les équipes de recherche chouchoutent les participants pour des raisons éthiques, mais aussi parce qu’elles en dépendent grandement. «Sans les volontaires, il n’y aurait pas de recherche possible dans bien des cas», lance Angelo Tremblay. Un constat qu’on entend en écho dans tous les campus où il se trouve des chercheurs qui font, d’une manière ou d’une autre, des recherches impliquant les êtres humains.

Quand un scientifique veut évaluer les effets d’un supplément alimentaire sur un aspect ou l’autre de la santé humaine, quand un autre veut observer les processus cognitifs d’êtres humains appelés à gérer une crise, quand un chercheur essaie de mieux comprendre les effets de l’exercice physique sur le maintien du poids, ou encore quand une faculté veut évaluer l’aptitude de futurs médecins à interagir avec des patients, il faut bien faire appel à des êtres humains.

Parfois, cette participation est relativement simple. Il s’agira, par exemple, de répondre consciencieusement à un questionnaire. D’autres études sont plus exigeantes et impliquent une présence quotidienne pendant des semaines. Dans d’autres cas, comme en psychologie cognitive, le volontaire se présente seulement une ou deux fois, mais l’exercice est souvent exigeant, voire exténuant.

Enrôlez-vous!
Si l’effort exigé des volontaires varie beaucoup d’un projet à l’autre, il en va de même de l’énergie et du temps que les chercheurs doivent consacrer au recrutement. «Nous ne pouvons jamais prédire les difficultés que nous aurons à trouver des participants, mentionne Angelo Tremblay. Tout dépend des critères et de ce que le protocole de recherche exige comme disponibilité des sujets.» Les stratégies de recrutement sont multiples: annonces dans les journaux, entrevue accordée à un journaliste, envoi massif de courriels, liste de volon­taires constituée grâce au site Web du groupe de recherche, bouche à oreille…

Une étude sur les effets d’un programme d’exercice léger sur la perte de poids attirera plus facilement des participants… surtout au lendemain des Fêtes. Cependant, les choses ne sont pas toujours aussi simples. Dans bien des cas, les volontaires tirent un bénéfice immédiat de leur participation. Plusieurs apprécieront, par exemple, d’obtenir un bilan de santé complet ou une donnée précise sur leur graisse abdominale grâce à des tests qui sont pratiquement inacces­sibles dans le réseau de santé. Par contre, le participant n’aura pas une meilleure mémoire ou ne sera pas plus vif d’esprit parce qu’il participe à une expérience en psycho­logie cognitive. Toutefois, les volontaires sont toujours parmi les premiers à connaître les résultats de la recherche. «Nous leur donnons un maximum d’information», mentionne Angelo Tremblay.

N’est pas volontaire qui veut. Il faut d’abord répondre aux critères de la recherche. L’âge, le sexe, le poids, l’état de santé, les habitudes de vie (exercice, tabac, alcool, etc.) et parfois même des éléments très intimes, comme un traumatisme vécu pendant l’enfance, peuvent faire partie de la liste des caractéristiques recherchées. Dans certains cas, même l’aptitude à interagir avec les autres au sein d’un groupe sera considérée.

Un plaisir… engageant

Si la participation à une recherche peut parfois prendre l’allure d’une partie de plaisir, et même d’un passe-temps agréable, le volontaire doit bien comprendre tout le sérieux qu’il faut mettre à jouer son rôle. «Il s’agit d’un réel engagement de la part des gens», croit Benoît Lamarche, chercheur à l’Institut des nutra­ceutiques et des aliments fonctionnels (INAF). Un engagement, parce qu’il faut y consacrer du temps. Un engagement aussi parce que le chercheur a besoin d’avoir un nombre minimal de cas pour que son étude ait une valeur scientifique. Trop d’abandons en cours de route ou encore le manque de respect des règles peut facilement bousiller une recherche.

Être volontaire pour la science, c’est s’engager maintenant… et même parfois pour l’avenir, puisqu’il arrive que des chercheurs reprennent contact avec certains sujets pour recueillir des données longtemps après l’expérience originale. L’étude des familles de Québec en est un bon exemple. Lancée en 1978 par Angelo Tremblay et son collègue d’alors, Claude Bouchard, cette vaste étude a permis de récolter une foule de données sur les habitudes de vie et la santé de plus de 2000 personnes réparties dans 500 familles de la région de la capitale. Au fil des ans, les chercheurs ont recontacté les participants encore disponibles à deux reprises, la dernière phase de la recherche se déroulant de 1997 à 2001, afin d’évaluer l’évolution de leur santé. L’enquête a permis de constituer une banque de données particulièrement fertile. «Encore aujourd’hui, remarque Angelo Tremblay, cette cohorte sert à documenter des liens que nous ne soupçonnions pas au début de l’étude entre, d’une part, l’hérédité, diverses habitudes de vie comme l’alimentation, l’exercice physique et le sommeil, et, d’autre part, les risques d’avoir un surplus de poids.» Les données de l’enquête permettent de bien cerner la nature multifactorielle de l’obésité.

L’engagement peut aller encore plus loin, au-delà de la mort, par le don de son corps ou d’un organe à la science. Qui sait si un jour votre cerveau ne contribuera pas à percer les mystères de maladies aujourd’hui incurables comme l’alzheimer et le parkinson?

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MALADES IMAGINAIRES

Vous rêvez de jouer Molière? En attendant de monter sur les planches d’un théâtre près de chez vous pour tenir un rôle dans Le malade imaginaire, allez donc faire un tour à la Faculté de médecine. On y engage des comédiens! «Nous avons une banque d’environ 300 noms, dont au moins une centaine de participants réguliers qui souhaitent jouer des rôles de patients», précise la coordonnatrice, Julie Bouchard. On y trouve même des enfants qui prennent leur rôle de faux ma­lades très à cœur!

Ici, il s’agit de participer non pas à une recherche, mais plutôt à la formation des futurs médecins. À plusieurs reprises au cours de leur programme, y compris avant même d’y être admis, les étudiants en médecine sont évalués sur divers points de leur apprentissage. Étant donné qu’il s’agit d’une évaluation, il faut s’assurer que tous les étudiants seront traités de la même façon, qu’on soumettra à tous le même cas. Il n’y a donc pas de place pour l’improvisation. «Chaque participant doit respecter des directives précises, apprendre son texte et suivre le scénario à la lettre», rapporte Julie Bouchard.

Les comédiens amateurs recrutés par la Faculté de médecine sont ainsi appelés tantôt à feindre un malaise cardiaque, tantôt une crise d’appendicite, tantôt un désordre psychiatrique et une multitude d’autres problèmes que l’étudiant doit pouvoir diagnostiquer, tout en démontrant ses aptitudes à interagir avec des patients. Tous les scénarios sont d’ailleurs très réalistes puisqu’ils sont inspirés directement de la pratique médicale dans les hôpitaux.

Quelques semaines avant la date de l’évaluation des étudiants, le volontaire reçoit le scénario et le texte qu’il doit apprendre. «Et dans les jours qui précèdent, ajoute Julie Bouchard, nous rencontrons les gens pour une répétition.» Le rôle à jouer peut être adapté aux capacités de chacun. «Nous recherchons des gens fiables, sérieux et rigoureux, parce qu’il s’agit vraiment d’évaluer la progression des étudiants», insiste-t-elle.

Plusieurs volontaires sont pratiquement accros à cette activité, certains en font même carrément une activité de loisir. Incidemment, les vétérans trouvent plaisir et satisfaction à voir les progrès des étudiants d’une année à l’autre, observe Julie Bouchard. «Ils ont, note-t-elle, le sentiment de contribuer à la formation de meilleurs médecins.»

Seule ombre au tableau: c’est motus et bouche cousue sur les scénarios. «Il est essentiel de respecter une totale confidentialité avant, pendant et après la séance», rappelle la coordonnatrice. Et évidemment, grand-papa doit comprendre qu’il ne pourra pas jouer le malade imaginaire devant sa petite-fille aspirante médecin.
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VOLONTAIRES SOUS PRESSION
Chaque semaine, les salles du laboratoire Co-DOT (pour cognition, distribution, organisation, technologies), situées au sous-sol du pavillon Félix-Antoine-Savard, accueillent une quatantaine de bénévoles. Professeur à l’école de psychologie et directeur du laboratoire, Sébastien Tremblay s’intéresse aux processus cognitifs dans des situations extrêmes, comme le contrôle du trafic aérien, la gestion de crise ou encore la prise de décision complexe en équipe. Mémoire, vitesse de réaction, planification, travail collaboratif sont parmi les éléments placés sous surveillance dans des salles reproduisant fidèlement divers contextes de travail. Les thèmes abordés suscitent généralement l’intérêt du public, ce qui facilite le recrutement de volontaires.

«Nous devons parfois modérer leurs attentes», remarque Sébastien Tremblay. En effet, l’équipe du Co-DOT ne mesure pas les capacités intellectuelles des participants comme d’autres prennent le tour de taille et le taux de cholestérol. Il n’y a donc pas de bénéfices collatéraux. «L’exercice est souvent exigeant, mais les participants y trouvent généralement du plaisir et embarquent dans le jeu de l’expérimentation, ajoute le chercheur. En fait, ils sont surtout motivés par le simple désir de participer à une recherche scientifique, de voir comment le tout se déroule.»
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FAIM DE SCIENCE

Manger de la bonne bouffe gratuite! C’est le sort qui est réservé à ceux qui participent aux études de l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF). À première vue, la contribution est simple: s’asseoir à une table commune et partager un repas sain et équilibré. Toutefois, selon le protocole de recherche, le volontaire s’engage pour des périodes variables: trois repas par jour pendant trois semaines, pendant trois mois, pendant six mois. Souvent, il doit également respecter des consignes sur son comportement à la maison, comme s’abstenir de consommer de l’alcool pendant la durée de l’expérimentation. Exigences auxquelles s’ajoutent régulièrement des prélèvements de sang et de tissus.

Par exemple, une étude de 12 semaines a récemment permis de mesurer les effets de l’alimentation méditerranéenne (fruits, légumes, légumineuses, moins de viande et très peu de dessert) sur les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires chez l’homme et la femme. Il va sans dire que le participant ne pouvait pas s’empiffrer de petits gâteaux Vachon entre deux repas.

Malgré tout, les volontaires ne manquent pas. «Au cours des 10 dernières années, nous avons accueilli au moins 10 000 participants», note Benoît Lamarche, chercheur et responsable de l’unité clinique où se déroulent les travaux de recherche de l’INAF. «En raison des exigences de nos recherches, explique Amélie Charest, professionnelle de recherche et coordonnatrice, il est important de créer un sentiment d’appartenance au groupe chez les participants. Nous faisons aussi tout en notre possible pour rendre leur participation agréable.» Le lieu et l’atmosphère des repas, la qualité des mets préparés, le plaisir d’être ensemble… Il faut croire que les gens de l’INAF ont le don de cajoler les volontaires puisque le taux de décrochage est nettement plus bas que pour la moyenne des études similaires menées ailleurs.
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LA PAROLE AUX VOLONTAIRE
Quatre braves témoignent de leur expérience devant la caméra pour le bénéfice de Contact. Travailleurs ou retraités, ils viennent de différents horizons, mais se ressemblent sur un point: en tant que volon­taires, ils ont participé à des projets de recherche universitaires de l’INAF, l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels. S’ils prêtent ainsi leur corps à la science, c’est pour une multitude de raisons. Ils le font pour améliorer leur condition physique et leur alimentation, pour mieux connaître le monde de la recherche, pour se sentir utile. Et leur expérience est tellement positive qu’ils n’auraient aucun mal à vous convaincre de tenter l’expérience vous aussi! Pour en faire la preuve, voyez le reportage vidéo de Julie Picard: Volontaires recherchés.
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LE RECRUTEMENT DE VOLONTAIRES SELON TROIS DIPLÔMÉS

Lisez le témoignage de trois diplômés-chercheurs qui font appel à des volontaires au Liban, au Bénin et aux États-Unis

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Six avantages à singer le kangourou http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/six-avantages-singer-le-kangourou/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/six-avantages-singer-le-kangourou/#respond Mon, 23 Dec 2013 19:45:35 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8132 Passer ses premiers jours peau contre peau avec son parent: c’est ce que préconisent des Colombiens depuis la fin des années 1970. Baptisée Kangourou, la méthode est étudiée de près depuis une vingtaine d’années par des chercheurs de l’Université Laval …

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Passer ses premiers jours peau contre peau avec son parent: c’est ce que préconisent des Colombiens depuis la fin des années 1970. Baptisée Kangourou, la méthode est étudiée de près depuis une vingtaine d’années par des chercheurs de l’Université Laval en collaboration avec des collègues de la Colombie. Leurs résultats pointent tous dans la même direction: pendant les pre­mières semaines de vie du prématuré, le bedon vaut mieux que l’incubateur, au point où la technique est maintenant entrée dans les pratiques du Centre hospitalier universitaire de Québec.

1 – Le cerveau des bébés se développe mieux
La méthode Kangourou a des effets bénéfiques mesurables sur le développement intellectuel de l’enfant. En effet, une grande différence a été constatée entre les grands prématurés qui ont bénéficié de cette méthode et ceux qui ont été placés dans une couveuse. On a noté une forte amélioration chez les enfants kangourous dont l’état à la naissance avait exigé des soins intensifs.
   Selon les chercheurs, la méthode Kangourou procure une stimulation sensorielle positive pendant une période cruciale du développement neurologique de l’enfant. L’appliquer le plus tôt possible chez les nouveau-nés les plus vulnérables et les plus fragiles est donc tout indiqué.

2 – Les bienfaits sur le cerveau sont durables
Des recherches antérieures avaient confirmé que les enfants nés avant la 33e semaine de grossesse éprouvaient, pendant l’enfance et l’adolescence, davantage de problèmes sensori­moteurs, cognitifs et comportementaux que les enfants nés à terme. Or, à l’adolescence, toutes les fonctions cérébrales des enfants portés en kangourou sont comparables à celles des enfants nés après une grossesse complète. Par contre, les prématurés placés en couveuse présentent, 15 ans après leur naissance, des écarts importants par rapport aux deux autres groupes.
   Le bruit du cœur, la voix, la chaleur et les caresses du parent sont des stimulations nerveuses proches des conditions naturelles du milieu intra-utérin, dont le bébé a besoin pendant la période critique d’établissement de liens neuronaux entre les hémisphères cérébraux, ce qui aide au développement du cerveau à court et à long termes.

3 – Le bébé prématuré croît plus normalement
Plus développés. La méthode Kangourou favorise la croissance du nouveau-né, puisqu’en six semaines les prématurés comblent leur retard de développement physique.
Moins malades. On a aussi remarqué que moins d’infections graves survenaient chez les enfants kangourous. Étant pour la plupart nourris au sein, ils sont moins exposés aux germes associés à la manipulation de lait et de bouteilles, de même qu’ils bénéficient d’une meilleure protection immunitaire. Ces enfants sont également moins sujets aux maladies nosocomiales (contractées à l’hôpital) parce que leur séjour dans les maternités bondées est plus court.

4 – L’instinct maternel s’intensifie
La méthode Kangourou amène une relation plus satisfaisante entre la mère et son enfant. Si on les compare aux enfants placés en couveuse, les enfants kangourous réagissent davantage à la présence de leur mère et cette dernière a la conversation plus facile avec son bébé.
   De cette façon, le sentiment de compétence de la mère s’accroît, tout comme le développement du lien entre elle et son enfant. Les mères se sentent ainsi plus compétentes, plus confiantes et davantage à l’écoute de leur enfant.

5 – Les pères prennent leur place
L’un des grands avantages de la méthode Kangourou réside dans l’implication des pères, même là où la culture encourage peu les hommes à prendre soin des poupons. Puisque les mères ne peuvent porter l’enfant continuellement, les hommes se transforment à leur tour en kangourous. Ils ont ainsi l’occasion de prendre une place importante auprès de leur enfant, et ce, dans une période critique de son développement.
   D’ailleurs, lors du suivi médical des enfants ayant participé à une étude menée en Colombie, près de 40% des pères du groupe Kangourou étaient présents à l’hôpital, alors qu’aucun père d’enfants placés en couveuse ne s’est présenté…

6 – Les coûts de santé diminuent
Dans les pays en voie de développement, le nombre élevé d’enfants nés prématurément impose un lourd fardeau au système de santé. Généralement, ces nouveau-nés de petits poids à la naissance (moins de 2500 grammes) sont mis en couveuse afin de recevoir la chaleur nécessaire à leur survie et de traiter leurs pathologies, c’est-à-dire des soins intensifs de longue haleine.
   À la Clinique San Pedro Claver, de Bogota, où on a utilisé la méthode Kangourou, les coûts ont chuté, notamment grâce à la diminution du temps d’hospitalisation néonatale et du temps de présence en incubateur.

***
Réjean Tessier et Line Nadeau, professeurs à l’École de psychologie, et Cyril Schneider, professeur à la Faculté de médecine, sont les principaux chercheurs québécois qui ont participé à ces études.

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Renaud Philippe, au-delà des clichés http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/renaud-philippe-au-dela-des-cliches/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/renaud-philippe-au-dela-des-cliches/#respond Mon, 23 Dec 2013 19:36:46 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8128 Le soleil couchant dessine des ombres géantes aux quelques ormes qui se mirent dans la rivière Saint-Charles. «C’est vraiment une belle lumière», murmure Renaud Philippe, l’œil fixé sur l’ouest. La main déjà posée sur la gibecière en toile kaki qui …

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Le soleil couchant dessine des ombres géantes aux quelques ormes qui se mirent dans la rivière Saint-Charles. «C’est vraiment une belle lumière», murmure Renaud Philippe, l’œil fixé sur l’ouest. La main déjà posée sur la gibecière en toile kaki qui lui sert de sac photo, il se ravise: «Ça ferait une belle image, mais pour dire quoi au fond…». Finalement oui, l’appareil photo jaillit du sac. Un jeune cycliste traverse le dernier rayon de soleil, la roue avant fièrement dressée vers le ciel. Le photographe croque la scène en quelques clics, un sourire accroché à sa barbe blonde. Avec ce passant providentiel, le beau paysage prend brusquement toute sa signification.

Ce sens de l’image qui frappe permet à Renaud Philippe (Communication publique 2006) de tracer sa route dans le petit monde de la photo documentaire. Canadian Geographic, Maclean’s, Le Figaro, le site Internet de L’actualité: divers médias ont publié ses clichés, dont plusieurs ont remporté des prix. Le Donald W. Reynolds Journalism Institute lui a octroyé la mention d’excellence au concours Picture of the year International pour sa série sur Haïti, tandis que l’Association des journalistes indépendants du Québec l’a choisi à deux reprises comme photographe de l’année (en 2011 et 2012). Sans oublier la Fédération professionnelle des journalistes du Québec qui a choisi sa photo d’un jeune manifestant du G20, à Toronto, sautant à pieds joints sur les restes d’une voiture calcinée, comme meilleure photo de presse en 2011. Pigiste pour Le Soleil de 2006 à 2010 et pour Le Devoir depuis un an, le photographe de 28 ans, père de deux enfants, assume aussi son destin professionnel grâce à sa propre agence, Stigmat.

Naissance d’un photoreporter
La photographie, Renaud Philippe l’a découverte sur les routes, lors d’un voyage dans l’Ouest canadien au tout début de ses années universitaires. C’était sa première virée solo, celle qui lui a ouvert les yeux sur un autre mode de vie. La prise d’images devenait alors un moyen de mieux regarder l’autre, d’appréhender la réalité. Finalement, ce regard a pris le pas sur le reste. Au point de remettre en question la suite de ses études en génie mécanique, tout juste amorcées. Il obtiendra plutôt un baccalauréat en communication publique, option journalisme, un choix logique pour quiconque a envie de raconter le monde et le quotidien de ses frères humains.

Épris d’émotion, d’atmosphère et de rencontres, Renaud Philippe carbure aux relations humaines. De lui, Isabelle Clerc, professeure au Département d’information et de communication, garde le souvenir d’un étudiant très déterminé, extrêmement présent, «avec un regard bleu allumé et qui savait où il s’en allait». L’étudiant de son cours Écrire pour informer ose même lui remettre un jour, plutôt qu’un article, un en­semble de photos sur le mouvement contre la hausse des droits de scolarité, version Jean-Marc Fournier aux manettes du ministère de l’Éducation. Son écriture à lui, c’est déjà l’image.

Six ans plus tard, les étudiants défilent encore dans les rues et Renaud Philippe parcourt 12 000 km en voiture pour témoigner de ce printemps exceptionnel. Des allers-retours plusieurs fois par semaine entre Québec, où il vit avec sa famille, et Montréal, où se déroulent quotidiennement les manifestations nocturnes. Pas dans l’espoir de vendre des clichés spectaculaires aux quotidiens en quête de sensationnalisme. Non. Pour l’adrénaline, pour le plaisir de partager ce moment unique avec sa génération, pour témoigner de l’attente, de la peur et de la joie d’une jeunesse en marche, en toute liberté.

Pour l’instant, la plupart de ces clichés d’un printemps en folie reposent dans son ordinateur. Sauf une image publiée dans Le Monde diplomatique et quelques-unes dans un magazine français. Témoin privilégié du mouvement, le photographe porte un regard sans complaisance sur la récupération des événements par les faiseurs d’opinion. «On a beaucoup parlé de violence du côté des manifestants, mais j’ai surtout vu les tensions monter en réaction aux actions des policiers qui bloquaient une rue ou de quelques casseurs, souvent vers 21h45, juste avant l’heure des informations télévisées. J’ai senti un déphasage entre le traitement médiatique et les intentions des participants, avec des mots comme “violence” ou “intimidation” répétés à outrance. Alors, imaginez quand les médias nous rapportent l’actualité d’ailleurs…»

Le monde selon Renaud
Cet ailleurs, Renaud Philippe y a plongé tête baissée vers la fin de son bac. À l’âge où beaucoup hésitent entre un voyage en Italie ou un tout-compris à Cancun, le voilà sur les routes de l’Inde, à encaisser sans filtre le dénuement. De retour dans l’opulente Amérique, il ne pense plus qu’à repartir. Son poste de directeur photo à l’hebdomadaire étudiant Impact Campus lui donne alors l’occasion de séjourner dans des camps de réfugiés somaliens et soudanais au Kenya. Deux mois à vivre aux côtés de jeunes de son âge, victimes d’une situation qui les dépasse complètement, sans pouvoir améliorer leurs conditions de vie.

Quelque temps plus tard, fin 2006, il retourne en Inde, dans le quartier Kaligat de Calcutta, là même où mère Teresa pansait les plaies des oubliés de la société. Des jours à s’imprégner de l’atmosphère souvent pestilentielle de ce coin de la planète, cette année-là innondé deux fois par jour par les marées du delta tout proche qui laissent des rats noyés en se retirant.

Lorsqu'il retourne à Calcutta, la vile est noyée par des pluies diluviennes et des marées débordantes.

Lorsqu’il retourne à Calcutta, la vile est noyée par des pluies diluviennes et des marées débordantes.

Masochiste, le jeune photographe? Non, tout simplement solidaire. Dans le monde selon Renaud Philippe, la mondialisation ne se limite pas aux échanges de marchandises. Si le village est global, alors les voisins du Sud deviennent aussi nos voisins, et leurs problèmes sociaux nous concernent. En mettant son œil et sa lentille au service des autres terriens, le photographe espère donc faire une différence. «Je me sens une responsabilité envers les gens que je photographie, car les images peuvent aider à sensibiliser ceux d’ici, affirme-t-il. Ce que je voudrais, c’est que la personne qui regarde mes photos arrive à se mettre dans la peau de l’autre, qu’elle ait de l’empathie et de la compassion.»

D’Haïti à Attawapiskat
Une grande émotion se dégage des tranches de vie captées par Renaud Philippe. Probablement parce qu’il ne se drape pas dans une froide objectivité comme tant de ses collègues quand il porte son regard sur les gens et les situations. Ian Bussière peut en témoigner. Compagnon de route du photoreporter quelques jours après le tremblement de terre en Haïti, le journaliste au quotidien Le Soleil se souvient de cette foule affolée tendant son passeport vers les employés de l’ambassade du Canada à Port-au-Prince comme on agite un sésame. «C’était le bordel total, mais Renaud a pris le temps d’aider quelqu’un à passer le barrage des soldats pour le faire entrer dans un bâtiment complètement assiégé.»

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En 2011, le Donald W. Reynolds journalism Institute a octroyé à Renaud Philippe une mention d’excellence pour sa série sur Haïti.

Il faut dire que le drame haïtien a touché le photographe pigiste au cœur. Même si son premier enfant n’avait qu’un mois, même s’il ne lui restait que 250$ en poche pour vivre pendant 15 jours sur place une fois l’avion payé, même si personne ne lui avait commandé de photos, il a sauté dans un avion et joué de débrouillardise et d’audace pour ramener des clichés qui ont ensuite été publiés en Europe et au Québec.

Dans les gravats d’une capitale haïtienne jonchée de cadavres ou dans les chemins enneigés d’Attawapiskat, cette localité autochotone du Nord de l’Ontario abandonnée par le Canada, Renaud Philippe applique la même recette. Au plus près du sujet, au plus près de son histoire. Lorsque les autres photographes arpentent la réserve amérindienne dans le sillage du Conseil de bande qui leur pointe les signes criants d’insalubrité, lui laisse le hasard guider ses pas. Jusqu’à ce qu’une famille, ni plus nantie, ni moins mal lotie que les autres, l’accueille dans son quotidien pendant deux semaines. De ce séjour, voilà une scène de joueurs de cartes plongés dans leur partie ou d’une jeune fille se maquillant devant un bout de miroir. Des instantanés de vie à mille lieux de certains clichés misérabilistes sur ce même Attawapiskat, mais pourtant pas si éloignés. Le gros plan d’une femme de 36 ans, mère de six enfants, inhalant la fumée dégagée par l’oxycodone en combustion, un médicament dérivé de l’opium, rappelle que la détresse n’est jamais bien loin.

Ces photos ont remué le cœur des clients du Cercle, un bar branché de Québec, en novembre 2012. Elles côtoyaient les images d’autres photographes, eux aussi animés par une vision sociale de l’actualité internationale. C’est justement pour mieux assurer leur rôle d’allumeurs des consciences que Renaud Philippe et quatre collègues d’université ont mis Stigmat sur pied dès 2005. L’agence aujourd’hui bien en selle leur permet d’avoir une bonne visibilité sur Internet, dans les festivals de photojournalisme et dans les lieux d’exposition. «Nous vivons le retour de l’âge d’or du photo­journalisme, croit-il, comme à l’époque de Cartier-Bresson. Il existe des sites de photos, on peut lancer des applications sur iPad, publier des docuweb…»

Reste que la photo internationale, surtout à portée sociale, nourrit rarement son homme. Pour vivre, Renaud Philippe conjugue donc plusieurs activités, un pied dans la photographie corporative, un pied dans la photo documentaire et sociale. Depuis sept ans par exemple, il assume tous les clichés officiels du Festival d’été de Québec. Quelque 1200 artistes plus tard, le photographe apprécie toujours cette plongée dans le monde du spectacle, un univers doté de ses propres codes. Très colorées et pleines d’ambiance, ses images partagent une caractéristique avec celles montrant des humains entourés de déchets dans le camp de réfugiés du Kenya: ils donnent l’impression d’être sur place.

Printemps érable, G20, Haïti, Inde, Kenya, Attawapiskat: le parcours de Renaud Philippe est déjà très impressionnant. Sauf que ce capteur d’images ne rêve pas de multiplier les sujets. Dans un monde médiatique toujours en quête de la prochaine crise, il veut bâtir sa carrière sur le long terme, revenir là où il a déjà voyagé, travailler ses images longtemps après les avoir prises. Un choix qui l’éloigne donc des médias dévoreurs d’instantanés, pour le pousser vers autre chose, dont il cherche encore à définir la forme. Plusieurs de ses projets touchent au traitement en profondeur de thèmes universels, comme le passage de la vie à la mort, la maladie dégénérative, le retour dans la société après la prison… Des sujets graves qui l’habitent et cohabitent avec d’autres composantes de sa vie.

Comme ce rendez-vous aux abords de la Saint-Charles, un soir de novembre, avec ses enfants et des amis, juste après la garderie…

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Dans la tête de l’investisseur http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/dans-la-tete-de-linvestisseur/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/dans-la-tete-de-linvestisseur/#respond Mon, 23 Dec 2013 18:44:33 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8123 REER, REEE, CELI, valeurs immobilières, lignes d’action, bons d’épargne… Il existe plusieurs produits financiers pour faire profiter notre argent si durement gagné et épargné. Afin de s’y retrouver, plusieurs consultent un conseiller financier. Mais comment quelqu’un qui ne nous connaît …

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REER, REEE, CELI, valeurs immobilières, lignes d’action, bons d’épargne… Il existe plusieurs produits financiers pour faire profiter notre argent si durement gagné et épargné. Afin de s’y retrouver, plusieurs consultent un conseiller financier. Mais comment quelqu’un qui ne nous connaît pas peut-il cerner nos besoins en matière de placements? En se convertissant en psychologue. Par des questions bien ciblées, il réussira à identifier notre rapport à l’argent et à établir notre profil d’investisseur. Finances et psychologie vont aujourd’hui de pair, estime Philippe Grégoire, professeur au Département de finance, assurance et immobilier. À quand le titre de psychologue financier?

Est-ce que tout le monde entretient le même type de relation avec l’argent?
Non, pas du tout. En général, les hommes prennent plus de risques que les femmes avec leurs finances. Par exemple, ils jouent plus à la bourse. Davantage qu’elles, ils associent aussi succès et argent, même si les deux sexes sont motivés par un gros chèque de paie. Et plus on avance en âge, plus c’est vrai. La jeune génération a souvent une perception plus négative de l’argent que les aînés. Les étudiants universitaires, par exemple, associent facilement billets de banque et comportements stupides comme faire la guerre.

Cela influence-t-il réellement nos décisions d’épargne et de placements?
Oui, et c’est ce que le monde de la finance réalise aujourd’hui, grâce aux travaux de psychologie. Pendant longtemps, les économistes ont pensé que toute la société partageait une vision: plus d’argent, c’est mieux; alors prenons des risques pour le faire fructifier. Rien de plus faux! Des psychologues ont introduit des notions comme l’aversion à la perte. On s’est notamment rendu compte que les gens ne prennent pas les mêmes décisions financières selon qu’ils se trouvent en situation de gains ou de pertes.

::Philippe Grégoire

Philippe Grégoire

Par exemple, ma dernière étude sur le comportement des individus face à la gestion de leurs finances montre que la seule situation où les femmes prennent plus de risques que les hommes, c’est lorsqu’elles se sentent en voie d’encourir des pertes. Les femmes ont une aversion aux pertes: elles prendront plus de risques pour éviter de perdre un gros montant que pour espérer faire un profit.

Par ailleurs, le niveau de tolérance au risque est différent pour chacun. L’aversion au risque est l’unique critère qu’évaluent présentement les conseillers financiers pour établir un profil d’investisseur. Il faut aller plus loin et considérer également les émotions des gens face à l’argent. Quelqu’un peut très bien détester le risque, mais associer l’argent au succès et avoir beaucoup d’ambition monétaire.

Comment le conseiller financier peut-il tenir compte de cette dimension émotionnelle?
En caractérisant ses clients selon l’un des quatre groupes de rapport à l’argent, tel que proposé par les psychologues Luna-Arocas et Tang en 2004. L’un de ces groupes est composé par les «obnubilés», attirés par l’argent comme des aimants, qui associent argent, succès, motivation et budget. Beaucoup d’obnubilés travaillent à Wall Street. Il y a aussi les «insouciants», qui voient également l’argent comme une motivation et un gage de succès, mais qui budgètent très mal et n’ont pas la fortune désirée. Les «rationnels» sont peu émotifs face à l’argent. Ils sont passés maîtres du budget, mais n’associent par la richesse au succès et à la motivation. Enfin, les «méfiants» sont du type économe. Ils n’aiment pas les gestionnaires et mettent toutes leurs économies dans des valeurs plus sûres comme un compte en banque ou un terrain. En comprenant l’aspect psychologique de ses clients, le conseiller financier peut les amener à choisir de manière éclairée et réaliste leurs produits de placement.

Est-ce qu’il y a un comportement qui caractérise beaucoup d’investisseurs?
Le milieu de la finance utilise le profil rationnel pour développer ses modèles économiques, ses produits financiers et ses campagnes de publicité. Mais le type rationnel n’est pas représentatif de la société, selon moi. Dans ma dernière enquête, seulement le quart des répondants se qualifient de rationnels. Évidemment, ce chiffre est un peu biaisé parce que je n’ai sondé que des étudiants, qui ont souvent un profil méfiant. Il y a sans doute un peu plus de rationnels dans la société en général, mais ils ne forment pas une majorité. Sinon, comment expliquer que plusieurs achètent une maison sans être capables d’en payer l’hypothèque? Et pourquoi voit-on tant d’achats à la bourse avant un crash annoncé? Ces comportements tiennent plus des types obnubilé et insouciant…

Y a-t-il beaucoup d’investisseurs parmi les Québécois?
Par définition, toute personne qui travaille au Québec est un investisseur, à cause de la Caisse de dépôt et place­ment qui gère et fait fructifier le Régime des rentes du Québec auquel nous cotisons tous. Il y a aussi tous ceux qui font des placements, évidemment. Et, on l’oublie souvent, tout individu qui suit une formation postsecondaire, de type collégial ou universitaire, est qualifié d’investisseur. D’ailleurs, mettre temps et argent dans une formation professionnelle est l’un des meilleurs investissements qui soit!
   Nous sommes tous des investisseurs, mais à des degrés différents. La plupart le font pour conserver leur niveau de vie lors de la retraite ou pour augmenter leur pouvoir d’achat. D’autres le font pour devenir riches et prennent ainsi plus de risques.

Parlant de risques, est-ce que tout investissement en implique?
Le risque zéro n’existe pas en finances. Il y a cependant des investissements peu risqués, comme un REER sans fonds mutuels ou encore un placement dans l’immobilier. L’achat d’une maison représente sans doute le plus gros investissement d’une vie pour le commun des mortels, notamment parce que le terrain ne perd pas de valeur.
   Les valeurs mobilières, comme les actions, représentent un certain risque, surtout depuis l’an 2000, avec le marché financier instable. Même les obligations d’épargne ne sont plus 100% sécuritaires, car les gouvernements croulent sous les dettes, pensons à l’Europe. En fait, plus il y a de travail de la part de l’investisseur, plus ce dernier est en contrôle, et moins il y a de risques. Ainsi, acheter un immeuble à appartements, le rénover et l’entretenir assure un rendement qui augmentera presque toujours à long terme. Mais jouer à la Bourse, sur laquelle nous n’avons aucun contrôle, est toujours un investissement risqué.

Comme tout investissement comporte une part de risque, pouvons-nous dire que nous sommes tous des spéculateurs?
Dès qu’on prend un risque pour produire un rendement, on devient spéculateur. Encore là, à différents niveaux. Par exemple, les gens qui ont acheté comptant des condos ou des maisons après le crash immobilier aux États-Unis, autour de 2006, ont pris une décision de placement risquée, motivée par l’espoir d’une reprise économique et d’un rendement important. Ceux qui optent pour des REER à capital garanti sont évidemment moins spéculateurs.

Comment voyez-vous le partenariat entre psychologie et finance?
La psychologie amène une nouvelle dimension au monde de la finance pour aider les conseillers financiers à mieux guider leurs clients. Elle introduit des zones grises difficiles à représenter par les modèles financiers qui sont noirs ou blancs. Par exemple, les comportements des investisseurs en situation de gain. En étudiant diverses situations de placement, la psycho­logie nous apprend que certains ont tendance à liquider leurs avoirs trop rapidement quand ceux-ci profitent, alors qu’ils les gardent trop longtemps si le rendement est négatif.
   Par ailleurs, des études psychologiques sur les joueurs compulsifs, comme celle que je réalise en ce moment avec des collègues de l’École de psycho­logie, permettront de mieux caractériser les individus enclins à perdre le contrôle en situation de gains et de risques. Ces exemples illustrent le rapprochement continuel entre la psychologie et la finance. Qui sait, dans 20 ans, ces deux disciplines formeront peut-être une seule et même science.

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Le iPad des tout-petits http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/le-ipad-des-tout-petits/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/le-ipad-des-tout-petits/#respond Fri, 04 Oct 2013 11:00:22 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8158 S’il y a des enfants dans votre entourage, vous savez combien ils sont fascinés par les écrans tactiles. Il faut les voir, concentrés, jouer de leur index agile! Pour Ginette Dionne, professeure à l’École de psychologie, cela n’a rien d’étonnant …

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S’il y a des enfants dans votre entourage, vous savez combien ils sont fascinés par les écrans tactiles. Il faut les voir, concentrés, jouer de leur index agile! Pour Ginette Dionne, professeure à l’École de psychologie, cela n’a rien d’étonnant puisque le processus de développement des enfants est cohérent avec le mode action–réaction à la base du fonctionnement de ces appareils. «Dès l’âge de 8 ou 9 mois, les bébés sont très stimulés par le contact tactile et les réactions immédiates qu’offrent ce genre de produits», précise-t-elle.

Cette spécialiste du développement de l’enfant a récemment mis à profit ses connaissances lors d’un partenariat avec Frima, une entreprise de divertissement numérique basée à Québec. Assistée des doctorantes Catherine Mimeau et Vicky Plourde, elle a supervisé la production de deux applications pour ta­blettes iPad et Android: le livre de lecture CosmoCamp Pique-nique cosmique et le livre à colorier CosmoCamp. Chaque application propose deux niveaux, un pour les 2-3 ans et un pour les 4-5 ans.

«Nous avons fait appel à ces chercheuses pour offrir un produit bien adapté à la réalité des enfants, souligne le producteur exécutif du projet, Martin Brouard. Par exemple, elles nous ont appris que la fonction “retour” ou “précédent” dans un jeu numérique ne signifie rien pour un enfant de 2-3 ans. Ce détail nous a permis d’ajuster notre tir.»

Chaque semaine, à raison de quelques heu­res, l’équipe de Ginette Dionne se rendait chez Frima. «Notre travail était très concret, confirme Ginette Dionne. Nous avons orienté le choix des personnages, des textes, des images, des polices d’écriture, de la grosseur des traits et des boutons.» La chercheuse juge l’expérience très positive. Pour la communauté scientifique, estime-t-elle, la culture numérique reste un vaste territoire à explorer.

À ceux qui s’inquiètent de voir les bambins trop exposés à ces plateformes, Ginette Dionne donne une réponse rassurante: «Ces outils bonifient les livres et les jeux traditionnels s’ils sont utilisés en contexte d’interaction sociale, c’est-à-dire avec les parents.»

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La lune peut-elle rendre fou? http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/la-lune-peut-elle-rendre-fou/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/la-lune-peut-elle-rendre-fou/#respond Fri, 04 Oct 2013 10:00:08 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8161 La nouvelle décevra les adeptes de légendes urbaines: il n’y aurait pas de lien entre le cycle lunaire et l’incidence des troubles de santé mentale. C’est la conclusion à laquelle arrivent Geneviève Belleville, professeure à l’École de psychologie, et ses …

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La nouvelle décevra les adeptes de légendes urbaines: il n’y aurait pas de lien entre le cycle lunaire et l’incidence des troubles de santé mentale. C’est la conclusion à laquelle arrivent Geneviève Belleville, professeure à l’École de psychologie, et ses collaborateurs après avoir examiné la relation entre les phases lunaires et le nombre de patients qui se présentent aux urgences des hôpitaux en proie à des perturbations psychologiques.

Anxiété et calendrier
Les chercheurs ont recueilli des données entre mars 2005 et avril 2008 dans les urgences de l’hôpital Sacré-Cœur de Montréal et de l’Hôtel-Dieu de Lévis pour déterminer si la croyance populaire liant la Lune et les problèmes de santé mentale était fondée. Leur attention s’est portée sur les personnes qui se sont présentées à l’urgence en raison de douleurs thoraciques pour lesquelles aucune cause médicale n’a pu être établie. Les réponses fournies par 771 patients à un test psychologique ont permis d’établir que bon nombre souffraient d’attaques de panique, de troubles d’anxiété, de troubles de l’humeur ou d’idéation suicidaire.

À l’aide de calendriers, les chercheurs ont établi pendant quelle phase lunaire avait été effectuée chacune des visites. Les résultats de leurs analyses, publiés dans le dernier numéro de General Hospital Psychiatry, ne révèlent aucun lien net entre l’incidence des problèmes psychologiques et les quatre phases lunaires. Seule exception, les troubles anxieux étaient 32% moins fréquents pendant le dernier quartier de lune. «C’est peut-être dû au hasard ou à des facteurs que nous n’avons pas mesurés, avance Geneviève Belleville. Chose certaine, nous n’avons pas observé d’effet de la pleine lune ou de la nouvelle lune sur les troubles psychologiques.»

Professionnels de la santé à convaincre
La conclusion de cette étude tranche avec les croyances d’une bonne partie de la population, mais aussi avec celles de 80% des infirmières et de 64% des médecins qui sont convaincus que le cycle lunaire affecte la santé mentale des patients. «Nous espérons que nos résultats inciteront les professionnels de la santé à mettre cette idée de côté, dit la chercheuse. Sinon, cette croyance risque de teinter leur jugement pendant la pleine lune et de les entraîner à être moins à l’affût des problèmes psychologiques pendant le reste du mois.»

L’étude est signée par Geneviève Belleville, Guillaume Foldes-Busque, Mélanie Dixon, Évelyne Marquis-Pelletier et Sarah Barbeau, de l’École de psychologie, Julien Poitras et Richard Fleet, de la Faculté de médecine, et par des collègues montréalais.

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La majorité des enfants qui trimballent un surplus de poids s’imaginent plus minces qu’ils ne le sont, révèle une étude menée au Département des sciences des aliments et de nutrition par la doctorante Geneviève Leduc, …

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Pas si petits que ça
La majorité des enfants qui trimballent un surplus de poids s’imaginent plus minces qu’ils ne le sont, révèle une étude menée au Département des sciences des aliments et de nutrition par la doctorante Geneviève Leduc, sous la supervision de Natalie Alméras et Sylvie Dodin. L’étudiante-chercheuse arrive à ce constat après avoir rencontré 262 enfants de 6 à 11 ans, dont 23% des garçons et 17% des filles avaient un surpoids. Chaque enfant devait identifier, parmi sept images présentant des corps allant de très mince à très obèse, laquelle correspondait à sa propre silhouette. Résultat: 59% s’imaginent plus minces qu’ils ne le sont, alors que 13% s’imaginent plus gros. «Les enfants en surpoids ou obèses, et les plus jeunes, sont ceux qui font la plus grande erreur de perception», précise Geneviève Leduc.
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Méfiez-vous de l’emballage
Les consommateurs restent très vulnérables au marketing alimentaire, suggère une étude menée à l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF). L’expérience était présentée comme une évaluation de nouvelles bouchées avoine et raisins à laquelle furent conviés 352 sujets, divisés en 3 groupes. À chacun, les chercheurs ont présenté le même produit soit comme une collation santé riche en fibres et faite d’ingrédients sains, soit comme une collation minceur rassasiante, soit comme un biscuit gourmet fait avec du beurre frais et de la cassonade d’antan. Le produit a été jugé moins sain par les sujets du groupe collation minceur (-10%) et biscuit gourmet (-25%) que par ceux du groupe collation santé. Et son potentiel engraissant a été jugé plus élevé par le groupe biscuit gourmet que par celui de la collation santé. Ces résultats ont été publiés dans Appetite par Karine Gravel, Sonia Pomerleau, Anne-Sophie Bourlaud et Véronique Provencher, de l’INAF, et des collègues ontariens.
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Signaux de fumée
Dans les poumons, une fraction des gènes affectés par le tabac n’est toujours pas revenue à la normale 25 ans après l’abandon de la cigarette, révèle une équipe de la Faculté de médecine. Yohan Bossé, Maxime Lamontagne, Christian Couture, Nathalie Gaudreault, Philippe Joubert et Michel Laviolette ont comparé les tissus pulmonaires de 90 fumeurs, 211 ex-fumeurs et 43 personnes qui n’ont jamais fumé. Leur analyse montre que le tabac induit une différence dans l’expression de 3223 gènes, dont 60% auront retrouvé leur niveau normal d’expression cinq ans après l’arrêt du tabagisme. Par contre, même 25 ans après l’abandon de la cigarette, 4% des gènes ne seront toujours pas revenus à la normale, ce qui expliquerait pourquoi il subsiste un risque de cancer du poumon chez les ex-fumeurs.
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Quand l’analgésique fait mal
Comment la morphine qui calme la souffrance peut-elle parfois rendre hypersensible à la douleur? C’est à cette question que vient de répondre une équipe de chercheurs de la Faculté de médecine et de collègues ontariens et italiens en décrivant les mécanismes moléculaires en cause, dans Nature Neuroscience. La morphine calme la douleur en agissant sur les neurones de la moelle épinière, responsables d’acheminer ou non les signaux de douleur au cerveau. L’équipe a découvert que la morphine peut aussi inhiber le portillon qui empêche le passage des signaux de douleur dans ces neurones, leur laissant la porte grande ouverte vers le cerveau. L’identification des protéines en jeu pourrait mener à la mise au point d’un médicament qui, pris avec la morphine, empêcherait l’hypersensibilité. L’article est signé par 17 chercheurs dont Francesco Ferrini, Sophie Laffray, Thomas Del’Guidice, Louis-Étienne Lorenzo, Annie Castonguay, Nicolas Doyon, Antoine Godin, Karen Vandal, Jean-Martin Beaulieu et Yves De Koninck, de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec.
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La télé, toujours première source d’info
Le recours aux nouveaux outils pour s’informer, comme Facebook et Twitter, n’a pas crû autant que le discours aurait pu nous le laisser penser, s’étonne Daniel Giroux, professeur au Département d’information et de communication et coauteur d’une enquête sur les sources d’information. Dans cette étude menée au Québec par le Centre d’études sur les médias, basé à l’Université, on apprend en effet que la télévision capte près de 40 % du temps consacré à l’information, soit deux fois plus que les nouveaux médias (19,5 %). Les Québécois répartissent le reste de leur temps d’information entre la radio (16 %), les quotidiens (14 %), les hebdos et magazines (4 % chacun) et les quotidiens gratuits (2 %). Selon le rapport du Centre, les nouvelles technologies n’inciteraient pas les utilisateurs à se renseigner davantage. Les grands consommateurs d’information les utiliseraient plutôt pour varier leurs sources, tandis que d’autres y auraient
recours surtout à des fins de divertissement.
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Sapins et épinettes comme au temps des dinosaures
Selon une étude menée par des chercheurs du Centre d’étude de la forêt, le génome des conifères comme le sapin, l’épinette et le pin aurait peu changé depuis 100 millions d’années. Nathalie Pavy, Betty Pelgas, Jérôme Laroche, Philippe Rigault, Nathalie Isabel et Jean Bousquet ont sondé le génome des conifères (gymnospermes) et ils l’ont comparé à celui des plantes à fleurs (angiospermes). Ces deux groupes, qui ont un ancêtre commun, ont divergé il y 300 millions d’années. Le fruit de cette étude, qui vient de paraître dans la revue scientifique BMC Biology, révèle que le génome des conifères semble figé dans le temps depuis au moins 100 millions d’années, alors que celui des plantes à fleurs a connu d’importants chambardements pendant la même période. D’ailleurs, les fossiles de conifères qui datent de 100 millions d’années ont la même apparence que les conifères contemporains.
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Surprise chez les bruants
Que se passera-t-il ce printemps lorsque des oiseaux découvriront que la forêt où ils nichaient l’an dernier a été coupée pendant qu’ils séjournaient dans le sud? Contrairement à ce qu’en disent les bonzes de l’écologie animale, même des oiseaux appartenant à une espèce dite généraliste peuvent être perturbés, si l’on en croit une étude publiée dans Canadian Journal of Zoology.
   Patrick Rousseau, André Desrochers et Adam Hadley, du Centre d’étude de la forêt, ont mesuré la dispersion de 96 bruants à gorge blanche, une espèce généraliste, après des coupes forestières hivernales dans leur habitat à la forêt Montmorency, la forêt expérimentale de l’Université. Au retour printanier des oiseaux, les chercheurs ont mesuré la distance qui séparait leur ancien et leur nouveau territoire.
   Résultat? Les mâles dont les territoires ont été touchés par les coupes se sont déplacés deux fois plus loin que ceux dont le territoire est demeuré intact. Et les territoires qu’ils avaient abandonnés ont été repris par d’autres bruants à gorge blanche, signe que l’habitat était encore propice à l’espèce. Selon les chercheurs, ces résultats suggèrent que chaque bruant exprime une préférence pour certains types d’habitats parmi tous ceux utilisés par l’espèce. «Une espèce généraliste peut être composée d’individus spécialistes», résume André Desrochers.

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Candidates à la défaite http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/candidates-la-defaite/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/candidates-la-defaite/#respond Fri, 04 Oct 2013 08:00:08 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8159 Où sont les femmes? Parmi les candidats battus aux élections fédérales, répondent deux chercheurs en politique. Et la défaite des femmes ne serait pas attribuable aux électeurs, car le sexisme dans l’isoloir n’explique pas le maigre 17% de représentation féminine …

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Où sont les femmes? Parmi les candidats battus aux élections fédérales, répondent deux chercheurs en politique. Et la défaite des femmes ne serait pas attribuable aux électeurs, car le sexisme dans l’isoloir n’explique pas le maigre 17% de représentation féminine au Canada en 2011. Le choix d’une candidate dans un comté perdu d’avance et celui d’un candidat dans un bastion sûr seraient des pistes beaucoup plus probables, démontrent les politologues Marc-André Bodet et Melanee Thomas.

Agnelles sacrifiées
Le professeur au Département de science politique de l’Université Laval et sa collègue de l’Université de Calgary signent un article percutant dans Electoral Studies. Ils y parlent d’agnelles sacrifiées. Pourquoi? «Les principaux partis ont présenté beaucoup de candidatures féminines dans des circonscriptions où elles ne pouvaient pas gagner», répond Marc-André Bodet.

L’étude s’appuie sur les résultats électoraux fédéraux de 2004 à 2011 pour éviter la simple alternance de candidats entre deux élections. En analysant les données recueillies, les politologues constatent que, de toutes les candidates des principaux partis à ces élections, 59% ont hérité de circonscriptions considérées comme perdues d’avance pour le parti, 24% de circonscriptions où la lutte était ouverte et 17% de circonscriptions acquises au parti. Les candidats masculins obtenaient ces circonscriptions dans une proportion bien différente: 47% perdues d’avance, 28% lutte ouverte et 25% bastions sûrs. Conséquence: les femmes accèdent plus rarement au poste de député que leurs collègues masculins.

Pour expliquer ce phénomène, les auteurs invoquent plusieurs raisons. Il est évidemment rare que les élus facilement reconduits d’une élection à l’autre se désistent au profit d’une collègue féminine. Lorsque la circonscription potentiellement gagnante se libère, les assemblées d’investiture ont tendance à choisir comme candidat un militant appuyé par des groupes financiers et des réseaux de connaissances. Souvent un homme…

Comment faire en sorte que l’assemblée des élus reflète davantage la diversité de la société? Marc-André Bodet suggère deux stratégies. D’une part, imposer que les élus qui laissent la vie politique soient remplacés par un candidat de l’autre sexe. D’autre part, rendre le financement des partis conditionnel à une représentation équitable des femmes.

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Un certain regard sur le Nord http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/un-certain-regard-sur-le-nord/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/un-certain-regard-sur-le-nord/#respond Fri, 04 Oct 2013 07:00:55 +0000 http://132.203.227.93/~dccontac/?post_type=article_magazine&p=8150 Qui connaît la méthode Hamelin? Dans la poche gauche du veston, un petit carnet de feuilles vierges et un crayon de plomb. Dans la droite, à la fin de la journée, les feuilles détachées, noircies de notes prises par le …

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Qui connaît la méthode Hamelin? Dans la poche gauche du veston, un petit carnet de feuilles vierges et un crayon de plomb. Dans la droite, à la fin de la journée, les feuilles détachées, noircies de notes prises par le géographe au hasard des ses rencontres et de ses observations. Voilà comment, jour après jour, pendant 60 ans, le père du concept de nordicité a bâti sa connaissance sur la portion septentrionale du Québec, terra incognita pour la plupart des habitants du «Sud».
 
Un globaliste nordique
Le Nord au cœur, le nouveau documentaire de Serge Giguère, explore par petites touches la mémoire vivante de ce «globaliste nordique», comme Louis-Edmond Hamelin se qualifie lui-même. Cette volonté d’appréhender le Nord dans toute sa complexité –géographique, humaine et faunique– se trouve à la base de la fondation du Centre d’études nordiques (CEN).
 
Louis-Edmond Hamelin a d’abord présenté le projet de ce centre d’études à Maurice Duplessis, et plus tard à René Lévesque, alors ministre des Ressources naturelles et du Nord, qui prenait un petit avion en direction du Nord avec son guide géographe. «Lévesque, je l’ai twisté un peu pour le convaincre de m’aider à fonder le CEN», rigole le jeune homme de 89 ans. Un peu perdu à Fort Chimo, René Lévesque se raccroche au dictionnaire inuit que les Oblats constituent à cette époque. Ce dictionnaire sera la première publication du Centre, sorti des limbes par un arrêté ministériel en août 1961.

Inspirant pour les chercheurs
Pour le directeur du Département de géographie, qu’a aussi fondé Louis-Edmond Hamelin, cette anecdote résume bien le personnage. «Il sait que les institutions ne vivent pas toutes seules, témoigne Guy Mercier. Il a donc toujours accordé beaucoup d’importance aux relations humaines.» Selon M. Mercier, le regard que le géographe a posé sa vie durant sur le Nord prend toute son actualité alors que gouvernement et industrie veulent développer ce territoire. Louis-Edmond Hamelin a toujours considéré les Autochtones comme des acteurs de l’avenir de leur région.

«Le film est très inspirant à cet égard», note Najat Bhiry, l’actuelle directrice du CEN. Selon elle, le regain d’intérêt pour le développement du Nord doit pousser les chercheurs à mener leurs projets en étroite collaboration avec les communautés nordiques pour éviter les erreurs du passé. Surtout que les changements climatiques rendent ce coin de la planète particulièrement vulnérable à l’exploitation humaine.

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