Archives des Hiver 2008 - Contact http://www.contact.ulaval.ca La zone d'échange entre l'Université, ses diplômés, ses donateurs et vous. Wed, 04 May 2016 14:18:56 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.1 Chambardement végétal sur la colline http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/chambardement-vegetal-sur-la-colline-422/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid À bord du traversier Québec-Lévis, d’où un panorama couvrant 400 ans d’histoire s’offre sans retenue au regard, une question s’impose à l’esprit: qu’y avait-il ici avant? Avant Place Royale, avant le Vieux-Port, avant le château Frontenac, les fortifications, les plaines d’Abraham,…

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Au cours des dernières années, des chercheurs de l’Université ont accumulé des indices qui permettent d’avancer quelques réponses. Certains morceaux manquent encore au casse-tête mais, déjà, d’étonnants détails sur la véritable identité de notre patrimoine naturel crèvent l’image.

Lire dans le charbon

Brigitte Talon, Serge Payette, Louise Filion et Ann Delwaide, du Centre d’études nordiques, ont brossé les grands traits de l’histoire végétale de la région à l’aide de charbons de bois. En effet, ces restes végétaux calcinés, que les incendies de forêt laissent sur leur passage, se conservent pendant des millénaires dans le sol. En identifiant l’espèce dont ils proviennent et en les datant au radiocarbone, les chercheurs peuvent décrypter une partie de l’histoire d’un site forestier.

Les quelque 300 charbons de bois qu’ils ont découverts lors de fouilles effectuées dans la réserve écologique de Tantaré, à 40 km au nord de Québec, montrent que les arbres n’ont pas mis de temps à envahir le territoire après le retrait des glaciers, il y a 12 000 ans. Les épinettes étaient déjà présentes 10 400 ans avant aujourd’hui, et les premiers érables et bouleaux les auraient suivies moins de 1400 ans plus tard. Huit feux auraient ravagé cette forêt, mais tous auraient eu lieu il y a plus de 6300 ans. «La formation d’une érablière et les conditions d’humidité qu’elle a créées pourraient expliquer l’arrêt des feux à partir de cette époque», avance Serge Payette.

Tourbière, dis-moi…

Pour obtenir une image plus détaillée de l’évolution du couvert forestier de Québec, d’autres chercheurs se sont tournés vers les tourbières. Pauvres en oxygène, ces milieux sont propices à la conservation du matériel biologique qui s’y dépose et se retrouve enfoui sous la surface à mesure que de nouvelles plantes croissent. Ainsi, les variations d’abondance de grains de pollen de chaque espèce à différentes profondeurs du sol permet de reconstituer l’évolution du paysage végétal d’une région.
 
Même si, en raison de son relief, la colline de Québec, qui s’étend du cap Diamant à Cap-Rouge, est peu propice à l’établissement de tourbières, elle en abritait tout de même quelques-unes, dont la tourbière de Sillery, située juste à l’est du campus, et la tourbière de Pointe Sainte-Foy, à l’extrême ouest de la colline. Les derniers lambeaux de la première sont disparus en 1948 et la seconde a été remblayée dans les années 1980. Toutes les tourbières qui occupaient les premières loges pour assister aux changements de décor de la colline de Québec ont donc disparu, mais il en reste une qui, du fond de la salle, a tout vu: la tourbière de la base de plein air de Sainte-Foy.

En 1979, l’étudiant-chercheur Alayn Larouche, alors dirigé par le professeur Miroslav Grandtner de la Faculté de foresterie et de géomatique, a déterminé que la sapinière à bouleau blanc dominait la végétation de Québec, il y a 5500 ans. Puis, à la faveur de températures plus clémentes, l’érablière à bouleau jaune lui a succédé pendant 250 ans, avant que l’érablière laurentienne, dominée par l’érable à sucre et le tilleul américain, n’amorce son règne de cinq millénaires.
 
L’arrivée des premiers colons a laissé son empreinte dans les dépôts de tourbe: le défrichage des terres et l’exploitation forestière ont provoqué une chute marquée de l’abondance des grains de pollen d’arbres, note l’étudiant-chercheur. «Les espèces les plus affectées sont l’érable à sucre, le hêtre à grandes feuilles, le pin blanc et la pruche du Canada… L’érablière laurentienne est alors presque éliminée de la région de Québec.»
 
En 2006, Gabriel Magnan, un étudiant membre de l’équipe du professeur Martin Lavoie, au Département de géographie, a répété le même exercice dans une tourbière située à Beaupré. Les résultats obtenus là-bas confirment, en gros, le scénario régional décrit à la tourbière de Sainte-Foy.

Qu’on interroge les charbons de bois ou les tourbières, une même réponse s’impose: l’érablière laurentienne s’est établie comme élément dominant du paysage de Québec il y a plus de 5000 ans, et c’est ce type de forêt qui recouvrait la plus grande partie de Québec lorsque Champlain y est débarqué.

Défrichage et invasions

Que reste-t-il des forêts naturelles de la colline de Québec? Pas grand-chose, répondait Guy Baillargeon, en 1981, dans le mémoire de maîtrise supervisé par le professeur Robert Gauthier et déposé au Département de phytologie. «Entre 1608 et 1685, environ 50% des forêts de la colline ont été abattues», écrivait-il alors. La proportion de terres défrichées se stabilise par la suite et ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que les zones boisées subissent à nouveau des modifications profondes.
 
De ces vastes forêts, il ne subsiste au-jourd’hui que quelques vestiges épars, notamment à Pointe Sainte-Foy et sur le campus de l’Université Laval, observait l’auteur. Même la flore de l’escarpement sud de la colline de Québec, pourtant difficile d’accès, a changé de physionomie; seule la section située entre le parc de la falaise de Sillery et la plage Jacques-Cartier serait demeurée à peu près intacte.

L’inventaire floristique et la consultation de spécimens d’herbiers effectués par Guy Baillargeon ont révélé que la colline de Québec a subi de profondes mutations au cours des derniers siècles. D’une part, la flore indigène a perdu 155 espèces aux mains de l’urbanisation. D’autre part, 377 des 867 espèces de plantes trouvées aujourd’hui sur la colline de Québec, soit 43%, sont d’origine exotique. Un site Web interactif (www.herbier.ulaval.ca), préparé par le personnel de l’Herbier Louis-Marie à l’occasion du 400e anniversaire de Québec, présente des cartes de distribution qui permettent de visualiser ces transformations.

Porte ouverte aux espèces eurasiennes

«Le fait que Québec ait une longue histoire portuaire explique en partie le fort pourcentage de plantes exotiques qu’on y trouve», souligne Claude Lavoie, professeur à l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional. Ce spécialiste des plantes envahissantes estime qu’environ 60% de ces espèces ont été introduites accidentellement, entre autres par le biais de graines mêlées au sable utilisé à l’époque pour lester les bateaux. Les autres ont été apportées ici volontairement à des fins horticoles ou fourragères.

La quasi-totalité des plantes de nos milieux ouverts –marguerite, pissenlit, mauve, trèfle, mil, chiendent, bouton d’or, chicorée, etc.– provient d’Eurasie. «Les plantes indigènes pouvaient difficilement rivaliser avec les espèces européennes adaptées aux milieux ouverts, de sorte que ces dernières dominent sur le plan de l’abondance dans les habitats transformés par l’homme», ajoute-t-il.

Un scénario similaire s’est produit du côté des insectes, ont révélé les travaux qu’Allison Bain, professeure au Département d’histoire, a effectués à l’îlot Hunt dans le Vieux-Port de Québec. En effectuant des fouilles dans une fosse à vidanges utilisée entre 1850 et 1900, l’archéologue a découvert des restes de 6755 insectes appartenant à 148 espèces, dont 71 espèces d’origine exotique comme les punaises de lit, certaines blattes ou le charançon du riz. Loin d’être rares, ces bestioles venues d’ailleurs représentent 79% de tous les spécimens inventoriés. Une bonne partie de ces insectes s’attaquaient aux réserves de nourriture et aux autres effets trouvés dans les habitations de l’époque.

Pour sa part, André Desrochers, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt, signale que certaines espèces d’oiseaux ont souffert de la colonisation de Québec: la tourte voyageuse et les oiseaux de proie forestiers, notamment. Par contre, d’autres en ont largement profité. «La plupart des oiseaux que nous voyons chaque jour à Québec appartiennent à trois espèces introduites: le moineau domestique, l’étourneau sansonnet et le pigeon biset», souligne-t-il.

Tout compte fait, le caractère européen de la ville de Québec ne réside peut-être pas uniquement dans ses vieilles pierres. Les premiers arrivants venus d’outre-Atlantique ont apporté ici leur culture, bien sûr, mais ils ont aussi trimbalé dans leur baluchon, volontairement ou non, une partie de leur patrimoine naturel, dont le métissage avec la flore et la faune indigènes a transformé profondément et à jamais le visage de la Nouvelle-France et de l’Amérique. Étant l’une des premières grandes portes par laquelle l’héritage naturel eurasien a fait son entrée dans le Nouveau-Monde, Québec mérite, à ce chapitre également, son titre de ville du patrimoine mondial.

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En un éclair http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/en-un-eclair-582/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid TROIS UNITÉS SE PARTAGENT 1,5 MILLION$

L’Industrielle Alliance vient de faire un don majeur à l’Université: 1,5 million$. Ce montant est réparti entre la Chaire d’assurance et de services financiers l’Industrielle Alliance, qui recevra 1 million$, la Chaire Industrielle Alliance–CRSNG…

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TROIS UNITÉS SE PARTAGENT 1,5 MILLION$

L’Industrielle Alliance vient de faire un don majeur à l’Université: 1,5 million$. Ce montant est réparti entre la Chaire d’assurance et de services financiers l’Industrielle Alliance, qui recevra 1 million$, la Chaire Industrielle Alliance–CRSNG pour les femmes en sciences et génie, qui obtiendra 250 000$ en appariement à une subvention du CRSNG, et le programme Managers sans frontières, doté de 250 000$. Lors de l’annonce de cette contribution, le recteur Denis Brière a remercié le président et chef de la direction de l’Industrielle Alliance et président de la campagne de financement De toutes les révolutions, Yvon Charest.

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400 000$ POUR LA LITTÉRATURE JEUNESSE


Le Groupe Financier Banque TD investit 400 000$ dans un projet de littérature d’enfance et de jeunesse du Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de la Faculté des sciences de l’éducation. Cette contribution rendra possible la publication annuelle, pendant sept ans, d’une liste des meilleurs titres parus au cours de l’année. Les critères de sélection, inspirés des travaux d’une chercheuse du Département, Charlotte Guérette, permettront de déterminer les œuvres qui stimulent l’alphabétisation et font aimer la lecture.

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MOBILITÉ INTERNATIONALE ET ÉTUDIANTS HANDICAPÉS


L’Université annonce la création du Fonds de bourses de mobilité internationale Banque Scotia, grâce à un don de 125 000$ de l’entreprise. Le Fonds soutient les étudiantes et étudiants inscrits au profil international et issus des facultés des sciences de l’administration, des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, des sciences et de génie ainsi que des sciences sociales. Cette contribution de la Banque Scotia se distingue par un souci d’offrir à des personnes handicapées la possibilité d’obtenir des bourses tenant compte de leur réalité.

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UN FONDS DE BOURSE POUR L’ÉDUCATION DE LA FOI


Un nouveau programme de bourses et d’aide financière est créé à la Faculté de théologie et de sciences religieuses. Il s’agit du Fonds Clément-Lockquell pour la formation d’intervenants en éducation de la foi. Ce fonds offrira des bourses et permettra de donner une formation universitaire à des intervenants en catéchèse. Créé à l’initiative des Frères des écoles chrétiennes, ce fonds a déjà accumulé plus d’un demi-million de dollars. Plusieurs communautés religieuses, des particuliers et des entreprises ont généreusement accepté d’y contribuer.

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NOUVELLES BOURSES POUR LES ÉTUDIANTS


L’Université Laval compte plus de 300 fonds qui couvrent tous les champs du savoir, dont plusieurs sont consacrés à l’octroi de bourses aux étudiants. Au cours de la dernière année, de nombreux donateurs ont participé à la création de fonds qui soutiennent directement les étudiants. Voici deux exemples de fonds récemment établis.

Il y a d’abord le Fonds Thérèse-Rousseau-Houle en droit civil, qui porte le nom de la juge à la retraite, ex-doyenne et professeure à la retraite de la Faculté de droit de l’Université Laval. Mme Rousseau-Houle a fait un don de 50 000$ pour créer ce fonds qui vise à encourager l’excellence et la poursuite des études universitaires à la maîtrise, dans le domaine du droit civil. Chaque année, une bourse de 2000$ sera remise à une étudiante ou un étudiant qui aura su se démarquer par l’excellence de son dossier scolaire.

De leur côté, Alain Carrier, Jean Raby et Pierre Simard, tous trois diplômés de l’Université Laval, se sont engagés à verser 106 000$ dans le but de créer le Fonds d’excellence universitaire pour le club de football Rouge et Or de l’Université Laval. Ce fonds vise à stimuler la réussite universitaire et la poursuite de l’excellence sportive des étudiants-athlètes du programme de football par l’attribution de bourses de premier cycle.


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HAUSSE DES RÉSULTATS ET DES RENDEMENTS


En novembre dernier, la Fondation de l’Université Laval a tenu son assemblée annuelle à laquelle tous ses membres étaient conviés. Henri Joli-Cœur, président du conseil d’administration, a alors fait état des réalisations du conseil ainsi que du travail des différents comités, notamment en ce qui a trait à la gouvernance (politique d’acceptation des dons, politique de placement, etc.), au suivi du plan stratégique et à la campagne de financement.

Jacques Faille, président-directeur général, a pour sa part présenté les états financiers, qui ont été adoptés pour la première fois par l’Assemblée générale –conformément aux règles de gouvernance dont la Fondation s’est dotée. Fait marquant de la dernière année: les souscriptions et subventions ont connu une hausse de 1,7 million$ par rapport à l’an dernier, pour se chiffrer à 10,4 millions$ tandis que les revenus de placements sont passés de 2,8 millions$ à 9,8 millions$. Cette situation s’explique autant par les bons rendements des fonds capitalisés que par ceux des autres fonds.

Au cours de cette assemblée, tous les membres du conseil d’administration ont été reconduits dans leur fonction. Il est possible de consulter la liste des membres et les états financiers sur le site de la Fondation (www.ful.ulaval.ca/fondation).

Les membres de la Fondation sont les personnes qui ont fait un don de 1000$ ou plus au cours de l’une des deux dernières années financières, celles qui ont fait cinq dons annuels consécutifs (peu importe le montant) au cours des cinq dernières années ainsi que celles qui ont reçu l’un des huit titres décernés par la Fondation. La Fondation compte aujourd’hui plus de 4000 membres.

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ENCORE PLUS D’APPUIS EN VUE

L’argent recueilli cette année par la Fondation auprès de la communauté universitaire, des diplômés, des amis et des organisations porte le total des souscriptions à la campagne De toutes les révolutions près de l’objectif de 150 millions$. D’ici la fin de cette campagne, plusieurs millions de dollars s’ajouteront au résultat tandis que se concrétiseront de nouveaux appuis de la part d’organisations et d’individus. Le résultat final ainsi que des données financières additionnelles seront communiqués en 2009.

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Grandeurs et misères économiques de Québec http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/grandeurs-et-miseres-economiques-de-quebec-432/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid Présentés en quatre temps, les 400 ans d’histoire économique de Québec montrent une ville qui réussit à tailler sa petite place en terre d’Amérique et dans le monde. Dès sa fondation, la capitale jouit d’un avantage concurrentiel sans pareil: située à…

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e siècle pour ensuite profiter d’autres forces. Pendant ce temps, Montréal connaît un sort bien différent…

1608-1759: la porte d’entrée

Il était une fois quelques centaines de Français, mi-colons, mi-aventuriers, accrochés entre le Saint-Laurent et le cap Diamant en un lieu qu’on appelle Québec.

Nous sommes au début du XVIIe siècle. Rapidement, les Amérindiens découvrent que le lustre de leurs fourrures fait briller les yeux de ces Européens. La traite des fourrures devient ainsi la première grande activité économique de la Nouvelle-France. Québec est alors l’entrepôt de fourrures de la colonie tandis que Montréal, fondée en 1642, n’est que le point de départ des expéditions vers l’ouest du territoire.

Québec jouit d’un avantage concurrentiel de taille qui en fera la principale ville de Nouvelle-France pendant au moins 150 ans: elle est d’abord un port, incontournable porte d’entrée et de sortie de la colonie. À une époque où il faut savoir manier la voile pour naviguer, le tronçon de fleuve situé en amont du Cap Diamant se montre rébarbatif au passage de grands voiliers. Québec devient donc l’endroit idéal pour le transbordement de marchandises entre navires de haute mer et plus petites embarcations aptes à s’engager plus avant sur le Saint-Laurent. Parmi ces marchandises, figurent les fourrures qui partent pour la France et les produits de consommation qui en arrivent: textiles, boissons, objets de métal, matériel pour la traite des fourrures. Sans oublier les immigrants.

Par sa position stratégique, la ville fondée en 1608 par l’énigmatique Samuel de Champlain est aussi le haut lieu de l’administration de la Nouvelle-France, fonction qui s’accompagne d’une importante garnison militaire, complétant ainsi le triangle économique de la ville. «Québec a un statut de capitale et une fonction défensive et militaire très importante à l’époque, note Marc Vallières, spécialiste de l’histoire économique et administrative du Québec au Département d’histoire. Port, administration et garnison militaire restent le cœur de l’activité économique de la ville de Québec jusqu’au milieu du XIXe siècle, même sous le régime anglais.» Retraité depuis peu de l’Université, M. Vallières met la dernière main à un ouvrage en deux volumes sur l’histoire de Québec, dont il est coauteur. Cet ouvrage paraîtra au cours de l’année 2008.

Centre de décision de la colonie, Québec est le théâtre d’activités liées à la navigation, comme un peu de construction navale encouragée par l’État, surtout à partir du XVIIIe siècle. Des industries plus courantes, de type artisanal, qui répondent à une partie des besoins de la population locale, s’y développent aussi. La Nouvelle-France est une colonie. Dans le système mercantiliste qui prévaut à l’époque, elle fournit donc des matières premières (fourrures, parfois des surplus de céréales et bientôt du bois) et elle constitue un marché, bien que modeste, pour les produits finis de la mère patrie.

1759-1867: Changement de garde et de technologies

Après la célèbre défaite de Montcalm, la colonie est dans l’incertitude. Le conflit entre l’Angleterre et ce qui deviendra les États-Unis assombrit le paysage. Conséquence: l’activité économique de Québec stagne.

La Conquête marque un changement de la classe marchande. Alors que les commerçants français plient bagage ou délaissent l’activité, les marchands britanniques s’implantent graduellement. Il faut toutefois attendre le tournant du siècle pour sentir un véritable démarrage économique de la colonie. Deux forces vont alors jouer: l’immigration britannique et le commerce du bois.

Québec demeure la porte d’entrée de la colonie et c’est ici que les immigrants débarquent. Cependant, la ville retient très peu les nouveaux arrivants, qui prennent la direction de l’ouest. La plaine fertile de Montréal les attire, mais surtout la région qui deviendra le sud de l’Ontario, où ils rejoignent une population d’origine anglo-saxonne. De 1800 à 1880, le port de Québec voit défiler plus de 1,5 million d’immigrants. De ce nombre, seulement 20 000 choisissent Québec comme lieu de résidence. D’un point de vue économique, la ville profite peu du passage de ces migrants.

Aussi impressionnant que dût être le débarquement humain, c’est l’exportation du bois qui occupe la place centrale de l’activité portuaire. De 1810 à 1900, Québec constitue un port de première importance pour l’exportation du bois destiné à la construction navale et de bâtiments en Angleterre. Le blocus continental de Napoléon oblige les Britanniques à se tourner davantage vers les forêts du Québec. Une fois le blocus levé, l’Angleterre maintiendra des tarifs préférentiels pour le bois du Canada, à l’avantage de Québec, de son port et de sa classe marchande.

Dès le début du XIXe siècle, les fourrures glissent dans l’histoire. Les marchands britanniques se concentrent davantage sur l’importation d’une gamme très étendue de produits qui répondent aux besoins des élites locales, mais aussi des produits de base, comme les alcools et le coton. Québec est alors un des maillons du réseau commercial mondial de l’Angleterre. À partir de 1820-1830, toute une industrie se greffe au commerce du bois, dont la construction navale.

Pendant ce temps, Montréal prend de l’expansion. La future métropole a de l’espace et de belles terres cultivables. «La possibilité d’installer une population est moins grande à Québec puisque le territoire agricole y est plus restreint», explique Marc Vallières. En 1830, Québec demeure un port de première importance, tourné vers l’Europe, tandis que Montréal est davantage branchée sur tout l’est du continent américain.

Tout va quand même bien pour Québec, mais son avantage concurrentiel numéro un perd du poids. Autour de Montréal, les conditions de navigation s’améliorent. Déjà, dans les années 1820, on aménage le canal Lachine et tout un réseau de canaux qui permettent de passer de Montréal aux Grands-Lacs. Dès les années 1810-1820, des navires à vapeur et à fond plat partent de Québec vers Montréal. Et au cours des années 1850, on creusera le chenal du Saint-Laurent, ouvrant ainsi tout le fleuve à des navires de plus fort tonnage.

Montréal se trouve alors en bonne position pour dépasser la capitale. Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, elle lui porte deux coups fatals: démographie et chemin de fer. En effet, de 1850 à 1900, la population de Québec est pratiquement stagnante alors que celle de Montréal décolle. De 1820 à 1850, le nombre d’habitants de Québec est passé de 20 000 à environ 50 000. Les deux villes sont alors semblables mais, à partir de 1850, Montréal distance rapidement Québec. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, la capitale compte 70 000 habitants tandis que Montréal a gonflé au point d’atteindre 268 000 personnes, devenant ainsi un important marché de consommateurs. Québec ne comblera jamais l’écart.

La force gravitationnelle de l’étoile massive montréalaise attire inexorablement le flot humain. L’étoile de Québec pâlit, mais ne meurt pas. «Il faut toujours transborder les marchandises à Québec, précise Marc Vallières, mais le transport des produits d’importation vers Montréal est de plus en plus facile.»

Deuxième coup fatal: le chemin de fer. Les navires à vapeur remontent de plus en plus fréquemment vers Montréal, où l’existence d’un bon réseau ferroviaire transforme cette ville en plaque tournante ouverte sur le continent. Pendant ce temps, les habitants de Québec regardent passer le train de l’autre côté du fleuve, à Lévis, reliée au premier réseau ferroviaire de la province, le Grand Tronc, construit entre 1854 et 1860. Ce n’est qu’en 1879 que Québec entend les sifflements de locomotives de son côté du fleuve. Un quart de siècle de retard qui pèsera lourd sur le développement économique de la ville.

1867-1945: difficile industrialisation

Québec entre dans l’ère industrielle au cours des années 1870. Elle y entre à genoux, ou presque. De 1860 à 1870, la construction de navires en bois s’effondre complètement. Dorénavant, les navires seront en fer. «Québec n’a pas alors l’infrastructure pour se lancer dans ce type de construction dans un contexte de concurrence internationale», mentionne Marc Vallières.

Cette crise suit de près un autre dur coup pour l’économie locale. Au cours de la période 1840-1860, la Grande-Bretagne est devenue libre-échangiste. Elle a progressivement éliminé les tarifs qui favorisaient le bois du Québec. Heureusement, les prix se maintiennent un certain temps, ce qui atténue le choc sans empêcher, toutefois, le déclin de l’industrie numéro un de Québec.

La Grande-Bretagne comme seul et unique marché devient d’ailleurs une réalité du passé. Le commerce avec les États-Unis fleurit et il se crée un ensemble économique canadien dont les politiques tarifaires influenceront la production industrielle locale dès les années 1870-1880. «Dans ce contexte, ajoute Marc Vallières, Montréal devient la capitale financière et ferroviaire, une plaque tournante, tandis que Québec est marginalisée.»

Jusqu’ici, l’économie de Québec repose sur des travailleurs qualifiés, d’habiles artisans maîtres dans la construction navale ou dans la cordonnerie, pour ne citer que deux exemples. Mais cela aussi est du passé. Dans cette deuxième moitié du XIXe siècle, s’amorce la mécanisation des usines et la possibilité d’engager des ouvriers sans qualification. À Québec, l’industrie de la chaussure est une des premières à vivre la transformation. À Montréal, plusieurs secteurs carburent déjà à la mécanisation du travail, dont celui de la métallurgie.

Un certain démarrage industriel se fait malgré tout sentir. «Entre 1880 et 1930, précise Marc Vallières, puis pendant la Seconde Guerre mondiale, Québec est une ville majoritairement industrielle. Le port, mis à mal par la baisse du commerce du bois, se tourne avec succès vers l’exportation de produits miniers, forestiers et céréaliers, mais il perd son statut pour les importations.»

Malgré l’absence d’avantages concurrentiels, quelques industries s’établissent et prospèrent: cuir, tannerie et chaussures, métallurgie, fabrication de cigarettes… L’industrie dominante de l’époque sera une papetière, l’Anglo Pulp and Paper. C’est vers la fin des années 1920 que l’entreprise britannique installe cette usine (la plus grande au Québec) au confluent de la Saint-Charles et du Saint-Laurent.

Deux autres secteurs industriels se démarquent : la fabrication de corsets et celles de munitions. Au tournant du XXe siècle et jusque dans les années 1930, les corsets produits à Québec accaparent une bonne portion du marché canadien. Quant à la fabrication de munitions et d’armes à feu, elle gagne en importance, surtout avec la Seconde Guerre mondiale. En fait, ce conflit a apporté un regain d’énergie à l’économie de Québec. Même la construction navale a repris du poil de la bête, jusqu’à la victoire des Alliés. «Après 1945, constate M. Vallières, seule l’industrie papetière est encore importante, le reste des activités ne répondant qu’aux besoins locaux.»
 
1945-2008: tourisme et compagnie

«La vigueur industrielle liée à la Seconde guerre mondiale est un sursaut dans une tendance qui voit Québec basculer dans une autre économie», résume Marc Vallières. Cette autre économie est en partie un retour aux sources de la colonie. L’appareil gouvernemental prend de l’ampleur, tandis qu’émerge un important secteur institutionnel, en particulier les universités. En parallèle, Québec joue pleinement son rôle de pôle régional, notamment en ce qui concerne les activités commerciales. «Dès les années 1920, remarque l’historien, on sent déjà le virage vers ces trois secteurs: administration, éducation et commerce.»

La ville d’aujourd’hui se dessine rapidement. Des sociétés d’assurances connaissent une belle croissance, au service d’un marché francophone boudé par les institutions anglophones. Si bien qu’aujourd’hui, c’est dans la région métropolitaine de Québec que se concentrent le plus de sièges sociaux du secteur, à l’échelle de la province. Dans les années 1920 et 1930, de plus en plus de touristes découvrent Québec. La vieille ville ainsi que les sports d’hiver attirent les visiteurs qui en profitent pour faire un pèlerinage à la Basilique Sainte-Anne de Beaupré et un petit saut à l’île d’Orléans. Toutefois, cette industrie ne devient une véritable préoccupation qu’à partir des années 1960-1970, avec des projets de restauration de la place Royale et des fortifications. À l’autre bout de la 20, Montréal s’affiche sur la scène internationale avec Expo ‘67.

Les institutions d’enseignement et les centres de recherche gouvernementaux et universitaires complètent le passage à cette autre économie. Cette fois, Québec ne rate pas le bateau. Toutes proportions gardées, la capitale et sa région comptent aujourd’hui un bassin important de diplômés de haut niveau qui représentent l’avenir. Quelques secteurs attirent particulièrement l’attention avec leurs centres de recherche et leurs entreprises en croissance, dont l’optique et la photonique, le biomédical et les technologies de l’information.

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Création d’une chaire sur la démocratie et les institutions parlementaires http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/creation-d-une-chaire-sur-la-democratie-et-les-institutions-parlementaires-592/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid L’Assemblée nationale du Québec est l’une des plus vieilles institutions parlementaires au monde. La démocratie parlementaire est donc une valeur fondamentale de notre société. Pourtant, ses principes de base demeurent mal connus, particulièrement chez les jeunes électeurs qui semblent peu…

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Afin de mieux faire connaître le parlementarisme québécois, et d’améliorer la compréhension des enjeux et des difficultés auxquels sont confrontés les systèmes parlementaires et les démocraties contemporaines, l’Université Laval (les facultés des sciences sociales et de droit) et l’Assemblée nationale du Québec ont mis sur pied la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires. La création de cette chaire s’inscrit parmi les premières activités du 400e anniversaire de la Capitale.

La Chaire poursuit quatre objectifs: créer un pôle d’excellence universitaire sur la démocratie et les institutions politiques; faire des institutions parlementaires un sujet particulier de recherche, d’enseignement et de formation en droit, en science politique et en sciences sociales; sensibiliser des étudiants de haut niveau à tous les aspects du parlementarisme dans les démocraties modernes; favoriser l’ouverture de la communauté parlementaire québécoise.

Le titulaire de cette chaire est Louis Massicotte, professeur au Département de science politique. M. Massicotte est internationalement reconnu comme spécialiste  des institutions électorales et parlementaires. Les activités de la Chaire s’organiseront en concertation avec des partenaires ciblés qui sont, en plus de l’Université Laval et de l’Assemblée nationale du Québec, le Directeur général des élections, le Vérificateur général, le Protecteur du citoyen, le Commissaire au lobbyisme et l’Assemblée nationale française. La Fondation mènera sous peu une campagne de financement pour soutenir les activités de la Chaire.

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LOUIS MASSICOTTE VEUT UNE CHAIRE EXTRAVERTIE

Le titulaire de la toute nouvelle Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires est diplômé de l’Université Laval (Science politique 1975 et 1979). Il a enseigné dans différentes universités à Montréal, Ottawa, Washington, Lille et Beijing avant de rentrer au bercail en 2007. Rencontré peu après la création de la Chaire, Louis Massicotte se dit optimiste à l’égard de la démocratie parlementaire.

Compte tenu de la faible participation électorale et du peu de confiance de la population en ses élus, doit-on s’inquiéter de l’avenir du parlementarisme et de celui de la démocratie?

– Non, je pense que ces craintes sont exagérées. Avec un recul historique, on constate qu’il y a eu des crises plus graves que celles qu’on vit aujourd’hui. Durant les années 1930, le parlementarisme a été remis en question un peu partout dans les sociétés occidentales. Beaucoup de gens soutenaient alors que le parlementarisme générait l’impuissance. La crise économique de l’époque illustrait pour eux l’incapacité de l’État à résoudre les problèmes. Les réformes institutionnelles envisagées alors étaient nettement plus draconiennes qu’aujourd’hui. Les jeunes universitaires flirtaient dangereusement avec les modèles autoritaires à la Hitler, à la Mussolini et à la Staline. La démocratie parlementaire avait fort peu de partisans.
 
Mais cet engouement pour les systèmes autoritaires a heureusement disparu après la Seconde Guerre mondiale et, surtout, depuis la chute du communisme. Comme l’a dit Churchill, «la démocratie parlementaire, c’est le pire des régimes, à condition qu’on veuille bien faire abstraction de tous les autres».

Quel sera le rôle de la Chaire sur la question des réformes du système parlementaire ?

– J’insiste sur le fait qu’il s’agit d’une chaire de recherche universitaire et non pas d’un lieu d’activisme politique. Son rôle, c’est de faire progresser la connaissance de notre système parlementaire et de favoriser la discussion sur les changements que nous pouvons y apporter. Ce n’est pas de favoriser ou de promouvoir une façon de faire plus qu’une autre.
 
Je veux également que la Chaire soit extravertie, c’est-à-dire qu’il y ait beaucoup d’échanges afin d’apprendre des expériences de systèmes parlementaires établis ailleurs et de faire connaître les réussites du système québécois.

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Québec, 400 ans plus tard http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/quebec-400-ans-plus-tard-442/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid La bourgade fondée par Champlain en 1608 a pris bien du volume au cours des quatre derniers siècles. Vue du ciel, l’agglomération de Québec ressemble aujourd’hui à une vaste demi-lune de plus de 3000 km2 étalée sur la rive nord…

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2 étalée sur la rive nord du fleuve, avec un petit débordement du côté sud.

D’abord, il y a l’axe Québec–Sainte-Foy, nouveau centre de l’agglomération, avec les fonctions patrimoniales et administratives à un bout, et la nouvelle économie à l’autre. Entre ces deux pôles, une belle continuité que dessert un service de transport en commun efficace. Puis il y a le croissant pont Pierre-Laporte–pont de l’Île d’Orléans, qui contourne la colline de Québec au nord et constitue presque une entité socioéconomique autonome. La consommation de masse s’y mêle à une industrie de services et de haute technologie pourvoyeuse d’emplois… et de cauchemars pour qui doit s’y rendre en autobus. Enfin, viennent les banlieues, proches et lointaines, d’où convergent chaque matin des milliers d’automobiles profitant de l’un des réseaux autoroutiers les plus développés au pays.

Ce qui supporte toute cette géographie mouvante, c’est une population de 700 000 personnes, incluant Lévis sur la rive sud ; près d’un million, si l’on compte tout Chaudière-Appalaches. «Bref, une métropole de grosseur moyenne (septième au Canada), plutôt homogène, vieillissante (âge médian de 40 ans, le plus élevé parmi les grandes villes canadiennes) et vouée à un bel avenir… si l’on prend de bonnes décisions», résume Paul Villeneuve, membre actif du Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) de l’Université.

Patrimoine et modernité

L’agglomération a beaucoup changé depuis 40 ans, observe M. Villeneuve. Son centre n’est plus le quartier historique et les édifices gouvernementaux, mais toute la colline Québec–Sainte-Foy, qui constitue en quelque sorte une île entre le fleuve et la dépression Limoilou–Cap-Rouge. Sur cette colline, «qui donne tout son charme à la région», le patrimoine et la modernité non seulement cohabitent, mais se fécondent mutuellement, selon le professeur.
 
D’un côté, centres de recherche et établissements de haut savoir comme l’Université Laval s’intègrent sans heurts à la trame résidentielle et commerciale. De l’autre, le Vieux-Québec (même presque vidé de ses résidants) et le siège du gouvernement demeurent des symboles attrayants, tandis qu’une riche vie de quartier se déploie tout autour. «On craignait une fracture entre ces deux pôles, Québec et Sainte-Foy, note M. Villeneuve, mais ce qui est en train de se produire à la faveur des fusions municipales récentes, c’est une belle continuité où cohabitent différentes fonctions tout le long de l’axe et où l’on constate une intégration poussée.»

En plus des éléments présents sur la colline elle-même, cette intégration inclut, à l’ouest, le parc technologique et, à l’est, le quartier Saint-Roch, qui  connaît une formidable re­vitalisation depuis 10 ans. La population de l’arrondissement de la Cité (les plus vieux quartiers de Québec) a crû de 3000 habitants (5%) entre 1996 et 2001, et cela est en bonne partie attribuable à la renaissance de Saint-Roch. Cette croissance s’est cependant stabilisée par la suite, peut-être parce que l’habitation est devenue beaucoup plus chère dans le secteur, soupçonne M. Villeneuve.

Mais ce qui a surtout contribué à changer le visage de Québec depuis 40 ans, c’est l’impressionnant réseau d’autoroutes qui s’est tissé à la périphérie des quartiers centraux. Avec 21 km par 100 000 habitants, l’agglomération est trois fois mieux pourvue en autoroutes que Montréal ou Toronto, souligne Marie-Hélène Vandersmissen, professeure au Département de géographie et membre du CRAD. «La construction d’un tel réseau dans les années 1970, dit-elle, constituait carrément une invitation à aller résider en banlieue.»

Message reçu

Et le message a été compris, ajoute Carole Després, professeure à l’École d’architecture, directrice du CRAD et cofondatrice du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les banlieues (GIRBa). Certes, les banlieues de la première et de la deuxième couronnes (Beauport, Charlesbourg, Duberger, Neufchâtel…) étaient là avant la construction de ce réseau autoroutier. Sauf qu’elles se sont passablement étendues par la suite. Et à la faveur d’un contexte économique permettant entre autres l’achat d’une deuxième voiture, les banlieusards ont poussé de plus en plus loin à compter des années 1990. La première couronne vieillissante s’est même dépeuplée en partie au profit des nouvelles banlieues. «On était prêt à passer trois quarts d’heure dans son auto, deux fois par jour, pour revenir entendre couler une petite cascade dans sa cour arrière», caricature Mme Després.
 
Si bien qu’on ne sait plus trop, aujourd’hui, où finit la ville et où commence la campagne. «Mais nos banlieues ont plus d’âme qu’aux États-Unis, se console la directrice du CRAD, car elles ont presque toutes été créées autour d’un village. Seul Duberger a poussé directement dans le champ.»

N’empêche qu’elles sont toutes plus ou moins dessinées selon le même modèle : maisons unifamiliales détachées (de plus en plus grosses à mesure que s’implantent les nouveaux développements), rues larges sans trottoirs, verdure toute en pelouse, monofonctionnelles et, surtout, complètement dépendantes de l’automobile. Des autobus se rendent dans les banlieues et relient même certaines d’entre elles, surtout dans l’axe Lebourgneuf, convient Marie-Hélène Vandersmissen. Mais leur fréquence est si faible et les trajets si longs qu’il faut une patience infinie pour s’en remettre à ce transport collectif.
 
Pas d’auto, moins de boulot

D’ailleurs, presque tous les foyers de banlieue possèdent au moins une voiture. Le problème, c’est que beaucoup de personnes dans ces ménages n’ont pas accès à l’auto. Notamment les enfants et les adolescents, principaux utilisateurs du transport en commun dans les quartiers mieux desservis, qui préfèrent de toute façon être véhiculés par papa et maman en banlieue. «Je connais des mères qui ont choisi de demeurer au foyer pour faire du taxi familial à temps plein», assure Carole Després.

Lorsqu’il n’y a qu’une auto dans le ménage, les mères ont d’ailleurs moins accès à l’emploi que le mari, indique Mme Vandersmissen qui a réalisé plus d’une étude sur la question. Pour les jeunes aussi, et même pour ceux des quartiers centraux, la voiture est souvent déterminante dans l’accès à l’emploi. Combien accepteront de faire une heure d’autobus matin et soir pour se rendre travailler dans l’un des nombreux magasins-entrepôts de la périphérie? Ces power centers –regroupements de magasins géants–, responsables de la fermeture de bien des commerces de proximité et qui mettent à mal les petits centres commerciaux, sont eux-mêmes des excroissances des autoroutes urbaines.

S’ils contribuent au renforcement des axes autoroutiers, ces nouveaux power centers n’aident en rien à combler les vides résidentiels entre les banlieues dispersées, selon Carole Després. Ils ne favorisent pas non plus le développement de centres économiques multiples comme il y en a à Montréal (Laval, Longueuil, Ville-Saint-Laurent).

Pas de retour pour la banlieue

Faudrait-il donc rêver d’une banlieue plus «urbaine», plus dense, avec plus de services? La démographie actuelle ne soutiendrait pas une telle densification, pense la directrice du CRAD, sauf peut-être pour des accommodements intergénérationnels impliquant, par exemple, l’ajout d’une maisonnette pour les parents sur la propriété.
 
Ramener les banlieusards en ville, alors? «Les rurbains, comme nous appelons les résidants des banlieues lointaines, ne reviendront pas massivement vers les quartiers centraux, répond Mme Després. S’ils vivent où ils sont, c’est qu’ils aiment cela.» Certes, avec le ralentissement démographique, l’étalement ne pourra se poursuivre indéfiniment. Mais rien n’indique que l’appétit pour la rurbanité et pour la voiture va s’atténuer. L’augmentation de 15% de la circulation sur les autoroutes de l’agglomération entre 1996 et 2000 (dernier portrait disponible) est assez éloquente à cet égard.

Au moins, on ne devrait plus construire de nouvelles autoroutes, prévoit Marie-Hélène Vandersmissen: «Pour des raisons d’environnement entre autres, ce n’est plus dans les cartons des décideurs.» Témoins le récent prolongement de l’autoroute Robert-Bourrassa (ex-Du Vallon) en boulevard urbain et le boulevard Champlain complètement remanié en une artère conviviale.

Tout un programme!

Ce qui est dans les cartons, c’est plutôt une amélioration du service de transport en commun. Le Réseau de transport de la capitale (RTC) projette notamment de compléter une boucle avec son réseau Métrobus à grande fréquence, en y ajoutant deux parcours sur les axes Loretteville–Les Saules–Sainte-Foy et Les Saules–Lebourgneuf–Beauport. Éventuellement, le circuit pourrait même s’étendre à la rive sud. Tout cela serait excellent, analyse Paul Villeneuve, car le parcours Métrobus, achalandé à toute heure du jour, constitue vraiment un avantage pour les personnes qui résident à proximité. À tel point que la valeur des maisons situées aux abords du circuit a augmenté, selon une étude effectuée par le CRAD. M. Villeneuve n’hésite d’ailleurs pas à parler de l’existence de deux villes distinctes à Québec: celle du Métrobus et celle des autoroutes. «L’enjeu, dit-il, c’est l’atteinte d’un certain équilibre entre ces deux zones.»

En fait, le véritable enjeu, selon le professeur, c’est la qualité de vie de l’ensemble de l’agglomération. Il faut offrir le choix des moyens de déplacement partout sur le territoire, éviter un trop grand embourgeoisement des quartiers centraux et favoriser une meilleure équité sociale, notamment par une accessibilité physique à l’emploi égale pour tous. On doit aussi revitaliser les premières banlieues, rendre toutes les banlieues et les artères qui les desservent plus conviviales –entre autres pour accommoder une population vieillissante– et intégrer davantage les deux rives, par exemple en transférant à Lévis certains emplois gouvernementaux.

Tout un programme! Mais qui est loin d’être hors de portée, estime M. Villeneuve. «La capitale du Québec connaîtra une croissance plutôt lente au cours des prochaines années, dit-il. Avec tous ses atouts, elle peut néanmoins rester vigoureuse et offrir une très bonne qualité de vie tout en demeurant, à l’échelle canadienne, une métropole viable. Et même enviable!»

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Lisez le témoignage de trois diplômés sur les défis de l’aménagement urbain dans le pays où ils habitent: Suisse, Mexique et Niger.

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Les défis urbains, selon trois diplômés établis hors Québec http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/les-defis-urbains-selon-trois-diplomes-etablis-hors-quebec-602/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid CRISE DU LOGEMENT À GENÈVE

L’un des principaux défis urbains de Genève, seconde ville de Suisse avec son demi-
million d’habitants, est sans contredit l’accès au logement. Parce que Genève occupe un petit territoire très densément peuplé, il est à…

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CRISE DU LOGEMENT À GENÈVE

L’un des principaux défis urbains de Genève, seconde ville de Suisse avec son demi-
million d’habitants, est sans contredit l’accès au logement. Parce que Genève occupe un petit territoire très densément peuplé, il est à peu près impossible d’y ériger de nouvelles constructions domiciliaires. Résultat: il y a pénurie de logement, et le prix des locations comme des achats est en hausse constante. «Les jeunes ont difficilement accès à la propriété en raison des coûts astronomiques et de la rareté; ils doivent s’exiler vers la banlieue lointaine pour trouver à se loger», explique Valérie November (Géographie 1994), professeure à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, où elle dirige le Groupe d’étude de la spatialité des risques.

Mme November rappelle que Genève est l’hôte de très nombreuses organisations internationales, par exemple la Conférence internationale de la Croix rouge, l’Organisation mondiale du commerce et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Ainsi, la ville compte beaucoup de fonctionnaires et de diplomates, aussi touchés par cette crise. Nombre d’entre eux choisissent d’élire domicile loin de la ville. «Genève attire de nombreux travailleurs qu’elle ne peut tout simplement pas loger; elle vit les problèmes d’une ville plus grande que sa taille», soutient la professeure.

Cet exode des travailleurs se traduit par un engorgement monstre des autoroutes genevoises, matin et soir, alors que tous prennent d’assaut la chaussée et le rail. Avec la pollution que cet excès de circulation occasionne. Les autorités genevoises discutent de la possible installation d’un péage urbain aux portes de Genève suivant le modèle suédois ou londonien. Car tant que les coûts des transports individuels seront au-dessous de ceux des transports publics, rappelle Mme November, le passage de l’un à l’autre sera difficile.

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MEXIQUE: REDONNER LES VILLES AUX PIÉTONS


Quand on demande à Ramon Abonce (Aménagement du territoire et développement régional 1987; Géographie 1995) de se prononcer sur les aménagements urbains de son pays, le Mexique, c’est un véritable cri du cœur que pousse le professeur-chercheur au Département d’architecture du Monterrey TEC. «Il est primordial que nous redonnions aux villes mexicaines leur dimension humaine, que nous les enlevions à l’automobile et que nous les remettions aux piétons», plaide-t-il.

M. Abonce se désole également de constater que les centres commerciaux deviennent, dans la plupart des grandes villes, les nouveaux lieux de socialisation. «Ceci, rapporte-t-il, se fait au détriment des places et des parcs publics qui, autrefois, constituaient les espaces privilégiés d’intégration sociale.»

Par ailleurs, la vague d’étalement urbain qu’ont connue de nombreuses villes du Mexique au cours des 20 dernières années a, elle aussi, pour effet de transformer la société mexicaine. «Les distances, observe-t-il, sont de plus en plus grandes entre la résidence et le lieu de travail. Et le temps consacré aux déplacements doit être “emprunté” à celui normalement dévolu aux loisirs ou à la famille.» Sans compter les coûts de transport: le professeur rapporte que, pour les Mexicains, les dépenses associées aux déplacements entre banlieue et ville peuvent représenter plus du 40% du revenu familial. «Plusieurs pays latino-américains ont suivi le modèle nord-américain d’aménagement urbain, qui inclut un fort étalement, sans prendre en considération le fait que leurs habitants n’ont pas les mêmes revenus que ceux des pays développés.»

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URBANISATION GALOPANTE AU NIGER


Saade Souleye (Épidémiologie 2004) parle en connaissance de cause quand elle aborde la question de l’urbanisation dans son pays, la République du Niger: elle y est ministre de l’Aménagement du territoire et du développement communautaire. Les derniers recensements montrent que la croissance urbaine explose, explique la ministre, qui estime que la population des grandes villes doublera au cours des 20 prochaines années. Sur la même période, les superficies urbanisées s’accroîtront de plus du double.

«La maîtrise de cette progression constitue un défi majeur pour les pouvoirs publics, rapporte Mme Souleye. Un tel développement aura nécessairement pour effet d’exercer une pression accrue sur les services urbains et les infrastructures, notamment en ce qui a trait à l’eau potable, à l’électricité et à la voirie.»

La ministre qui habite la capitale nigérienne, Niamey, note que les administrations municipales, avec leurs moyens financiers très limités, feront difficilement face aux problèmes d’assainissement et de salubrité inhérents à une urbanisation galopante. À cet égard, Saade Soulaye souligne que l’État a inscrit la question du développement urbain au centre de sa Stratégie de développement accéléré et de réduction de la pauvreté.

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François Leclerc au temps de Champlain http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/francois-leclerc-au-temps-de-champlain-452/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid À 18 ans, François Leclerc était déjà un phénomène: il préférait la musique ancienne aux airs populaires ou aux grands classiques, et pouvait se prononcer sur les scandales de la papauté du XIIIe siècle. Arrivé à la Faculté de …

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À 18 ans, François Leclerc était déjà un phénomène: il préférait la musique ancienne aux airs populaires ou aux grands classiques, et pouvait se prononcer sur les scandales de la papauté du XIIIe siècle. Arrivé à la Faculté de musique à la fin des années 1970, voilà que ce luthiste et guitariste s’acoquine avec d’autres amoureux des instruments anciens, qu’il s’agisse du sacqueboute, l’ancêtre du trombone, ou de la viole de gambe, chère au compositeur Marin Marais dans le film Tous les matins du monde. Puis il se joint à un trio de guitares qui couvre quatre siècles de répertoire. Et en 1989, il fonde Viamusique, un organisme qui offre concerts et conférences sur la musique ancienne, qu’il dispense en solo ou avec ses divers ensembles musicaux: Stadaconé récemment devenu Terra Nova (répertoire de l’Amérique française), Memoria (Moyen-Âge), Mozaïka (guitares d’Orient et d’Occident).

Avec un tel bagage, rien d’étonnant que François Leclerc (Musique 1982) se consacre depuis plusieurs années à la préparation du 400e anniversaire de Québec! Pour lui et ses complices du groupe Terra Nova, associés pour l’occasion à des musiciens français, 2008 a démarré dès la fin 2006, avec la sortie du disque En compagnie de Samuel de Champlain, de Brouage à Québec. Un album qui s’était vendu à 2000 exemplaires avant même que les festivités ne commencent. Un autre CD d’œuvres musicales composées peu après la fondation de Québec sortira en février. Sans compter la présentation, un peu partout dans la région de Québec, d’une pièce de théâtre musical où Champlain tient la vedette. Trois projets qui portent la marque de ce passionné d’histoire et de musique ancienne, qui trouve aussi le temps d’être chargé de cours à la Faculté de musique et professeur au cégep de Sainte-Foy en guitare.

Oublier le XXIe siècle

François Leclerc attend encore l’invention d’une machine à remonter le temps permettant d’apparaître incognito dans la cour d’Henri VIII ou au milieu d’une noce paysanne du XVIe siècle. En l’absence d’une telle technologie, il a décidé d’utiliser les notes du luth, de la viole et de la cornemuse pour transporter musiciens et spectateurs sur un tapis musical capable d’enfiler les siècles à l’envers. «En écoutant ou en jouant des sonorités archaïques, on peut oublier le XXIe siècle et retrouver le parfum d’une autre époque.»

Généralement, son voyage à travers le temps démarre dans les rayons particulièrement bien pourvus de la bibliothèque de l’Université Laval. Des milliers de pièces musicales, écrites il y a plusieurs siècles, reposent dans des recueils acquis au fil des décennies. Le diplômé passe donc des heures à lire les partitions de l’époque qu’il veut illustrer, en quête d’une mélodie capable de séduire un public d’aujourd’hui. Un air qu’on pourrait entonner sous sa douche, pour le plaisir.

Pour retrouver la musique qu’aurait pu entendre Champlain, les ressources des bibliothèques québécoises n’ont pourtant pas suffi. François Leclerc a donc franchi l’Atlantique et continué sa recherche du côté français, plus précisément à La Rochelle, Brouage et Saint-Onge, des lieux familiers au fondateur de Québec. «En ces temps-là, la démarcation était mince entre la musique populaire et la musique savante, jouée dans les cours d’Henri IV ou de Louis XIII que l’explorateur a fréquentées, explique François Leclerc. Souvent, les compositeurs puisaient leur répertoire dans les airs des paysans.»
 
Dans le disque En compagnie de Samuel de Champlain…, M. Leclerc a voulu donner un aperçu des différents registres musicaux en vogue à l’époque, tant chez les nobles, que chez les agriculteurs et les commerçants. Au début du XVIIe siècle, assure-t-il, la musique faisait partie de la vie. «Par exemple, Champlain avait fondé à Port-Royal l’Ordre de Bon temps, qui organisait des soupers où se mêlaient musique et poésie.»

Le disque offre même une incursion du côté de la musique des Amérindiens, un style dont il reste peu de traces écrites.Toujours soucieux de coller à l’esprit de l’époque, François Leclerc s’est inspiré d’un document rédigé à la volée par un poète et historien, qui accompagnait Samuel de Champlain lors de son premier voyage en Acadie vers 1604, pour écrire une pièce musicale à saveur amérindienne. «Un jour, des “Sauvages”, comme on les appelait à l’époque, chantaient de l’autre côté d’une rivière et Marc Lescarbot a transcrit les notes sur un aide-mémoire, sans partition», raconte ce détective musical.

Bien décidé à mieux faire découvrir Samuel de Champlain, dont on ignore jusqu’à la date de naissance, François Leclerc s’est aussi associé à un metteur en scène d’opéra et d’opérette, Cyrille-Gauvin Francœur, pour produire une pièce de théâtre musical, un genre très populaire au XVIIe siècle. Intitulée De Brouage à Québec, la pièce revient sur les principaux épisodes de la vie de l’explorateur qui, sur scène, se confie à une comtesse un brin prétentieuse. Entre les dialogues: des airs de musique d’époque exécutés par un trio. Une quarantaine de représentations sont déjà prévues de janvier à octobre, en particulier devant des personnes âgées ou peu mobiles qui pourraient avoir de la difficulté à participer aux festivités du 400e.

Quand Shakespeare visite Blanc-Sablon

Ce souci de faire découvrir la musique à un large public illustre bien l’approche de François Leclerc. Guitariste et luthiste accompli, il pourrait se contenter de jouer un répertoire ancien devant des mélomanes qui goûtent la subtilité des notes émises par ses répliques d’instruments vieux de quatre ou cinq siècles. Seulement voilà, il s’est donné pour mission de faire découvrir ce genre musical ignoré aux néophytes, en misant sur le plaisir de la découverte, que ce soit à l’école, dans les bibliothèques, dans les musées ou à l’université.

«J’adore régler mon réveil sur cinq heures du matin et partir comme un routier pour Baie-Comeau ou prendre l’avion pour Blanc-Sablon, glisse le diplômé. Si vous voyiez les yeux ronds des enfants lorsque je leur raconte des histoires de ducs, de Shakespeare ou de Léonard de Vinci, tout en leur jouant de la musique ancienne!»

«C’est un bon conteur, confirme Liette Remon (Éducation musicale 1998), qui joue de la vièle à archet depuis une décennie avec lui dans le groupe Terra Nova. Il parle aux gens avec simplicité, les attire vers la musique en expliquant, par exemple, que le Sieur de Maisonneuve transportait un luth avec lui lorsqu’il est arrivé en Nouvelle-France. Ses présentations reposent beaucoup sur les instruments anciens. Écouter le son d’une vièle, cela crée tout de suite une intimité, cela amène ailleurs.»

Recette gagnante

C’est un peu par hasard que François Leclerc a mis au point la recette gagnante qui lui a permis de présenter plusieurs milliers de concerts de musique ancienne devant les publics les plus variés. L’aventure a démarré à Québec avec le Musée de la civilisation à l’occasion d’un spectacle thématique lié à une exposition sur les chevaliers d’Autriche du Moyen-Âge. Un premier disque a ainsi vu le jour en 1995, inspiré par la musique que le personnage central, l’empereur Maxmilien 1er, avait pu entendre à la cour. Plusieurs autres albums ont suivi, dont la trame musicale de l’exposition du Musée de la civilisation Gratia Dei, autour du Moyen-Âge, et Il était une fois en Amérique française, à la fois trame musicale et disque officiel de l’exposition du même nom, présentée au Musée canadien des civilisations en 2004-2005.

D’autres projets sont déjà en route avec le Musée de la civilisation, tandis que Terra Nova prévoit une tournée en France, en 2009. Preuve que l’histoire musicale de la Nouvelle-France continuera à susciter de l’intérêt lorsque les bougies du 400e anniversaire seront éteintes!

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À pleines pages http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/a-pleines-pages-612/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid Principes de logique
Victor Thibaudeau (Philosophie 1976, 1980 et 1990), professeur à la Faculté de philosophie
Presses de l’Université Laval, 906 pages
Comment distinguer les causes instrumentales des causes intrinsèques ou extrinsèques? Quelle distinction établir entre préjugé et conviction?…

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Principes de logique
Victor Thibaudeau (Philosophie 1976, 1980 et 1990), professeur à la Faculté de philosophie
Presses de l’Université Laval, 906 pages
Comment distinguer les causes instrumentales des causes intrinsèques ou extrinsèques? Quelle distinction établir entre préjugé et conviction? Que signifie au juste syllogisme? Voilà quelques-unes des multiples questions qu’abordent ce manuel… et le cours dont il est issu. Offert depuis plus de deux décennies à la Faculté, ce cours s’adresse aux futurs ingénieurs, administrateurs, artistes et autres professionnels. Il permet à tous de structurer leur pensée et d’organiser leurs arguments. «Bien souvent, les gens ne manquent pas d’information, mais d’organisation: dans leur tête, le savoir est empilé, tout est sur un même pied», souligne l’auteur. Au fil des cours comme au fil des chapitres du livre, on peut apprendre à faire le tri d’information. Lectures et exemples tirés d’horizons divers aident à départager l’essentiel et les détails d’un texte ou d’une pensée, à établir un raisonnement qui ne tourne pas en rond.

Thomas De Koninck, attiseur de consciences
Thierry Bissonnette (Philosophie 1994; Français 1999 et 2005)
Éditions Varia, 90 pages
Rédigée à partir d’entretiens accordés par Thomas De Koninck, de la Faculté de philosophie, cette plaquette offre le portrait d’un humaniste fascinant, capable d’entraîner le lecteur sur tous les chemins de la pensée philosophique. Si le livre contient quelques éléments biographiques, c’est avant tout les réflexions de l’homme qui y sont présentées, avec clarté et concision.

Bourgault
Jean-François Nadeau (Science politique 1992 et 1995)
Lux Éditeur, 707 pages
Pour réaliser cette biographie de Pierre Bourgault, l’auteur a sillonné le Québec et rencontré des centaines de personnes. Résultat: le portrait fascinant d’un maître de la parole et d’un esprit libre, que sa fougue et son charisme ont fait autant détester que célébrer.

La gouvernance d’entreprise: perspectives juridiques

Emmanuelle Létourneau (Droit 1996)
Éditions Yvon Blais, feuilles mobiles
Cet ouvrage présente et analyse les nouvelles règles de gouvernance d’entreprise. Il s’adresse donc aux dirigeants, actionnaires et membres de conseils d’administration de sociétés, mais aussi aux personnes qui s’intéressent au nouvel encadrement législatif d’un secteur aux prises avec des scandales financiers.

Des pas sur la page
Marité Villeneuve (Français 1987)
Éditions Fides, 142 pages
Sous-titré L’écriture comme chemin, cet essai propose une réflexion sur l’acte d’écrire comme outil de connaissance de soi. L’auteure, qui possède un bagage de psychologue, d’écrivaine et d’animatrice d’ateliers d’écriture créative, fait appel aux références théoriques, mais surtout à ses expériences.

Les touristes ne vont pas à Abalak
Louise Dallaire (Enseignement langue seconde 1975)
L’ABC de l’édition, 199 pages
Récit touchant d’un voyage au nord du Niger. On y voit l’auteure, nouvellement retraitée, plonger dans ce qui lui semble être tout droit sorti du National Geographic de son enfance: une fête des peuples nomades du désert.

Marcher sur l’eau
Lyse Charuest (Français 1980, 1995 et 2004)
L’instant même, 193 pages
À la fin des années 1930, de retour au Québec après 30 ans d’exil en Europe et en Chine, un peintre natif du Bas-Saint-Laurent tente de dénouer les fils de son passé. L’auteure offre ainsi une peinture sensible du milieu rural québécois de la fin du XIXe siècle.

La lenteur du monde
Michel Pleau (Bacc. général 1984; Français 1992)
Éditions David, 59 pages
Les 13 poèmes qui forment ce recueil évoquent tout en délicatesse la beauté du monde intérieur à coup d’images tirées de la nature. Avec sa poésie dépouillée, l’auteur a remporté les prix Alphonse-Piché, Octave-Crémazie et Félix-Antoine-Savard.

Lustucru et le grand loup bleu
Benoît Lacroix (Physique 1995; Génie métallurgique 1999)
Éditions Bayard Canada, 39 pages
Destiné aux 6 à 8 ans, ce récit fantastique et humoristique met en scène un Terrien de l’an 2366 et son ami de la planète Coconotte, tous deux en butte avec un méchant loup. Belles illustrations de Sampar.

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L’Université est de la fête! http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/luniversite-est-de-la-fete-462/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid C’est sous le thème «Comment l’Université change le monde» que se dérouleront les activités organisées par l’Université Laval à l’occasion du 400e anniversaire de la fondation de la Ville. «Nous avons choisi ce thème avec l’idée que l’Université, par …

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C’est sous le thème «Comment l’Université change le monde» que se dérouleront les activités organisées par l’Université Laval à l’occasion du 400e anniversaire de la fondation de la Ville. «Nous avons choisi ce thème avec l’idée que l’Université, par ses découvertes et ses innovations, avait grandement contribué à l’édification de la société québécoise, résume Jean-Marie De Koninck, président du Comité de l’Université Laval pour le 400e anniversaire de Québec. Notre établissement a joué un rôle de premier plan dans le rayonnement de Québec et nous souhaitons que ses innovations reçoivent l’attention méritée.»

Exposition, dictée et poésie

L’événement majeur sera d’ailleurs une grande exposition scientifique interactive s’inspirant de découvertes et d’innovations réalisées à l’Université depuis ses débuts. L’exposition sera présentée du 20 juin au 20 août au cœur du Vieux-Québec, dans les locaux de la Faculté d’aménagement, d’architecture et des arts visuels (Séminaire de Québec).

Des exemples de ces découvertes? «Dans les années 1930, souligne Jean-Marie De Koninck, un professeur de chimie a découvert une molécule encore utilisée de nos jours dans la fabrication et la conservation du sirop d’érable. On peut dire que cette découverte a changé la vie de beaucoup de monde. Je pense aussi aux travaux d’Angelo Tremblay, dont les recherches sur l’obésité et l’alimentation ont fait le tour du monde.» Les innovations retenues seront mises en valeur par une équipe de muséologues de l’Université au cours de l’hiver.

Autre activité au programme: la dictée des disciplines. Il s’agit de textes rédigés par différents membres de la communauté universitaire. Chaque texte sera lié à un domaine d’études. Le grand public ainsi que les élèves du secondaire et du collégial pourront y mesurer la qualité de leur français écrit. Selon M. De Koninck, cette activité fera prendre conscience de l’importance d’un français écrit de qualité dans toutes les disciplines.

Enfin, en mars, aura lieu une nuit de la création. L’événement se déroulera sur le campus, au grand studio du Laboratoire des nouvelles technologies de l’image, du son et de la scène (LANTISS). La scène sera ouverte toute la nuit à la parole et à la poésie, dans un espace habité par les images, les sons et la lumière. La culture francophone sera à l’honneur dans cet espace qui accueillera notamment des écrivains et des historiens.

Et plus encore…

Outre ces trois apports aux festivités, l’Université sera associée à plusieurs activités liées au 400e, en plus d’organiser des congrès et événements nationaux ou internationaux qu’on a choisi de tenir à Québec pour l’occasion. Par exemple, en août, la Faculté de musique accueillera les finales du Concours des jeunes du Canada. Et c’est la maquette Québec 2108, créée par des étudiants en architecture, qui offrira un voyage vers le futur aux visiteurs du Musée de la civilisation toute l’année. Ces événements et bien d’autres seront annoncés à partir de février sur le site www.400.ulaval.ca.

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Ce que vous en pensez http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/ce-que-vous-en-pensez-622/ Wed, 09 Jan 2008 05:00:00 +0000 http://testguid UN CD DISPONIBLE
Benoit Doiron (Chimie 1971)

Dans votre article intitulé: «François Leclerc, aux oreilles de Champlain», vous décrivez son CD émis par Terra Nova. Pouvez-vous me laisser savoir où je pourrais me le procurer?

Excellent travail à…

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UN CD DISPONIBLE
Benoit Doiron (Chimie 1971)

Dans votre article intitulé: «François Leclerc, aux oreilles de Champlain», vous décrivez son CD émis par Terra Nova. Pouvez-vous me laisser savoir où je pourrais me le procurer?

Excellent travail à toute l’équipe Contact!

NDLR : on peut commander le disque: viamusique.ca/400disques.html; le CD est aussi vendu dans tous les kiosques de souvenirs du 400e.

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QUÉBEC, AVEC LES MOTS DE CHAMPLAIN
Denis Grégoire de Blois, Ottawa

J’ai lu avec attention les textes du numéro Hiver 2008 et je me permets de vous offrir quelques commentaires.

C’est sous le patronage de l’Université Laval que, pour la première fois en 1870, l’ensemble des Œuvres de Champlain furent publiées par l’abbé Laverdière, professeur d’histoire à l’Université Laval. Je possède un exemplaire de la seconde édition, en trois tomes, d’où je tire les extraits suivants au sujet de la flore de la région de Québec. Les Œuvres de Champlain ont été rééditées en 1973.

(passage de Champlain en 1603) «… Au bout de laditte ifle, ie vy vn torrent d’eau (ndlr : les chutes Montmorency) qui desbordoit de dessus une grande montaigne de laditte riuiere de Canadas, & dessus la ditte montaigne est terre unie & plaisante à veoir, bien que dedans les dittes terres lL’on voit de haultes montaignes, qui peuvent estre à quelques vingt ou vingt-cinq lieues dans les terres, qui font proches du premier sault du Saguenay. Nous vinsmes mouiller l’ancre à Québec, qui est un destroict de laditte riviere de Canadas, qui a quelque trois cens pas de large. Il y a à ce destroict, du costé du Nort, une montaigne assez haulte, qui va en abaissant des deux costez; tout le reste est pays uny & beau, où il y a de bonnes terres pleines d’arbres, comme chesnes, cyprés, boulles, sapins & trembles, & autres arbres fruictiers sauvages, & vignes; qui faict qu’à mon opinion, si elles estoient cultivées, elles seroient bonne comme les nostres. Il y a long de la coste dudict Quebec, des diamants dans des rochers d’ardoyse, qui sont meilleurs que ceux d’Alençon …»
    Œuvres de Champlain, Québec, 1870, I-II-III, p. 89-90

(Champlain de retour à Québec en 1608) «De l’ifle d’Orléans iusques à Quebecq, y a vue lieue, & y arrivay le 3, luillet : où estant, ie cherchay lieu propre pour nostre habitation, mais ie n’en peu prouver de plus commode, ny mieux situé que la pointe de Quebecq, ainsi appelle des sauvages, laquelle estoit remplie de noyers. Aussitost j’emploiay vue partie de nos ouvriers à les abbatre pour y faire nostre habitation, l’autre à fcier des aix, & l’autre fouiller la cave & faire des fossez : & l’autre à aller quérir nos commoditez à Tadoussac avec la barque. La première chose que nous fismes fut le magazin pour mettre nos vivres à couvert, qui fut promptement fait par la diligence d un chacun, & le soin que l’en eu.»
     Œuvres de Champlain, Québec, 1870, I-II-II, p. 296

(Dans l’édition de 1632, Champlain ajoute) «ie fis mettre tout le reste à défricher autour de l’habitation, afin de faire des jardinages pour y semer des grains & graines, pour voir comme le tout succederoit, d’autant que la terre paroissoit fort bonne.»
    Œuvres de Champlain, Québec, 1870, IV-VI, p. 793

L’autre article de ce numéro commence, pour la période de 1608-1759, par «Il était une fois quelques centaines de Français…». Sur la base des écrits de Champlain, Mgr Tanguay, statisticien à Ottawa, avant d’être généalogiste, a établi l’évolution de la population de Québec entre 1608 et 1629, année de la prise de Québec par les frères Kirke. Entre 1608, alors que le nombre d’hivernants a été de 25, et 1628, alors que le nombre d’hivernants a été 55, le nombre maximum d’hivernants a été de 79, en 1621. Il a atteint le nombre de 112 en 1629, en raison de la présence de soldats anglais qui n’avaient rien de colons. En 1631, il y avait 101 hivernants à Québec. Il faudra attendra la vague d’immigration du Perche, à compter de 1632, et le retour de Champlain en 1633 pour finalement voir la population de Québec augmenter substantiellement.
    À travers les Registres, Mgr Tanguay, Montréal, 1886

Dans le même article, en se référant à Samuel de Champlain, on utilise le qualificatif «l’énigmatique». J’en fus estomaqué. De tous les personnages de cette époque, il me semblait que Champlain fût l’un des mieux connus. Nous ne savons rien de son enfance, mais sa vie d’explorateur est mieux documentée que la plupart des gens de son époque.

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