Archives des Automne 2018 - Contact http://www.contact.ulaval.ca La zone d'échange entre l'Université, ses diplômés, ses donateurs et vous. Mon, 11 Feb 2019 15:51:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.1 4 traits du TDAH chez l’adulte http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/quatre-traits-du-tdah-chez-ladulte/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/quatre-traits-du-tdah-chez-ladulte/#comments Wed, 19 Sep 2018 17:30:00 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006298 Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’enfant est bien connu, ses manifestations et ses conséquences largement documentées. On parle toutefois peu de sa présence chez l’adulte. Pourtant, il est maintenant montré que le TDAH …

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Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’enfant est bien connu, ses manifestations et ses conséquences largement documentées. On parle toutefois peu de sa présence chez l’adulte. Pourtant, il est maintenant montré que le TDAH persiste à l’âge adulte, même s’il se manifeste autrement que durant l’enfance. Comme les critères diagnostiques du TDAH sont relativement récents, plusieurs personnes atteintes ont passé leur enfance et leur adolescence sans recevoir de diagnostic. Adultes, elles éprouvent des problèmes d’attention et d’organisation difficiles à conjuguer avec la vie quotidienne. Louis Laplante, neuropsychologue et coordonnateur des services cliniques du Service de consultation de l’École de psychologie, présente quatre traits du TDAH chez l’adulte.

1- Le manque d’organisation
Difficultés à planifier les activités quotidiennes, maison et espace de travail en désordre, défaut d’assiduité, retards nombreux: le manque d’organisation est l’un des traits prédominants du TDAH chez l’adulte et souvent le premier élément reproché par l’entourage de la personne atteinte.

Considéré moins dérangeant chez l’enfant, ce trait devient plus préoccupant à l’âge adulte. Les exigences et les contraintes augmentent en vieillissant, et ce, sur différents plans: travail, maison, famille, loisirs. Par ailleurs, l’encadrement familial dont bénéficiait souvent l’enfant atteint se fait moins présent à mesure qu’il gagne en âge, le laissant démuni face à la gestion de ses nouvelles responsabilités. C’est à ce moment que le bât blesse, particulièrement au boulot. Comme la désorganisation des gens atteints du TDAH peut affecter le travail de leurs collègues, elle devient plus apparente, plus problématique. Elle peut causer de nombreuses frictions et même, parfois, mener au congédiement.

2- La distractibilité
Un autre trait bien connu du TDAH chez l’adulte est la distractibilité, soit la susceptibilité d’une personne à l’interférence exercée par les stimuli externes et internes. La majorité des gens trient les stimuli environnants pour déterminer s’ils sont utiles ou non à leurs tâches du moment. Chez les personnes avec un TDAH, ce filtre attentionnel est défaillant. Chaque bruit, chaque mouvement est perçu et traité également par leur cerveau, ce qui les empêche de se concentrer sur une tâche en particulier. Les stimuli peuvent également être internes. Certaines personnes atteintes d’un TDAH les définissent comme un chaos d’idées ininterrompu. Le langage intérieur, présent chez tous les individus, est habituellement modulable: j’interromps mon travail pour penser au souper, puis je me remets à la tâche. Avec le TDAH, l’idée du souper amène une quantité d’autres pensées, ne laissant plus de place au traitement de l’information nécessaire pour accomplir la tâche première.

3- L’impulsivité
Un troisième trait important du TDAH chez l’adulte est l’impulsivité. Même si certains individus atteints de ce trouble disent ressentir une agitation intérieure constante, les conventions sociales endiguent leurs comportements d’impulsivité motrice lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. On observe davantage chez eux des comportements de microagitation comme gigoter sur sa chaise, se tordre les mains, jouer avec une mèche de cheveux ou s’impatienter dans une file. Cela dit, l’impulsivité sera plus présente sur le plan verbal. Les adultes atteints d’un TDAH se font souvent reprocher de couper la parole, de compléter les phrases des autres, d’intervenir à des moments inopportuns d’une conversation ou lors d’une réunion. Ils ont aussi tendance à dire des choses qui dépassent leur pensée, leur filtre inhibiteur faisant défaut.

4- Le sentiment d’échec et les malaises intérieurs
Les traits précédemment mentionnés et les comportements qui y sont associés peuvent entraîner de graves conséquences dans différentes sphères de la vie des gens ayant un TDAH: difficultés relationnelles dans la vie privée ou professionnelle, embûches au boulot, difficultés financières dues à une mauvaise gestion de leurs avoirs et de leurs factures… Ces revers répétés instillent un fort sentiment d’échec chez ces personnes et diminuent grandement leur estime d’elles-mêmes. Ne connaissant pas les manifestations du trouble dont elles sont atteintes, elles ne savent pas comment pallier leurs difficultés cognitives et leurs comportements préjudiciables.

De plus, diverses études ont démontré que le TDAH chez l’adulte augmente la vulnérabilité à certains autres problèmes de santé mentale, particulièrement l’anxiété et la dépression. Ces études n’ont pas établi s’il s’agit de troubles associés au TDAH ou s’ils en sont une conséquence. On suppose toutefois que la faible estime de soi et le fort sentiment d’échec ressentis peuvent expliquer l’apparition de ces troubles de santé mentale.

Il importe donc que les adultes croyant être atteints d’un TDAH consultent un spécialiste afin de recevoir un diagnostic adéquat. Par la suite, ils doivent s’assurer d’obtenir une aide personnalisée nécessaire pour améliorer leur situation et trouver des solutions adaptées à leur quotidien et à leurs difficultés.

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Ces chercheurs qui inventent http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/ces-chercheurs-qui-inventent/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/ces-chercheurs-qui-inventent/#respond Wed, 19 Sep 2018 17:25:41 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006302 Eurêka! C’est probablement ce qu’a crié Tatjana Stevanovic, professeure au Département des sciences du bois et de la forêt, lorsqu’elle a réussi à produire, pour la première fois, de la fibre de carbone à partir de résidus forestiers.

Mme Stevanovic …

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Eurêka! C’est probablement ce qu’a crié Tatjana Stevanovic, professeure au Département des sciences du bois et de la forêt, lorsqu’elle a réussi à produire, pour la première fois, de la fibre de carbone à partir de résidus forestiers.

Mme Stevanovic fait partie de ces chercheurs qui, en plus d’inventer un produit, ont osé prendre la route des affaires pour pousser leur décou­verte hors du labo. Tout comme l’ont fait les professeurs Clément Gosselin, du Département de génie mécanique, Guy Boivin, du Département de microbiologie-immunologie et infec­tiologie, Francesca Cicchetti, du Département de psychiatrie et de neurosciences, et Réal Vallée, du Département de physique, de génie physique et d’optique.

Ensemble, ces scientifiques cumulent 91 brevets, LA garantie officielle qu’une découverte est une invention avec un potentiel de commercialisation. Certains d’entre eux ont même tenté leur chance du côté de l’entrepreneuriat.

Cinq chercheurs, cinq parcours avec une trame commune: la recher­che, l’avancement des connaissances et la formation de la relève. Et tant mieux si leurs découvertes se taillent une place sur les marchés!

De la lignine dans nos autos?
La lignine, cette molécule extraordinaire qui permet aux arbres de se dresser vers le haut, fascine Tatjana Stevanovic depuis son doctorat. «La lignine est un matériau naturel très riche en carbone, qu’on trouve en abondance sur la terre et, pourtant, on ne lui avait décou­vert presque aucune application à haute valeur ajoutée», explique la chercheuse. Les papetières s’en débarrassent même comme d’un déchet lors du processus de fabrication du papier. Au mieux, la lignine est brûlée pour générer de l’énergie.

Après plusieurs années de recherche, Tatjana Stevanovic et son équipe ont mis au point un procédé qui utilise l’éthanol et l’eau comme solvants pour extraire la lignine pure des copeaux de bois. «J’ai tout de suite entrevu les possibilités de valorisation de ce produit naturel, notamment comme source renouvelable de carbone, révèle l’ingénieure. Nous avons réussi à faire fondre la lignine, à la filer, à la stabiliser thermiquement et à la mettre en bobine: une première!» Ce matériau deviendra intéressant pour l’industrie automobile afin de remplacer la fibre de carbone produite à partir de ressources pétrolières, qui sert à renforcer châssis et carrosserie.

La compagnie LEVACO, une société d’investissement, s’est rapidement intéressée au procédé de Tatjana Stevanovic. Elle a incité la chercheuse à breveter ses travaux. Avec l’aide de SOVAR, la société de valorisation de la recherche associée au campus, Mme Stevanovic dépose, en 2016, une demande au Canada, aux États-Unis et dans quelques pays européens. Pourquoi le brevet? «C’est d’abord un geste sentimental pour voir un jour le fruit de mes recherches prendre vie et, éventuellement, les commercialiser», répond-elle.

Jusqu’à maintenant, la production de cette lignine sous forme de fibres de carbone reste complexe et réalisable seulement en laboratoire. L’équipe de Mme Stevanovic travaille toute­fois à une solution qui permettrait une production en industrie. Son rêve? Rendre la fibre de carbone issue de la lignine encore plus résistante pour qu’elle soit utilisée dans le domaine aérospatial. 

Une main robotisée intelligente
L’invention de Clément Gosselin et de son équipe du Laboratoire de robotique, elle, a déjà une portée aéro­spatiale. En fait, la main robotisée qu’ils ont conçue a failli se retrouver sur le bras spatial canadien!

«Nous avons développé une main intelligente qui s’adapte, telle une main humaine, à la forme des objets, afin d’effectuer des tâches dangereuses pour les individus. Elle bouge grâce à un système mécaniquement intelligent, contrôlé par ordinateur, qui permet d’effectuer des mouvements de saisie autonome», explique l’ingénieur.

Tout de suite, la compagnie MDA, qui a notamment fabriqué le bras spatial canadien, a compris le potentiel de cette invention et a incité le chercheur à breveter ses différents concepts de robotique. MDA a pris une licence pour les applications spatiales alors que trois étudiants du laboratoire ont décidé de fonder la compagnie Robotiq pour exploiter les applications terrestres. Comme il estime n’avoir pas tellement l’esprit entrepreneurial, le professeur Gosselin était enchanté que les étudiants qu’il supervise prennent cet aspect en main.

Quelques années plus tard, le chercheur a travaillé avec la compagnie GM pour concevoir des robots collaboratifs qui peuvent assister les travailleurs sur les chaînes de montage. Encore une fois, c’est le partenaire industriel qui le pousse à breveter ses travaux. Clément Gosselin avoue que le processus de brevets est parfois long et coûteux. Toutefois, si l’innovation est commercialisée, le chercheur reçoit une partie des profits, de l’argent qui peut être réinvesti, en recherche par exemple. «Ce n’est pas tant le profit qui importe, soutient le professeur Gosselin, que le gain en visibilité et en crédibilité.» Son laboratoire est aujourd’hui considéré comme un pionnier dans le domaine des mains robotisées. Loin de s’asseoir sur ses brevets, Clément Gosselin travaille déjà sur le prochain concept robotique, sans viser nécessairement le brevet: «Pour moi, le brevet est un plus, pas une fin.»

Vers un antigrippe efficace?
Pour Guy Boivin, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les virus en émergence et la résistance aux antiviraux et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, le dépôt du brevet est plutôt le début du travail. Le professeur vient d’ailleurs de déposer une demande pour protéger sa dernière découverte: les propriétés antivirales de deux médicaments existants. «Nous avons trouvé que l’étiléfrine et le diltiazem, utilisés respectivement comme stimulant cardiaque chez les personnes souffrant d’hypotension et comme traitement de l’hypertension et de l’angine de poitrine, avaient une activité antivirale contre la grippe», explique-t-il.

Ce n’est pas la première fois que Guy Boivin trouve une utilité cachée à des médicaments commercialisés pour une tout autre raison. Avec son équipe, il a conçu une approche qui permet de vérifier l’effet de différents médicaments sur les gènes des cellules respiratoires humaines.

C’est lors d’une année d’étude de recherche au sein de l’Université Claude Bernard Lyon 1 que Guy Boivin a démystifié l’aventure des brevets. «Mes collègues lyonnais m’ont encouragé à breveter notre plateforme de repositionnement appelée Flunext, qui trouve une nouvelle utilité à des médicaments sur le marché. J’ai d’ailleurs survécu à ce processus parfois lourd grâce à leur expertise», se rappelle-t-il.

Avec ces mêmes collaborateurs, le microbiologiste-infectiologue a fondé, en 2017, la compagnie Signia Therapeutics, basée en France, qui se spécialise dans le repositionnement de médicaments pour traiter les infections respiratoires virales. «Nous avons pris des licences sur nos brevets auprès de nos universités, ce qui nous a permis de générer rapidement près d’un million de dollars en capital», signale le chercheur. Il voit la création d’une compagnie comme un levier auprès des industries pour, notamment, financer les essais cliniques. Dans les prochains mois, il prévoit d’ailleurs créer une filiale québécoise de Signia Therapeutics pour accéder aux programmes de subvention nord-américains et commercialiser ses antiviraux de ce côté de l’Atlantique.

Mieux traiter le parkinson
Francesca Cicchetti, comme Clément Gosselin, dit ne pas posséder la fibre entrepreneuriale. Elle préfère s’allier à un partenaire industriel plutôt que de créer sa propre entreprise. Des compagnies pharmaceutiques s’intéressent d’ailleurs au dernier brevet qu’elle vient de déposer avec ses collègues pour ce qui pourrait devenir le premier biomarqueur de la maladie de Parkinson.

Au Québec, plus de 25 000 personnes souffrent de cette maladie neurodégénérative, la plus répandue après l’alzheimer. Actuellement, on détecte le parkinson à l’aide de tests cliniques qui vérifient la présence et la sévérité de symptômes comme des tremblements, de la rigidité et des problèmes cognitifs. Toutefois, seules des analyses post-mortem de tissus cérébraux peuvent confirmer le diagnostic. Dans l’espoir de dépister la maladie plus rapidement et plus efficacement, Mme Cicchetti et les membres de son équipe ont comparé le sang de personnes atteintes avec celui de sujets sains. Après maintes analyses, ils ont trouvé que le sang des malades contient plus de microvésicules extra­cellulaires. Plus encore, il existe une correspondance entre le nombre de microvésicules présentes, en particulier celles provenant des globules rouges, et les stades de la maladie.

Tout de suite, la neurobiologiste a voulu protéger la propriété intellectuelle de cette découverte. Ce n’était pas sa première demande de brevet. En 2011, elle en avait déposé une pour la cystamine, un médicament qui, chez l’animal, arrive à renverser certains aspects pathologiques associés au parkinson, tels que les troubles de motricité. La cystamine étant déjà utilisée dans le traitement d’autres maladies, l’innovation tient dans sa nouvelle application. C’est une compagnie pharmaceutique qui a approché la chercheuse pour lui demander de breveter sa découverte.

Le processus ne fut pas facile. Les États-Unis lui ont donné des maux de tête, car un autre chercheur aurait déposé le même genre de demande peu de temps avant elle.

Bien que Francesca Cicchetti ait pu obtenir le brevet dans plusieurs pays, la protection de sa découverte aux États-Unis, un des marchés les plus importants en pharmacie, demeure toujours impossible. Loin de se laisser abattre, la professeure fait actuellement des demandes de subventions pour faire ses propres essais cliniques et espère trouver un nouveau partenaire industriel. La patience est souvent de mise sur la route de l’innovation! 

À la vitesse laser
Directeur du Centre d’optique, photonique et laser (COPL), Réal Vallée cumule les brevets et les démarrages d’entreprises dérivées. «Pas pour faire de l’argent, dit-il. Pour moi, breveter, c’est valoriser et transférer mes recherches vers une entreprise qui pourra les transformer en produit commercialisable.» Certaines innovations, nuance le professeur, ne se révèlent intéressantes commercialement que plusieurs années après l’obtention d’un brevet. Cette réalité ne le décourage pas.

Parmi les percées scientifiques auxquelles le chercheur et son équipe ont contribué, mentionnons un système d’usinage utilisant un nouveau type de laser à fibre qui peut découper, souder ou percer très précisément des matériaux polymères. Ou encore, des capteurs optiques microscopiques qui peuvent commander les neurones en les activant et en les désactivant afin d’étudier le tissu cérébral, suivre la progression de maladies neurodégénératives ainsi que les effets de traitements.

«Également, avec mon équipe, j’ai une demande de brevet en cours pour un système compact de laser à fibre femtosecondes, conçu notamment pour des applications biomédicales», signale Réal Vallée. Une femtoseconde, c’est un millionième de milliardième de seconde. Le chercheur explique qu’à cette vitesse, la lumière du laser agit de façon si précise, lorsqu’elle entre en contact avec un matériau ou un tissu humain, qu’elle ne cause pas de déformation de la matière attribuable à la chaleur. Des caractéristiques pratiques en médecine. «On peut aussi utiliser notre laser comme scalpel sans risque de dommages collatéraux pour nos tissus», précise le professeur.

Si le chercheur a beaucoup d’idées d’entreprises sur la table pour les travaux réalisés au COPL, il a aussi compris que sa force, c’est la recherche. «Mon rôle, c’est d’appuyer de jeunes entrepreneurs. Je viens ainsi renforcer la gamme d’entreprises en photonique et je m’assure que nos travaux soient valorisés», soutient-il. C’est ainsi qu’il agit en tant qu’actionnaire minoritaire dans l’entreprise FEMTUM, démarrée par deux étudiants du COPL pour commercialiser le nouveau type de laser à fibre ultrarapide. Le chercheur peut ainsi se concentrer sur la prochaine innovation en photonique, tout en gardant un œil paternel sur celles sorties de son laboratoire.


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Un brevet, mais encore?
«Un brevet, c’est avant tout un outil de valori­sation et de transfert de connaissances qui permet d’intéresser le milieu industriel aux technologies conçues à l’Université», rappelle Jean-François Simard, directeur du Bureau de liaison université-milieu et adjoint à la vice-rectrice à la recherche, à la création et à l’innovation. Chaque année, le campus reçoit plus d’une vingtaine de divulgations d’invention, première étape vers le brevet. Certaines se convertiront en brevets, d’autres non, faute de potentiel commercial ou de données probantes suffisantes. Parmi les brevets obtenus, quelques-uns seront abandonnés après deux ou trois ans s’ils ne trouvent pas preneur.

Avec 1600 chercheurs sur le campus, on peut sourciller devant la petite quantité de divulgations d’invention annuellement. «Contrairement aux Américains, les chercheurs québécois n’ont pas encore cet instinct de breveter, explique la chercheuse Francesca Cicchetti. On pense plutôt à publier ou à présenter nos résultats dans des colloques.» À ce sujet, le microbiologiste-infectiologue Guy Boivin suggère d’attendre parfois un peu avant de publier, ou encore de garder certains résultats pour les brevets et d’autres pour les articles. Jean-François Simard ajoute cependant que, pour plusieurs chercheurs, le brevet ne sera jamais une option. Par exemple, un logiciel ou un algorithme se brevètent très difficilement. En date du 31 mars 2018, l’Université Laval détient tout de même 571 brevets actifs.

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L’intelligence émotionnelle au travail http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/lintelligence-emotionnelle-au-travail/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/lintelligence-emotionnelle-au-travail/#comments Wed, 19 Sep 2018 17:20:48 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006294 Compétitivité, révolution numérique, économie mondialisée, les transformations du monde du travail exercent une forte pression en entreprise, tant sur les dirigeants que sur les employés. Dans ce contexte, comment maintenir la motivation et le mieux-être des troupes? Une réponse circule …

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Compétitivité, révolution numérique, économie mondialisée, les transformations du monde du travail exercent une forte pression en entreprise, tant sur les dirigeants que sur les employés. Dans ce contexte, comment maintenir la motivation et le mieux-être des troupes? Une réponse circule de plus en plus dans le monde du management: l’intelligence émotionnelle, pressentie comme une compétence clé pour relever ce défi. L’intérêt pour cette tendance grandit. Si bien qu’elle apparaît, selon le Forum économique mondial, parmi les 10 outils essentiels pour soutenir l’avenir des organisations.

Psychologue du travail et professeur titulaire au Département de management, Charles Baron s’intéresse à la question. Spécialisé en leadership et en innovation collective, il a fondé le programme LEADERS qui s’emploie à soutenir le développement d’un leadership plus authentique chez les gestionnaires. Il trace ici les grandes lignes du concept d’intelligence émotionnelle et de ses applications au travail.

Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle?
L’intelligence émotionnelle, c’est la capacité d’écouter et de mettre en commun ce que notre tête et notre cœur nous disent et d’agir en tenant compte des deux à la fois. Dans la vie de tous les jours, nous posons des gestes en nous basant sur des informations dont certaines sont transmises par notre tête et d’autres par notre cœur. Souvent, nous avons tendance à opposer ces deux parties, rationnelle et émotionnelle. Pourtant, chacune prise séparément nous donne accès à une analyse partielle et biaisée d’une situation donnée. Faire appel à notre intelligence émotionnelle permet de concilier les deux et, donc, de prendre de meilleures décisions et de poser des gestes plus justes et à propos.

Quels renseignements utiles peut-on tirer de nos émotions?
Les émotions nous renseignent généralement sur le degré de satisfaction de nos propres besoins et de ceux de notre entourage. C’est une forme d’analyse très rapide, ressentie dans le corps. Plusieurs recherches démontrent que nous disposons de suffisamment de neurones dans le cœur et les autres viscères pour considérer qu’ils incarnent un cerveau en soi. Nos émotions sont donc porteuses d’intuitions et de savoirs, et peuvent nous aider à y voir plus clair, à faire preuve de discernement dans une situation donnée.

Par ailleurs, nos émotions influencent nos battements cardiaques et le champ électromagnétique qu’ils suscitent. Or, ce champ magnétique altère le battement cardiaque et l’expérience émotionnelle des personnes autour de nous. Ce phénomène s’appelle la résonance émotionnelle. Cette résonance est particulièrement critique et importante lorsqu’un groupe est soumis à des émotions fortes. Ces émotions ont alors tendance à s’accorder, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, être sensible à soi-même et aux autres permet d’avoir des contacts beaucoup plus harmonieux avec notre entourage.

Comment ces notions s’appliquent-elles en milieu de travail?
Selon le psychologue américain Daniel Goleman, ayant popularisé le concept de l’intelligence émotionnelle, les dirigeants ou gestionnaires qui en sont dotés vont non seulement déceler les moments où leurs employés sont aux prises avec des émotions dites destructrices, comme la peur ou la colère, mais ils vont aussi tout mettre en œuvre pour les aider à s’en extirper. Pour ce faire, ces mêmes gestionnaires gagneront à reconnaître ces émotions lorsqu’elles les tenaillent eux-mêmes.

Ainsi, un gestionnaire préoccupé par la réalisation d’objectifs stratégiques sera beaucoup plus en phase avec ses collaborateurs et son environnement en reconnaissant et en remettant en perspective ses propres craintes de ne pas réussir à atteindre ces objectifs. Loin de le poser en victime, la juste interprétation de son expérience émotionnelle lui permet d’endosser un rôle d’allié désireux de changer les choses, dans une ambiance de saine collaboration.

Dans ce contexte, diriger est donc bien différent de contrôler…
«Diriger, ce n’est pas dominer, c’est savoir persuader les autres de travailler pour atteindre un but commun», affirme Daniel Goleman. Cet énoncé renvoie à la distinction qu’on peut faire entre autorité et leadership. Souvent, lorsqu’on est en position d’autorité, il est tentant d’utiliser des stratégies de contrôle et de coercition. Or, les membres d’une organisation donnent rarement le meilleur d’eux-mêmes à des dirigeants contrôlants ou autoritaires. Le plus souvent, ces membres vont travailler juste ce qu’il faut pour ne pas être pénalisés, se limitant à répondre aux attentes de façon à assurer leur sécurité et à maximiser leurs intérêts personnels à court terme. Adieu alors la mobilisation et le bien commun! Par contre, dans une logique de sain leadership, le gestionnaire se mettra à l’écoute des aspirations et des besoins des gens autour de lui pour mieux les aligner sur une mission commune. Quand un leader semble pouvoir répondre à ces aspirations, ses collaborateurs vont être prêts à le suivre. D’ailleurs, dans sa plus noble expression, le leadership est compris comme le pouvoir d’influence qu’on prête à une personne qui nous aide à répondre à nos besoins de sens, de maîtrise et de solidarité.

Y a-t-il des pratiques concrètes qui aident à appliquer cette approche dans les organisations?
Il y a un lien très important à faire entre l’intelligence émotionnelle et cette capacité désignée comme la présence attentive (mindfulness) aussi appelée méditation pleine conscience. Inspiré par Mario Cayer, également professeur au Département de management, j’ai commencé à enseigner la méditation aux gestionnaires, il y a une quinzaine d’années. À l’époque, nous n’osions pas prononcer le mot «méditation» considéré comme trop ésotérique! Aujourd’hui, la présence attentive est reconnue comme ayant de multiples vertus. Entre autres, elle permet de suspendre notre «pilote automatique» pour mieux lire le contexte dans lequel on intervient et les besoins qui en découlent. Quand on commence cette pratique, on réalise à quel point on contrôle peu notre mental et comment les idées se bousculent parfois dans notre esprit. Comment aussi nos pensées, nos émotions et nos intentions sont conditionnées par des automatismes. En étant plus présent à soi-même, on est plus à même de prévoir les particularités d’une situation et d’agir en conséquence.

Cette capacité peut avoir des effets très bénéfiques en contexte de travail. Grâce à elle, un gestionnaire qui a l’impression qu’un employé ne donne pas son plein rendement pourra, plutôt que lui mettre de la pression, se placer en mode écoute et s’apercevoir que celui-ci, par exemple, fait face à un drame dans sa vie personnelle. En reconnaissant avec bienveillance le vécu et les besoins de son employé, ce gestionnaire sera beaucoup plus à même de faire alliance avec lui. Ainsi, il est fort probable que les choses s’amélioreront.

Pourquoi dit-on de l’intelligence émotionnelle qu’elle est plus que jamais cruciale dans les organisations?
Actuellement, les réalités organisationnelles changent à un rythme effréné. Les organisations sont face à des défis technologiques, économiques et sociaux sans précédent. Le fait de prendre appui sur d’anciennes habitudes pour composer avec de nouveaux défis n’aide certainement pas à atteindre les buts fixés. Les organisations sont donc appelées à les dépasser pour s’adapter aux réalités d’aujourd’hui tout en se transformant sur une base continue. Or, l’intelligence émotionnelle et la présence attentive permettent de prendre conscience de nos habitudes de pensée et de les revoir. Une organisation gagnera donc à cultiver ces capacités pour que ses acteurs reconnaissent et dépassent les limites de leurs stratégies habituelles afin d’en développer de nouvelles, plus adaptées. En fait, notre aptitude à apprendre et à innover dépend de notre capacité à accueillir et à investiguer nos expériences avec bienveillance, qu’elles soient agréables ou non. Et un véritable leader aidera les membres de son équipe à reconnaître que, si agir d’une certaine façon a pu être efficace dans le passé, désormais, la solution réside ailleurs. Nous entrons donc dans une ère où les acteurs organisationnels gagnent à se voir, les uns les autres, comme des partenaires d’apprentissage et d’innovation.

Cette approche encourage donc la force du groupe?
Tout à fait. Et plus on aura conscience de ne pas détenir seul la vérité, plus on reconnaîtra qu’on a besoin les uns des autres, plus on aura des organisations viables, agréables et productives. La clé du succès n’est pas dans la recherche de performance comme but premier. En revanche, la performance découle de la maîtrise de soi et du respect d’autrui. La beauté de l’affaire, c’est qu’en reconnaissant leurs limites et leurs besoins de soutien mutuel pour réaliser leur mission commune, les membres d’une organisation peuvent se dépasser en contribuant au bien commun. C’est là une des plus grandes satisfactions qu’on puisse espérer vivre au travail. C’est un peu le message qu’a voulu transmettre le président John F. Kennedy à ses compatriotes quand il a dit: «Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays.»

Comment enseigne-t-on l’intelligence émotionnelle aux cadres et aux dirigeants?
À la Faculté des sciences de l’administration, un nouveau programme – intitulé LEADERS – prend place cet automne. S’adressant à des dirigeants et à des gestionnaires, il vise à favoriser le développement d’un leadership plus authentique, sage et courageux. L’accent est mis sur les façons de soutenir les transformations des gens autour de soi. Basé sur l’expérience, LEADERS invite ses participants à des pratiques de présence attentive et de développement personnel. Ces pratiques leur permettent d’être plus conscients et de s’affranchir des limites de leurs modèles mentaux, de leurs attachements à certaines idées ou habitudes, etc. Les participants sont aussi initiés à l’utilisation d’une communication dite non violente. Cette méthode s’articule autour des besoins de chacun et permet d’arriver à une compréhension et à des solutions mutuellement satisfaisantes. Enfin, les participants sont invités à élaborer un projet de développement personnel autour du pouvoir, du leadership, de l’autorité ou des habiletés politiques. L’exercice d’une autorité saine est ainsi abordé. Comme je l’ai mentionné précédemment, on associe trop souvent, à tort, l’autorité à l’autoritarisme, à l’abus de pouvoir, au contrôle, alors que l’autorité saine ne peut être dissociée de la bienveillance.

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Quel avenir pour les proches aidants? http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/quel-avenir-pour-les-proches-aidants/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/quel-avenir-pour-les-proches-aidants/#comments Wed, 19 Sep 2018 17:15:26 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006296 Ils apportent un soutien essentiel à leur enfant handicapé, à leur conjoint atteint de cancer, à leur parent âgé en perte d’autonomie. Les cas de figure sont multiples, et se multiplient. Les données de l’Enquête sociale générale 2012, citées par …

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Ils apportent un soutien essentiel à leur enfant handicapé, à leur conjoint atteint de cancer, à leur parent âgé en perte d’autonomie. Les cas de figure sont multiples, et se multiplient. Les données de l’Enquête sociale générale 2012, citées par l’Institut de la statistique du Québec (2015), montraient qu’une personne sur quatre, âgée de 15 ans et plus, est une proche aidante ou un proche aidant. Actuellement, près de 80% de toute «l’aide aux bénéficiaires» prodiguée au Québec l’est par des proches aidants, sur une base volontaire. L’État évalue à plus de cinq milliards de dollars la valeur de leurs services.

Depuis longtemps, les proches aidants réclament des gouvernements une reconnaissance qui refléterait cette valeur. De récentes initiatives semblent pointer vers cette direction. Par exemple, l’annonce, en décembre 2017, d’un assouplissement, par le gouvernement fédéral, des règles de prestations d’assurance-emploi auxquelles certains proches aidants pourraient devenir admissibles. Mais, au-delà des politiques, ce rôle, par ailleurs davantage féminin que masculin, est-il le reflet d’un choix fait en toute liberté par celles et ceux qui l’endossent, malgré toute leur bonne volonté?

La proche aidance, une question de choix?
«On ne peut pas se dissocier facilement de la proche aidance lorsqu’un membre de notre famille se retrouve en situation de maladie ou d’invalidité, note d’entrée de jeu Sophie Éthier, professeure agrégée à l’École de travail social et de criminologie. Pour la plupart d’entre nous, veiller aux soins de nos proches, c’est dans nos gènes! Les gens le font sans se poser de question, spontanément en quelque sorte.» Or, précise-t-elle, si protéger et prendre soin de sa famille est une prédisposition somme toute innée, ce n’est pas le cas pour tout ce qui en découle. Là s’arrête la limite d’une capacité qui serait «naturelle». Professeur titulaire et directeur de l’École de psychologie, Jean Vézina abonde dans le même sens. «Si aider est un élan naturel, l’ampleur de la tâche à assumer lorsque la situation se prolonge, parfois même au détriment de sa propre santé, ne l’est pas». Cette figure des soins apportés aux proches comme allant de soi découle d’une vision historique, explique-t-il. La proche aidance ayant toujours existé, elle est perçue comme étant normale.

D’ailleurs, la dénomination «aidant naturel» était utilisée dans les premières recherches sur la question, menées dans les années 1990. Désormais, pour éviter l’ambiguïté, on parle de «proche aidant». Ce terme demeure toutefois vaste et imprécis, car cibler à partir de quand une personne est considérée comme proche aidante relève d’un exercice ardu, note Jean Vézina. Le professeur donne pour exemple le cas d’un jeune qui va tondre la pelouse chez son oncle aux prises avec une maladie dégénérative. «Doit-on le considérer comme un proche aidant? Il n’est certainement pas aussi impliqué dans les soins que l’est la conjointe du malade quotidiennement, mais il aide, à sa mesure. Les membres de la famille qui se relaient pour s’occuper d’un malade ne se partagent pas tous la tâche à parts égales… alors qui est proche aidant et qui ne l’est pas?»

Par conséquent, encore aujourd’hui, la grande majorité des proches aidants ne s’identifient pas comme tels, soutient le professeur. «Ils estiment simplement qu’ils font ce qu’ils doivent pour la famille. C’est une tâche complexe de les reconnaître avec précision, de les dénombrer et, donc, de leur venir en aide.»

Aider au-delà du possible
Travailleuse sociale spécialisée en gérontologie et assistante auxiliaire d’enseignement à l’École de travail social et de criminologie, Carolanne Lauzer observe dans son travail au quotidien que la proche aidance se conjugue parfois difficilement avec les nouveaux modèles familiaux. «Chez certains, on voit une belle mobilisation de tous les membres, précise-t-elle. Mais la réalité d’aujourd’hui, c’est que les familles sont souvent peu nombreuses, recomposées ou dispersées. Il est fréquent que les enfants et les proches d’une personne qui a besoin de soins vivent à l’extérieur de la région où celle-ci habite. La prise en charge est alors moins évidente, indique la travailleuse sociale, et c’est là que l’offre de services prend tout son sens.»

Quant au statut de proche aidant, Carolanne Lauzer constate qu’il se révèle trop souvent avec l’alourdissement de la maladie. «Plusieurs personnes ne savent pas qu’elles sont proches aidantes jusqu’à ce que la situation soit très avancée. C’est alors qu’elles réalisent l’importance de leurs responsabilités et du rôle qu’elles jouent dans la vie du malade, qui n’y arriverait pas sans elles.»

Avant cette phase critique, beaucoup de proches aidants sont portés par la valorisation qu’ils retirent de leur engagement auprès du malade, même s’ils s’y sentent obligés par le lien qui les unit, mentionne Mme Lauzer. Cependant, à mesure que la situation prend de l’ampleur, la tâche devient plus lourde à porter. La perte d’autonomie qui s’accentue et le comportement du malade qui change entraînent immanquablement de l’épuisement physique et mental chez le proche aidant. La charge émotive devenant beaucoup plus grande, un déséquilibre psychologique survient. «Malheureusement, au moment de demander de l’aide, les proches aidants ne sont pas intégrés au réseau où ils pourraient en recevoir rapidement alors qu’ils sont déjà au bout du rouleau.»

Manque de soutien et conséquences
Les spécialistes sont unanimes, les proches aidants sont hautement à risque de présenter de sérieux problèmes de santé comme l’anxiété, la détresse psychologique, l’isolement, la fatigue, etc. «Ils s’investissent tellement dans leur rôle qu’ils ne se soucient plus d’eux-mêmes, explique Jean Vézina. J’ai étudié le niveau de détresse chez les proches aidants au fil de l’évolution de la maladie d’Alzheimer. C’est à l’arrivée des problèmes comportementaux que la situation devient vraiment dérangeante pour le proche aidant. L’aspect fonctionnel du malade, sa perte d’autonomie progressive, c’est déjà très demandant, mais la fatigue mentale et physique s’ajoute lorsque les problèmes comportementaux entrent en ligne de compte. Et là, c’est la goutte qui fait déborder le vase! C’est souvent l’élément déclencheur des demandes d’aide extérieure ou de placement du malade en établissement.»

«On sait depuis 25 ans que le vieillissement de la population s’accélère rapidement, mais on ne s’y est pas bien préparé», ajoute Sophie Éthier. Celle-ci mentionne qu’au tournant des années 2000, il existait un service de répit-gardiennage offert par les CLSC. «Mais l’État s’est désengagé de cette responsabilité. Depuis, des entreprises d’économie sociale ont essayé de combler le vide par des services d’entretien ménager et d’aide à domicile pour les aînés. Mais puisque ces services ne sont pas offerts par des gens avec une formation spécialisée, on ne peut pas parler de répit.»

Cela dit, la professeure souligne que de nombreuses études ont démontré que malgré l’aide qu’ils reçoivent pour l’entretien ménager, l’hygiène du malade ou un répit, les proches aidants ne voient pas pour autant diminuer leur sentiment de responsabilité. «Ils sont constamment inquiets, soucieux de leur proche qui est dans une situation de vulnérabilité, surtout lorsqu’ils en confient les soins ou la garde à quelqu’un d’autre. Ils s’épuisent inévitablement, malgré l’aide dont ils bénéficient.»

Mme Éthier ajoute que la perte d’autonomie, de dignité et d’intégrité de leur proche touche profondément les aidants et les affecte psychologiquement. «À travers tout cela, ils veulent préserver la relation, dont les bases ont complètement changé. Il en résulte une réalité de plus en plus difficile à vivre, à la fois pour le malade et son proche aidant.»

Quand aider a un prix
Malgré cette double problématique, Sophie Éthier estime que le réseau de la santé est conçu uniquement en fonction du bénéficiaire et exclut le proche aidant. «Le système de santé québécois «instrumentalise» le proche aidant en quelque sorte, dit-elle. Ce dernier comble des besoins importants et allège le réseau et les services communautaires de manière considérable. Pourtant, l’aide de l’État ne lui est offerte que lorsqu’il a épuisé toutes ses ressources en termes d’énergie ou d’argent. Bref, le système actuel appauvrit le proche aidant!»

Jean Vézina met lui aussi en lumière l’impact socioéconomique de la proche aidance. «Cette situation entraîne des demandes de congé de tout ordre, maladie, vacances, arrêt de travail, pour assurer les soins au malade. Les pertes de revenus qui en résultent génèrent souvent des problèmes financiers chez les proches aidants. Une situation de maladie temporaire nécessitant quelques semaines de congé, c’est une chose, mais un cancer, une maladie dégénérative ou incurable qui se prolonge sur plusieurs mois, voire plusieurs années, c’est très pénalisant!»

Sans compter qu’au bout du compte, l’État aussi s’appauvrit, renchérit le directeur de l’École de psychologie. Car ce que le gouvernement économise grâce à l’apport des proches aidants, il le perd en raison de leur baisse de productivité et de la réduction de leur pouvoir d’achat, détaille le professeur. Ainsi, les cinq milliards économisés en soins de santé ne se transposent assurément pas en un gain net.

Des pistes de solution
Jean Vézina mentionne qu’il existe bien quelques mesures fiscales qui s’adressent aux proches aidants, mais leurs conditions d’admissibilité sont très limitées. «Et il n’y a pas assez de services disponibles», fait-il remarquer. Or, le professeur en est convaincu, le développement de services adéquats et adaptés à leurs besoins passe inévitablement par une meilleure compréhension du rôle des proches aidants. «Mais, pour cela, il faut débuter à la base du problème. Les proches aidants doivent d’abord pouvoir se reconnaître comme tels afin de contribuer à la mise en place d’un système adéquat. C’est primordial.» Cet exercice, admet-il, s’échelonnera sur une longue période. «On en a encore pour quelques années à bien cerner leur réalité an de mieux répondre à leurs besoins.»

Pour l’heure, le chercheur continue de mener un projet auprès des proches aidants de malades atteints d’Alzheimer. Appelé PIANO (Portail intégré d’applications numériques pour ordinateur), ce projet leur offre un accès au soutien d’experts et d’autres proches aidants, à partir de leur domicile.

Quant à Sophie Éthier, elle a déposé, à l’automne 2017, un mémoire dans le cadre de la consultation sur le plan d’action gouvernemental 2018-2013 de la politique Vieillir et vivre ensemble, chez soi, dans sa communauté, au Québec. Elle y propose une stratégie nationale concrète incluant la mise sur pied d’un comité interministériel sur le sujet, lequel touche plusieurs aspects. «Le Regroupement des aidants naturels du Québec a fait la même chose, souligne-t-elle. Les leviers que nous proposons pourraient dès maintenant servir de base aux travaux gouvernementaux. Des pistes, il y en a.»

Parmi elles, l’importance de sensibiliser la population à la proche aidance et à tout ce qu’elle implique. «Car malgré sa prévalence, fait valoir Sophie Éthier, cette réalité, en constante augmentation, demeure malheureusement méconnue. Également, il nous faut établir une structure de prise en charge préventive, pour agir en amont du problème.» Par exemple, selon Mme Éthier, pour qu’on puisse bien les répertorier et les accompagner adéquatement dans leur rôle évolutif, les proches aidants devraient être identifiés par le médecin sitôt que le malade qu’ils accompagnent reçoit son diagnostic. «Les services qui existent actuellement sont sous-utilisés parce qu’il n’y a pas d’arrimage au moment adéquat entre le système et les proches aidants», note-t-elle.

Puis un suivi régulier des besoins psychosociaux du proche aidant, en parallèle avec les traitements reçus par le bénéficiaire, devrait être maintenu. «Au début, le proche aidant a tendance à affirmer que tout est correct, qu’il tient bon. La régularité du suivi permettra de noter l’évolution de sa situation personnelle face à son rôle.» Autrement dit, soutenir davantage les proches aidants passe par une méthode mieux organisée et structurée. «C’est tout le système qui est à revoir, même sur le plan de l’éducation.»

Dans cette optique, Mme Éthier proposera, cet automne, un nouveau cours de premier cycle, Proche aidance, enjeux théoriques et pratiques, qui figurera au programme de la Faculté des sciences sociales. «Les nouvelles générations sont plus instruites, plus exigeantes. Elles vont faire bouger les choses, croit-elle. Installées au pouvoir, elles vont voir la situation sous un angle différent. La conjoncture sera alors meilleure que jamais, et j’ai bon espoir que le dossier finisse par avancer.»

***
Définition du proche aidant
En 2012, dans le cadre de sa politique en matière de vieillissement, Vieillir et vivre ensemble, le gouvernement du Québec a défini le proche aidant comme suit: «Le proche aidant est une personne qui, au cours des mois précédant l’enquête, a fourni de l’aide ou des soins à un ou plusieurs bénéficiaires en raison d’un problème de santé de longue durée (qui est censé durer ou qui a duré 6 mois ou plus), d’une incapacité physique ou mentale ou de problèmes liés au vieillissement. L’aide doit avoir été fournie pour au moins un des types d’aide suivants: le transport, les travaux domestiques, l’entretien de la maison, les soins personnels, les traitements médicaux, l’organisation des soins, les opérations bancaires et d’autres activités diverses. L’aide rémunérée auprès de clients ou bénéficiaires, ou l’aide fournie par l’intermédiaire d’un organisme, est exclue de cette définition.»

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Alexandra Szacka: vivre l’histoire pour la raconter http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/alexandra-szacka-vivre-lhistoire-pour-la-raconter/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/alexandra-szacka-vivre-lhistoire-pour-la-raconter/#respond Wed, 19 Sep 2018 17:10:02 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006300 Début des années 80. Une femme fuit. Elle traverse une rivière au cœur de la jungle, sur les hauts plateaux boliviens, en écrasant les centaines de dollars qu’elle cache dans ses chaussures. Son but? Se protéger de ce qu’elle croit …

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Début des années 80. Une femme fuit. Elle traverse une rivière au cœur de la jungle, sur les hauts plateaux boliviens, en écrasant les centaines de dollars qu’elle cache dans ses chaussures. Son but? Se protéger de ce qu’elle croit être une bande rivale des trafiquants de coca avec lesquels elle discutait peu de temps auparavant. Quelques années plus tard, la voici sur la Place Tienanmen, en Chine, assiégée par les étudiants. Deux décennies après, elle est au milieu des manifestants du Printemps arabe. Cette femme, des milliers de téléspectateurs ont appris à reconnaître son nom si particulier au Téléjournal : «Ici Alexandra Szacka, Radio-Canada, à Pékin, Tunis, Moscou, Varsovie…»

Alexandra la brave
Des anecdotes et des souvenirs du genre, Alexandra Szacka (Anthropologie 1977 et 1981) en a plein sa besace. Ils témoignent de ses nerfs d’acier, de son tempérament audacieux et débrouillard. Comme à l’aéroport de Tunis, en décembre 2010, alors qu’elle est correspondante pour Radio-Canada. En tant qu’envoyée spéciale, elle attend depuis des heures avec son équipe, dans le bureau de la douane, le droit d’accéder au territoire alors en pleine «révolution du jasmin». Rien à faire, il manque un papier d’un ministère qui n’existe plus. Qu’à cela ne tienne. La reporter profite de l’absence momentanée du douanier. Elle saisit sur le bureau de l’homme une autorisation accordée à une autre télévision et la télécopie discrètement à ses collègues de Paris, leur demandant de la lui retourner, trafiquée avec son nom et ceux de son équipe.

«C’est vrai que cela prenait du culot, reconnaît la principale intéressée avec un sourire en coin. Je crois que la débrouillardise constitue une seconde nature chez moi.» Cette capacité d’adaptation hors du commun, la journaliste, née en Pologne, l’attribue en partie à une jeunesse placée sous le signe du déracinement. En 1968, Alexandra a 15 ans. Sa mère et son père adoptif, Julian Gruda, entré dans sa vie lorsqu’elle avait 3 ans, se décident à quitter le pays, de plus en plus antisémite. Ils partent avec elle et ses deux demi-sœurs, Agnès et Joanna Gruda, et aboutissent d’abord en France. Ils y demeurent un an, avant de se tourner vers le Québec. En 1969, après une traversée par bateau, ils accostent dans le Vieux-Port de Montréal, à cinq, avec en plus une grand-mère et… une voiture pour aller s’installer à Trois-Rivières. «Lorsque je suis arrivée, je ne comprenais rien. La langue m’échappait. Même chose durant mon passage à Savigny-sur-Orge, en banlieue de Paris. Ou l’été, quand j’allais voir mon père biologique en Allemagne. Avec toutes ces expériences, je me suis fait la couenne comme on dit ici.»

Des valises dans les gènes
Le voyage, c’est un peu la marque de commerce de la famille d’Alexandra Szacka, toujours en mouvement. Des récits de vie qui donneraient des complexes à n’importe quel auteur d’une série à rebondissements. À partir de la Seconde guerre mondiale, sa mère est passée par la Pologne, la Lituanie et l’Ouzbékistan, pour finalement revenir en Pologne. Son père adoptif a connu un parcours aussi éclectique entre la Pologne, la France et la Russie, parcours qui a d’ailleurs donné l’idée d’un roman à sa sœur Joanna.

«Avoir des racines ne fait pas vraiment partie de notre ADN!», constate Alexandra Szacka à propos de ce passé familial, rythmé par les événements sociopolitiques du XXe siècle. En fait, l’histoire en marche ne se trouve jamais très loin de son parcours personnel. Comme lors de sa crise d’adolescence vécue à… 23 ans en fréquentant les militants marxistes-léninistes, alors très présents au Département d’anthropologie où elle étudie, à la fin des années 70 et au début des années 80! «Avec le recul, je comprends que je voulais absolument rejeter l’autorité morale de mes parents en défendant le communisme, eux qui avaient subi les ratés de ce système. Mais avant cet âge, c’était difficile d’être en rupture avec ma famille. Je n’avais pas d’amis intimes au Québec, car je ne maîtrisais pas encore la langue», évoque-t-elle. Pourtant, elle se rappelle que, dès l’âge de quatre ans, elle partait seule dans la forêt rencontrer les Tziganes, que sa mère lui décrivait comme des enleveurs d’enfants!

De la biochimie au journalisme
D’abord inscrite en biochimie à l’Université Laval, c’est ce goût de l’aventure et de la rencontre de l’autre qui entraîne Alexandra Szacka vers l’anthropologie. Elle cherche un programme qui comblerait ses désirs de voyage et de découverte d’autres cultures. Louis-Jacques Dorais, professeur en anthropologie à la retraite, se souvient de cette jeune étudiante sérieuse, très engagée dans ses études. Il a évalué son mémoire de maîtrise sur les immigrants juifs au Québec, impliqués dans le mouvement ouvrier d’avant-guerre. «C’est l’une des premières au Département à avoir travaillé sur les relations interethniques, témoigne l’anthropologue. Jusque-là, les chercheurs dans le domaine s’intéressaient surtout aux Inuits ou aux Amérindiens.»

D’après son profil, la jeune femme aurait pu viser l’obtention d’un doctorat et une carrière de chercheuse. Mais le destin est entré en scène. En 1980, sur le point de terminer sa maîtrise, elle retourne pour la première fois dans son pays d’origine, notamment à Gdansk, une ville industrielle du nord de la Pologne où l’Empire communiste commence à trembler sur ses bases. Après une grève de plusieurs mois, les ouvriers du chantier naval de l’endroit ont réussi à former un syndicat libre et indépendant, Solidarnosc (Solidarité), du jamais vu dans un pays rattaché au bloc soviétique. Le Festival du cinéma de Gdansk, auquel assiste Alexandra Szacka, témoigne de ce moment historique par la projection d’un documentaire sur cette lutte. Puis, entre Lech Walesa, la figure la plus connue du mouvement. La fébrilité est palpable. Il est une heure du matin. Dans la salle surchauffée, le cupidon du journalisme vient de tirer sa flèche.

«À mon retour, j’ai proposé au quotidien Le Soleil un article, publié peu après, pour raconter ce que j’avais vu, et j’ai réalisé que j’adorais ça!», se souvient-elle. Le parcours de celle qui collaborait déjà à CKRL, alors une radio étudiante, se précise. Au sortir de ses études, en 1983, elle est engagée à Radio-Québec (aujourd’hui Télé-Québec) où elle coanime Arrimage, une émission qui traite d’immigration. Un an plus tard, elle joint l’émission d’affaires publiques Nord-Sud où elle couvre le Printemps de Pékin, mais aussi des sujets sociaux dans une Amérique du Sud inféodée aux intérêts américains. En 1990, elle entre à Radio-Canada. On la verra à Enjeux et à Zone libre, avant de la retrouver au Téléjournal, notamment comme correspondante à Moscou, de 2007 à 2010, et à Paris, de 2010 à 2014.

À la recherche de la vérité
Qu’elle arpente les collines désertiques d’Afghanistan, les rues de Varsovie, les mines de Bolivie ou les routes de Tchétchénie, la motivation d’Alexandra Szacka reste la même: traquer l’injustice et donner la parole au plus grand nombre d’interlocuteurs ayant des opinions différentes pour raconter comment les gens vivent à l’autre bout de la planète. Sans fla-fla, celle qui parle cinq langues, dont le russe et l’espagnol, se considère comme «une simple courroie de transmission». Sa ligne directrice? La rigueur. Une qualité que lui reconnaissent ses collègues et la plupart des gens qui la rencontrent. «J’ai toujours beaucoup de difficulté à affirmer des faits dont je ne suis pas certaine à 100%, assure-t-elle. C’est peut-être ma formation universitaire qui m’influence.»

Très orientée, au début de sa carrière, vers l’Amérique du Sud et l’Asie, Alexandra Szacka s’intéresse beaucoup, depuis la chute du mur de Berlin, à l’ancien Empire soviétique. Durant son assignation à Moscou, elle a couvert des conflits comme la seconde guerre de Tchétchénie ou la guerre civile en Géorgie. Toujours avec humanisme. Par exemple, la reporter n’a pas hésité à mettre en face de ses contradictions le président tchétchène Ramzan Kadyrov dont elle faisait le portrait pour Radio-Canada. La rumeur publique attribuait à ce dirigeant l’assassinat de plusieurs défenseurs des droits de la personne. «Peu de temps avant, j’avais rencontré une famille dont le fils avait été enlevé par des proches du président et qui ignorait où il se trouvait, raconte-t-elle. J’ai donc cité son nom à Kadyrov. En fanfaronnant, il nous affirmait que les enlèvements n’existaient pas en Tchétchénie. Reste que le lendemain, le jeune homme a recouvré sa liberté.»

Ensuite, de Paris et jusqu’à ce jour, la journaliste a assisté à la déliquescence de plusieurs des démocraties à peine écloses dans l’ancienne Europe de l’Est. On pense à ses reportages récents sur les tentatives du gouvernement polonais de renverser le droit à l’avortement, sans oublier ceux sur le durcissement de plusieurs États envers les immigrants.

Des racines mobiles
La carrière d’Alexandra Szacka a été couronnée de nombreux prix dont la Médaille gloire de l’Escolle, en 2010, qui honore les grands diplômés de l’Université Laval, et deux fois, en 1989 et 2002, le prix Judith-Jasmin de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, qui récompense les meilleures œuvres journalistiques. Sa vie professionnelle très engagée ne l’a toutefois pas empêchée de donner naissance à une fille. «Je me souviens des cassettes audio que j’enregistrais d’avance pour que ma fille ait droit à son histoire chaque soir, même lorsque je partais à l’étranger», relate-t-elle. Elle a aussi eu un garçon, quelques années plus tard. «Il avait 18 ans au moment où j’allais entreprendre ma correspondance à Moscou. Il m’avait alors écrit une lettre magnifique où il m’incitait à vivre mes rêves, comme je le lui avais appris.» Ce poste, il avait fallu plusieurs années à la reporter pour convaincre ses patrons de Radio-Canada qu’elle pouvait l’assumer. Même si elle parlait le russe et connaissait très bien cette culture. «Je ne faisais pas partie du boys club», constate cette féministe convaincue.

Au moment où ces lignes ont été écrites, la journaliste se préparait à prendre une pause professionnelle. Un arrêt pour lui permettre de rédiger un livre inspiré de rencontres faites en Israël. Le sujet lui tient à cœur depuis plusieurs années. De fait, la vie semble la rapprocher graduellement de ses origines juives et polonaises. Ainsi, depuis un certain temps, elle côtoie à nouveau un groupe d’amis d’enfance, exilés eux aussi, aux quatre coins du monde. Ensemble, ils s’adonnent à la randonnée pédestre. Ils en profitent pour partager des poèmes et des chansons, appris en Pologne. Au fil de leurs expéditions, leurs liens s’approfondissent. Et ces racines qu’Alexandra Szacka croyait absentes de son histoire se dévoilent peu à peu sous ses pas. Comme quoi les attaches au passé n’excluent pas la mouvance.

***

D’autres regards sur la planète

Par Isabelle Doucet

D’autres diplômés parcourent le monde pour rendre compte de l’actualité. Qu’ils soient photographes, journalistes ou présentateurs, leur travail permet de rester bien informés.

Bien connu du petit écran, Jean-François Lépine (Science politique 1971) a été correspondant à Pékin, à Paris et à Jérusalem. C’est aussi aux émissions Enjeux, Le Point, Zone libre et Une heure sur terre qu’il a donné des nouvelles du monde. Après s’être retiré du journalisme, il a continué d’agir à l’international, notamment comme représentant du Québec en Chine.

Actuelle correspondante de Ici Radio-Canada Première à Washington, Manon Globensky (Journalisme 1984) relate les soubresauts de la politique américaine. Auparavant, elle a effectué plusieurs couvertures à l’étranger, dont au Proche-Orient et en Europe.

Autrefois correspondant au Pakistan et en Afghanistan pour l’Agence France Presse (AFP), Guillaume Lavallée (Philosophie 2000 et 2004; Journalisme 2004) enseigne aujourd’hui à l’École des médias de l’UQAM.

Photojournaliste, Renaud Philippe (Communication publique 2006) a été témoin d’un bon nombre de bouleversements du 21e siècle. Du tremblement de terre d’Haïti aux camps de réfugiés du Kenya, ses clichés documentent des événements d’envergure par le filtre des atmosphères et des émotions.

Écrivain et journaliste indépendant, Frédérick Lavoie (Communication publique 2006 et 2008) a publié trois ouvrages qui éclairent les coulisses de l’histoire contemporaine. Avec Allers simples, Ukraine à fragmentation et Avant l’après, entre les pays de l’ancien bloc de l’Est et Cuba, il conjugue journalisme et littérature.

C’est à travers la vidéo que Daphné Lemelin (Communication publique 2014) raconte l’Amérique latine d’aujourd’hui. En 2018, elle a pris du galon en devenant rédactrice en chef adjointe pour l’AFP à Montevideo, en Uruguay.

 

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Étudier la gastronomie et partager le savoir savoureux http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/etudier-la-gastronomie-et-partager-le-savoir-savoureux/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/etudier-la-gastronomie-et-partager-le-savoir-savoureux/#respond Tue, 18 Sep 2018 13:00:10 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006292 Quels sont les mécanismes qui interviennent dans le processus créatif des chefs? Quelle est la valeur ajoutée des produits locaux dans un menu ? Qu’est-ce qui fait le succès d’un restaurant? Voilà quelques-unes des questions qui alimenteront les travaux des …

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Quels sont les mécanismes qui interviennent dans le processus créatif des chefs? Quelle est la valeur ajoutée des produits locaux dans un menu ? Qu’est-ce qui fait le succès d’un restaurant? Voilà quelques-unes des questions qui alimenteront les travaux des chercheurs associés à l’Unité mixte de recherche (UMR) en sciences gastronomiques, baptisée GastronomiQc Lab.

Issue d’une collaboration entre l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval et l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), cette nouvelle entité mènera des activités de recherche, de création, de formation et de transfert des connaissances dans le domaine. «Le concept de sciences gastronomiques est très englobant, souligne Sylvie Turgeon, directrice de l’INAF et codirectrice de GastronomiQc Lab. Il couvre notamment les propriétés des aliments, leur transformation, le comportement des consommateurs et la gestion des entreprises».

Dans un premier temps, les travaux de l’UMR se concentreront sur les restaurateurs indépendants. «Parce que ce secteur a été peu étudié et parce qu’il fait face à d’importants défis, souligne Véronique Perreault, codirectrice de GastronomiQc Lab et chercheuse principale à l’ITHQ. Nous voulons aider les chefs à relever ces défis pour faire rayonner davantage la gastronomie québécoise ici et ailleurs dans le monde.»

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Jumeler les études et la passion de la danse http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/jumeler-les-etudes-et-la-passion-de-la-danse/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/jumeler-les-etudes-et-la-passion-de-la-danse/#respond Tue, 18 Sep 2018 12:00:47 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006290 Très riche, le milieu de la danse contemporaine à Québec compte parmi ses fiers représentants Geneviève Duong. Que ce soit comme chorégraphe ou comme interprète, elle a participé à la création de plusieurs œuvres. On l’a vue, entre autres, dans …

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Très riche, le milieu de la danse contemporaine à Québec compte parmi ses fiers représentants Geneviève Duong. Que ce soit comme chorégraphe ou comme interprète, elle a participé à la création de plusieurs œuvres. On l’a vue, entre autres, dans des spectacles présentés par La Rotonde et Code Universel. Elle a aussi participé à la cinquième mouture de la production Les chemins invisibles du Cirque du Soleil et, plus récemment, à une installation chorégraphique du Fils d’Adrien danse au pavillon Pierre-Lassonde.

Depuis l’automne 2017, elle est inscrite au baccalauréat en sciences historiques et études patrimoniales. Son but est d’acquérir des connaissances pour mieux faire rayonner son milieu de travail. «Il faut dire que la danse accuse un certain retard par rapport au patrimoine. J’aimerais faire des ponts entre ces deux univers et trouver des façons d’inciter les artistes et les artisans en danse à réfléchir au legs qu’ils veulent laisser aux prochaines générations», explique-t-elle.

Déjà, elle tisse des liens auxquels elle n’aurait pas pensé. «Un de mes premiers cours portait sur les hommes préhistoriques; cela m’a permis de mieux comprendre les mécanismes anatomiques du corps humain. C’est drôle à dire, mais il y a beaucoup de parallèles à faire entre ma pratique et les théories empruntées dans les différentes sciences historiques. J’espère m’outiller afin d’être en mesure de mieux positionner une vision de la danse dans la société.»

Née d’une mère québécoise et d’un père vietnamien, Geneviève Duong est tombée toute petite dans la marmite de la danse. Dès l’âge de trois ans, elle suivait des ateliers d’initiation à la danse. Adolescente, elle rêvait d’en vivre. Se fiant à la raison plutôt qu’à son cœur, elle s’est plutôt tournée vers des études en sciences infirmières à l’Université McGill. «Mon père, qui a immigré à l’époque des boat people, a toujours eu un regard pragmatique. Pour lui, une carrière artistique n’était pas une option pour apporter du pain et du beurre sur la table, ce qui explique mon parcours scientifique. À travers les études, toutefois, la danse a toujours fait partie de ma vie. En 2009, j’ai fait le choix de réorienter ma carrière et de me lancer tête première dans ce milieu», raconte-t-elle.

Depuis sa sortie de l’École de danse de Québec en 2012, Geneviève Duong n’a pas chômé. Elle a participé à des résidences de recherche et de création et a organisé des activités de médiation. En plus de sa pratique artistique, elle s’implique comme enseignante auprès de la relève. Que ce soit dans les écoles ou avec la troupe de danse Gestuel de l’Université Laval, elle accompagne les danseurs dans leur processus créatif. «Pour moi, la danse est avant tout un art de partage. L’enseignement fait donc partie de l’art chorégraphique. Il s’inscrit dans ma démarche artistique au même titre que mes chapeaux de chorégraphe et d’interprète, auxquels je peux maintenant ajouter celui de chercheuse en sciences historiques et patrimoniales.»

Penser que Geneviève Duong ralentit le rythme de la production parce qu’elle est aux études serait bien mal la connaître. Par exemple, elle participe à la création d’un spectacle multidisciplinaire de l’Orchestre symphonique de Gatineau pour souligner les 30 ans du décès de Félix Leclerc. Ce concert sera présenté en avril 2019.

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Une incursion en prison http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/une-incursion-en-prison/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/une-incursion-en-prison/#respond Tue, 18 Sep 2018 11:00:37 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006288 Le 12 juin 1909, le journaliste Jules Fournier est condamné par le juge François Langelier pour avoir publié un article diffamatoire au sujet du juge… François Langelier! Durant 17 jours, il sera enfermé à la prison de Québec, où il …

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Le 12 juin 1909, le journaliste Jules Fournier est condamné par le juge François Langelier pour avoir publié un article diffamatoire au sujet du juge… François Langelier! Durant 17 jours, il sera enfermé à la prison de Québec, où il rédigera un texte sur ses conditions de détention. Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), qui abrite l’ancienne prison, s’est basé sur son récit pour créer une expérience audio immersive. Ce projet a été réalisé avec la collaboration de la firme Peak Media et du professeur Jonathan Livernois, du Département de littérature, théâtre et cinéma.

Pour vivre l’expérience d’une durée de huit minutes, le visiteur doit s’asseoir dans l’une des cellules, enfiler un casque d’écoute et suivre les instructions à l’écran. Il peut alors entendre la voix d’un comédien qui incarne Jules Fournier et se plonger dans l’univers carcéral de l’époque grâce aux effets sonores diffusés en 360 degrés.

Souvenirs de prison est un projet issu de l’Alliance culture+numérique, une association lancée par l’Université Laval qui réunit des organismes et des entreprises qui souhaitent développer des initiatives liant culture, numérique et science.

Bien au fait des écrits de Jules Fournier, qui fut entre autres journaliste pour La Presse, Le Canada, La Patrie et Le Devoir, Jonathan Livernois a pris un malin plaisir à se replonger dans ce texte caustique paru en 1910. «Fournier est un personnage très intéressant. On l’associe souvent à des journalistes pamphlétaires comme Olivar Asselin et Arthur Buies, qui n’hésitaient pas à critiquer le système. Dans son texte, il fait de l’humour typique de sa manière d’exprimer des idées. C’est très amusant de le lire!»

Grâce à Souvenirs de prison, le professeur voit un énorme potentiel de collaboration entre les chercheurs de l’Université Laval et le MNBAQ. Il caresse le rêve de créer un autre projet de médiation qui tournerait cette fois autour de la collection Maurice-Duplessis.

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Les migrants face aux frontières http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/les-migrants-face-aux-frontieres/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/les-migrants-face-aux-frontieres/#respond Tue, 18 Sep 2018 10:00:13 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006286 Il suffit de prononcer le mot «réfugiés» pour y voir associé des images de gens désœuvrés. En fait, le quotidien des 258 millions de personnes déplacées à travers le monde – selon les statistiques de l’ONU – a …

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Il suffit de prononcer le mot «réfugiés» pour y voir associé des images de gens désœuvrés. En fait, le quotidien des 258 millions de personnes déplacées à travers le monde – selon les statistiques de l’ONU – a bien peu à voir avec ces stéréotypes. La plupart des gens partis pour fuir la guerre, des persécutions ou un climat de violence travaillent. Ils vivent dans des maisons ou des appartements en ville. Enfin, certains ont choisi volontairement de partir pour améliorer leur vie.

Myriam Ouellet, étudiante à la maîtrise en géographie, a plongé dans la grouillante Chatila, en banlieue de Beyrouth. Pas de tentes dans ce camp de 1 km2 créé en 1968 pour accueillir les Palestiniens expulsés de leurs terres, mais des édifices en briques blanches, reliés par une forêt de fils électriques! Beaucoup de Syriens nouvellement arrivés y habitent et s’insèrent dans une économie en grande partie informelle. «La grande diversité des situations des personnes déplacées m’a frappée, explique la jeune femme. Certaines ont le statut d’étudiant, d’autres sont parrainées par des employeurs. Elles attendent la fin de la guerre, sans trop rêver de partir comme réfugiés dans un pays du Nord, puisque cela ne concerne que 1% des personnes déplacées.»

Malaisie, Soudan, Liban… Ces Syriens ont souvent multiplié les pays de transit au cours de leur périple, car les frontières de nombreux États ne cessent de se fermer. C’est la même chose pour les Sénégalais, les Maliens et les Togo­lais, qui traversent une partie du continent africain avant d’être bloqués par la police et l’armée libyennes, qui les enferment dans des camps de travail. L’Union européenne finance ce genre de mesures pour se protéger des populations en déplacement. «Les pays du Nord ont tendance à déléguer aux autres la mise en place d’obstacles pour entrer chez eux», remarque Danièle Bélanger, professeure au Département de géographie et titulaire de la Chaire.

C’est une tendance qu’étudie Guillermo Candiz, doctorant en géographie, dont les recherches portent sur les trajectoires migratoires des immigrants irréguliers en Amérique centrale et au Maroc. «Les États-Unis financent en partie le plan Frontière Sud mexicain, qui vise à refouler les gens qui arrivent à la frontière entre le Mexique et le Guatemala ou le Belize, raconte-t-il. Les fonctionnaires, qui aidaient autrefois les migrants, deviennent des informateurs de la police mexicaine.» Le nombre de personnes expulsées du Mexique vers les pays d’Amérique centrale ne cesse d’augmenter, sans que la douane américaine ait même à intervenir.

Toutefois, constate Danièle Bélanger, la proportion de personnes déplacées à travers le monde ne bouge pas depuis plusieurs décennies. «Elle s’établit à environ 3,4% de la population mondiale. Il s’agit d’une réalité économique et sociale. Avant de constituer un problème politique, il faudrait davantage prendre en compte la contribution économique des migrants.»

Au Vietnam, le gouvernement restreint encore les déplacements de ses citoyens pour mieux les contrôler. Pour sa maîtrise en géographie, Guillaume Haemmerli s’intéresse à ces milliers de villageois qui quittent leur campagne pour les villes. «Les autorités n’ont pas le choix, cependant, de relâcher un peu leur contrôle, car les entreprises ont besoin de cette main-d’œuvre.» Ce phénomène de citoyens à deux vitesses, les uns migrant dans leur propre pays, les autres disposant d’un statut complet, illustre bien la complexité des personnes en mouvement sur une planète dite mondialisée.

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Faut-il séparer les jumeaux à l’école? http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/faut-il-separer-les-jumeaux-a-lecole/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/faut-il-separer-les-jumeaux-a-lecole/#respond Tue, 18 Sep 2018 09:00:27 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30006284 Placer des jumeaux dans des classes différentes n’améliore ni ne nuit à leur réussite scolaire, conclut une équipe inter­nationale de chercheurs au terme d’une étude portant sur plus de 18 000 enfants. Publiée dans la revue Developmental Psycho­logy, cette …

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Placer des jumeaux dans des classes différentes n’améliore ni ne nuit à leur réussite scolaire, conclut une équipe inter­nationale de chercheurs au terme d’une étude portant sur plus de 18 000 enfants. Publiée dans la revue Developmental Psycho­logy, cette recherche, à laquelle ont participé l’étudiante-chercheuse Gabrielle Garon-Carrier et les professeurs Michel Boivin et Ginette Dionne, de l’École de psychologie, amène des données probantes dans un débat qui divise depuis un bon moment les parents, les enseignants et les directions scolaires au Québec et ailleurs dans le monde.

Les chercheurs ont évalué périodiquement trois indicateurs de réussite scolaire chez plus de 9000 paires de jumeaux du Québec et du Royaume-Uni âgés de 7 à 16 ans. Il s’agit du rendement scolaire de l’enfant par rapport au reste du groupe, déterminé par son professeur, des habiletés cognitives générales quantifiées à l’aide de différents tests, et de la motivation scolaire établie à partir des réponses fournies par les jeunes à des questions portant sur leur intérêt pour différentes matières.

Les analyses montrent que le fait que les jumeaux soient séparés ou qu’ils soient dans la même classe n’a aucune influence sur ces trois indicateurs de réussite scolaire. Cette conclusion s’applique aussi bien aux jumeaux homozygotes, communément appelés vrais jumeaux, qu’aux jumeaux dizygotes. «Peu importe le choix qui est fait, la réussite scolaire des jumeaux n’est pas affectée, résume Gabrielle Garon-Carrier. Il n’y a donc pas de raison d’imposer des règles rigides à ce sujet.»

La décision de séparer ou non des jumeaux doit tenir compte des aspects socioaffectifs et de la dynamique des enfants, poursuit-elle. «Les parents peuvent préférer que leurs enfants soient dans des classes différentes pour éviter les comportements fusionnels et la dépendance, pour que chaque enfant développe pleinement sa personnalité propre ou encore pour réduire la compétition entre jumeaux. À l’opposé, ils peuvent souhaiter que leurs enfants soient dans la même classe pour éviter les répercussions émotionnelles négatives de la séparation, qui pourraient réduire leur plaisir d’être à l’école.»

Lorsque les enfants sont jeunes, ce sont les parents qui sont les mieux placés pour prendre cette décision parce qu’ils connaissent bien la dynamique de leurs jumeaux, estime Gabrielle Garon-Carrier. À mesure que les enfants vieillissent, il faut aussi considérer leurs préférences.

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