Archives des Automne 2016 - Contact http://www.contact.ulaval.ca La zone d'échange entre l'Université, ses diplômés, ses donateurs et vous. Mon, 17 Sep 2018 18:23:12 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.1 Bâtir des écoles pacifiques http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/batir-des-ecoles-pacifiques/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/batir-des-ecoles-pacifiques/#comments Wed, 14 Sep 2016 17:20:41 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30002953 Fléau, ravages, menaces, souffrance: les mots relayés dans la sphère publique lorsqu’il est question de violence scolaire ne manquent pas de force d’évocation. Régulièrement, des exemples de cas qui attristent et bouleversent sont rapportés par les médias. En 2016, les …

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Fléau, ravages, menaces, souffrance: les mots relayés dans la sphère publique lorsqu’il est question de violence scolaire ne manquent pas de force d’évocation. Régulièrement, des exemples de cas qui attristent et bouleversent sont rapportés par les médias. En 2016, les écoles primaires québécoises seraient-elles le lieu de tous les dangers?

Non, démontre une étude de la Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif. Et on peut encore améliorer la situation, bâtir des écoles plus pacifiques. Titulaire de cette chaire et professeure à la Faculté des sciences de l’éducation, Claire Beaumont est formelle: «Ce qui émane des médias ne donne pas un portrait juste de la réalité. Cela renforce l’idée que les écoles sont des endroits insécurisants au Québec, alors que notre enquête prouve le contraire.»

Cette enquête, que la chercheuse dirige, est menée à l’échelle québécoise. Elle vise à dresser un portrait de la violence en milieu scolaire au fil des ans. Les premières données ont été recueillies en 2013, puis en 2015, dans 204 écoles, dont 74 primaires (4e, 5e et 6e années). Ainsi, en 2013 comme en 2015, il en ressort que le climat dans les écoles, tel que perçu par les élèves, le personnel et les parents, est plutôt bon. «C’est la source la plus fiable pour juger de ce qui va bien ou non», souligne Claire Beaumont.

En outre, les données de l’enquête montrent que, entre 2013 et 2015, la majorité des comportements violents n’ont pas augmenté ou ont chuté légèrement. Quant à la cyberintimidation qui inquiète, elle ne serait pas si répandue, touchant 1% des élèves.

D’où vient alors cette perception grandissante que les écoles sont violentes? «C’est qu’on manque de nuance, croit Claire Beaumont. Il ne s’agit pas de nier qu’il existe des problèmes, mais de faire des distinctions. En premier, il faut voir la violence pour ce qu’elle est, c’est-à-dire comme un phénomène relationnel et social. L’école est une micro­société. Dès lors, conflits, jeux de pouvoir et négociation vont survenir parce que ça fait partie des relations interpersonnelles.»

À partir de là, on fait quoi? On apprend aux enfants à socialiser. Car négocier, dialoguer et résoudre des conflits sont des habiletés qui se développent, comme la connaissance du français ou des mathématiques. L’objectif se trouve d’ailleurs au cœur de la triple mission de l’école québécoise: éduquer, socialiser, qualifier. «Transmettre ces habiletés ne veut pas dire se limiter à réagir aux situations de violence, note Claire Beaumont, mais bien guider tous les enfants dans leur apprentissage de la socialisation, et ce, dès le plus jeune âge.»

Vous avez dit civilité?
Professeur à la Faculté des sciences de l’éducation, Denis Jeffrey s’intéresse aux interactions sociales en lien avec la violence scolaire. Selon lui, l’outil de base pour assurer la socialisation des enfants se nomme «civilité». «La civilité renvoie aux bonnes conduites à adopter dès que nous partageons un espace commun, souligne-t-il. Cela comprend la politesse, le respect des règles et des personnes, les rites de salutation, les bonnes manières, etc.»

Mais comment la civilité peut-elle servir de pare-feu à la violence? «Lorsque l’enfant utilise ces règles, il apprend à se décentrer de lui et à donner de l’importance à autrui, explique Denis Jeffrey. Ces règles appelant des comportements réciproques, elles créent, au bout du compte, un climat pacifique et sécurisant où chacun peut faire confiance à chacun et d’où découle le fameux “ne pas faire aux autres ce que je ne veux pas qu’on me fasse”.» Une solution simple, mais essentielle, selon le chercheur qui s’étonne que le programme d’éthique au primaire n’inclut pas cet enseignement. Cela dit, tient-il à préciser, la civilité est cruciale, mais ne résout pas tout: certaines interactions agressives requièrent des interventions beaucoup plus ciblées.

Claire Beaumont établit elle aussi des distinctions entre les formes que peut prendre la violence à l’école. Tous les comportements n’ont pas la même portée, rappelle-t-elle: «Chaque situation doit être considérée au cas par cas, selon sa sévérité. Y a-t-il répétition? Blessure morale? Blessure physique? En général, les écarts de conduite intimidants n’ont pas les incidences graves qu’on leur suppose.» En général… car 10% des enfants en conserveront des séquelles. Et à ces écoliers qui souffrent, il est primordial d’offrir des interventions appropriées, tranche la professeure.

Une position qu’approuve Égide Royer, psychologue et professeur associé de la Faculté des sciences de l’éducation. Ces 10%, qu’il appelle son «noyau dur», sont formés de victimes, d’agresseurs et d’enfants qui sont tantôt l’un, tantôt l’autre. Pour eux, le soutien au comportement positif et l’harmonisation des rapports de force ne suffisent pas, confirme le spécialiste. Les aider nécessite de passer à un deuxième niveau. Notamment, offrir une aide pointue aux élèves dont le profil laisse penser qu’ils sont vulnérables.

«Mon jeune qui présente un handicap ou un trouble de l’apprentissage est 10 fois plus à risque de vivre ce genre de problématique, illustre M. Royer. Même chose pour les enfants qui, dès l’âge de 4 ou 5 ans, possèdent un tempérament d’agresseur ou de victime. D’autres viennent d’un milieu familial qui ne leur a pas permis de développer leur compétence sociale.» Tenir compte de ces facteurs, insiste Égide Royer, signifie s’adjoindre l’aide de psychologues et de psychoéducateurs, entretenir un rapport étroit avec les parents et assurer la présence, dans l’école, d’adultes qui servent de point de contact solide.

Valorisation pour tous
Voilà qui renvoie à la question de la formation du personnel scolaire. À ce titre, l’enquête menée par Claire Beaumont révèle que 80% des membres de ce personnel estiment ne pas avoir reçu de formation pour faire face à des situations de violence. La donnée vaut pour 2013 et pour 2015.

Professeure à la Faculté des sciences de l’éducation, Nancy Gaudreau reconnaît que le besoin d’outiller le personnel scolaire est réel. Cela dit, pour cette spécialiste en formation et perfectionnement du personnel éducatif, le grand défi demeure le passage de la théorie à la pratique. «C’est une chose de proposer des méthodes aux enseignants, mais encore faut-il qu’ils se sentent capables de les utiliser. D’où l’importance de travailler sur leur sentiment d’efficacité personnelle. En revanche, certains se sentent efficaces, mais n’emploient pas les bonnes méthodes: ils restent dans le punitif. Or, nous savons qu’en cas de conflits, il faut s’assurer que l’enfant sait ce qu’on attend de lui, s’opposer aux comportements déviants et, surtout, ne pas oublier de nommer le comportement attendu: “tu ne dois pas faire ça, mais plutôt ça”.»

La question s’avère encore plus corsée avec les futurs professeurs. D’abord, durant leurs études, trop peu de temps est consacré à la formation sur l’intervention auprès d’élèves en difficulté de comportement. Une situation qui s’améliorera dès l’an prochain, à l’Université Laval, alors qu’un cours sur le sujet, obligatoire au baccalauréat en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire, passera de 30 à 45 heures.

Autre chose: «La gestion des comportements difficiles comporte une dimension relationnelle qui ne se développe vraiment qu’en situation réelle», soutient Nancy Gaudreau. Le vrai travail se fait donc plus facilement avec les enseignants en exercice. Selon elle, il conviendrait de miser davantage sur le mentorat et sur le transfert de connaissances entre collègues, novices et expérimentés. «Ce sont des formules courantes dans le milieu médical, mais pas dans celui de l’enseignement», constate-t-elle. La raison? Le métier d’enseignant n’est pas valorisé. Difficile de faire part de ses bons coups quand la fierté n’y est pas.

Et puisqu’il est question de valorisation, qu’en est-il de celle, tout aussi précieuse, des enfants? «La réussite scolaire est négligée quand on parle de violence à l’école, affirme Égide Royer. Prévenir et solutionner la violence est impossible sans considérer la réussite, ce vecteur phare. Un jeune qui ne se sent pas valorisé aura tendance à s’exclure ou à adopter des conduites agressives pour se valoriser autrement. Comment peut-il percevoir que le climat est bon dans un milieu où il échoue en permanence?»

Microsociété dans la société
L’école aura beau afficher la meilleure des qualités de vie, reste qu’elle n’est pas seule responsable de la socialisation des élèves. «Famille, entourage élargi, quartier, communauté, culture: tout cela a une influence sur les enfants, indique Claire Beaumont. Or, regardons-nous comme société. Quels modèles offre-t-on à la télé, dans les sports, dans les réseaux sociaux? Quels messages à propos des luttes de pouvoir et du règlement des conflits? La violence prédomine, la plupart de temps.»

Ce constat s’applique même à ceux qui statuent sur l’avenir des écoles, renchérit Égide Royer: «Si on administrait nos tests de climat scolaire aux élus en session parlementaire, on obtiendrait de curieux résultats…» Bref, l’équation pour garantir une école non violente ne se trouve pas qu’entre ses murs. Pourtant, tous les spécialistes s’entendent : l’école peut, et doit, offrir un milieu exemplaire aux enfants qui ne trouvent pas les bons modèles plus près d’eux.

Comment y parvenir? «En instaurant un climat positif où toute l’équipe-école se mobilise pour créer un environnement qui prône le vivre-ensemble, affirme Claire Beaumont. Prévenir la violence et s’attaquer aux problèmes dès qu’ils surviennent sont des visées importantes. Mais permettons-nous de les asseoir sur du solide.» En cela, la chercheuse propose le modèle de promotion de la santé au Québec. Lorsqu’il y a maladie, on traite, bien sûr; mais un large pan du travail se fait en amont, à savoir la promotion de comportements préventifs comme bien manger ou faire de l’exercice. «Appliqué en milieu scolaire, cela correspond à promouvoir des valeurs garantes de bien-être, partagées par toute l’école: accepter et célébrer les différences, mettre l’accent sur les forces de chacun, instaurer une saine communication axée sur le respect de soi et des autres», énonce-t-elle.

Ce climat positif n’empêche pas les adultes responsables d’être directifs et d’avoir des exigences envers les enfants, assure la chercheuse, mais toujours sous le sceau de la bienveillance. «Les parents sont des acteurs incontournables de cet exercice, ajoute Nancy Gaudreau. Établir les meilleures conditions pour ce partenariat parents-école n’est pas une mince tâche compte tenu des horaires chargés et des obligations de chacun, mais en tant qu’éducateurs, cette responsabilité nous incombe.»

Quant à éliminer la violence complètement, ce n’est pas réaliste, lance Claire Beaumont: «Notre rôle, c’est d’en réduire les conséquences néfastes au minimum, en nous attardant au bien-être général des élèves. Les enfants ne viennent pas en classe dans le but de régler des problèmes, mais dans celui d’apprendre et d’avoir du plaisir à le faire, de découvrir et de développer leur potentiel. En orientant nos actions sous cet angle, nous leur donnons la chance de réussir leur parcours scolaire et toute leur vie. Au contraire, s’inspirer d’une expression comme “lutter contre la violence” nourrit une forme de non-sens, vous ne trouvez pas?»

Lisez les témoignages de trois diplômés sur la manifestation de la violence dans les écoles en France, aux États-Unis et en Belgique.

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L’abeille, au-delà du miel http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/labeille-au-dela-du-miel/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/labeille-au-dela-du-miel/#comments Wed, 14 Sep 2016 17:15:40 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30002918 C’est le début du mois de juin. Comme chaque année depuis une décennie, quelque 40 000 ruches du sud du Québec prennent le chemin du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord. Ce sont entre 1,6 et 2 milliards d’abeilles domestiques, des …

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C’est le début du mois de juin. Comme chaque année depuis une décennie, quelque 40 000 ruches du sud du Québec prennent le chemin du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord. Ce sont entre 1,6 et 2 milliards d’abeilles domestiques, des «abeilles à miel», qui montent –en camion– vers le nord pour aller butiner dans les bleuetières. Comme les bleuets ne poussent à peu près pas sans abeilles, les producteurs sont prêts à payer entre 116$ et 170$ la ruche, à coup de 2 à 5 ruches par hectare de terrain. Ils signent donc tous les ans des contrats de pollinisation avec des apiculteurs, ces éleveurs d’abeilles.

Sur les quelque 50 000 ruches actuellement en activité aux quatre coins du Québec, 44 000 servent à la pollinisation en début d’été, principalement pour la culture des pommes, des bleuets, de la canneberge et des cucurbitacées (courges, concombres, melons, citrouilles, etc.).

Pour l’industrie apicole, il s’agit d’une petite mine d’or de 5,1M$ annuellement, qui procure une source de revenu complémentaire à la production de miel. Pour l’industrie agricole, c’est l’assurance d’avoir une bonne production de fruits ou de légumes. Cette entente cordiale cache cependant une réalité sournoise: une agriculture devenue très dépendante d’abeilles domestiques qui n’ont pas toujours la vie facile.

Quand apiculture rime avec agriculture
Ironiquement, c’est l’avènement des monocultures qui pousse les agriculteurs à payer le gros prix pour importer des abeilles, alors que la nature regorge d’insectes qui peuvent polliniser gratuitement. «Les territoires réservés aux monocultures sont toujours plus grands, et les insectes indigènes, comme les abeilles sauvages, butinent dans un rayon limité de 400 m», explique Pierre Giovenazzo, professeur au Département de biologie et titulaire de la nouvelle Chaire de leadership en enseignement en sciences apicoles. Les abeilles domestiques couvrent plus de terrain: elles n’hésitent pas à voler sur des distances de 3 à 5 km pour faire le plein de glucides (dans le nectar) et de protéines (dans le pollen).

Pourtant, les bourdons et les abeilles sauvages remportent haut les pattes la palme des meilleurs pollinisateurs. Selon une étude à laquelle a participé Valérie Fournier, professeure au Département de phytologie, ces deux types d’insectes sont très efficaces pour décrocher et pour récolter le pollen en induisant des vibrations dans la fleur. Certains individus peuvent ainsi transporter jusqu’à 100 000 grains de pollen en une fois! «Mais ils n’ont pas la force du nombre, précise Pierre Giovenazzo. Une ruche, elle, libère dans le champ plusieurs dizaines de milliers d’abeilles mellifères.» C’est cet «effet de gang» que recherchent les producteurs horticoles afin d’obtenir le plus de fruits possibles.

L’abeille Apis mellifera, élevée depuis des milliers d’années pour la production de miel, n’a donc jamais été aussi en demande. Tellement que les apiculteurs ne suffisent pas à la tâche. Car ce nouveau rôle vient avec plusieurs défis. «En misant sur les cultures intensives d’une seule plante, l’humain prive les pollinisateurs d’une alimentation équilibrée, soutient Pierre Giovenazzo. Les insectes, qui ont besoin d’un garde-manger diversifié, souffrent de carence alimentaire, ce qui affaiblit leur système immunitaire et les expose à toutes sortes de maladies.»

Mieux nourrir nos abeilles
Pour Nicolas Derome, professeur au Département de biologie, la solution idéale serait d’abandonner les grandes cultures et d’adopter des stratégies d’agriculture intégrée, notamment cultiver simultanément plusieurs espèces de plantes. Mais au rythme où s’étendent les monocultures –croissance de 20% par année–, cette solution n’est pas envisageable à court terme.

Valérie Fournier propose donc de mieux aménager les alentours des champs afin d’attirer les populations de pollinisateurs indigènes plutôt que de miser uniquement sur l’abeille domestique: «Il faut augmenter la diversité d’habitats autour des zones agricoles. Par exemple, en plantant des espèces végétales qui fleurissent abondamment avant et après la période de floraison de la plante cultivée. Ainsi, les bourdons et les abeilles auraient accès à différentes sources de pollen.» Du côté des ruches, les apiculteurs nourrissent leurs abeilles avant de les amener aux champs. «Un mois avant la saison agricole, on leur donne du sirop sucré et un supplément protéique composé principalement de farine de soya transformée», précise Pierre Giovenazzo. Pour compenser la perte d’environnements naturels, se développe d’ailleurs tout un marché de nourriture pour abeilles. «C’est un beau défi pour la recherche!», lance le chercheur, qui collabore avec Nicolas Derome afin de concocter des suppléments alimentaires avec probiotiques.

Les deux scientifiques exploitent des souches de bactéries naturellement présentes dans l’organisme des abeilles pour en faire des armes contre certains agents pathogènes. «Nous ciblons notamment la nosémose, une maladie parasitaire de l’abeille causée par un champignon microscopique», signale M. Derome. Cette infection est particulièrement répandue dans les pays aux hivers longs et humides, comme ceux du Québec. Le champignon prend le contrôle de l’intestin des abeilles, notamment lorsque l’insecte subit un stress comme l’hivernage et le transport des ruches ou que son système immunitaire est affaibli soit par une carence alimentaire, soit par le contact avec des produits toxiques.

Attention: poison!
En effet, en exportant leurs ruches près de champs agricoles traités aux pesticides, les apiculteurs risquent gros. «La mortalité d’abeilles domestiques est quadruplée lorsque les ruches sont situées à proximité de champs de maïs traités avec des néonicotinoïdes», confirme Valérie Fournier. Cette classe d’insecticides mise au point dans les années 1980 est abondamment utilisée à travers le monde. Au Québec, la quasi-totalité des semences de maïs et plus de la moitié des semences de soya sont enrobées de ces produits. Les molécules chimiques agissent sur le système nerveux central des insectes nuisibles pour les paralyser et les tuer.

Pourquoi les néonicotinoïdes affectent-ils les abeilles qui ne butinent que rarement le maïs? Pour le savoir, Valérie Fournier et son équipe ont suivi les mortalités d’abeilles domestiques pendant la période des semis en Montérégie, où pousse la majorité du maïs-grain québécois. «Lors de la mise en terre des semences enrobées de néonicotinoïdes, de fines particules s’échappent dans l’air, sont transportées par le vent et se déposent sur le sol et la végétation à proximité, contaminant du coup le pollen des fleurs visitées par les pollinisateurs, signale la biologiste. Nous avons aussi montré, pour la première fois, que ces insecticides souillent les flaques d’eau dans les champs de maïs.» L’abeille domestique, qui a besoin d’eau pour décristalliser le miel et réguler la température interne de la ruche, boit donc des particules toxiques.

Professeur à la Faculté de médecine, Mohamed Chahine a prouvé que les néonicotinoïdes ciblent chez les insectes nuisibles, mais aussi chez l’abeille, les récepteurs de type nicotinique qui sont responsables de stimuler les neurones. Par ailleurs, les pyréthrinoïdes, une autre famille d’insecticides, affectent les abeilles en visant les canaux sodiques. Ces petits orifices dans les membranes des cellules démarrent l’influx nerveux qui parcourt les neurones. «Toutes ces molécules toxiques agissent sur le cerveau en altérant la mémoire, l’odorat et le sens de l’orientation», révèle-t-il. Le chercheur propose à l’industrie des pesticides d’utiliser un modèle chimique de canaux sodiques pour tester et mettre au point des molécules qui cibleraient uniquement les insectes nuisibles.

Car, selon Valérie Fournier, même en faibles concentrations, les néonicotinoïdes et autres insecticides affectent le comportement, le développement, le système immunitaire et la fécondité des abeilles. Ces produits chimiques contribueraient également à augmenter la mortalité hivernale des abeilles ainsi que leur sensibilité aux parasites.

Un intrus dans la ruche
L’équipe de Nicolas Derome a démontré que les néo­nicotinoïdes induisent un stress immunitaire qui exacerbe notamment la sensibilité des abeilles au varroa, un acarien qui décime les ruches aux États-Unis depuis 20 ans. Au Québec, le varroa a fait son apparition en 2002. Il a alors tué 55% des colonies. «Depuis, on contrôle assez bien le parasite en donnant des acaricides aux abeilles», note Pierre Giovenazzo. Ce spécialiste du varroa et plusieurs de ses collègues, dont Nicolas Derome, ont trouvé un autre moyen pour rendre les ruches plus résistantes au parasite : dépister, grâce à la génomique, les colonies d’abeilles les plus à risque d’être envahies par le varroa, c’est-à-dire celles qui ont les comportements les moins hygiéniques.

Selon les chercheurs, les abeilles ont une «affinité pour le ménage» plus ou moins élevée inscrite dans leur ADN. Ce comportement hygiénique consiste à sentir les larves mortes ou malades et à les éliminer de la ruche. «Il s’agit d’un mécanisme de défense collectif pour protéger la colonie contre les infections et les parasites», explique Nicolas Derome. En ciblant les gènes responsables de la détection d’odeurs, les scientifiques pensent pouvoir produire des lignées d’abeilles à l’odorat plus développé, capables de sentir et d’éliminer le varroa avant qu’il n’affecte la ruche.

Vous avez dit déclin?
Toutes menaces confondues, les apiculteurs du monde entier déplorent des pertes annuelles de 20% à 70% de leurs colonies. C’est ainsi que, depuis quelques années, les médias annoncent régulièrement la disparition imminente des abeilles en parlant d’effondrement des colonies. Et pourtant… «Le nombre de ruches est en croissance au Québec», observe Pierre Giovenazzo. Le chercheur ne cache pas que certaines années sont plus dures pour les abeilles à miel. Au Canada et au Québec, les hivers rigoureux sont souvent en cause. Mais grâce à leur travail acharné, les apiculteurs québécois ont réussi à baisser le taux de mortalité de leurs colonies de 30% à 18,7% entre 2007 et 2015, révèle une étude de l’Association canadienne des professionnels de l’apiculture (ACAP).

«Les apiculteurs font de la sélection génétique pour développer des variétés d’abeilles performantes et bien adaptées aux conditions locales», poursuit M. Giovenazzo. Par exemple, le programme de sélection génétique du Centre de recherche en sciences animales de Deschambault, issu d’un partenariat entre l’Université Laval et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, a permis d’améliorer la performance des colonies en introduisant des lignées importées du Danemark et en réalisant des croisements par insémination instrumentale.

Quant aux espèces sauvages, il est difficile de con­naître précisément leur sort puisque leur abondance est très peu étudiée. Néanmoins, une baisse du nom­bre de bourdons a été signalée sur quatre continents depuis 1990. «Sur les 3500 espèces d’abeilles sauvages en Amérique du Nord, ce qui inclut les abeilles solitaires et les bourdons, certaines sont en déclin et d’autres ont complètement disparu», souligne Valérie Fournier.

Est-ce que les abeilles, sauvages ou domestiques, vont disparaître de la surface de la terre? Non, pensent les chercheurs interrogés. Mais il faut rester vigilant et les protéger avant qu’il ne soit trop tard. «Il y a toujours eu des problèmes avec l’abeille domestique, que ce soit le varroa, les nombreux pathogènes ou le froid, résume Pierre Giovenazzo. Ce qui a changé, c’est l’accroissement des monocultures qui, combiné au transport des ruches et à l’utilisation d’insecticides, rend les abeilles encore plus vulnérables à tout ce qui les entoure.»

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Un peu de sexe dans les fleurs
Sans pollinisation, pas de bleuets, ni de canne­berges, de courges ou d’amandes. Environ 80 % des plantes à fleurs dépendent des insectes pollinisateurs pour produire des graines et des fruits, dont 40% des aliments à haute valeur nutritive que nous mangeons. La pollinisation, c’est le transport du pollen –l’équivalent du sperme chez l’humain– produit par les étamines (l’organe mâle) d’une fleur vers le pistil (l’organe femelle) d’une autre fleur. Le pollen peut alors féconder un ovule produit par le pistil, ce qui produira un fruit. Le vent ou les insectes friands de nectar et de pollen doivent donc s’en mêler. Ainsi, lorsque les abeilles ou les bourdons butinent une fleur, plusieurs grains de pollen se collent à leurs corps poilus. En passant à d’autres fleurs pour poursuivre leur festin, les insectes y déposent du pollen.

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Quel insecte m’a piqué?
Un bourdonnement dérange votre pique-nique au parc. «Une abeille!», crient vos enfants. Nenni. Les abeilles et les bourdons sont très peu attirés par la nourriture des humains. Il s’agit fort probablement d’une guêpe. Cet insecte adore explorer les assiettes et les poubelles. Mais comment les différencier de ceux qui composent la superfamille des apoïdes, presque tous jaune et noir?

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Lire le témoignage d’un donateur à la Chaire de leadership en enseignement en sciences apicoles

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Aly Ndiaye, alias Webster, le rappeur intello http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/aly-ndiaye-alias-webster-le-rappeur-intello/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/aly-ndiaye-alias-webster-le-rappeur-intello/#comments Wed, 14 Sep 2016 17:10:04 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30002939 Sur la scène d’une salle de cinéma, une jeune fille en robe blanche tremble de tous ses membres en découvrant le public à qui elle doit s’adresser. Un homme, la trentaine, s’approche d’elle. Il l’oblige à le regarder dans les …

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Sur la scène d’une salle de cinéma, une jeune fille en robe blanche tremble de tous ses membres en découvrant le public à qui elle doit s’adresser. Un homme, la trentaine, s’approche d’elle. Il l’oblige à le regarder dans les yeux. «Tu n’en as rien à faire de tous ces gens, lui martèle-t-il. Tu es capable de faire de grandes choses.» La tension retombe. Et voilà l’adolescente lancée dans son discours de bienvenue, rassurée par la présence bienveillante d’Aly Ndiaye (Histoire 2002), alias Webster.

Ce jour-là, les élèves de deux écoles secondaires de la région de Québec présentent à leurs parents et à leurs enseignants le fruit du travail réalisé pendant plusieurs mois avec le maître-rappeur Webster. De courts clips vidéo, préparés sous la direction de cet amoureux des mots et de la musique. À l’écran, des jeunes au parcours scolaire souvent chaotique scandent leur envie de réussite, leur désir de se réaliser, mais aussi leur exclusion d’un système qui mise toujours davantage sur la performance. Des images fortes claquent dans la vaste salle, comme une conjuration face au discours défaitiste sur leur avenir qui leur est asséné depuis des années. «Mon cœur déborde de fierté en vous voyant, leur lance Webster tout sourire, après-coup. Vous faire rapper, c’est une des choses les plus gratifiantes pour moi.»

Un vécu hors du commun
Si ce grand frère parvient facilement à nouer le contact avec des jeunes classés comme difficiles, c’est que Webster possède un vécu hors du commun derrière ses lunettes d’intello. Il a passé une grande partie de sa jeunesse à traîner dans les ruelles de Limoilou, quand le nom de ce quartier suffisait à effrayer les habitants des banlieues cossues de Québec. À traîner avec des individus peu recommandables, dont une bonne partie décompte aujourd’hui le temps en prison. «Je suis un des premiers dans mon entourage à avoir fréquenté l’université, lance-t-il. Beaucoup de mes amis sont tombés du côté gauche du chemin.»

Né dans une famille où l’on est enseignant de mère en tante, et de père en oncles, le jeune Aly possédait une arme secrète, inconnue de ses copains de ruelle: l’amour des mots. Dans son vagabondage entre le comptoir à sous-marins Le Marinier, une institution du quartier, et les terrains de basket du parc Bardy, le jeune Sénégalo-Québécois traînait toujours avec lui son dictionnaire anglais, source inépuisable de rimes. D’où son surnom de Webster, décerné en guise d’adoubement par sa gang de l’époque. À ce moment-là, sa révolte se conjugue dans la langue internationale du hip-hop. Jusqu’à ce que l’influence de groupes made in France l’incite à opter pour sa langue maternelle : une transition difficile, mais qui lui a permis de mieux jouer avec les subtilités de la langue.

Épris de poésie, de littérature, mais aussi des écrits de Malcom X et de Martin Luther King, l’adolescent se donne corps et âme à cet art musical qui lui permet de hurler sa révolte, de trouver son identité de métis dans une ville conservatrice, accrochée à sa blancheur. Sa sœur Marième (Communication publique 2005), trois ans plus jeune, suit sa trajectoire musicale, et les deux collaborent fréquemment sur des albums ou en concert.

«J’aime rapper sur le beat, j’aime le flot», évoque le chanteur, la main devenue poisson emporté par un courant imaginaire. Membre-fondateur du groupe Limoilou Starz, au début des années 2000, Webster a plongé dans cet univers sans parachute. Quitte à en négliger ses études universitaires en histoire lorsque les cours du matin suivaient d’un peu trop près la fin des répétitions nocturnes. Sauf qu’à la différence d’autres rappeurs qui s’y sont brûlé les ailes, le chanteur dure: 16 ans et 3 albums solos plus tard, il a fait sa marque dans un genre musical qui sent encore le soufre au Québec. Et ce, sans bouger de son quartier, qui colle à son identité comme une seconde peau.

«Webster s’impose comme le vétéran d’un rap conscientisé, très engagé, remarque Martin Bonneau, qui prépare une thèse de maîtrise sur les transformations de l’industrie de la musique, sous la direction de Daniel Mercure, professeur au Département de sociologie. Dans ses textes, il dénonce la brutalité policière, le profilage racial. Un rap très différent de ce que font des musiciens plus jeunes, plus orientés vers la fête et la culture urbaine.»

Conscient du poids des mots et des idées, Webster met son art au service des exclus et des sans-voix. Pendant des années, il a dénoncé la propension des policiers de Québec à demander leurs papiers aux jeunes à la peau un peu plus foncée que la moyenne  québécoise. Plus récemment, il est monté aux barricades pour exiger des comptes aux autorités après qu’une voiture de police a heurté mortellement un cycliste aux abords de l’église Saint-Roch, en septembre 2014. Et en février dernier, son passage à l’émission Tout le monde en parle pour réclamer davantage de diversité à la télévision et au cinéma n’est pas passé inaperçu.

L’engagement: dans l’ADN familial
Ce combat pour la diversité fait partie de l’ADN de la famille de cet enfant multiculturel. Très tôt, le jeune Aly a vu son père s’engager auprès des immigrants et militer activement au sein d’organismes comme Carrefour Tiers-Monde. Dès les années 1980, papa, maman, grand frère et petite sœur manifestent périodiquement dans les rues de Québec, notamment pour réclamer la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Les questions syndicales s’invitent aussi régulièrement à la table familiale puisque les deux parents s’impliquent dans les organisations de défense des droits des travailleurs.

Avec un tel début de vie, rien d’étonnant que Webster ait le cran et les moyens d’explorer les chemins de traverse. Comme celui sur la place occultée des Noirs au Québec et au Canada. Lui qui a travaillé 10 ans comme guide-interprète pour Parcs Canada –entre autres sur le site où se trouvait la réplique de la Grande-Hermine, à Québec– dénonce cette amnésie dans sa chanson Qc History X1:

Back in the days autour de 1604
Champlain débarque avec à son bord un Black
Mathieu Da Costa dit l’Interprète
Il parlait micmac, français et hollandais
En 1629 arrive Olivier Lejeune
Premier esclave répertorié dans la jeune ville
de Québec
Au moins 10 000 esclaves au Canada
Jusqu’à l’abolition de ce droit en 1833
(…)
Qc History X, ils nous ont effacés du tableau
Mais pourtant, il y avait des hommes d’affaires noirs
On était dans les régiments et d’autres étaient
Coureurs des bois
Il y avait aussi des aubergistes
Et ils veulent nous faire croire que les Noirs
sont ici depuis les années 70.

Mettant à profit ses cours de méthodologie du baccalauréat en histoire, ce vulgarisateur dans l’âme traque les moindres récits pointant l’existence d’esclaves au Canada, mais aussi celle des Amérindiens ou d’immigrants africains au XIXe siècle. C’est pour lui une façon de témoigner que les origines de la société québécoise ne sont pas aussi monochromes que certains idéologues ont voulu le faire croire. Chantre des absents des livres d’histoire, Webster fait feu de tout bois pour élargir son combat contre l’ignorance. Depuis cet été, il offre même ses services de guide pour donner une autre vision du passé du Vieux-Québec. Sa tournée commence à la place D’Youville, question de montrer que le Palais Montcalm porte le nom d’un général français qui avait des esclaves. Ou que Mathieu Léveillé, un esclave des Antilles devenu bourreau en Nouvelle-France pour échapper à sa propre condamnation à mort, résidait dans la redoute du parc de l’Artillerie tout proche.

Qu’il endosse le costume d’historien, de pédagogue ou de rappeur, Webster mène toujours le même combat, celui de battre les préjugés à plate couture, et de porter haut et fort la parole de ceux qu’on ne veut pas entendre. Au fil du temps, sa révolte a pris une forme moins agressive, plus socialement acceptable. La preuve: il a donné plusieurs formations aux policiers du Service de police de la Ville de Montréal pour les sensibiliser à la diversité culturelle. «La vie n’est ni blanche, ni noire, elle se situe dans les zones grises et, sur ce sujet, je possède une expertise que je peux partager, note-t-il. Dans ces rencontres, j’expliquais comment amorcer la discussion avec les jeunes, quelle approche adopter. Ensuite, nous mangions ensemble, ce qui m’a permis de mieux comprendre le point de vue des policiers et, à eux, de dîner pour la première fois avec un rappeur!»

Libres de faire des choix… éclairés
Briseur d’idées reçues, Webster se garde bien d’adopter un ton moralisateur. Choisir sa vie et ses combats, et les assumer: voilà son crédo. Quitte à désarçonner certains élèves de ses ateliers littéraires, habitués à ce que les adultes se désespèrent de leurs échecs. «Je leur dis qu’ils doivent faire des choix éclairés, mais que cela demeure leurs choix et pas les miens, raconte ce pédagogue dans l’âme. Moi, j’ai trop vu de mes amis entrer en prison pour 5 ou 10 ans à la suite des décisions qu’ils avaient prises. Je ne peux pas être plus malheureux qu’eux…»

Retour dans la salle de cinéma, où le public a découvert les clips vidéo des élèves des écoles secondaires La Courvilloise et Samuel-De Champlain, toutes deux situées dans l’arrondissement Beauport. À voir ces adolescents rire et plaisanter avec leur prof de rimes, on constate que le courant passe à merveille. «Webster, c’est un véritable magicien pour les enfants, témoigne Luc Gagné, un enseignant en histoire présent ce soir-là. Il les fait écrire sur leurs émotions, leur vécu, il les met en confiance. Un de mes élèves, très gêné, a réussi à faire de très bons exposés après être passé dans un de ses ateliers.»

Pas très loin, la jeune fille en robe blanche a repris des couleurs après son allocution, et la voilà toute prête à parler de son mentor à Contact: «Le jeudi matin, j’étais heureuse de me lever, car je savais que cette journée-là je pourrais écrire sans me faire avertir par les profs. J’ai tellement changé au cours de cet atelier! Webster m’a donné la force de me dévoiler et de partager mes textes. Moi, j’ai un passé scolaire plutôt « vagabondeur ». Cette activité-là m’a poussée à rester à l’école.»

Les jeunes décrocheurs ne sont pas les seuls à profiter de l’enseignement du rappeur. Plusieurs fois par an, il se rend aux États-Unis pour partager son amour de la langue française avec des étudiants qui la découvrent. Qu’il se retrouve dans une salle de cours de l’Université Harvard, de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) ou d’une école du Bronx, Webster reste lui-même: un homme épris des mots, pourfendeur de l’exclusion sociale ou raciale. «Vieillir m’a permis de faire entendre mon point de vue sur la société, confie le vénérable chanteur de 36 ans, alors que je n’avais pas beaucoup d’écoute comme jeune rappeur de Limoilou…»

Manifestement, le discours du «vieux d’la montagne», pour reprendre le titre de son deuxième album solo, attire. Des partis politiques lui ont déjà fait les yeux doux, les médias le sollicitent régulièrement, tout comme les organismes sociaux qui apprécient ce modèle positif. Et lui, comment voit-il son avenir? «Après mon dernier album, je pensais arrêter, mais j’ai de nouveaux titres en tête. Pas forcément aussi engagés qu’avant, car ma vie reflète déjà mon engagement.» Le trentenaire laisse passer quelques secondes. «En même temps, je replace tout ça dans une perspective cosmique. Sur une Terre vieille de quatre milliards d’années, je ne suis qu’un clin d’œil….»

1 Pour écouter la pièce.

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Changement de garde dans les PME http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/changement-de-garde-dans-les-pme/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/changement-de-garde-dans-les-pme/#comments Wed, 14 Sep 2016 16:50:05 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30002975 Inutile de chercher l’affiche «À vendre» sur le terrain de cette compagnie de transport, de cette usine de meubles ou de ce motel… Pourtant, les propriétaires de ces trois PME approchent de l’âge de la retraite. Ce qui est le …

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Inutile de chercher l’affiche «À vendre» sur le terrain de cette compagnie de transport, de cette usine de meubles ou de ce motel… Pourtant, les propriétaires de ces trois PME approchent de l’âge de la retraite. Ce qui est le cas de quelque 38 000 entrepreneurs québécois. Pour eux comme pour ceux qui prendront leur relève, le chemin à parcourir risque d’être cahoteux… Un chemin qu’étudie Maripier Tremblay, professeure au Département de management, spécialiste de l’entrepreneuriat et… fille d’entrepreneur.

La perspective que de nombreuses PME changent de mains prochainement représente-t-elle une menace?
Un grand nombre d’entrepreneurs du Québec Inc. doivent passer le flambeau ces années-ci, c’est vrai. Et une étude a sonné l’alarme en 2005, prédisant que ce phénomène allait mettre l’économie en danger. Mais le tsunami n’est pas survenu! Toutes les PME ne sont pas à vendre en même temps, entre autres parce que  leurs propriétaires ne partent pas tous à la retraite à 60 ou 65 ans comme s’ils étaient des employés. La période d’étalement est donc beaucoup plus grande que redouté. Et puis, la relève est au rendez-vous… si on sait la préparer.
     Ceci dit, transmettre son entreprise est une opération complexe et délicate qui, justement, se prépare longtemps d’avance, ce que peu de propriétaires réalisent. C’est loin d’être une simple transaction commerciale et, malheureusement, il n’y a pas de recette miracle pour garantir que la PME survive sans trop écorcher la personne qui vend et celle qui achète, sans compter les employés.

Pourquoi dites-vous que la vente d’une PME n’est pas une simple transaction?
Parce qu’il ne s’agit pas seulement de vendre! Bien sûr, une PME peut être rachetée par un pur étranger, juste au moment où le propriétaire est vraiment prêt à partir. Dans ces circonstances, le transfert se fait assez rapidement, et le vendeur ne garde pas de responsabilités financières dans l’entreprise. Mais le cas de figure n’est pas celui-là. On parle généralement d’un entrepreneur qui souhaite transmettre ce qu’il a bâti à un de ses enfants. Ou, de plus en plus, à un petit groupe d’acheteurs, par exemple à deux enfants et un employé, ou à quelques employés. Et lorsque je dis que l’entrepreneur souhaite transmettre, je ne dis pas qu’il est prêt à le faire.

Parlez-nous de cette personne désireuse de céder son entreprise.
Sans vouloir verser dans les stéréotypes, la génération des entrepreneurs qui approchent de l’âge de la retraite est surtout composée d’hommes propriétaires uniques, très attachés à la PME qu’ils ont créée de toutes pièces et n’ont jamais quittée. C’est leur bébé. Leur statut d’entrepreneur définit souvent leur identité et leur mode de vie. Par contraste, le portrait-type des jeunes créateurs d’entreprises de la génération Y, les 25-35 ans, nous montre des personnes de l’un ou l’autre sexe, qui démarrent leur entreprise à plusieurs et conservent une diversité de centres d’intérêt.

Ceux qui rachètent les PME font-ils partie de cette génération Y?
Non, pas la majorité d’entre eux. Les acquéreurs ont plutôt atteint la quarantaine, un âge où l’on a davantage d’expérience et de ressources pour financer l’achat d’une PME déjà prospère.
    En fait, celui qui reprend une entreprise a un profil-type différent de celui qui veut démarrer sa PME. Ce dernier sera stimulé par la perspective de partir de zéro et de mobiliser des gens autour d’un projet. Le repreneur, lui, aura souvent d’autres forces: il sera un bon planificateur, à l’aise dans les opérations de gestion.
    Il faut dire aussi que les PME à vendre ne sont pas toutes parvenues au même stade de maturité et ne présentent pas toutes le même potentiel de développement: il y a donc place pour une grande diversité de profils de repreneurs. Par contre, et c’est un des avantages de la relève en général, le repreneur apporte habituellement un nouveau souffle à l’entreprise, de nouvelles perspectives.

Comment font entrepreneurs et repreneurs pour s’apparier?
Souvent, la relève est déjà sous le nez de l’entrepreneur puisqu’il s’agit de membres de sa famille ou d’employés. Mais lorsque ce scénario ne s’avère pas, le maillage est plus compliqué: le propriétaire ne peut pas afficher publiquement ses intentions. S’il le faisait, il risquerait d’affoler ses employés et ses clients, de semer l’émoi chez ses partenaires d’affaires et ses fournisseurs.
     Des deux côtés, cédants et repreneurs, la clé est dans le réseau de contacts. La plupart du temps, l’entrepreneur commencera par parler de ses intentions à sa firme comptable et à son conseiller juridique, ne serait-ce que parce que la valeur de l’entreprise et les aspects légaux sont des préoccupations centrales lorsqu’on envisage de vendre. Déjà là, ça fait une petite poignée de personnes bien réseautées qui garderont l’œil ouvert. Certains entrepreneurs vont plus loin, allant jusqu’à s’adresser à un chasseur de tête. Il y a aussi une quantité croissante de ressources pour favoriser le maillage cédant-repreneur, par exemple le Centre de transfert d’entreprises du Québec et sa plateforme Index1 –un répertoire de cédants et de repreneurs potentiels, où l’on n’a accès qu’à une partie de l’information dans un premier temps; un genre de site de rencontres, quoi!

Y a-t-il des conditions gagnantes pour un transfert réussi?
En fait, plus la réflexion des deux parties sera avancée avant la conclusion de la vente, mieux ça vaudra. Le cédant doit déjà avoir démêlé ses motivations: veut-il simplement récupérer ses billes ? Souhaite-t-il plutôt que ses employés gardent leur boulot, que le nom et les valeurs de l’entreprise subsistent? Tient-il à faire une transmission familiale? Quant au repreneur, il doit entre autres savoir si la PME convoitée représente pour lui un tremplin vers autre chose de plus gros ou s’il pense à long terme.
     Le cédant doit aussi tester ses intuitions à l’égard de la relève. A-t-il bien exploré la piste des personnes qui travaillent dans l’entreprise? Perçoit-il depuis toujours un de ses enfants comme son successeur? Il pourrait en parler à son conseil d’administration, qui aura un regard plus détaché sur les besoins réels de l’entreprise et les forces de cette relève potentielle: peut-être la fille ou le fils est-il un très bon enfant plein de belles qualités, mais n’a pas ce qu’il faut pour reprendre seul l’entreprise. Ça peut aussi être un comité de relève qui joue ce rôle de conseiller, ou un mentor qui est passé par là. D’ailleurs, des programmes commencent à voir le jour au Québec pour accompagner les dirigeants dans ce processus.

Et une fois le processus d’acquisition entamé?
La transmission d’une entreprise se fait normalement sur une période assez longue, plusieurs mois ou, parfois, quelques années. C’est un exercice très émotif, et le respect des personnes est primordial. Dans une étude menée en 2013 et 2014, nous avons rencontré 20 hommes et femmes de moins de 45 ans qui avaient repris une PME au cours des dernières années. Les transmissions qui se sont le mieux déroulées sont celles où il y avait une relation forte entre le cédant et le repreneur, où la confiance s’est développée d’un côté comme de l’autre.
     Lorsqu’il s’agit d’une transmission à l’interne, le grand défi du repreneur est de prendre sa place, d’affirmer sa conception des choses –comme gestionnaire, mais aussi comme personne. Qu’ils soient de la famille ou de l’entreprise, les propriétaires en devenir doivent graduellement imposer leur modèle de gestion, souvent plus participatif que ce qui existait, et démontrer l’efficacité de leur mode de fonctionnement, où il y a une plus grande place pour la conciliation travail–vie personnelle, par exemple. Ils peuvent aussi avoir un plus grand appétit pour la croissance que leur prédécesseur.
     Je dis souvent à mes étudiants qu’ils ont le devoir d’acquérir une légitimité et de s’affirmer, même lorsque l’ex-propriétaire conserve un rôle important dans l’entreprise –ce qui arrive quand les conditions de financement impliquent un rachat graduel d’actions.

De quels étudiants parlez-vous?
En 2010, j’ai mis sur pied le cours Transmission et relève d’entreprise, offert aux étudiants de tout le campus, qu’ils proviennent d’un programme d’administration, de pharmacie, de médecine dentaire, d’agriculture ou autre. Plusieurs d’entre eux seront amenés à racheter une entreprise, notamment familiale. Un autre aspect que nous abordons est l’importance d’une communication efficace pour prévenir l’apparition de conflits : les séquelles sur la famille peuvent être profondes. D’ailleurs, dans la plupart des cas de transfert d’entreprise, la famille est un acteur qu’on néglige trop souvent, que ce soit son influence sur la décision de vendre et sur le soutien qu’elle apportera au nouveau retraité, ou encore sur la place qu’elle aura dans l’horaire et les préoccupations du repreneur.

Envisagez-vous la relève des PME avec optimisme?
Certainement! Il faut cependant prendre certaines précautions. On a passé beaucoup de temps à alerter le milieu sur les enjeux économiques: je crois qu’il est temps de changer d’étape. Depuis quelques années, des professionnels offrent leurs services pour venir en aide aux cédants et aux repreneurs. Il faut maintenant améliorer la qualité de cette offre, en outillant davantage les consultants et en développant des équipes multidisciplinaires où il y aurait une place pour des médiateurs, des coachs et des conseillers stratégiques. Depuis quelques années, je m’implique dans un organisme appelé Groupe Relève Québec, qui poursuit justement cet objectif.

Comment voyez-vous le rôle des consultants?
Ils doivent faire équipe avec le vendeur et les acquéreurs dans le but de minimiser les conséquences négatives du transfert sur l’entreprise elle-même, mais aussi sur tous les acteurs en place, ce qui inclut les employés et la cellule familiale.

1 Pour explorer la plateforme Index

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5 bienfaits de la méditation http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/5-bienfaits-de-la-meditation/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/5-bienfaits-de-la-meditation/#comments Wed, 14 Sep 2016 16:45:48 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30002989 Méditer rend plus calme, sommes-nous portés à croire. Vraiment? Aux quatre coins du monde, des chercheurs tentent d’établir les effets réels de la méditation, notamment sur la santé. À l’Université, c’est l’équipe de Sonia Goulet et de Carol Hudon, professeurs …

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Méditer rend plus calme, sommes-nous portés à croire. Vraiment? Aux quatre coins du monde, des chercheurs tentent d’établir les effets réels de la méditation, notamment sur la santé. À l’Université, c’est l’équipe de Sonia Goulet et de Carol Hudon, professeurs à l’École de psycho­logie, qui s’est penchée sur la question, traquant les effets de la méditation pleine conscience sur les personnes à risque de développer la maladie d’Alzheimer. La caractéristique de cette forme de méditation: en la pratiquant, on apprend à maintenir son attention sur un objet et à la déplacer à son gré, plutôt que de se laisser distraire par des sons ou des pensées, par exemple. Au moment d’amorcer ses travaux sur la maladie d’Alzheimer, l’équipe a réalisé un état des connaissances scientifiques qui répertorie plusieurs bienfaits de la méditation pleine conscience. Voici les principaux.

1- Réduit le stress et la dépression
Oui, la méditation pleine conscience aide à réduire les symptômes du stress. Elle améliore, entre autres, la sécrétion de cortisol, aussi appelé «hormone du stress», réduit le niveau de stress perçu et facilite le recours à des stratégies d’adaptation au stress. Utilisée en thérapie avec des personnes souffrant de dépression majeure, la méditation permet aussi de réduire les risques de rechute d’épisodes dépressifs, qui peuvent avoir des répercussions importantes sur le travail et la vie personnelle et qui augmentent la probabilité d’attenter à ses jours. La méditation pleine conscience est également utilisée auprès de personnes souffrant de troubles anxieux ou bipolaires.

2- Améliore les fonctions cognitives
La pratique de la méditation pleine conscience améliore différentes fonctions cognitives, dont l’attention. Ainsi, si l’on demande à une personne non initiée à la méditation de se concentrer sur sa respiration, il ne suffira que de quelques secondes pour que son attention dévie. En méditant, la personne apprendra à prendre conscience de ses pertes d’attention et à ramener cette dernière sur l’objet de méditation, augmentant ainsi sa capacité de concentration. La méditation pleine conscience permettrait aussi d’améliorer le contrôle exécutif, soit l’ensemble des processus impliqués dans l’atteinte d’un but: sélection et exécution des opérations pertinentes, inhibition des actions inappropriées, changement de stratégies s’il y a lieu, etc.

3- Renforce la mémoire
Les nouveaux adeptes de la méditation pleine conscience voient leur mémoire préservée, et parfois même améliorée –particulièrement les personnes âgées. Une étude récente de Sonia Goulet et Carol Hudon, réalisée auprès de personnes de 60 ans et plus souffrant d’un trouble cognitif léger, abonde en ce sens. En effet, les sujets ont conservé leurs capacités mémorielles après avoir réalisé un programme de pleine conscience de huit semaines, alors que la mémoire des membres du groupe contrôle s’est détériorée au cours de la même période.

4- Influence le syndrome métabolique
Le syndrome métabolique est un état caractérisé par une résistance à l’insuline et par la présence de facteurs de risque cardiovasculaire, telles l’hypertension ou l’obésité. Il accroît le risque de diabète de type 2 et de maladies cardio­vasculaires. Or, des études ont démontré que la méditation avait des effets positifs sur bon nombre d’indicateurs de la santé vasculaire: tolérance au glucose, sensibilité à l’insuline, pression sanguine, etc. Elle réduit également l’inflammation chronique, associée au diabète et aux maladies cardiovasculaires. Qui médite réduit donc ses risques de souffrir du syndrome métabolique et des maladies sub­séquentes. Les mécanismes à la base de cet effet sont encore peu connus, mais plusieurs hypothèses sont à l’étude.

5- Préviendrait l’apparition de la maladie d’Alzheimer
La probabilité de développer la maladie d’Alzheimer est plus élevée chez une personne qui présente divers facteurs de risque comme le stress, le syndrome métabolique et l’inflammation. La méditation pleine conscience agit favorablement sur ces facteurs en réduisant leur présence chez les individus. Ce sont les deux constats à la base de l’hypo­thèse émise par l’équipe de recherche de Sonia Goulet et de Carol Hudon: la pratique de la méditation pourrait prévenir ou, à tout le moins, retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Les premières données recueillies par l’équipe auprès de personnes de 60 ans et plus souffrant de troubles cognitifs légers, donc plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer, vont en ce sens, et les travaux se poursuivent.

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Classes sans frontières http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/classes-sans-frontieres/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/classes-sans-frontieres/#respond Tue, 13 Sep 2016 13:00:35 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30003068 À première vue, le 11e étage du pavillon des Sciences de l’éducation ressemble à n’importe quel autre, avec des étudiants concentrés devant leur écran d’ordinateur. Ce qui les occupe? L’École en réseau, un programme qui met en relation des enseignants …

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À première vue, le 11e étage du pavillon des Sciences de l’éducation ressemble à n’importe quel autre, avec des étudiants concentrés devant leur écran d’ordinateur. Ce qui les occupe? L’École en réseau, un programme qui met en relation des enseignants et des élèves de différentes écoles primaires et secondaires par l’entremise d’une plateforme collaborative, avec le concours des étudiants en éducation. Provenant des quatre coins du Québec, enseignants et élèves ont ainsi accès à un système de visioconférence pour faire des rencontres virtuelles, en classe ou en duo. Un forum leur permet aussi de communiquer par écrit.

L’École en réseau est une initiative de la Faculté des sciences de l’éducation mise en place en 2001, en collaboration avec différents partenaires. L’objectif, à l’époque, était d’utiliser les technologies pour enrichir l’environnement d’apprentissage en région. Il ne s’agissait pas de formation à distance, mais d’une nouvelle approche où les élèves et les enseignants étaient invités à in­teragir avec ceux d’autres écoles, tout en bénéficiant des lumières de chercheurs de l’Université. «Nous avons pris la route difficile de la collaboration; notre but était de créer un pont numérique afin d’augmenter les interactions université-milieu», explique la professeure Thérèse Laferrière, à l’origine du projet.

Christine Hamel fait partie de la première cohorte d’étudiants qui l’ont aidée dans sa démarche. Elle ne compte plus le nombre d’enseignants à qui elle a présenté le projet, notamment à la Baie-James, l’une des premières régions partenaires. «C’était une autre époque et la technologie n’était pas au même stade que maintenant: il fallait toujours surveiller les branchements, le niveau du son, les caméras… », se souvient la directrice du programme de baccalauréat en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire.

L’École en réseau réunit aujourd’hui 25 commissions scolaires, ce qui représente une centaine d’écoles à travers la province. Le projet suscite aussi de l’intérêt à l’international puisque des collaborations ont été réalisées avec des écoles des États-Unis, du Sénégal, du Mexique, de Hong Kong et d’autres pays.

Orthophonistes à distance
Amélie Desmeules, étudiante à la maîtrise en psychopédagogie, est chargée d’animer des rencontres virtuelles entre des enseignants, des chercheurs et des orthophonistes. Des Laurentides à la Gaspésie, une vingtaine de personnes participent mensuellement à cette activité qui leur permet d’échanger expertise et connaissances. «Nous mettons en contact des gens qui habitent dans des régions éloignées, où le service d’orthophonie n’est pas toujours disponible, explique-t-elle. Se rencontrer physiquement une fois par mois serait pour eux difficile sur les plans financier et logistique. La technologie permet donc de réaliser ce qu’on n’arriverait pas à faire autrement.»

Plusieurs autres projets permettent de tenir des activités d’échange entre des élèves de différentes classes. Les enseignants peuvent alors se répartir les tâches selon leurs intérêts et leurs forces, l’un animant la visioconférence et l’autre pouvant être plus attentif aux interactions. Formés à cette fin, les étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation s’assurent du bon déroulement des activités. En tout temps, les enseignants peuvent les contacter, que ce soit pour demander une information sur la technologie ou pour que leur classe participe à une nouvelle activité. «On reçoit de plus en plus de demandes de la part d’enseignants et de directeurs d’école, c’est vraiment stimulant!», se réjouit le professionnel de recherche Christian Perreault, qui s’occupe du volet technologique du projet. 

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Carrefour pour organisations http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/carrefour-pour-organisations/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/carrefour-pour-organisations/#respond Tue, 13 Sep 2016 12:00:56 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30003066 Les gens d’affaires de la région de Québec ont une très bonne raison de s’intéresser encore plus à l’Université Laval. Depuis février, la Faculté des sciences de l’administration (FSA) dipose d’un nouvel espace de 2100 mètres carrés à leur intention: …

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Les gens d’affaires de la région de Québec ont une très bonne raison de s’intéresser encore plus à l’Université Laval. Depuis février, la Faculté des sciences de l’administration (FSA) dipose d’un nouvel espace de 2100 mètres carrés à leur intention: le Carré des affaires FSA ULaval-Banque Nationale. «Avec cet espace, la Faculté envoie un signal très fort au milieu économique régional, affirme la directrice du Carré, Lyne Bouchard, également professeure au Département des systèmes d’information organisationnels. Il s’agit d’un lieu pour les gens d’affaires désireux de rencontrer des experts qui comprennent leurs besoins et avec qui ils pourront progresser.»

Un espace multifonctionnel
L’aménagement du Carré des affaires a nécessité la construction d’un étage supplémentaire sur deux pavillons, le Palasis-Prince et le La Laurentienne. Une passerelle vitrée, haute de 3,6 m et longue de 99 m, relie les deux bâtiments. Les travaux ont requis un investissement de 9,3 M$ provenant de donateurs privés, de diplômés et même d’étudiants au moyen du Fonds d’investissement des étudiants en sciences de l’administration. La Banque Nationale est le donateur principal.

Multifonctionnel, ce lieu d’échange d’idées comprend 17 bureaux, une salle polyvalente de 100 places et une salle d’apprentissage actif de 42 places. Cet environnement technologique hors pair permet les démonstrations dynamiques, le travail collaboratif et la résolution de problèmes en équipe.

«C’est dans le cadre de l’obtention des agréments AACSB International et EQUIS, reconnaissant la qualité de l’enseignement, de la recherche et des services, que nous avons pensé et planifié une telle plateforme, explique le doyen de la Faculté des sciences de l’administration, Michel Gendron. Le Carré des affaires favorisera la synergie de nos relations avec les gens d’affaires ainsi que nos mécanismes pour faciliter le recrutement, en plus d’accélérer la transformation et la progression des organisations et des entreprises.»

Pour compléter l’expérience de terrain et améliorer les pratiques des participants, les experts du Carré des affaires offrent des formations sur mesure –en salle, en ligne ou en mode hybride. Y sont notamment abordées la notion de leadership serein, la santé organisationnelle et la gestion efficace d’une équipe de vente. Un accompagnement personnalisé peut aussi être mis en place, par exemple sous forme de coaching et de mentorat. «Nos experts peuvent offrir toutes sortes de formules correspondant à toutes sortes d’apprenants», souligne Lyne Bouchard.

Gouvernance, recrutement et… rêve
Le Carré des affaires FSA ULaval-Banque Nationale héberge notamment le Collège des administrateurs de sociétés. Cet organisme est le fruit d’un partenariat entre l’Université, l’Autorité des marchés financiers, le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec. On y trouve 125 formateurs experts en gouvernance qui, à ce jour, ont répondu aux besoins de plus de 2500 administrateurs, chefs d’entreprise et gestionnaires. Les formations sur mesure permettent d’instaurer, de transformer ou d’optimiser la gouvernance dans une organisation. On y offre aussi un programme, unique au Québec, de certification universitaire en gouvernance de sociétés.

Le Centre des carrières FIESA, également hébergé au Carré des affaires, propose des services de recrutement et de gestion de la carrière aux gestionnaires, dirigeants, professionnels et étudiants en gestion.

Pour Lyne Bouchard, une université se doit de répondre aux besoins d’une PME, d’un OBNL ou d’une grande entreprise. «La Faculté des sciences de l’administration et l’Université comprennent bien les préoccupations des dirigeants et les dynamiques organisationnelles, explique-t-elle. Le Carré des affaires est un lieu de rencontre formidable pour faire cheminer les professionnels, les gestionnaires et les organisations québécoises vers leurs rêves.» 

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L’éveil par les stages http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/leveil-par-les-stages/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/leveil-par-les-stages/#respond Tue, 13 Sep 2016 11:00:19 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30003060 «Un stage d’études à l’étranger représente une formidable occasion de prendre conscience de soi et des autres.» Brigitte Martin résume ainsi sa thèse de doctorat en anthropologie, réalisée sous la direction de Marie-Andrée Couillard, de la Faculté des sciences sociales. …

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«Un stage d’études à l’étranger représente une formidable occasion de prendre conscience de soi et des autres.» Brigitte Martin résume ainsi sa thèse de doctorat en anthropologie, réalisée sous la direction de Marie-Andrée Couillard, de la Faculté des sciences sociales. Agente de recherche et de planification au Bureau international (BI) de l’Université, Brigitte Martin était en terrain de connaissance, ayant elle-même aidé à mettre en place le programme étudiant de mobilité internationale, lancé en 2000.

Pour son étude, la doctorante a mené 80 entrevues auprès de 53 étudiants des 3 cycles provenant de diverses facultés et ayant participé à l’un des 10 programmes de mobilité de courte ou de longue durée offerts par le BI. À partir de cette enquête ethnologique menée en 2011 et 2012, elle a dégagé trois types de stagiaires.

L’ingénu: sans expérience de voyage à l’étranger, c’est un étudiant compétitif qui considère ce stage comme une plus-value pour son curriculum vitæ. Il étudie dans un domaine socialement valorisé, comme la médecine, le droit ou l’administration. Partir est aussi pour lui un moyen de s’affranchir de son milieu familial.

Le maelströmiste est un véritable tourbillon, depuis toujours curieux des autres pays et qui parle deux ou trois langues. Son champ d’études (relations internationales, géographie, etc.) témoigne de sa passion pour l’étranger.

Quant au cosmopolite, ses parents sont souvent d’origine étrangère. Très à l’aise avec les différents codes culturels, trouvant dans la culture du pays où il fait son stage une réponse à ses questions existentielles aussi bien qu’à celles liées à son domaine d’étude (arts, science politique, anthropologie, etc.), il est en quelque sorte un citoyen du monde.

À des degrés divers, les trois catégories d’étudiants trouvent leur compte au cours du voyage, constate Brigitte Martin, que ce soit le renforcement de la confiance en soi, le développement de l’intérêt pour sa propre culture et pour celle de l’autre ou le sentiment accru de faire partie du monde. Sans parler, évidemment, de l’enrichissement des connaissances dans son domaine de formation. 

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L’invisible en vedette http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/linvisible-en-vedette/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/linvisible-en-vedette/#respond Tue, 13 Sep 2016 10:00:02 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30003056 Saviez-vous qu’une nanoparticule possède avec un ballon de soccer le même rapport de taille qu’un ballon de soccer avec la Terre? C’est dans cette dimension de l’infiniment petit que l’exposition Nanotechnologies: l’invisible révolution fait voyager le visiteur. Tenue au Musée …

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Saviez-vous qu’une nanoparticule possède avec un ballon de soccer le même rapport de taille qu’un ballon de soccer avec la Terre? C’est dans cette dimension de l’infiniment petit que l’exposition Nanotechnologies: l’invisible révolution fait voyager le visiteur. Tenue au Musée de la civilisation jusqu’en avril 2017, cette expo présente le surprenant potentiel de cette science récente ainsi que ses nombreuses applications, des vêtements performants aux télécommunications en passant par les médicaments.

«L’émergence des nanosciences a permis aux scientifiques d’observer des systèmes mesurant aussi peu qu’un milliardième de mètre; maintenant, nous pouvons étudier, contrôler et même créer des matériaux qui existent dans ces dimensions invisibles», précise Normand Voyer, professeur au Département de chimie, qui a collaboré au projet avec trois autres professeurs du campus: Mario Leclerc et Jean-François Morin, du même département, ainsi que Marc-André Fortin, du Département de génie des mines, de la métallurgie et des matériaux.

Le Québec se positionne comme chef de file de cette technologie née au tournant des années 2000, et l’Université Laval est un acteur clé dans le domaine, affirme Normand Voyer: «Les recherches menées ici sont très variées. Elles touchent autant aux secteurs biomédical et optique qu’à celui des matériaux.» Dans ses travaux, le chimiste s’intéresse à une molécule de taille nanométrique, qui existe à l’état naturel, et dont les propriétés permettent de transpercer la membrane d’une cellule. «Notre raisonnement, c’est qu’en mimant son mécanisme d’action, on arriverait à cibler et à détruire des cellules cancéreuses», explique le chercheur.

Et ces découvertes n’en sont qu’à leurs balbutiements. Dans un futur pas si lointain, emballages alimentaires intelligents, fibre optique ultra performante et nanorobots introduits dans nos corps à des fins diagnostiques pourraient voir le jour. «C’est la pointe de l’iceberg, s’enthousiasme Normand Voyer. Énergie, communication, environnement, santé, on ne peut imaginer toutes les applications à venir des nanotechnologies, dont certaines semblent à la limite de la fiction.»

Le «nanomonde» a ceci de fascinant: à son échelle, la matière ne répond plus aux lois de la physique et de la chimie qui régissent notre réalité macroscopique. Elle réagit différemment. Par exemple, dans l’infiniment petit, la gravité terrestre est négligeable. Bref, les nanotechnologies convoquent une part d’inconnu. Pas étonnant qu’elles soulèvent tant les passions que les inquiétudes, notamment à l’égard de récupérations malveillantes de cette science. Pour ou contre les nanotechnologies? Au cours de l’exposition, le visiteur est appelé à se poser la question grâce à un habile parcours qui défie les idées préconçues. «Les chercheurs aussi sont vigilants à ce sujet», assure Normand Voyer.

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À la poursuite du rêve américain http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/a-la-poursuite-du-reve-americain/ http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/a-la-poursuite-du-reve-americain/#respond Tue, 13 Sep 2016 09:00:07 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_magazine&p=30003052 Les images spectaculaires de familles traversant la Méditerranée sur de frêles esquifs ne disent pas tout de la réalité des migrants. Il existe aussi, dans les Amériques, des centaines de milliers de personnes qui prennent chaque année la direction du …

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Les images spectaculaires de familles traversant la Méditerranée sur de frêles esquifs ne disent pas tout de la réalité des migrants. Il existe aussi, dans les Amériques, des centaines de milliers de personnes qui prennent chaque année la direction du Nord. Elles fuient la violence et la pauvreté du Honduras, du Guatemala et du Salvador en espérant se rendre jusqu’aux États-Unis par les routes du Mexique. C’est à cette réalité que s’intéresse Danièle Bélanger, professeure au Département de géographie. Avec son étudiant au doctorat Guillermo Candiz et d’autres spécialistes de la question, elle vient de publier Rethinking Transit Migration, paru chez Palgrave (Grande-Bretagne).

Depuis deux ans, les chercheurs ont observé de près les routes mexicaines empruntées par ces migrants, qui mettent plusieurs semaines, plusieurs mois ou même des années à se rendre d’un bout à l’autre du pays. Un parcours qui n’a rien de linéaire et qui compte bien plus de serpents que d’échelles. Enlèvements, viols, extorsions de fonds, accidents ferroviaires, tous les migrants rencontrés pour les besoins de cette étude racontent l’extrême violence qu’ils ont eux-mêmes subie ou qu’on leur a rapportée. Plusieurs renoncent à parvenir aux États-Unis et s’établissent au Mexique.

Il faut dire que, pour les gangs de narcotrafiquants et autres bandits de grands chemins, ce flux continuel de voyageurs prêts à tout pour vivre le rêve américain constitue une véritable manne. «Beaucoup de migrants disposent de ressources transnationales, explique Danièle Bélanger. Ils ont souvent des amis ou de la famille aux États-Unis, que les kidnappeurs contactent pour demander une rançon. Sur la route, on ne sait jamais à quel endroit les enlèvements vont avoir lieu.» Sans parler des nombreux passeurs, les «coyotes», qui réclament 5000$ pour aider à traverser la frontière et qui ne tiennent pas toujours parole.

Au cours de leur étude, la géographe et ses collègues ont constaté que les migrants communiquent beaucoup sur les réseaux sociaux pour trouver les informations les plus à jour, susceptibles de garantir leur sécurité. Depuis peu, leur voyage se complique encore plus avec le renforcement de la sécurité à toutes les portes d’entrée mexicaines et des contrôles dans le pays. «La fermeture de la frontière sud ne freine pas le flux migratoire, mais elle favorise la croissance d’une véritable industrie de la sécurité, constate Guillermo Cadiz. Le Mexique dépense une fortune pour refouler les immigrants.»

Danièle Bélanger juge important de faire connaître la réalité de ceux qui fuient leur pays et de combattre les préjugés: «On valorise la mobilité de nos étudiants ou de certaines marchandises, tout en considérant les migrants comme de possibles terroristes. De plus en plus, la migration humaine devient un marqueur d’inégalité.» 

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