Archives des Automne 2011 - Contact http://www.contact.ulaval.ca La zone d'échange entre l'Université, ses diplômés, ses donateurs et vous. Tue, 03 May 2016 20:07:09 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.1 Réussite demande collaboration http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/reussite-demande-collaboration-2404/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid Conférencier apprécié pour son franc-parler, Égide Royer tient un discours qui tranche dans le milieu de l’éducation. L’auteur de Comment être le bon parent d’un élève difficile et de Leçons d’éléphants: pour la réussite des garçons à l’école ne craint…

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Comment être le bon parent d’un élève difficile et de Leçons d’éléphants: pour la réussite des garçons à l’école ne craint pas de dénoncer le manque de préparation des enseignants aux enfants difficiles et de souligner que l’école est tout sauf boy’s friendly. Conscient de l’importance que joue la famille dans la réussite des élèves, le professeur au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage partage avec les lecteurs quelques-uns de ses résultats de recherche.
 
Selon vous, la lecture constitue la clé de voûte de la réussite scolaire: comment peut-on amener les enfants à lire?
Le seul fait de regarder un livre avec mon enfant, bien avant qu’il entre à l’école, et de suivre le texte avec le doigt, «Il était une fois un loup-garou qui s’était emparé d’une princesse…», c’est déjà de la pré-lecture. Dès la maternelle et la première année, les bonnes écoles et les bons parents suivent les progrès du lecteur débutant et surveillent aussi l’autre indicateur unanimement reconnu: sa capacité à respecter les consignes. Lire et obéir sont vraiment les deux choses les plus importantes à cinq et six ans. Cette période de la vie des élèves est tellement cruciale qu’on ne devrait choisir, pour la première année du primaire, que des enseignants admissibles au Temple de la renommée de l’éducation!

Comment les parents peuvent-ils identifier ce qui cause des difficultés à leur enfant à l’école?
Dès la première année du primaire, 10 à 15% de jeunes connaissent des difficultés ou une perte d’intérêt pour l’école, et il faut comprendre pourquoi. Les problèmes associés à la lecture et au comportement sont les plus fréquents, mais il peut aussi s’agir d’intimidation: un jeune qui en est victime risque de développer une réaction d’évitement aux situations scolaires, ce qui exige une intervention des adultes auprès des jeunes qui en sont la source. Un modèle pertinent d’évaluation des problèmes est celui de la réponse à l’intervention (voir par exemple www.rti4success.org/index.php) qui consiste à émettre des mini-hypothèses sur la cause des difficultés puis à mettre à l’essai des interventions de plus en plus puissantes en évaluant les progrès de l’élève, de son enfant.

Il faut aussi admettre que, parfois, une partie du problème vient de l’enseignant. La majorité d’entre eux travaillent très bien, mais certains auraient besoin d’aide, tandis que 5% ont d’énormes difficultés, comme dans n’importe quelle autre profession. S’ils rencontrent des jeunes en difficulté, cela fait des flammèches.

Que peuvent faire les parents dans ces cas extrêmes?
Lorsqu’un parent se rend compte que ses interventions auprès de l’enseignante ou de la direction de l’école ne donnent rien, il peut aujourd’hui se référer au protecteur de l’élève. J’ai milité 15 ans afin que les parents disposent d’une personne neutre pour les aider. Depuis le 1er septembre 2010, un protecteur de l’élève est présent dans chaque commission scolaire où il joue un rôle de médiateur.

La lecture garde-t-elle son importance plus tard dans le cheminement scolaire?
Vers la cinquième ou la sixième année du primaire, certains jeunes vont accuser un retard dans l’apprentissage, y compris dans la lecture. Faut-il le faire redoubler ou lui ouvrir automatiquement les portes de l’école secondaire? Ni l’une ni l’autre de ces mesures ne semblent très pertinentes. Selon la National Association of School Psychologists, aux États-Unis, un certain pourcentage d’élèves ont besoin de plus de temps et d’une formation intensive pour la lecture. Au Québec, des écoles privées et quelques écoles publiques organisent déjà des avant-midis de lecture le samedi pour donner un coup de pouce.

Les élèves décrocheurs engendrent-ils des parents décrocheurs?
Lorsque les enfants ont cinq et six ans, la plupart de leurs parents veulent collaborer avec l’école. Cependant, quand l’école les appelle fréquemment pour leur dire «Steve a frappé quelqu’un dans la cour de récréation, il va falloir que vous agissiez», les parents finissent par ne plus répondre. Vouloir chercher un coupable à ce qui se passe dans une classe ou une cour de récréation, ce n’est pas une avenue porteuse de changements, ni pour les enseignants, ni pour les parents.

Comme psychologue scolaire, j’ai constaté que dans les cas de difficultés de comportement à l’école, certains parents pointaient du doigt l’école. Les enseignants, eux, disent «Avec les parents que cet enfant a, comment voulez-vous qu’il réussisse à l’école?». Pour sortir de ce terrain miné, il faut enlever les accusations et voir comment on peut travailler sur le comportement de l’enfant.

Comment améliorer les relations entre l’école et les parents?
Dans mes cours, la première chose que je montre aux futurs enseignants c’est comment téléphoner à un parent. On ouvre toujours la conversation par un aspect positif. «Madame, je suis l’enseignante de Steve, juste pour dire que je suis contente de l’avoir dans ma classe, il a les yeux brillants, etc.». Après ça on peut aller vers un autre point. Je leur suggère de travailler avec les parents selon un modèle très simple, développé par Paterson dans les années 1980: celui des dépôts et des retraits. L’enseignant peut téléphoner au parent simplement pour dire que Steve est dans sa classe, c’est un dépôt. Le retrait, c’est quand il appelle pour dire que Steve a frappé quelqu’un d’autre et qu’il faut une rencontre. Si l’école ne fait toujours que des retraits, ne rapporte que des choses négatives, cela rend les relations tendues après quelques années.

Les enseignants sont-ils préparés à composer avec les enfants en difficulté?
Au Québec, les enseignants n’ont reçu que très peu de formation initiale concrète sur comment prévenir et composer avec des situations difficiles. La ministre de l’Éducation a annoncé un budget de 40 M$ pour soulager les enseignants qui ont des élèves en difficulté et peut-être revenir aux classes spéciales – ce qui nous ramène 30 ans en arrière. Malheureusement, la prévention, la formation des enseignants et les ser­vices professionnels adaptés ne font pas partie du débat actuel ! Même si la majorité des jeunes vont bien, la réussite scolaire pourrait s’améliorer de beaucoup avec une forme de collaboration école-famille plus articulée.

Avez-vous des exemples de bonne collaboration école-famille?
Si l’on revient aux compétences en lecture, fondamentales pour la réussite, on peut citer une école de Mont­réal qui, il y a quelques mois, a ouvert ses portes aux garçons seulement, pour une soirée de lecture. Les grands-pères, les pères et les fils ont lu «entre gars». C’est le genre d’initiative qui peut renforcer l’idée que l’école et les études sont une affaire de gars aussi. On a besoin de modèles masculins en situation d’apprentissage, car les jeunes apprennent par imitation.

Pourquoi aider particulièrement les garçons?
Les gars arrivent à l’école un peu moins prêts aux apprentissages. Et ça se répercute sur leur avenir : à 20 ans, 35 % des gars n’ont aucun diplôme du secondaire contre 21% des filles. Par ailleurs, 87% des enseignants sont des femmes et le nombre d’enseignants masculins ne cesse de diminuer, 13% au primaire, 37% aujourd’hui au secondaire alors qu’ils étaient majori­taires il n’y a pas si longtemps. On ne peut pas en conclure qu’il y a un lien de cause à effet, mais on peut dire que l’école n’est pas boy’s friendly.

Il va falloir revaloriser la contribution des hommes aux emplois en éducation. Pourquoi des enseignants masculins n’iraient-ils pas voir des jeunes de 4e ou 5e secondaire pour leur dire que c’est un maudit beau métier et qu’ils pourraient obtenir une bourse de 1000$ par an pendant les quatre ans du cours universitaire, à condition d’avoir conservé une bonne moyenne au collégial? Je veux avoir les meilleurs gars disponibles! Visons l’excellence et exigeons-la! Actuellement, certains étudiants sont admis à l’université dans les programmes d’enseignement avec des moyennes scolaires qui ne leur auraient jamais permis d’étudier en droit ou en psycho…

Est-ce qu’il y a une vision féminine de l’éducation?
Il y a un genre d’a priori qui dit que les difficultés de comportement touchent davantage les garçons. Les petits gars n’apprennent pas mieux à lire avec un enseignant, mais la diversité contribue à la richesse d’une école. Une direction d’école qui cherche un professeur doit toujours privilégier le meilleur pédagogue qui se présente, qu’il soit un homme ou une femme. Si j’ai deux profs à compétence égale, j’engage l’homme car il n’y en pas assez dans l’école. Ce qui va être perçu comme un tempérament violent ou extrême chez un garçon par une femme risque de l’être moins par un homme
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Après la parution de mon dernier livre, ça a brassé. Certains disaient: «Royer tu dis que les femmes causent l’échec scolaire des garçons…». Pas du tout! Je pense simplement qu’une meilleure contribution des hommes en éducation serait positive pour la réussite scolaire, entre autres celle des gars. Les garçons ont besoin de bouger. Des initiatives comme enlever la récréation de l’après-midi parce que c’est trop long d’habiller les jeunes l’hiver, au primaire, cela a un impact différent chez les gars et les filles. Supprimer un cours d’éducation physique comme l’a décidé le gouvernement à la fin des années 1990 aussi.

De qui dépend la réussite des élèves?
Certaines statistiques m’embêtent, comme celle-ci : sept ans après le début de leur cours secondaire, 76% des gars anglophones du secteur public du Québec avaient obtenu leur diplôme, contre 60% des gars francophones. Ça montre qu’une partie de la réussite relève davantage de l’école que des parents. La qualité de l’enseignement a donc un lien direct avec la réussite scolaire.

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Jean Brassard, bâtisseur d’avenir http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/jean-brassard-bâtisseur-davenir-2421/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid Diplômé de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval (1968), Jean Brassard a œuvré dans la fonction publique québécoise avant de s’associer au succès du Groupe CGI. Pendant 22 ans, il a occupé des fonctions stratégiques au sein de…

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Ses qualités de gestionnaire, récompensées par la Faculté des sciences de l’administration qui lui a remis un prix Hermès de carrière en 2001, lui permettent une évolution professionnelle remarquable, empreinte du goût de bâtir et de favoriser l’ouverture sur le monde. Ces valeurs, il veut les transmettre à la génération montante. Ainsi, il y a quelques années, lorsque le projet d’une participation financière exceptionnelle à l’Université Laval commence à se dessiner, Jean Brassard y songe tout naturellement en tant que projet familial: tous les membres de la famille seront parties prenantes.

Un investissement familial
Au fil des années, Jean Brassard, sa femme Diane Beauregard et leurs enfants remettent
à l’Université Laval plus de 460 000 $. Avec cet investissement dans l’excellence, ils créent le Fonds Famille-Jean-Brassard visant à encourager la mobilité internationale des étudiants de la Faculté des sciences de l’administration. À ce jour, le Fonds a permis l’octroi de 62 bourses, dont plus du tiers à des étudiantes et étudiants originaires du Saguenay, conformément au souhait de la famille.

En moyenne, huit de ces bourses sont remises chaque année. Elles influencent réellement le cheminement scolaire des récipiendaires, en plus de leur offrir une expérience de vie unique dans un pays étranger. C’est ce dont témoigne Lisa-Laurie Hébert, boursière et étudiante à la maîtrise en administration des affaires, qui se sent extrêmement privilégiée d’avoir pu entreprendre un semestre d’études en Suède à l’automne 2010.

«Obtenir cette bourse est déjà une belle réussite, dit-elle, mais l’expérience qui y est liée est tout simplement inestimable! Cela m’a permis d’ouvrir mes horizons, de faire la connaissance d’un nouveau pays et de sa culture, de me faire de nouveaux amis et contacts, en plus d’assurer le rayonnement de la Faculté des sciences de l’administration. J’ai eu la chance de vivre des moments incroyables et d’en apprendre beaucoup sur moi-même et sur le monde qui nous entoure. Je tiens à remercier sincèrement M. Brassard et sa famille d’avoir choisi d’investir dans mon potentiel ainsi que dans celui de mes collègues boursiers.» La jeune femme a même livré sa gratitude en suédois: «Tack så mycket!»

Officier du Cercle du recteur

La famille de Jean Brassard a joint les grands donateurs de l’Université Laval et fait figure de modèle pour plusieurs. En mai, la Fon­dation de l’Université Laval a profité du cocktail des diplômés de la Faculté des sciences de l’administration à Montréal pour souligner la grande générosité de M. Brassard en lui décernant le titre d’officier du Cercle du recteur, l’un des huit titres de la Fondation.

Plus de 150 personnes ont participé à la cérémonie, qui a eu lieu au Club Mont-Royal. Y assistaient le recteur Denis Brière, le doyen de la Faculté des sciences de l’administration, Robert W. Mantha, la présidente du conseil d’administration de la Fondation, Charline Gilbert, ainsi qu’une assemblée composée d’amis, de diplômés de la FSA et de membres de la communauté d’affaires de la région de Montréal.
Pour en savoir plus sur les titres de la FUL ou pour connaître la liste des donateurs: www.ful.ulaval.ca.

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Le caribou nordique pourrait-il disparaître? http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/le-caribou-nordique-pourrait-il-disparaître-2405/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid «Non, le caribou ne disparaîtra pas du Grand Nord québécois. Mais oui, si j’avais une pourvoirie, je m’inquiéterais pour mon emploi.» Professeur au Département de biologie, Steeve Côté rappelle les résultats catastrophiques de l’inventaire aérien effectué sur le troupeau de la…

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Labrador.

Il faut se préoccuper de la situation et prendre des mesures pour atténuer cette descente spectaculaire, selon M. Côté, qui dirige le programme de recherche Caribou Ungava auquel collaborent des chercheurs et experts de cinq universités et du ministère des Ressources natu­relles et de la Faune du Québec. Les préoccupations doivent aussi concerner la harde de la rivière aux Feuilles. Ce troupeau n’a pas périclité comme celui de la George, mais on s’attend à ce que l’inventaire réalisé cet été montre également une baisse importante. Les résultats seront connus en novembre.

Pas exceptionnel
Toute préoccupante qu’elle soit, cette situation n’est pas exceptionnelle pour autant. Les caribous migrateurs sont connus pour leurs fluctuations démographiques impression­nantes qui peuvent décupler une population en quelques décennies pour la faire chuter encore plus rapidement les décennies suivantes. «On ne peut pas parler de cycles», précise toutefois Steeve Côté. Des cycles impliqueraient que les fluctuations soient connues sur une période suffisamment longue (au moins 180 ans) pour voir s’établir des patrons. Or, les premières données fiables ne remontent qu’aux années 1970.

Selon des informations fondées sur la tradition orale autochtone, on croit cependant que les caribous ont connu des périodes de très grande et de très faible abondance dans le passé. Au début du XXe siècle, notamment, ils auraient été très nombreux. Mais, nuance le chercheur, les gens pouvaient croire qu’il n’y en avait plus ou qu’il y avait une soudaine abondance, alors que les troupeaux s’étaient simplement déplacés.

Les scientifiques savent au moins qu’au début des années 1960, le troupeau de la rivière George comptait quelque 10 000 individus et que sa population a connu un pic de près d’un million en 1995, avant de redescendre à 400 000 lors de l’inventaire de 2001 puis à 74 000 l’an dernier. Pour sa part, la harde de la rivière aux Feuilles comptait quelques centaines de bêtes à peine à la fin des années 1960, pas moins de 56 000 en 1975 et entre 600 000 et 1,2 million en 2001, d’après un inventaire plutôt  imprécis.

Faible survie, mais bonne condition physique
Ce qui n’est pas réjouissant pour le troupeau de la George, c’est que le taux de recrutement de nouveaux jeunes, l’automne dernier, a été le 2e plus bas depuis 1970 –avec 17 veaux pour 100 femelles. Le chiffre magique pour maintenir une population stable est de 34 veaux pour 100 femelles, mais il en faudrait au moins 50% pour cette harde, compte tenu du faible taux de survie actuel des adultes –une autre donnée inquiétante. Grâce à des colliers télémétriques posés aux caribous des deux troupeaux, on sait qu’à peine 82% des femelles adultes survivent chaque année. «En deçà de 90 %, il faut commencer à se poser des questions», dit Steeve Côté.

La bonne nouvelle, c’est que les femelles du troupeau de la George sont en bonne condition physique, à tout le moins en meilleure condition que les femelles de la rivière aux Feuilles. Elles pèsent 10 kg de plus en moyenne, selon des données recueillies sur le terrain ainsi que par la récolte des chasseurs. Et cette condition physique des femelles de la George s’est améliorée de 30% depuis 2001. Pendant ce temps, les indices de masse corporelle des femelles et des veaux montraient une détérioration dans l’autre troupeau.

Que faut-il y voir? D’une part, les caribous de la rivière George prennent du mieux parce qu’ils sont maintenant moins nombreux à se partager le même gâteau alimentaire. Quant à leur taux de survie à la baisse, il résulte peut-être d’une augmentation de la prédation par le loup… et par l’ours noir qu’on trouve désormais jusqu’à l’extrême nord du Québec, phénomène peut-être lié au réchauffement climatique. «Mais on ne sait encore pratiquement rien sur la prédation», avoue Steeve Côté.

Question d’habitat?
À l’inverse, la moins bonne santé dans le clan de la rivière aux Feuilles serait attribuable au fait que, jusqu’à récemment, il y a eu de plus en plus d’animaux à se partager le gâteau. « Alors qu’il continuait de croître, le troupeau ne pouvait plus agrandir ses aires d’estivage et de mise bas dans la péninsule d’Ungava, tout l’habitat disponible étant utilisé », explique l’étudiante au doctorat en biologie et membre de Caribou Ungava, Joëlle Taillon. D’où les résultats à la baisse qu’on attend de l’inventaire 2011.

De là à déduire que le surnombre provoquerait une dégradation de l’habitat qui entraînerait à son tour un déclin rapide de la population, il n’y a qu’un pas… que franchissent les biologistes, pour qui cela demeure la principale hypothèse. Le problème est qu’on ne connaît pas la qualité réelle de l’habitat.
 
On connaît cependant l’utilisation qui a été faite de l’espace par les deux hardes dans la toundra depuis une vingtaine d’années, précise Mme Taillon. Il a donc été possible de produire des cartes, qu’on utilisera prochainement pour comparer des images satellitaires de ce territoire prises dans les années 1980 avec des images actuelles. Ces photos montreront la différence de verdure disponible entre les deux périodes et permettront d’établir des indices d’impact, entre autres pour les centaines de milliers de km2 que les caribous de la rivière George ont abandonnés depuis leur déclin. À l’œil, évalue Steeve Côté, ce garde-
manger semble s’être regarni, ce qui suggérerait qu’il y a encore beaucoup d’habitats utilisables si le troupeau se déplace ou augmente de nouveau.

Le réchauffement pointé du doigt
Parmi les causes possibles de déclin, on pointe aussi du doigt le réchauffement climatique, qu’observent de près les chercheurs de Caribou Ungava. Certes, le réchauffement peut favoriser la croissance rapide des plantes et amener davantage de nourriture pour les caribous, notamment durant la période cruciale de naissance des veaux. Mais il n’est pas sûr que des végétaux ayant poussé rapidement soient aussi nutritifs que d’autres dont la croissance a été plus lente. Et encore faut-il que le pic d’abondance des plantes soit synchronisé avec la période de mise bas, ce qui n’est pas forcément le cas avec des printemps décalés. Une étude effectuée au Groenland, rapporte M. Côté, a démontré que plus les deux pics sont désynchronisés, plus la survie des faons diminue.

Par ailleurs, le caribou s’accommode mal de la chaleur et des nuées d’insectes piqueurs qui viennent avec elle, sans parler des parasites comme Bestnoitia tarandi, un protozoaire qui infecte surtout les bêtes en mauvaise condition. Le réchauffement du climat peut également favoriser des dégels récurrents, durant l’hiver, qui transforment la neige en glace, rendant la nourriture (le lichen au sol) moins accessible. Ou bien éliminer des ponts de glace sur les nombreux cours d’eau que traversent les caribous. Ou encore rendre la migration plus difficile à cause d’une couverture de neige plus épaisse. Autant de facteurs qui, en synergie, peuvent contribuer au déclin d’une population.

La chasse tue
Un autre facteur à considérer, bien sûr, c’est la chasse. Selon les études de Caribou Ungava, le taux de survie des mâles adultes dans le troupeau de la George est de 51%. Or, la chasse sportive compte pour environ 14% de la mortalité, et ce sont surtout des mâles qui sont tués. Sans chasse, insiste Steeve Côté, le taux de survie augmenterait donc à 65 %. Ce serait encore insuffisant pour la stabilité du troupeau, mais cela aurait une incidence non négligeable dans le cas d’une population en chute libre.

C’est donc là-dessus que des mesures peuvent être prises pour atténuer le déclin. Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune a d’ailleurs commencé à restreindre la chasse du caribou toundrique. M. Côté ne serait pas surpris de la voir complètement interdite dès 2012 pour la harde de la George, ce qui irait dans le sens de ses recommandations: «On a toujours pensé que la chasse avait peu d’incidence sur la santé des  troupeaux, mais dans l’état actuel des choses, il faudrait être plus prudent.» Quant à la chasse de subsistance par les autochtones, elle n’est pas réglementée et les prises ne sont pas enregistrées, ce qui ne permet que des estimations approximatives de la récolte et rend très difficile, pour les chercheurs, toute modélisation des dynamiques de population.

Reste une autre inconnue. Une nouvelle inquiétude, à vrai dire: le Plan Nord que le gouvernement du Québec a rendu public le printemps dernier. Pour Steeve Côté, ce programme à long terme est menaçant pour tous les écosystèmes nordiques, incluant les caribous migrateurs, car le dérangement par les humains augmentera considérablement. «Or, dit-il, les caribous sont très sensibles au dérangement, comme le montrent plusieurs revues de littérature.»

Alors, alarmant ce déclin des caribous migrateurs du Québec? Faut-il s’inquiéter d’une disparition éventuelle de cet animal mythique qui a joué et joue toujours un si grand rôle dans la culture et l’économie du Nord? «Il y a tellement de facteurs en cause et il reste tellement d’études à faire avant qu’on puisse cerner l’ensemble de la question», répond le directeur de Caribou Ungava.

Il ne fait cependant aucun doute, selon lui, que le caribou migrateur continuera d’arpenter encore longtemps les grandes steppes nordiques du Québec. «Sauf que les pourvoyeurs et les autochtones doivent s’attendre à voir des troupeaux de moins en moins abondants, dit-il, en deçà des seuils d’exploitation, de plus en plus loin des communautés et sur des aires de plus en plus restreintes.»

***
GUÈRE MIEUX POUR LE CARIBOU FORESTIER

Pendant qu’une partie des caribous migrateurs du Grand Nord atteint un creux de population qui en inquiète plusieurs, ça ne va guère mieux pour les caribous forestiers, sédentaires, qui vivent plus au sud. En fait, le caribou des bois (écotype forestier) est toujours considéré vulnérable au Québec et menacé au Canada.

Cette santé précaire est fortement associée aux coupes forestières, précise Daniel Fortin, professeur au Département de bio­logie et cotitulaire de la Chaire de recherche industrielle CRSNG en sylviculture et
faune.

Les caribous forestiers du Québec appartiennent à un écotype distinct de leurs con­génères du nord –de type toundrique– et des quelques centaines de caribous de la Gaspésie –de type montagnard. Dans la forêt boréale de l’ouest du Canada, on en trouve différentes populations fragmentées, tandis que dans l’est, ils occupent une aire continue de l’Ontario jusqu’au Labrador, plus ou moins entre le 49e et le 55e parallèle. Au Québec, deux populations isolées broutent encore plus au sud, dans Charlevoix (parc des Grands Jardins et réserve faunique des Laurentides) ainsi que dans la région de Val-d’Or en Abitibi.

Depuis plusieurs années, le petit troupeau abitibien est dans une situation critique avec maintenant moins de 20 individus. «Pour le préserver, il faudra prendre des mesures spéciales, prévoit Daniel Fortin, peut-être même un enclos pour protéger les fe­melles gestantes des prédateurs.» Mais sans garantie de résultats. La population de Charlevoix semble pour sa part s’être stabilisée autour de 80 bêtes environ.

Pour ce qui est du cheptel de l’aire continue, on sait qu’il est dans un meilleur état que les deux populations isolées, mais on dispose de moins d’information à son sujet. L’évaluation de son effectif est très imprécise, se situant quelque part entre 6000 et 12 000 individus au Québec. On ne sait même pas avec certitude s’il s’agit d’une seule ou de plusieurs populations.

Ce dont on est sûr, par contre, est que son aire de répartition s’est considérablement déplacée vers le nord depuis 1850. Au point d’atteindre aujourd’hui la baie d’Hudson à l’ouest et presque Schefferville à l’est. Il y a d’ailleurs chevauchement entre les deux types de caribou, lorsque les migrateurs se trouvent au sud de leur aire, l’hiver.

Les coupes forestières progressant vers le nord seraient responsables de ce déplacement, selon Daniel Fortin. Le problème du caribou, avec la coupe, n’est pas tant la perte de ressources alimentaires et d’habitat que l’ouverture de chemins forestiers. Des chemins qu’utilisaient les chasseurs avant l’interdiction de chasse au début des années 2000 (5-11% de mortalité) et qu’utilisent encore les loups –grands prédateurs de caribou– pour pénétrer une forêt coniférienne mature qu’ils ne fréquentent pas normalement. De plus, les repousses des parterres de coupe amènent l’orignal dans les parages et donc encore plus de loups à sa suite.

Comment préserver le caribou tout en maintenant l’activité forestière dans son aire de distribution? C’est ce sur quoi travaille l’équipe de Daniel Fortin, pour qui la solution passe inévitablement par des approches sylvicoles.

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Prescription: dévouement http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/prescription-devouement-2422/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid Par sa contribution exceptionnelle, la Fondation Marcelle-et-Jean-Coutu est le plus important donateur privé au Projet Santé de l’Université Laval. Cette fondation a versé 2,5 M$ afin de financer une partie des coûts reliés à l’agrandissement et à la rénovation du pavillon…

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À l’occasion d’une cérémonie de reconnaissance durant laquelle a été annoncée la nouvelle désignation du hall du pavillon Ferdinand-Vandry du nom de Marcelle-et-Jean-Coutu, le donateur s’est adressé à l’auditoire constitué de plusieurs étudiants et étudiantes: «Peut-on refuser de dire “présent” quand la santé de nos clients nous réclame? Dès le début de vos études, il faut savoir que la profession de pharmacien, tout en permettant une vie familiale différente, vous permettra de vous adapter aux demandes de la société. Ce n’est pas de la servitude. C’est un privilège et, pour moi, ce fut et c’est encore ça la pharmacie.»

«Une des prérogatives d’un pharmacien, poursuit-il, c’est de participer, avec toute l’équipe, à donner, redonner ou maintenir la santé. Vous êtes fiers de votre diplôme, mais n’oubliez pas ce que ce diplôme prescrit: “dévouement”.» La société ne vous doit rien, a rappelé M. Coutu: «C’est vous qui devez à la société, sans quoi vos connaissances et votre présence ne serviront à rien. Sept jours, sept soirs et toutes les fins de semaine.»

La santé, un travail d’équipe
Au cours de cette cérémonie tenue en mai, le recteur Denis Brière a souligné l’appui exceptionnel de la Fondation Marcelle-et-Jean-Coutu. «L’Université Laval a toujours su être à l’écoute des besoins de formation dans les différents secteurs de la société québécoise, tout particulièrement dans le domaine des sciences de la santé. La rénovation et l’agrandissement du pavillon Ferdinand-Vandry nous assurent de mieux répondre aux besoins accrus de formation en médecine, en pharmacie et en soins infirmiers. Ils permettront aussi de renforcer la coopération entre ces trois facultés pour accroître la qualité de la formation et préparer les futurs diplômés à travailler dans des équipes multidisciplinaires de services de santé. La concertation avec les milieux professionnels de la pharmacie, et particulièrement avec la Fondation Marcelle-et-Jean-Coutu, permet à notre Faculté de pharmacie de renforcer la pertinence et la qualité de ses programmes de formation et de recherche. De cette façon, nous sommes désormais en mesure d’accueillir un plus grand nombre d’étudiants et d’étudiantes au programme de premier cycle.»

Durant l’année 2010-2011, la Faculté de pharmacie de l’Université Laval a accueilli 640 étudiantes et étudiants de premier cycle, 160 de deuxième cycle et 35 de troisième cycle. Plus de 80% des étudiants de premier cycle s’orientent vers la pratique de la pharmacie communautaire.

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L’avenir en santé commence ici

Pour mettre en œuvre sa nouvelle approche de formation axée sur la collaboration interprofessionnelle, le Projet Santé a misé sur la cohabitation des différentes facultés de sciences de la santé sous un même toit. Cette cohabitation est maintenant une réalité dans le pavillon Ferdinand-Vandry, agrandi et rénové au coût de 81M$, et doté d’équipements à la fine pointe de la technologie. Une campagne de financement est toujours en cours.

Inauguré en 2010, l’édifice a été reconnu par écoÉNERGIE de Ressources naturelles Canada pour sa conception qui économise l’énergie et minimise la production de gaz à effet de serre. Il a aussi reçu le Mérite d’architecture de la Ville de Québec, dans la catégorie vote du public, en 2009. À ces distinctions vient s’ajouter, pour le café Exocytose qui y loge, le Prix national Entrepreneuriat étudiant, catégorie Universitaire collectif au Concours québécois en entrepreneuriat.

Plus de 7000 étudiants des trois cycles universitaires se côtoient dans le pavillon. Les disciplines touchées par le Projet Santé sont ergothérapie, kinésiologie, médecine, médecine dentaire, nutrition, orthophonie, pharmacie, physiothérapie, sciences biomédicales, sciences infirmières et service social.

Information: www.ulaval.ca/projetsante

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BGL, l’art et l’insolence en trois dimensions http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/bgl-lart-et-linsolence-en-trois-dimensions-2406/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid Les trois sculpteurs qui forment, depuis 15 ans, le trio de choc en art contemporain qu’est BGL ont leur repère d’artiste dans le quartier Saint-Sauveur, en Basse-Ville de Québec. En juin, lorsque j’ai visité cet atelier qui abrite les délires et les…

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Partageant un même amour pour le tangible et la liberté ainsi qu’une grande dose de folie créative, les trois membres du collectif ont travaillé de concert dès le baccalauréat à l’École des arts visuels de l’Université Laval. Ce genre de partenariat s’avère assez inusité dans un monde où la signature personnelle est hautement recherchée. «À l’École, toutes les formes de duo entre nous ont existé», explique Nicolas Laverdière (Arts visuels 1997), joint à Montréal durant la même semaine et seul membre du collectif à avoir obtenu le diplôme qui a échappé aux deux autres faute d’avoir livré un ou deux travaux scolaires. «Vers la fin du bac, poursuit-il, nous avons loué un atelier à côté de l’École et monté ensemble l’exposition des finissants. Sur le carton d’invitation, nous avons d’abord inscrit nos trois noms, mais ça n’allait pas: c’était comme si nous étions trois entités séparées. Alors, ça a donné BGL.»

David Naylor, un de leurs professeurs de l’époque, qui enseigne toujours la sculpture à l’École des arts visuels et suit leur travail avec intérêt, témoigne de cette connivence et de cette complémentarité entre les trois amis –«l’un songeur, l’autre espiègle et le troisième plutôt cool californien», comme il les décrit– tout en affirmant que cette perte d’authenticité individuelle fait la marque de BGL.

Depuis 1996, le collectif a réalisé, à un rythme fou et dans le plaisir, une vingtaine d’expositions exclusives et plus d’une trentaine d’expositions avec d’autres artistes. Souvent à partir de matériaux de fortune, ces grands recycleurs et bidouilleurs devant l’Éternel réussissent chaque fois à proposer des installations ou performances insolites, parfois inquiétantes, qui ravissent le public et suscitent l’adhésion de la critique. Si bien qu’une exposition du collectif est devenue un événement, et que le trio est souvent choisi pour représenter le Québec lors d’expositions collectives au Canada et à l’étranger. Son travail a d’ailleurs fait l’objet d’une très belle monographie, réalisée par la Manifestation internationale d’art de Québec et parue en 2009.

Travailler sans se presser
Au moment de les rencontrer, les trois membres de BGL ne chômaient pas : trois projets devaient être livrés au cours des prochaines semaines. «Nous sommes tout simplement incapables de dire non à une invitation», exagère Sébastien Giguère en mentionnant celle de Nuit Blanche à Paris, ce grand happening en art contemporain qui se tiendra durant la nuit du 6 au 7 octobre dans plusieurs points chauds de la capitale française. L’installation projetée pour l’occasion en est une de bric et de broc dont BGL a le secret et qui a fait sa marque.

Il s’agit d’un ventilateur entremêlé de branches et de divers déchets qui fait ondoyer des rubans de couleur à la façon d’un feu. Ce grand bûcher de l’ère moderne, BGL l’installera dans le gymnase Ronsard, au pied de Montmartre, afin « d’offrir une expérience physique qui chatouillera l’instinct tribal des urbains que nous sommes ».
 
Mais en cette journée de juin, Jasmin Bilodeau et Sébastien Giguère étaient à choisir les matériaux de la sculpture, sélectionnée par concours, qui ornera le hall de la toute nouvelle salle de concert de l’Orchestre symphonique de Montréal inaugurée le 8 septembre. L’œuvre s’intitule, avec humour, Ce sont sûrement des Québécois qui ont fait ça. Elle représente trois immenses ondes sonores d’amplitudes et de formes différentes, faites chacune de cercles concentriques en métal, assemblés les uns aux autres avec du fil. L’absence de Nicolas Laverdière ce jour-là s’expliquait d’ailleurs par le fait qu’il coordonnait, à Montréal, certaines étapes de production de l’œuvre, confiées à des sous-traitants.

Le troisième projet en cours, celui de l’installation qui allait prendre place dans les Jardins du Précambrien pour le 11e Symposium d’art à Val-David, du 16 juillet au 10 octobre, n’était pas encore arrêté. Ça ne semblait pas inquiéter outre mesure les trois compères qui se demandaient s’ils n’allaient pas simplement s’y regarder pousser la barbe!
 
Des touche-à-tout
Semblables à bien des artistes contemporains aux pratiques polyvalentes et éclectiques, les membres de BGL travaillent toutes les matériaux et trafiquent un peu de tout. S’ils ont choisi l’installation, c’est que, fous de la matière, ils aiment recréer des environnements pour mieux laisser les visiteurs s’y immerger. Et puis, créer des installations leur permet d’explorer ce monde tous azimuts, curieux de ce qui s’offre à leur regard : neige, déchets, machines et inventions de toutes sortes.

Au début, les trois artistes avaient une préférence pour le bois, une matière qui leur donnait droit à l’erreur et qu’ils trouvaient à profusion dans le quartier Saint-Roch, alors en grand chantier de revalorisation. Grâce au centre d’artistes L’Œil de poisson, qui lui a donné sa première chance et mis à sa disposition ateliers, outils de travail et techniciens, le collectif a réalisé les im­menses structures de l’exposition Peine débuté, le chantier fut encore (L’Œil de poisson, 1997), dont la maison canadienne et la cabane à sucre. L’année suivante, une résidence d’artistes en sculpture à Saint-Jean-Port-Joli donnait naissance à la rutilante Mercedes et à la piscine en marqueterie de l’exposition Perdu dans la nature (La Chambre Blanche, 1998). De loin, ces œuvres dans lesquelles le visiteur peut pénétrer ont l’air de petits bijoux d’orfèvrerie mais, de plus près, on voit la grossièreté du matériau recyclé. «Nous ne sommes pas de grands techniciens, reconnaît Nicolas Laverdière, mais notre maladresse donne une certaine poésie à notre travail.»

Brouiller les repères
Tout en traitant parfois de sujets troublants comme le gaspillage ou la destruction de la nature, les installations de BGL ont ce don rare de susciter l’émerveillement, notamment grâce aux procédés simples par lesquels ils arrivent à tromper les sens du public. L’exposition À l’abri des arbres (Musée d’art contemporain de Montréal, 2001) en est un exemple remarquable et constitue un jalon essentiel de la carrière de BGL. «Cette expo était un ramassis de fantasmes, raconte Nicolas Laverdière. Nous voulions y faire vivre une multitude d’expériences, bouleverser et remplir de joie. Nous y avons mis beaucoup d’effets d’illusions.»

Pour ce faire, les trois artistes ont brouillé tous les repères et transformé complètement l’espace du musée. Les visiteurs allaient de surprise en surprise, passant d’une morne salle d’attente à un débarras pour aboutir dans une salle de fête, surmontée d’un plafond percé de silhouettes de sapins et contenant des colonnes entières de boîtes enrubannées, une fontaine de flûtes de champagne et des chandelles scintillantes. Pour duper les sens des visiteurs, les artisans de BGL avaient installé, dans une des salles, un immense miroir qui réfléchissait les objets, un effet de symétrie qui se prolongeait un peu plus loin, mais cette fois créé de toutes pièces par la disposition minutieuse de chaque élément de part en part d’un cadre.

Cette capacité de créer des trompe-l’œil avec peu de moyens, on la retrouve d’ailleurs dans l’œuvre baptisée Le Club que BGL avaient créée pour le 400e anniversaire de Québec, en 2008. Des fils invisibles parsemés de carrés bleus ondulaient au-dessus du bassin Louise, dans le Vieux-Port, donnant l’illusion, au loin, d’être la surface de l’eau. À côté, l’œuvre se poursuivait par deux rangées de bicyclettes stationnaires faisant face à des pyramides de coupes, où l’on incitait les visiteurs à pédaler afin de pomper l’eau du fleuve qui jaillissait dans ces fontaines de verre. Une façon toute bglienne d’évoquer l’immobilisme du Québec en matière de préservation de l’eau, et qui semble donner raison à David Naylor lorsqu’il affirme que «le commentaire social est plus marqué depuis cinq ou six ans chez BGL».

Vivre d’art et d’eau fraîche
Après 15 années de carrière et une réussite indéniable, Nicolas Laverdière admet vivre sa condition d’artiste plus sereinement: «Au départ, je trouvais ça futile, faire de l’art. Et puis, j’ai accepté. C’est devenu nécessaire.» Toutefois, les conditions financières restent aussi précaires qu’au tout début. «Nous n’avons aucune certitude concernant notre survie», dit-il en expliquant que tous trois ont développé, en conséquence, un mode de vie peu coûteux.

«Ça prend une sacrée dose de courage pour faire ce métier-là, s’exclame David Naylor. Il n’y a aucun filet. Ils ont beaucoup investi pour devenir ce qu’ils sont. Et puis, maintenant, on n’a plus affaire à des débutants, ils vieillissent: Nicolas perd ses cheveux, Sébastien vient d’avoir un troisième enfant… Ce sont maintenant des artistes de carrière.» Et ils se montrent très généreux envers la relève, ajoute leur ancien prof qui les invite chaque année à venir discuter avec ses étudiants dans l’un de ses séminaires.

«C’est formidable qu’ils s’identifient à Québec et qu’ils y restent, reprend David Naylor. C’est important pour la qualité de la vie artistique et leur présence renforce la crédibilité de ce qui se crée dans la capitale.» Les organismes solidement implantés, comme la Manif d’art et Folie Culture, ainsi que les regroupements d’artistes, comme L’Œil de poisson et le complexe Méduse, sont de vraies mines d’or, selon Nicolas Laverdière, qui salue également des initiatives comme Où tu vas quand tu dors en marchant du Carrefour international de théâtre.

«Nous adorons Montréal», confie-t-il, lui qui est le seul du trio à y travailler et y vivre en partie. «Mais notre famille de travail est à Québec où il y a beaucoup de débrouillardise, ce qui est fondamental à BGL. Et puis, la communauté artistique y est tellement touchante : il s’agit de monde vrai, positif, persévérant et généreux.» Tout comme BGL!

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Lire le témoignage de trois autres diplômés de l’Université Laval qui pratiquent l’art contemporain, dans leur cas en Allemagne, aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

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À pleines pages http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/a-pleines-pages-2423/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid L’indice de progrès véritable au Québec
Harvey L. Mead (Philosophie 1964), avec la collaboration de Thomas Marin
Multimondes, 386 pages
   C’est devant un constat d’inaction que Harvey Mead s’est attelé à la rédaction de cet ouvrage. En…

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L’indice de progrès véritable au Québec
Harvey L. Mead (Philosophie 1964), avec la collaboration de Thomas Marin
Multimondes, 386 pages
   C’est devant un constat d’inaction que Harvey Mead s’est attelé à la rédaction de cet ouvrage. En 2008, après avoir quitté ses fonctions de commissaire au développement durable du Québec, cet acteur important des milieux de l’environnement depuis plus de 40 ans s’est donné l’objectif de définir l’indice du progrès véritable (IPV) du Québec.

Ce livre en est le résultat. L’IPV est un indicateur de rechange au produit intérieur brut (PIB) pour mesurer l’évolution du bien-être réel d’un pays. Alors que le PIB ne mesure que l’activité économique monétaire, l’IPV prend en compte la valeur estimée des activités économiques non monétaires (comme le bénévolat ou les activités domestiques) et retranche la valeur estimée des richesses naturelles perdues (dommages à l’environnement, destruction des ressources non renouvelables, etc.) et des dégâts sociaux (chômage, délits, accidents, maladies, inégalités, etc.).
 
Harvey Mead a réalisé ce travail parce que, selon lui, il y a urgence: «Devant la crise des changements climatiques, tout comme devant les nombreuses autres crises qui finissent néanmoins par augmenter le PIB à tous les niveaux, il est urgent que les décideurs reconnaissent la déficience de leur indice et qu’ils arrêtent de l’utiliser comme guide, dès maintenant. Le temps presse.»

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Trilogie art-normes

François Bertrand (Psychologie 1995 et 1998; Sexualité humaine 2000)
Presses de l’Université Laval, 85 pages
   Le directeur de Vincent et moi (Institut en santé mentale de Québec), un programme d’accompagnement de personnes qui reçoivent des soins psychiatriques et poursuivent une démarche artistique, s’est joint à l’École des arts visuels de l’Université pour produire un recueil d’œuvres et de textes qui ne laissent pas indifférent.

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Chroniques des Années-lumière

Laurent Drissen, professeur à la Faculté des sciences et de génie
Multimondes, 279 pages
   L’astrophysicien rassemble ici, après les avoir enrichies, ses chroniques livrées à l’émission Les Années-lumière de Radio-Canada. Superbement illustré, l’ouvrage rend compte de l’évolution des connaissances en astronomie des 10 dernières années: des hypothèses sur l’origine de la lune jusqu’au plus récent système de classification des galaxies, le Galaxy Zoo.

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Les premiers Juifs d’Amérique

Denis Vaugeois (Histoire 1967)
Septentrion, 378 pages
   L’historien rend compte de sa quête d’information sur trois générations de Hart, première famille juive à s’être établie sur le territoire actuel du Québec. Résultat: une saga qui s’étend de 1760 à 1860 et présente les Hart à travers leurs succès sociaux et financiers, autant que leurs bonheurs et misères quotidiennes. Très nombreuses illustrations.

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Voyage en Orient (1839-1840)

Pierre-Gustave Joly de Lotbinière, présenté par Jacques Desautels (Lettres 1964), retraité de la Faculté
des lettres, et établi par Georges Aubin et Renée Blanchet
Presses de l’Université Laval, 427 pages
   Athène, Alexandrie, Jérusalem, Istanbul: ce n’est pas d’hier que ces cités millénaires attirent les voyageurs. Cette aventure, le seigneur Joly de Lotbinière et ami de Louis-Joseph Papineau l’a vécue il y a près de deux siècles. Son récit empreint d’intelligence est précédé d’une substantielle mise en contexte de Jacques Desautels, helleniste et connaisseur du Moyen-Orient.

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Souvenirs pour demain

Godeliève De Koninck (Bac général 1957; Ens. préscolaire et primaire 1977; Psychopédagogie 1981; Didactique 1990)
104 pages
   Cette chronique familiale toute simple est faite de descriptions des lieux d’enfance et des figures qui les ont peuplés. Aînée des filles parmi les 12 enfants de Charles De Koninck, l’auteure destine d’abord ses écrits à ses descendants, mais ouvre en même temps une fenêtre à tous sur les premières années de cette famille importante pour Québec et pour l’Université.

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La tache originelle

Noël-Henri Montgrain (Médecine 1959), retraité de la Faculté de médecine
Carte blanche, 157 pages
   Lui-même psychanalyste, l’auteur de ce roman fait entrer le lecteur dans la salle de psychanalyse et la tête du médecin qui y exerce. Ce dernier, à la faveur d’une crise personnelle, se laisse toucher par ses patients bien au-delà de ce que son métier l’exige.

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Casino en ligne: joue-t-on à la roulette russe? http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/casino-en-ligne-joue-t-on-a-la-roulette-russe-2407/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid En décembre  2010, la mise en service d’Espace Jeux, le site Web de Loto-Québec dédié aux jeux de hasard en ligne, a réveillé le spectre du jeu pathologique. Plusieurs groupes soucieux de santé publique ont alors soulevé une grande question: en rendant…

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«Nous sommes plus inquiets face au jeu en ligne qu’au jeu en personne», reconnaît Isabelle Giroux, professeure à l’École de psychologie et directrice du Centre d’excellence pour la prévention et le traitement du jeu (CEPTJ). «L’accessibilité est un facteur de risque important et en ligne elle est forcément plus grande, poursuit la psychologue. En plus, le joueur est seul à la maison. Il peut jouer avec plusieurs écrans et sur plusieurs sites en simultané, ce qu’il ne peut pas se permettre lors d’une partie de poker entre amis ou en salle.»

Si la logique appuie ces inquiétudes, il n’existe pas encore de confirmation claire. «Il y a très peu d’études sur les dangers du jeu en ligne par rapport aux risques du jeu en personne, remarque Isabelle Giroux. Et il y a encore des contradictions entre leurs résultats. C’est d’ailleurs pourquoi nous trouvions prématuré qu’un casino en ligne soit lancé au Québec.»

Miser sur la crédibilité
Pour l’instant, il n’y a pas lieu de paniquer. Selon le dernier rapport annuel de Loto-Québec, Espace Jeux comptait 37 753 adhérents au 31 mars 2011, soit après quatre mois d’activité. Loto-Québec estime qu’environ 60% de ces joueurs sont actifs (soit autour de 22 000 personnes) mais, concurrence oblige, la société d’État ne divulgue de données ni sur les jeux les plus populaires ni sur le niveau d’activité des joueurs. Elle se borne à dire que le joueur « inactif » est celui qui s’est inscrit par curiosité sans jamais jouer, celui qui n’a misé que les 10$ offerts comme prime d’inscription ou celui qui joue avec de l’argent fictif.

Pour la même période, Loto-Québec annonce des revenus conformes à ses prévisions de départ, soit quelque 7M$. Il s’agit d’une jolie somme mais, il faut bien le dire, d’une goutte dans les revenus annuels de près de 3,8G$ de la société d’État. C’est n’est bien sûr qu’un début.

Il reste que l’arrivée du site de Loto-Québec ajoute, du moins pour les Québécois, une dimension nouvelle aux jeux d’argent sur Internet.  L’enjeu des casinos en ligne a toujours été la confiance », remarque Madeleine Pastinelli, professeure au Département de so­ciologie. À qui donnez-vous votre numéro de carte de crédit? Quelles sont les garanties que vous pourrez empocher vos gains? Est-ce que le jeu est «arrangé»? «Il m’apparaît clair, ajoute l’ethnologue, que la crédibilité de Loto-Québec aura pour effet de rassurer bien des joueurs. Cela lève donc un frein, ce qui ne veut pas dire que tout le monde s’inscrira au site.»

Poker: le plus populaire
À défaut de connaître précisément les habitudes des joueurs en ligne d’Espace Jeux, les chercheurs savent que le poker est le maître du jeu en ligne. «Avec des centaines de sites, le poker est de loin le jeu de hasard le plus répandu sur Internet», affirme Madeleine Pastinelli.

Le poker est aussi un monde à part dans le domaine des jeux de hasard. «La plupart des joueurs de poker considèrent qu’il s’agit d’un jeu de stratégie où l’habileté est le facteur déterminant, constate Serge Sévigny, chercheur au CEPTJ et professeur au Département des fondements et pratiques en éducation. Pour certains, le hasard n’entre même pas en considération.» M. Sévigny s’intéresse aux pensées erronées des joueurs afin de concevoir de meilleurs moyens de sensibiliser et d’aider les joueurs pathologiques.

Selon ses travaux, les joueurs de poker estiment pouvoir améliorer leurs habiletés en jouant souvent. Ils acceptent de perdre de l’argent au cours de l’apprentissage, convaincus qu’ils pourront se «refaire» plus tard. Ce n’est pas un hasard si les casinos en ligne martèlent essentiellement ce message: jouez plus, vous serez meilleurs! Avec le poker, il y a donc une notion d’habileté, par opposition au hasard pur; s’il perd, le joueur pense que c’est sa faute, qu’il n’a pas bien joué.

«Cette logique n’est pas totalement fausse puisque je peux effectivement devenir un meilleur joueur à force de jouer, remarque Serge Sévigny. Toutefois, le hasard guide toujours la distribution des cartes et je ne peux pas non plus prévoir toutes les réactions de mes adversaires. C’est une réalité que les joueurs ignorent souvent, peut-être parce qu’ils ont du plaisir à croire qu’ils sont en mesure de déjouer le hasard.» Pour vaincre le hasard, les joueurs de poker ne font pas que jouer beaucoup, ils lisent aussi énormément. «C’est assez impressionnant de voir toute la documentation qu’ils consultent dans l’espoir d’améliorer leurs habiletés.»

Raffiner sa stratégie
Madeleine Pastinelli suit depuis quelque temps une communauté en ligne qui regroupe des joueurs de poker (en ligne et en personne). Ses premières observations confirment les tendances relevées par Serge Sévigny. «Les membres de cette communauté ont tous l’ambition de devenir des joueurs professionnels, explique-t-elle. Ils fréquentent donc un site Web où ils peuvent échanger sur leurs pratiques, sur les stratégies et sur les façons d’améliorer constamment leur jeu»

«Les joueurs de poker que j’observe, poursuit Mme Pastinelli, considèrent qu’il s’agit d’un jeu de stratégie et qu’il est possible d’acquérir une grande maîtrise du jeu afin de devenir des très bons joueurs capables de gagner suffisamment d’argent pour en vivre, peut-être même devenir des vedettes. Pour eux, le monde du poker se divise en deux: d’un côté, les bons joueurs, c’est-à-dire eux, et de l’autre, les mauvais joueurs, les «poissons», qui permettent aux bons joueurs de faire des gains.»

Et les poissons, ces joueurs les trouvent sur des sites comme Espace Jeux. Du moins, c’est ce qu’ils pensent, conformément à leur vision du monde de joueur de poker. «J’ai plutôt tendance à penser qu’il y a très peu de gens qui jouent au poker comme on joue au bingo », remarque Madeleine Pastinelli.

Les «vrais» joueurs de poker en ligne, comme ceux qui composent la communauté qu’observe l’ethnologue, sont ceux que se disputent les nombreux sites depuis quelque temps déjà. Ils constituent aussi une des clientèles cibles d’Espace Jeux. «Les joueurs que j’observe sont ambivalents devant la venue de ce nouveau site », estime Madeleine Pastinelli. Ils tiennent compte de plusieurs critères dans le choix des sites de jeux dont le pourcentage que prend la maison sur chaque lot (le rake). Leur habileté ne se limite pas aux stratégies de jeu!

Nouvelle donne pour le traitement
Les caractéristiques des joueurs de poker, en ligne ou en salle, changent le portrait type du joueur patholo­gique, avec des conséquences sur l’approche thérapeutique. Qui dit habiletés, dit contrôle, rationalité, maîtrise des émotions et donc du jeu, ce qui nous éloigne des comportements compulsifs associés au jeu pathologique. L’image caricaturale de l’accro aux yeux rougis qui reste suspendu à «sa» machine de loterie vidéo s’estompe derrière le discours à saveur cartésienne des joueurs de poker. «Nous sommes dans une situation bien différente de celle des joueurs de loterie vidéo, note Isabelle Giroux. Ces derniers croient aussi à une certaine notion d’habileté, mais jamais autant qu’un joueur de poker.»

Le jeu en ligne complique encore davantage l’approche thérapeutique. «Tous jeux confondus, incluant le poker, les joueurs en ligne sont généralement plus jeunes que les joueurs de loterie vidéo dans les bars ou les casinos et, déplore Isabelle Giroux, ils ont moins tendance à consulter. Nous cherchons à développer de nouveaux types de traitements pour ces joueurs.»

Un des éléments clés de la thérapie  «traditionnelle» conçue par le CEPTJ est d’inciter les joueurs pathologiques à avoir d’autres activités, à élargir leurs champs d’intérêts, à sortir de leur monde. «Au contraire, note Mme Giroux, le fait de jouer en ligne, seul chez soi, contribue à maintenir l’isolement de la personne.»

Ce n’est pas tout. L’accessibilité et la disponibilité des jeux de hasard vont de pair avec les comportements pathologiques lorsqu’il s’agit du jeu en salle.  Beaucoup d’études confirment cette situation», mentionne Serge Sévigny. Au chapitre de l’accessibilité, le nombre très élevé d’appareils de loterie vidéo répartis sur tout le territoire du Québec posait déjà problème. «Dans la grande majorité des appels placés à la ligne de référence sur le jeu, note-t-il, ces appareils sont pointés comme source des problèmes de jeu pathologique.»
 
Alors, imaginez maintenant que le casino est dans votre salon!

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Vivre d’art contemporain hors Québec http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/vivre-dart-contemporain-hors-quebec-2424/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid Artiste-chirurgienne, entre l’Allemagne et l’Espagne
Depuis l’école primaire, Marie-Lou Desmeules (Communication graphique 2000) savait qu’un jour elle serait une artiste: soit une caricaturiste, soit une actrice. Aujourd’hui, elle un peu des deux et plus encore. La jeune femme pratique une forme…

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Artiste-chirurgienne, entre l’Allemagne et l’Espagne
Depuis l’école primaire, Marie-Lou Desmeules (Communication graphique 2000) savait qu’un jour elle serait une artiste: soit une caricaturiste, soit une actrice. Aujourd’hui, elle un peu des deux et plus encore. La jeune femme pratique une forme d’art qui lui donne le maximum de liberté pour s’exprimer: la chirurgie picturale, un mélange de plusieurs techniques artistiques telles que la peinture, la photographie et la vidéo.

«Une chirurgie picturale est une performance qui dure environ trois heures, explique-t-elle. Tout d’abord, je laisse jouer une sélection de musique loufoque et tragique. Une personne sert de tableau. J’efface sa personnalité sous de grosses couches de peinture de matériaux divers, comme du latex, des cheveux ou du plastique. Je crée un décor qui emprisonne l’être humain dans une nouvelle existence. Une identité piégée est créée.»
 
Après avoir vécu 10 ans à Berlin, Marie-Lou Desmeules se dirige maintenant vers l’Espagne: «J’aime me lancer vers des horizons incertains pour m’accomplir et vivre intensément.» L’artiste souhaite donc s’établir en à Valence, où elle compte ouvrir son «cabinet de chirurgies picturales» et faire, entre autres, des performances devant le public, des expositions et des projections-vidéo. Cet automne, elle met la dernière touche au livre d’artiste Pain-Thing Surgeries, qu’elle réalise avec le critique d’art polonais Mat Maria Bieczynski.

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Créer dans  la Grosse pomme

Julie Tremblay (Arts visuels 1995)a habité au Danemark pendant quelques années avant de s’installer à New York. Ses œuvres reproduisent des formes humaines, ce qui n’a rien d’original selon elle: «Mais ce qui les rend uniques est leur facture, la multiplicité des influences et les matériaux inusités que j’utilise. Même si mes sculp­tures ont souvent des influences classiques, elles appartiennent décidément au XXIe siècle.»
 
Au cours des dernières années, Julie Tremblay a principalement utilisé, comme matériau de base, des feuilles de métal percées puisqu’ayant été utilisées pour faire des bouchons de bière ou de boisson gazeuse. Auparavant, elle a travaillé avec de la broche dite «de cage à poules», ainsi qu’avec la cire et le plâtre. Ses œuvres, note-t-elle, trouvent différentes résonnances selon les pays et cultures où elles voyagent. Par exemple, l’une d’elles a été acquise par une famille qui possède la plus grande collection d’art mauresque en Turquie: «Imaginer mon œuvre au milieu de cette collection lui donne une tout autre dimension.»

À compter du 10 décembre, Julie Tremblay présentera une exposition au Nassau County Museum of Art, situé à Roslyn en banlieue de New York. Puis, au printemps 2012, elle aura sa première exposition solo dans la Grosse pomme. À plus long terme, de nouveaux projets en Europe se dessinent pour la diplômée.

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Peindre aux côtés  de Big Ben

André Monet (Communication graphique 1987) réside à Londres, ville dont il apprécie la richesse culturelle. Avant de réaliser son rêve de devenir artiste-peintre, il a travaillé dans le milieu de la mode et de la publicité pendant plusieurs années.

«Ce qui m’a incité à devenir peintre à temps plein, c’est l’approche de mes 40 ans; je ne pouvais pas imaginer ma vie sans tenter de réaliser ce rêve», raconte le diplômé. Inspiré par le cinéma, la photographie, la musique et la littérature, André Monet créé aujourd’hui des portraits sur un fond de collage de pages tirées de livres anciens, ce qui donne une texture particulière à ses toiles. Selon lui, cette technique le démarque des autres artistes. Même si ses toiles ressemblent énormément à des photographies, elles sont toutes créées à la main avec précision.

Et la bonne réception du public est au rendez-vous. À preuve: en avril, deux de ses œuvres ont été offertes par la réputée galerie Opera de Londres au prince William et à Kate Middleton en guise de cadeau de mariage. L’artiste a peint un portrait de chacun pour l’occasion. Les projets d’André Monet sont orientés vers l’Asie. En effet, il souhaite y développer un marché et s’établir à Hong-Kong.

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Le rugby, au féminin et au pluriel http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/le-rugby-au-feminin-et-au-pluriel-2408/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid Bien qu’il compte quelque 5500 joueurs au Québec, le rugby demeure méconnu ici, surtout en comparaison du hockey, du football ou du basketball. Pourtant, il emprunte à toutes ces disciplines. Sport de contact à 15 joueurs par équipe, le rugby …

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Bien qu’il compte quelque 5500 joueurs au Québec, le rugby demeure méconnu ici, surtout en comparaison du hockey, du football ou du basketball. Pourtant, il emprunte à toutes ces disciplines. Sport de contact à 15 joueurs par équipe, le rugby consiste à marquer des points au moyen d’un ballon ovale transporté dans la main ou poussé par le pied avec la particularité que les passes se font seulement vers l’arrière ou le côté. L’arrivée de l’équipe Rouge et Or en version féminine a donné un élan au rugby dans la région.

Retour sur une naissance
«Ce projet remonte à 2003, précise Christelle Paré, cofondatrice de l’équipe et joueuse du Rouge et Or alors qu’elle poursuivait ses études en langues modernes. Ma grande amie de l’époque, Sophie Robitaille, avait fait partie de l’équipe provinciale de rugby à l’âge de 18 ans. Nous connaissions bien la discipline en plus d’être toutes les deux des entraîneuses dans le milieu scolaire, où le rugby attirait de nouveaux joueurs chaque année. Autant dans les écoles secondaires que dans le réseau collégial. Amener le niveau supérieur de compétition avec une équipe féminine à l’Université Laval nous paraissait une suite logique.»

Or, d’autres avant elles avaient formulé un tel projet auprès des autorités de l’Université. Sans succès. Mais la proposition de Christelle Paré et de Sophie Robitaille était solide et l’idée a fait son chemin. Pour donner de la crédibilité à leur projet, les deux fondatrices ont approché des figures reconnues du milieu, dont Bill McNeil qui est devenu le premier entraîneur du club.

«Quand j’ai croisé Christelle, j’avais décidé de ne plus coacher le rugby, raconte ce dernier. Mais lorsqu’elle m’a parlé d’une équipe féminine à l’Université Laval, j’ai dit oui sans hésitation. Je savais que c’était un grand pas pour le rugby dans la région. Avec la perspective de jouer au niveau universitaire, les jeunes sportives du secondaire et du collégial allaient démontrer plus d’intérêt.»

À la même époque, le SIC (Sport interuniversitaire canadien) souhaite voir s’établir une équité hommes-femmes dans les sports qu’elle représente. Comme le football n’a pas de pendant féminin, le SIC favorise l’implantation d’équipes de rugby pour les femmes. «Cela a été l’argument décisif auprès de l’Université Laval qui, réputée pour le sport d’excellence, devait faire figure d’exemple», affirme Christelle Paré. Ainsi, de fil en aiguille et avec un concours de circonstances favorables, l’équipe Rouge et Or de rugby voit le jour en 2005.

Zoom sur le terrain
Christelle Paré et Sophie Robitaille ont bien choisi leur homme pour prendre les commandes de l’équipe. Originaire d’Écosse, berceau du rugby, Bill McNeil pratique ce sport depuis 1973. Et il fait graduellement sa marque comme instructeur dans le milieu scolaire de la région montréalaise au cours des années qui suivent. Au tournant des années 1990, alors qu’il devient professeur de philosophie au Cégep Champlain-St. Lawrence de Québec, il importe sa passion dans les écoles de la Capitale.

Bill McNeil se dit fier des joueuses du Rouge et Or et de leurs succès. Depuis 2005, l’équipe connaît un classement impressionnant dans le Réseau du sport étudiant du Québec. À titre d’exemple, l’équipe s’est hissée en première place du Réseau dès sa deuxième année d’existence et s’y est maintenue jusqu’en 2009. Elle a également participé au championnat national canadien à deux reprises.

Des performances notables, à mille lieues du résultat de la première partie. «À notre premier match, en 2005, nous avons encaissé un revers de 93 à 7 contre McGill, l’équipe vue comme la plus coriace de la conférence», se souvient l’entraîneur-chef.

Selon M. McNeil, le bassin de talents est grand dans la région. Et la présence du Rouge et Or dans le circuit exerce son influence. À preuve, le nombre d’équipes dans le milieu scolaire a grimpé de 12, en 2004, à 37 aujourd’hui. Et il compte deux fois plus de niveaux, soit benjamin, cadet, juvénile à 10 joueurs et juvénile à 15 joueurs. Ce développement régional se reflète aussi dans la performance du Rouge et Or: le fait que les filles évoluent ensemble pendant quelques années avant d’enfiler le chandail de l’Université Laval amène une dynamique positive dans l’équipe.

Christelle Paré ajoute que le succès du rugby chez les filles tient aussi au fait que tous les physiques y sont admis, contrairement à d’autres sports d’équipe: «Qu’une fille mesure 5 pieds et pèse 100 livres ou soit plus imposante en taille et en poids, elle trouve son  rôle sur le terrain étant donné les nombreuses positions possibles. On a besoin de petites vites, de grandes minces, de petites ou grandes costaudes. On accueille tous les gabarits et tous les caractères. C’est vraiment la beauté du sport ! »

Joueuse étoile de la saison 2010 du Rouge et Or, Charlotte Vallières-Villeneuve abonde dans le même sens en précisant que chaque position appelle une stature et des habiletés techniques particulières. «Mais toutes les joueuses, peu importe leur position, doivent avoir de l’adresse avec le ballon et un système cardio-vasculaire sans faille afin de suivre le rythme du jeu pendant 80 minutes», ajoute-t-elle.

Des préjugés à bousculer
Au dire de Christelle Paré, le rugby féminin, malgré l’engouement grandissant, traîne avec lui quelques idées reçues. «On dit que beaucoup de filles ont un côté tom boy et ce n’est pas vrai, lance-t-elle. Il y a des fifilles exemplaires dans notre sport ! Sur le terrain, nous ne sommes pas vraiment jolies, avec notre protecteur buccal et notre équipement; mais à l’extérieur, nous sommes comme des papillons.»

Du même souffle, elle ajoute que le rugby est le moyen idéal pour se défouler et se dépasser. Cela fait d’ailleurs partie des racines de la discipline. Ainsi, ce sport de contact convient parfaitement aux filles désireuses de s’exprimer et de sortir de leur zone de confort. Selon Charlotte Vallières-Villeneuve, le rugby est même de plus en plus perçu comme le football des filles plutôt qu’un sport de gars.

Question de préjugés à déboulonner, Bill McNeil rappelle que le hockey sur glace est aussi un sport qui plaît aux filles et pourtant, dit-il, personne ne s’en étonne. Bien sûr, le fait que les joueuses ne revêtent pas toujours la totalité de l’équipement protecteur disponible aide à renforcer les craintes de blessures, notamment de la part des parents. C’est pourquoi l’entraîneur-chef répète sans relâche aux joueuses que le rugby doit s’appuyer sur une parfaite maîtrise des techniques afin d’assurer leur sécurité.

Christelle Paré et Charlotte Vallières-Villeneuve en conviennent facilement. Peu importe le niveau, les entraîneurs demeurent pointilleux sur la façon de plaquer et de tomber, ce qui contribue à augmenter la sécurité. «Même si le jeu a l’air violent et dangereux, ça ne l’est pas vraiment lorsque les techniques sont bien appliquées, renchérit Christelle Paré. La zone de risques demeure mince. Le cheerleading provoque plus de blessures que le rugby.»

La vitrine offerte aux Jeux olympiques de Rio en 2016 améliorera l’image de la discipline. Le rugby y sera inscrit comme sport de démonstration, masculin et féminin, en formule à 7 joueurs au lieu de 15 et à deux demies de 7 minutes plutôt que de 40. «Il s’agit d’une forme du jeu plus spectaculaire et plus facile à comprendre, qui commande encore plus de vitesse et d’agilité avec le ballon, estime Bill McNeil. Durant un match de 14 minutes, aucun joueur ne peut se reposer. Ce sont de vraies gazelles.»

Écho positif pour les joueuses et l’équipe
De son passage chez le Rouge et Or, en 2005 et 2006, Christelle Paré retient des bénéfices tangibles, comme un sentiment de communauté extraordinaire et une soif de dépassement. Sa participation à la fondation du club, son rôle de cocapitaine et le premier titre provincial en moins de deux ans d’existence, tout cela constitue pour elle une source d’accomplissement. «J’ai toujours éprouvé une fierté à porter les couleurs de l’équipe et je serai toujours une Rouge et Or jusqu’à la racine des cheveux», avoue-t-elle.

Même son de cloche du côté de Charlotte Vallières-Villeneuve, qui parle d’une valeur ajoutée dans sa vie personnelle. Pour elle, de belles amitiés ont pris naissance avec le rugby. Puis, au quotidien, le mariage du sport et des études permet de maintenir une discipline profitable. Elle affirme même qu’un horaire chargé se révèle plus facile à gérer, même si elle poursuit des études exigeantes en physiothérapie. Aussi, assure-t-elle, l’énorme dose d’énergie tirée de l’entraînement sur le terrain ou en salle de conditionnement physique rejaillit sur tout le reste.

Du point de vue de Bill McNeil, en jouant au rugby, les jeunes femmes renforcent leur persévérance, leur capacité de s’affirmer et leur confiance en elles. Autre dimension: un tel sport de contact oblige à identifier ses limites assez rapidement, ce qui permet de mieux se connaître. De plus, l’intensité du jeu et l’engagement nécessaire consolident le caractère compétitif et fonceur de la personne. Il suffit d’assister à un match pour le constater.

Chemin faisant, le Rouge et Or féminin de rugby cumule les succès en se rangeant parmi les meilleurs programmes de sport d’excellence au pays depuis 2008. L’avenir s’annonce florissant. «Gagner les championnats provincial et national n’est pas un rêve farfelu, estime l’entraîneur. Cette année, l’équipe peut miser sur des joueuses d’expérience et sur des recrues talentueuses, dont six athlètes issues de l’équipe provinciale U19 qui a été championne nationale dans sa catégorie en 2010.»

Selon la joueuse étoile Charlotte Vallières-Villeneuve, la chimie opère déjà dans le groupe, et les anciennes demeurent soucieuses d’intégrer les recrues pour que l’équipe continue d’évoluer. «Dès ses débuts, l’équipe a connu de bons résultats et nous avons, depuis, constamment élevé le niveau de jeu, juge-t-elle. Tous nos efforts sont dirigés vers la finale provinciale et le championnat universitaire canadien. Et nous sommes en bonne position pour décrocher un premier titre national.»

Une telle victoire cette année serait d’autant plus appréciée qu’elle préparerait le public de Québec à accueillir, l’été prochain, le Championnat canadien senior de rugby féminin. Du 28 juin au 1er juillet 2012, le PEPS sera le théâtre de cet événement d’envergure, où une quinzaine d’équipes formées de sélections provinciales s’affronteront sur les terrains du campus dans trois catégories. Plusieurs membres du Rouge et Or devraient figurer parmi les joueuses de l’équipe du Québec. Un prélude au Championnat canadien universitaire dans cette discipline que l’Université Laval présentera à l’automne 2013.

Qui croira encore que le rugby féminin n’est pas un sport important dans la Capitale?

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Voyez le reportage vidéo Le rugby féminin a la cote.

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Ce que vous en pensez http://www.contact.ulaval.ca/article_magazine/ce-que-vous-en-pensez/ Tue, 06 Sep 2011 05:00:00 +0000 http://testguid Tirer parti de ce qu’est un garçon
Je suis maman de trois garçons, dont deux fréquentent l’école primaire. Avant, je croyais que les garçons et les filles n’étaient pas si différents, sur tous les plans. Erreur. Les garçons ont besoin …

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Tirer parti de ce qu’est un garçon
Je suis maman de trois garçons, dont deux fréquentent l’école primaire. Avant, je croyais que les garçons et les filles n’étaient pas si différents, sur tous les plans. Erreur. Les garçons ont besoin d’action et de stimulation. Rester assis à écouter quelqu’un parler, ce n’est pas leur fort. Ce n’était pas le mien non plus mais je suis un autre cas. Il leur faut toucher, parler, expérimenter, bouger. Les filles sont plus calmes et réfléchies, elles portent plus attention à leur entourage. Chaque enfant arrive à l’école avec son bagage familial (donc éducatif), avec lequel l’enseignant doit s’efforcer de travailler.
   Souvent, en bout de ligne, c’est l’enseignant qui fera la différence dans l’apprentissage de tous les enfants. Les garçons sont spontanés et il faut tirer parti de leur curiosité naturelle pour leur enseigner. Ils sont aussi capables que les filles de s’appliquer et d’être concentrés; il faut juste trouver ce qui les passionne. Pour mieux comprendre, il faut lire L’école des gars de Maryse Peyskens. Même moi j’aurais voulu aller à cette école…
Julie Voyer (Traduction 1997)

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Les mêmes avantages

De prime abord, je ne crois pas que les garçons soient désavantagés à l’école. Ils vivent dans la même société avec les mêmes avantages et les mêmes inconvénients que rencontrent les filles. Il suffit peut-être que, dès le bas âge, les parents et les éducateurs sachent leur accorder la même attention et exiger d’eux les mêmes efforts que ceux qui sont exigés pour les filles, sans leur accorder plus de privilèges qu’aux filles. Ainsi, dès le jeune âge, ils vont faire l’apprentissage des efforts nécessaires pour atteindre les objectifs qu’on se fixe. Et quand vient le moment de vouloir décrocher du système scolaire, ils sauront par expérience garder leur objectif et ne pas céder à la facilité du décrochage.
   Je serais portée à ne pas les traiter d’abord comme étant des «garçons», mais comme étant des «enfants» qui font des apprentissages. Ainsi, à éviter la comparaison et la compétition entre les sexes. Chaque individu a un potentiel à développer…en tant qu’individu et être humain. J’aurais tendance à éliminer ainsi le sexisme et les théories portant sur le gender.
Thérèse Chabot
(Éducation 2000)

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Chapeau à Égide Royer
!
Votre article est comme d’habitude très pertinent et véridique. J’admire M. Royer pour son franc-parler! Ayant un fils de 6 ans qui a un TDAH (un gros cas) et un possible diagnostic de TED (ou du moins des traits), je trouve moi aussi que l’école est faite pour les filles et qu’on ne pense pas assez aux gars…
    Qu’on se ramène une ou deux générations en arrière… Les garçons profitaient beaucoup de la récréation et des sports… Mon père, qui a 82 ans, joue encore au hockey toutes les semaines. Il le fait depuis qu’il a 5 ans grâce aux enseignants (des Frères Maristes) qui avaient compris que les gars devaient bouger…
    Merci à Égide Royer pour ses efforts continue, il nous donne de l’espoir!
Marie-France Homier, employée UL

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Enseigner l’importance de l’école

Le premier facteur de réussite scolaire est que les parents montrent l’importance de l’école à leur enfant et donne plus de confiance aux profs. J’ai vu assez de garçons ou de filles dans ma carrière d’enseignant pour être en mesure d’affirmer cela. Un enfant pour qui l’école passe après ses autres activités n’aura pas la même détermination qu’un autre qui accorde son attention à ses apprentissages. Il m’est souvent arrivé de voir des garçons beaucoup moins motivés à cause de ce premier facteur. Réaffirmons socialement l’importance de l’éducation et nous règlerons 60 à 70 pour cent du problème.
Gaétan Bédard (Pédagogie 1971; Enseignement au préscolaire et au primaire 1982)

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Oui, les gars sont désavantagés

À votre question je réponds oui, je m’explique en prenant mon exemple. Au départ, deux handicaps pour l’apprentissage: daltonien, donc horreur du dessin, et deux dyslexies (lecture et écriture). Résultat: j’ai doublé ma première, ma cinquième et ma septième année.
   Qui m’a sauvé? Le prof de ma deuxième septième année, en 1962: M. Cliche, comment l’oublier celui-là! Ce monsieur a fait quatre choses très simples: d’abord, demander à ma mère de me lâcher pour me rendre responsable de mes choix; ensuite, m’impliquer dans des sports les soirs de semaine et les fins de semaine; me donner le double de leçons et devoirs des autres élèves de la classe; et pour finir, me confier, à tous les vendredis, la responsabilité de la caisse scolaire, à condition que j’aie été capable de faire autant de travail que les autres élèves de la classe durant l’heure octroyée.
   Que s’est-il passé? Réussite totale. Simple! De dernier de classe à deuxième de classe. Et pourquoi? Ce que j’en comprends aujourd’hui: sortir des jupes de ma mère, bouger, travailler en autonomie et, le plus important, établir le respect de l’individu par une attitude de confiance mutuelle.
    À mon avis, l’école et la vie d’aujourd’hui n’offrent pas ce genre de stimulus aux garçons. Enfant unique donc surprotégé par la mère, jeux électroniques au lieu de bouger, attitude maternelle à l’école aussi et, par-dessus tout, traitement uniforme des élèves qui tue le respect individuel que l’on doit à chacun. Tout pour s’ennuyer!
    Dans la vie comme dans le sport, c’est le respect, l’effort, le jeu et peut-être la réussite. Si tu n’as pas le respect, oublie le reste, tu ne feras pas d’efforts et tu ne t’amuseras pas.
Jean Pierre Fleury (Arpentage 1971)

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Revaloriser la profession d’enseignant
Je suis d’accord avec l’idée qu’il faudrait davantage d’hommes en éducation. Je pense que c’est important pour les petits garçons d’avoir des modèles masculins à l’école. Les hommes enseignants changent aussi la dynamique au sein de l’équipe école et permettent une vision plus large de l’éducation.
   Alors, pourquoi les hommes ne sont pas attirés par cette profession? Je pense qu’il faudrait bien sûr revaloriser le rôle de la profession enseignante auprès de la population. Cette revalorisation passe aussi par une meilleure rémunération. Il y a une différence marquée entre le salaire des profs au Québec et celui des enseignants des autres provinces, notamment l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique. Pourquoi un gars se dirigerait-il vers une profession qui demande quatre années d’université et où il lui faudra une dizaine d’années pour atteindre l’échelon salarial maximal, alors que plusieurs autres professions le rémunéreront beaucoup mieux et beaucoup plus rapidement?


   Je suis aussi surprise par l’analyse que fait M. Royer de la statistique présentée au dernier paragraphe. «Sept ans après le début de leur cours secondaire, 76% des gars anglophones du secteur public du Québec avaient obtenu leur diplôme, contre 60% des gars francophones. Ça montre qu’une partie de la réussite relève davantage de l’école que des parents. La qualité de l’enseignement a donc un lien direct avec la réussite scolaire.» M. Royer croit donc que les enseignants anglophones sont mieux qualifiés et sont de meilleurs pédagogues que les enseignants francophones. C’est une lecture possible j’imagine. Je crois que cette statistique pourrait aussi montrer l’importance de la famille dans la réussite scolaire. Pour avoirœuvré 16 ans dans un milieu anglophone, je crois que les familles anglophones valorisent davantage l’éducation que les familles francophones et je crois que c’est en lien direct avec la réussite scolaire. La réussite scolaire est aussi affaire de culture selon moi.
Audrey Rainville (Psychologie 1989; Éducation 1992)


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L’école le démotive

Cet article, dont les résultats ne me surprennent pas, réveille une inquiétude qui sommeille toujours en moi par rapport à l’éducation de nos garçons. Mon mari et moi sommes deux diplômés de l’Université Laval. L’éducation fait partie de nos valeurs. De mon côté, après deux bacs et plusieurs années d’expériences de travail, j’ai bifurqué graduellement vers l’enseignement au niveau collégial et voilà que je dois aussi, comme mère de trois enfants de différents niveaux scolaires, me questionner encore et encore à ce sujet.
   Je sous assure que la motivation reliée à l’éducation chez nous. L’école a réussi à rejoindre ma fille de 14 ans, contrairement à mes deux fils. Celle-ci a toujours été très dynamique, ordonnée et très autonome en sachant organiser sa vie scolaire, sportive et sociale. L’aîné, lui, plutôt actif physiquement, voire doué au niveau des sports et de la musique, mais déconcentré facilement et peu curieux des connaissances, a réussi à obtenir un diplôme de 5e secondaire dans une très bonne école privée. Son père et moi nous sommes félicités (en cachette) à la remise des diplômes.
   C’est au cégep que ça a fait «patate». Il a échoué la moitié de ses cours l’an dernier. L’école le démotive… Il veut être pompier mais les candidats plus vieux et expérimentés pleuvent aux inscriptions. Disons qu’avec ses récents résultats scolaires, peu de chance d’attirer les projecteurs sur son dossier, même s’il a d’autres atouts qui feraient de lui un super pompier. Quant à mon dernier rejeton, qui est en 3e année au primaire, la lecture l’intéresse, mais je vois bien que l’école, les devoirs, le désir de se surpasser sont à développer.
   Comme enseignante, je me sens compétente, grâce aux commentaires des étudiantes, de mes pairs et supérieurs. Comme mère, je me questionne. Est-ce là une question de génétique, d’hérédité? La facilité ou encore l’intérêt pour les études seraient-ils directement reliés au chromosome X, tandis que l’hyperactivité et la la difficulté à se concentrer au Y? Est-ce le sexe du prof ou son dynamisme, sa manière de transmettre aux étudiants sa passion, comme moi je tente de faire à chaque cours que je donne dans le domaine de la santé?
   Si je peux me permettre, j’élaborerais une hypothèse: les difficultés avec la grammaire, l’écriture de la langue française auraient à voir avec l’absence de perspective de faire des études collégiales ou universitaires… En tant que parent, je suis très consciente de l’influence qu’on exerce auprès des enfants. Vous dire que je redouble d’ardeur et d’imagination pour intéresser le p’tit dernier à ses leçons et devoirs ne vous surprendra pas: je n’ai pas l’intention de baisser les bras. La clé de la réussite: l’estime de soi scolaire?
Caroline Desbiens (Sciences infirmières 1989)

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S’adapter aux intérêts des garçons

Désavantagés est un grand mot. Il faudrait juste traiter certaines choses de façon différente. Les hommes et les femmes sont différents à la base. Par exemple dans le Programme d’éducation internationale, au secondaire, les jeunes font des cahiers de synthèses pour toutes les matières, même pour l’éducation physique et la musique. Mon garçon, maintenant en 3e secondaire, a été sous le choc en apprenant qu’il devait faire ça. Pourquoi analyser une période de basket? Si j’ai bien joué du drum en musique, ai-je vraiment besoin de l’écrire? Résultat: il a skippé quelques remises de cahiers et ses notes finales s’en sont ressenties. Je n’ai pas été prévenue de la situation. À la direction, on m’a dit que comme ce n’était pas une matière principale, c’est pour ça qu’il n’y a pas eu de suivi. Et moi de rétorquer: oui mais monsieur le directeur, qu’en est-il des valeurs? La responsabilisation n’est-elle pas un principe important? Je n’ai pas eu de réponse.
   Je soupçonne qu’il est plus facile pour une fille de s’introspecter. Pour ce qui est de la collaboration des parents, elle est essentielle pour faire le lien entre la connaissance des matières  et les valeurs qui forgent un adulte. Le cahier de synthèse n’est qu’un point. Il y a aussi les lectures obligatoires. Un garçon aimerait les mêmes romans qu’une fille? Lire est essentiel, mais les garçons s’intéressent davantage aux technologies. Le mien en connaît beaucoup sur ce sujet. Il lit et comprend les instructions d’installation sans problème. Il joue avec des jeux électroniques que je n’arrive même pas à ouvrir, mais il ne lit que les romans obligatoires en classe. L’école ne devrait-elle pas s’adapter à ces nouveaux intérêts et s’en servir positivement? Il n’est pas le seul garçon comme ça et, à ma connaissance, aucune de ses copines n’est passionnée de jeux vidéo. Enfin, mon garçon est fier et veut réussir. La motivation est là. Il a vécu ses premiers stress au secondaire. C’est correct qu’il en vive, ça fait partie de la vie. Il doit apprendre à les surmonter mais il est chanceux d’avoir des parents pour l’aider et l’encourager.
Josée Nadeau (Communications graphiques 1989)

 

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