Archives des Tourisme au menu - Contact http://www.contact.ulaval.ca La zone d'échange entre l'Université, ses diplômés, ses donateurs et vous. Wed, 22 Nov 2017 18:46:06 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.1 3 expériences touristiques nouveau genre http://www.contact.ulaval.ca/article_dossier/3-experiences-touristiques-nouveau-genre/ http://www.contact.ulaval.ca/article_dossier/3-experiences-touristiques-nouveau-genre/#comments Thu, 20 Apr 2017 11:56:33 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_dossier&p=30004214 Des chercheurs de l’Université ont étudié 3 phénomènes touristiques en plein essor: le mycotourisme, le tourisme généalogique et le tourisme créatif. De quoi donner des idées à quiconque rêve d’escapades…

1- Cueillir et déguster des champignons forestiers

Cueillir …

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Des chercheurs de l’Université ont étudié 3 phénomènes touristiques en plein essor: le mycotourisme, le tourisme généalogique et le tourisme créatif. De quoi donner des idées à quiconque rêve d’escapades…

1- Cueillir et déguster des champignons forestiers

Cueillir des champignons en forêt sous la gouverne d’un expert, après avoir acquis quelques notions de base. Puis, apprendre à apprêter sa précieuse récolte avant de passer à la dégustation… Voilà qui décrit bien la journée type d’un mycotouriste, une espèce en voie de multiplication.

«La filière des champignons forestiers suscite un intérêt marqué dans plusieurs régions du Québec, mais l’offre touristique reste encore marginale», indique Nancy Gélinas, professeure au Département des sciences du bois et de la forêt, coauteure d’une étude sur le phénomène1.

::Nancy Gélinas

Nancy Gélinas

Pourtant, certains coins de pays se démarquent, note Mme Gélinas. Dans la région de Kamouraska, depuis 2013, une cinquantaine d’acteurs se sont mobilisés autour du champignon: propriétaires de boisés, transformateurs, restaurateurs, hôteliers. Il existe même un festival des champignons forestiers! Les activités offertes s’adressent autant aux touristes qui souhaitent salir leurs bottes qu’à ceux qui veulent simplement trouver des champignons du cru au menu des restos ou qui aimeraient acheter le produit –frais ou transformé. Un sentier ponctué de panneaux d’interprétation sur les champignons a aussi été aménagé.

La région de la Mauricie n’est pas en reste avec sa Filière mycologique. Depuis 2014, le touriste trouve là aussi à explorer la planète champignon, incluant ateliers culinaires, cueillette supervisée, dégustations et achats. Parmi les offres plus ponctuelles ailleurs au Québec, Nancy Gélinas signale l’activité «De la forêt à l’assiette» qui se tient à la forêt Montmorency. Chacune des 6 demi-journées d’automne consacrées aux champignons comprend identification, cueillette, cuisine et dégustation2.

Pourquoi un tel engouement à l’égard des champignons? D’une part, les gens semblent avides d’expériences nouvelles et s’intéressent de plus en plus à l’environnement particulier des régions qu’ils visitent. De l’autre, signale Nancy Gélinas, «les régions forestières ont un grand besoin de diversifier leur économie». Pour assurer cette diversification, on se tourne entre autres vers les produits forestiers non ligneux (PFNL), c’est-à-dire autres que le bois. On envisage non seulement de mousser le tourisme, mais aussi d’implanter la cueillette professionnelle, la transformation et la commercialisation des produits. Les champignons représentent une mine peu exploitée à ce jour, et pourtant la morille conique ou, encore plus, le matsutake américain peuvent se vendre à fort prix. D’autres produits forestiers non traditionnels apparaissent aussi sur cet écran radar, notamment les petits fruits et les noix ainsi que les plantes aromatiques et médicinales.

Plusieurs entraves parsèment toutefois le chemin menant à une exploitation durable des champignons sauvages au Québec. Côté tourisme: le fait que les champignons poussent en différentes saisons et au gré des conditions climatiques –après une forte pluie, par exemple; sans compter que nul ne doit récolter et consommer un champignon sauvage sans d’abord s’être assuré de son innocuité! Côté commercialisation: l’infrastructure de transformation (séchage, ensachage, etc.) quasi absente ainsi que le manque de connaissances pour repérer et protéger les sites de récolte. En fait, il reste beaucoup à comprendre au sujet de l’écologie des champignons, même si un pionnier comme le professeur à la retraite J. André Fortin3 a largement défriché le terrain. Du côté des précurseurs également: la douzaine de clubs de mycologues amateurs que compte le Québec, de Sept-Îles à Alma, en passant par Montréal et Québec.

Ailleurs dans le monde, les difficultés sont semblables, et pourtant les histoires à succès existent. Nancy Gélinas cite en exemple la région de Castille-et-León, dans le nord-ouest de l’Espagne. Là-bas, la présence des champignons attire désormais des flots de touristes en forêt, en marge des circuits conventionnels. Il faut dire qu’en Europe, les traditions de récolte et de consommation de champignons sont profondément ancrées. Plusieurs Québécois s’emploient maintenant à semer la tradition ici.

1 Nancy Gélinas est directrice des maîtrises et du doctorat en sciences forestières et vice-doyenne aux études à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique. Elle est également membre du Groupe interdisciplinaire de recherche en agroforesterie et de l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société.

2 Pour plus d’information sur cette activité

3 Pour en savoir plus sur les activités de M. Fortin, consultez sa fiche du Centre d’étude de la forêt.

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Quand tourisme et patrimoine vont de pair http://www.contact.ulaval.ca/article_dossier/tourisme-patrimoine-de-pair/ http://www.contact.ulaval.ca/article_dossier/tourisme-patrimoine-de-pair/#comments Thu, 20 Apr 2017 11:00:31 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_dossier&p=30004180 Bâtisses d’une autre époque, statues aux mimiques austères: le patrimoine culturel s’est longtemps vu accoler, à tort, une image poussiéreuse. Mais avec la complicité du patrimoine immatériel, il savoure une douce revanche. On y inclut désormais des éléments aussi vivants …

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Bâtisses d’une autre époque, statues aux mimiques austères: le patrimoine culturel s’est longtemps vu accoler, à tort, une image poussiéreuse. Mais avec la complicité du patrimoine immatériel, il savoure une douce revanche. On y inclut désormais des éléments aussi vivants que la musique traditionnelle, la fabrication artisanale ou les rituels culinaires. Plus encore, ces expériences ont la cote dans l’industrie touristique. Même les nouvelles technologies s’en mêlent! L’héritage patrimonial demeure toutefois fragile et mérite d’être protégé.

Des expériences inspirées des traditions au sommet des tendances touristiques
En 2003, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO reconnaissait les traditions, les connaissances et le savoir-faire hérités des ancêtres comme définissant l’identité d’un peuple ou d’un pays. Ces éléments étaient désormais inclus dans la notion de patrimoine culturel. «Depuis, on ne parle plus “du patrimoine” mais bien “des patrimoines”, matériels et immatériels, indique Habib Saidi,  professeur au Département des sciences historiques et directeur de l’Institut du patrimoine culturel1. On dépasse l’objet à contempler pour intégrer la dimension humaine et l’apport des individus.»

Ce second cas de figure, arrivé comme un coup de plumeau magique, a fait apparaître un monde de possibles pour l’industrie touristique.

::Habib Saidi

Habib Saidi

Patrimoine et tourisme au diapason
De fait, le patrimoine et sa nouvelle mouture se trouvent au cœur des tendances actuelles en matière de tourisme. «Jusqu’aux années 1990, les vacanciers cherchaient à se déconnecter du travail, à se distraire, fait valoir l’ethnologue. Désormais, le voyage s’intègre à la vie quotidienne. Or, le patrimoine s’inscrit dans ce contexte: quand le passé devient un pays à visiter, on peut en faire une destination même dans sa propre ville.»

Cet appétit pour le patrimoine correspond aux caractéristiques des sociétés modernes. D’abord, l’attirance pour ce qui est authentique. «Dans un monde en constante évolution, on se tourne vers ce qui a résisté au changement et au temps, explique Habib Saidi. Les voyageurs sont friands du contact avec autrui, de ce qu’on appelle l’authenticité de l’expérience par les rapports humains.»

Ensuite, dans un contexte de mondialisation, la quête identitaire est omniprésente: mettre en valeur ce qui nous distingue est important pour le maintien de la diversité, mais aussi pour échanger entre les différentes cultures.

Enfin, les réseaux sociaux ont moussé les concepts de communauté et de proximité. «Branché sur le monde, l’ailleurs devient un endroit dont je fais partie, que je veux expérimenter de l’intérieur», note-t-il.

Une tendance démocratique
Cela dit, la notion élargie du patrimoine ne bénéficie pas qu’aux gros joueurs de l’industrie touristique, insiste Habib Saidi. Ses effets se manifestent dans les communautés, dépositaires du patrimoine immatériel. «Voilà qui tranche avec l’ancien modèle de diffusion réservé aux experts. Aujourd’hui, chaque collectivité, chaque village peut être partie prenante de son développement touristique en élaborant des projets qui valorisent ses produits, son terroir, ses festivals. Cela ne nécessite pas des moyens colossaux.»

Ce tourisme expérientiel et créatif, les chercheurs de l’Institut du patrimoine culturel s’y penchent avec intérêt. «Le concept est basé sur la rencontre entre les artistes ou les artisans locaux et les visiteurs attirés par leur savoir-faire», précise Habib Saidi. L’équipe travaille entre autres à implanter dans certaines municipalités des ateliers où partage des savoirs et cocréation sont à l’honneur: taille de pierres sur l’île d’Orléans, sculpture à Saint-Jean-Port-Joli, les voies sont multiples. «Ce type d’expériences attire les touristes et a pour effet de mettre en valeur et de protéger le patrimoine, c’est une approche gagnant-gagnant.»

Le Québec, destination de choix?
Au regard de cet essor, le Québec est en excellente position tant sur le marché touristique international que local, soutient Habib Saidi. Plusieurs éléments jouent en sa faveur. D’abord, une dimension territoriale incomparable. «Le Québec, souligne-t-il, c’est un concentré de régions très variées qui, chacune, possède son territoire à exploiter. Entre les îles de la Madeleine et l’Abitibi, il y a un monde de découvertes.»

La province compte aussi des paysages patrimoniaux uniques. Le chercheur cite le panorama qui s’offre lorsqu’on emprunte le chemin du Roy, première route de Nouvelle-France entre Montréal et Québec, qui longe le Saint-Laurent.

Autre atout de la province: son histoire particulière qui se conjugue sous plusieurs registres, français, britannique et autochtone. Une variété d’influences auxquelles rattacher l’expérience touristique.

Provenant du passé québécois plus récent, s’ajoute la richesse du patrimoine migrant. «Les communautés immigrantes installées ici possèdent un bagage culturel hybride entre le lieu qu’elles ont quitté et celui qu’elles occupent, note Habib Saidi. Le quartier italien de Montréal est une destination en soi, pareil pour le quartier chinois. Ne serait-ce que pour ses influences culinaires, ce mélange ethnoculturel a un grand pouvoir attractif.

1 Habib Saidi est aussi membre du Centre de recherches cultures, arts, sociétés (CELAT).

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Le tourisme, un monde en chambardement http://www.contact.ulaval.ca/article_dossier/tourisme-monde-chambardement/ http://www.contact.ulaval.ca/article_dossier/tourisme-monde-chambardement/#comments Thu, 20 Apr 2017 11:00:10 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_dossier&p=30004170 L’an dernier, 4 milliards de voyageurs sont allés découvrir d’autres contrées. Un chiffre qui devrait encore augmenter dans les prochaines années, puisque le nombre de personnes disposant de moyens financiers pour voyager s’accroît toujours. Par ailleurs, Internet facilite l’accès à …

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L’an dernier, 4 milliards de voyageurs sont allés découvrir d’autres contrées. Un chiffre qui devrait encore augmenter dans les prochaines années, puisque le nombre de personnes disposant de moyens financiers pour voyager s’accroît toujours. Par ailleurs, Internet facilite l’accès à des informations de plus en plus précises pour découvrir de nouvelles destinations. Laurent Bourdeau, titulaire de la Chaire de recherche en partenariat sur l’attractivité et l’innovation en tourisme (Québec–Charlevoix)1, connaît bien ce marché en pleine explosion. Ce professeur au Département de géographie explore quelques facettes d’une activité en transformation.

On a l’impression que le tourisme ne cesse de prendre de l’expansion. Est-ce le cas?
En 2015, plus de 100 millions de Chinois ont voyagé à l’étranger, contre quasiment aucun il y a 10 ans. Cette tendance va s’accentuer dans les années à venir, et nous serons toujours plus nombreux à nous déplacer sur la planète. De nouvelles clientèles viennent grossir les rangs. Par exemple, on vit actuellement l’âge d’or du tourisme adapté aux plus vieux qui, sans être riches, ont les moyens de voyager. L’industrie touristique a tenu compte de leurs besoins. On peut très bien visiter les pyramides en marchette! Beaucoup d’efforts ont été fournis pour aménager des sentiers de randonnée pédestre à leur intention, pour leur offrir des soins de santé. Certains pays développent même le tourisme médical, comme la Tunisie ou le Mexique. Cependant, l’importance de ce groupe pourrait décliner dans l’avenir, avec la baisse des revenus de retraite.

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Laurent Bourdeau Photo Marc Robitaille

Quelles sont les grandes tendances qui se dessinent sur le marché?
Personne n’a de boule de cristal pour deviner l’avenir. Selon moi, mieux vaut surveiller les indicateurs. Depuis quelque temps, on constate par exemple l’émergence de greeters dans des villes comme Paris, New York, Londres, mais aussi Trois-Rivières. Autrement dit, des citoyens ordinaires qui se transforment en guides bénévoles prêts à transmettre leur passion pour l’histoire ou pour un autre aspect de leur lieu de résidence. Il peut s’agir d’un journaliste retraité, à Bruxelles, qui vous emmène faire une tournée des halls d’hôtel. Ou encore d’une famille de Haïfa, en Israël, qui vous offre le thé chez elle. Il existe même maintenant des associations de ce genre de guides partout dans le monde. Voilà un nouveau type de marché.

Dans le même ordre d’idées, plusieurs villes utilisent leurs citoyens comme ambassadeurs touristiques. À Albi, dans le sud-ouest de la France, l’Office de tourisme donne aux citoyens des cours sur les monuments et sur les activités à proposer à leur entourage. Les participants reçoivent aussi des informations sur le label de l’UNESCO qui est accolé à leur ville. Cela leur permet d’offrir une information de qualité aux visiteurs occasionnels et de mieux connaître leur propre ville. Finalement, cela rend le produit touristique plus vivant. 

Tourisme ne rime donc plus forcément avec voyage?

Au fond, les frontières entre le tourisme et la vie familiale ou professionnelle s’estompent. Avant, on n’était touriste qu’une semaine par an, lorsqu’on partait en vacances. Aujourd’hui, on a envie de vivre de façon ludique même pendant les périodes de travail. De plus en plus, les entrepreneurs qui vont signer un contrat dans une ville étrangère ou les professionnels qui prennent part à un congrès deviennent aussi des touristes en fin de journée. Les différences s’atténuent entre offre touristique et offre pour gens d’affaires.

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Le terroir fait-il recette? http://www.contact.ulaval.ca/article_dossier/le-terroir-fait-il-recette/ http://www.contact.ulaval.ca/article_dossier/le-terroir-fait-il-recette/#respond Thu, 20 Apr 2017 11:00:03 +0000 http://www.contact.ulaval.ca/?post_type=article_dossier&p=30004206 À l’heure où les régions rivalisent de séduction pour allécher les touristes, le terroir fait-il courir les foules? Dans le sens large du mot, qui englobe agriculture, paysages et gastronomie, oui, répond Pascale Marcotte, professeure au Département de géographie et …

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À l’heure où les régions rivalisent de séduction pour allécher les touristes, le terroir fait-il courir les foules? Dans le sens large du mot, qui englobe agriculture, paysages et gastronomie, oui, répond Pascale Marcotte, professeure au Département de géographie et responsable scientifique de la Chaire de recherche en partenariat sur l’attractivité et l’innovation en tourisme (Québec–Charlevoix)1. «Mais ce tourisme est loin d’être le plus répandu, précise-t-elle, et il prend toutes sortes de formes.» 

Le traditionnel tour de la Gaspésie dans le confort de l’auto climatisée a fait place –au moins en partie– au désir d’expérience et de contact, au plaisir de goûter, à la volonté de participer. Ainsi, les routes et les circuits touristiques qui se sont multipliés depuis quelques décennies offrent tous de telles options. L’expérience ultime, pour plusieurs agrotouristes: participer aux travaux de la ferme quelques jours ou vendanger, pendant un quart de travail, le raisin qu’on viendra récupérer sous forme de bouteille l’année suivante. 

::Pascale Marcotte

Pascale Marcotte

En famille
Qui sont-ils, ces touristes que la campagne attire? Des personnes souvent plus scolarisées que la moyenne, avec des revenus supérieurs, pour qui l’apprentissage est une donnée importante, analyse Pascale Marcotte. «Les familles y sont très présentes, dit-elle. Et ce sont souvent les femmes qui choisissent la destination en fonction d’un produit du terroir, surtout s’il y a, dans l’activité, un côté éducatif pour les enfants.» Les hommes, eux, seront davantage intéressés par une activité présentant une composante technique ou historique. 

Les agrotouristes sont aussi beaucoup des excursionnistes qui font des sorties d’une journée en milieu rural, certains pour visiter une ferme artisanale, d’autres pour participer à une activité gourmande ou pour aller pratiquer l’autocueillette. Les retraités et les touristes étrangers feront de même jusque tard en automne, contribuant ainsi à prolonger –avec la palette des couleurs– une saison touristique qui se terminait naguère début septembre. 

::Christine Bricault

Christine Bricault

Ce que tous ces gens recherchent, autant que le produit du terroir lui-même, c’est le lieu de production, le paysage qui y mène et, si possible, le contact avec l’agriculteur. Ethnologue chargée de cours au Département des sciences historiques, Christine Bricault2 a fait sa recherche de maîtrise sur la Route des vins de Brome-Missisquoi3 voilà une dizaine d’années. Pour elle, les gens veulent apprendre, connaître, vivre une expérience. D’où les journées vendanges pour bénévoles que de plus en plus de vignerons organisent, même si cela représente énormément de travail pour eux. Les vendangeurs d’un dimanche ont l’impression d’entrer dans un temps plus lent, entourés de calme et de quiétude. «Ils socialisent volontiers, s’intéressent autant au potager qu’à la vigne et s’amusent avec le chaton des propriétaires.» 

Retour à la terre?
Un genre de retour à la terre, alors, aux racines profondes? Une conception idéalisée de la campagne? C’est sûr que le monde rural est auréolé d’un imaginaire très fort, où «l’authenticité» voisine avec «la vraie vie» et «la vie saine», convient Pascale Marcotte. Même le producteur, d’une certaine manière, jouit de cette aura: «C’est lui qui nous nourrit, qui nous tient en vie. Nous avons une relation intime avec les aliments et nous sommes dépendants de ceux qui les produisent.» 

L’agrotourisme n’est pas empreint de nostalgie pour autant, estime Mme Marcotte. Sinon pour une certaine recherche des goûts et des saveurs d’autrefois. Oui, quelques agriculteurs artisans qui accueillent les touristes tablent encore sur des images du passé. Mais ils sont de moins en moins enclins à s’y enfermer, selon Christine Bricault: «La tendance à “décorer champêtre” se tasse tranquillement. L’aménagement de boutiques épurées, comme en milieu urbain, est de plus en plus la norme.» 

D’ailleurs, les agrotouristes n’en ont pas que pour les entreprises traditionnelles. Si l’on veut montrer aux enfants comment vivent les animaux de ferme, d’où viennent le bacon et le fromage, on veut aussi connaître l’agriculture moderne, comprendre la technologie qui y est associée, odeurs et produits chimiques inclus. On inscrit même ses enfants à des camps d’été à la ferme pour une immersion de quelques jours. 

N’empêche que la plupart des fermes qui reçoivent des visiteurs sont plutôt des entreprises artisanales, où il est plus facile d’effectuer l’accueil, témoigne Pascale Marcotte. Elles sont souvent engagées dans des productions exotiques comme l’émeu et l’alpaga, ou ornementales comme la dizaine d’entreprises lavandières que compte le Québec. Certaines de ces fermes ont même été conçues expressément pour se prêter aux visites touristiques. 

1 Pascale Marcotte est également membre de l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société et du comité consultatif sur la recherche universitaire de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec.

2 Christine Bricault est aussi coordonnatrice au Conseil québécois du patrimoine vivant.

3 BRICAULT, Christine. La Route des vins de Brome-Missisquoi. Vers la construction d’une identité régionale. Mémoire (M.A.), Université Laval, 2007, 203 p.

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