Les enjeux du Nord selon trois diplômés
Les questions nordiques telles que vues en Suède, au Danemark et en Norvège.
Par Eva Canac Marquis Dumas, Association des diplômés de l’Université Laval
Ces témoignages s’inscrivent dans la suite du reportage Ce Nord, si loin, si proche
Suède: en mode coopération
Simon Pierre Boulanger Martel (Science politique 2011) est assistant chercheur au Département de recherche sur la paix et les conflits de l’Université d’Uppsala, en Suède, où il réside depuis quatre ans. Il note que dans son pays d’adoption, à l’heure où l’actualité est dominée par la crise des réfugiés et les inquiétudes sur la sécurité en Europe, les questions liées à l’Arctique ne font pas partie des enjeux majeurs: «De plus, la Suède n’a pas publié de stratégie sur la région arctique depuis 2011.»
Le diplômé rapporte cependant que le pays contribue activement à l’élaboration de la politique arctique de l’Union européenne. De plus, précise-t-il, début 2015, les hauts dirigeants suédois, finlandais et norvégiens se sont prononcés sur leurs priorités au regard de l’Arctique, ciblant les changements climatiques, le respect du droit international en matière de navigation et la sécurité comme des priorités politiques. «L’approche suédoise de collaboration avec ses voisins, Finlande et Norvège, favorise les solutions communes aux enjeux nordiques», dit-il.
D’autres préoccupations trouvent écho en Suède, relate Simon Pierre Boulanger Martel: «D’un point de vue économique, l’Arctique abrite des matières premières indispensables au développement des économies émergentes comme la Chine et l’Inde. L’exploitation de ces ressources est donc intéressante, mais on doit tenir compte avant tout des populations nordiques et des écosystèmes fragiles du Nord.» Le diplômé remarque aussi que certains enjeux liés à l’Arctique accentuent les tensions entre la Russie et les pays occidentaux, mais il est confiant que ces questions demeurerontdes occasions de coopération internationale.
Danemark: le territoire nordique au cœur du débat
Résidante de Copenhague, au Royaume du Danemark, Sarah Dubord-Gagnon (Études internationales et langues modernes 2007) travaille pour une société danoise de management et d’investissements internationaux. Elle est aussi collaboratrice occasionnelle pour ICI Radio-Canada Première. «La fonte de la calotte glacière groenlandaise est une préoccupation immense ici, explique-t-elle. La population s’en préoccupe d’autant plus qu’elle y voit un signal d’alarme mondial.»
Selon Sarah Dubord-Gagnon, les enjeux qui préoccupent les Danois touchent aussi bien la protection de la faune que celle des communautés humaines. «Les préoccupations les plus pressantes sont liées à la Convention de Ramsar sur la protection des zones humides et à la Convention sur la diversité biologique», estime-t-elle. La souveraineté du pôle Nord, une question très médiatisée, est aussi au cœur des discussions, au Danemark, dont la province autonome du Groenland possède la côte la plus rapprochée du pôle.
Outre les investissements du gouvernement en matière de santé et de protection de la faune, Sarah Dubord-Gagnon constate que les citoyens mettent sur pied plusieurs projets visant la sensibilisation aux réalités des populations du Nord. Un exemple: l’exposition virtuelle Inuit.nu des photographes Lasse Bak Mejlvang et Dennis Lehmann, qui mettent en lumière les communautés inuites du Groenland.
Norvège: un modèle à suivre
Candidat au doctorat en architecture à l’Université norvégienne de sciences et de technologie (NTNU) à Trondheim, en Norvège, David Smith (Architecture 2008 et 2010) rappelle qu’une portion non marginale de ce pays se situe dans la zone du cercle polaire arctique. Selon lui, bien qu’une majorité de la population réside au sud, les Norvégiens de tout le territoire sont touchés par les enjeux du Nord.
«Pour les gens du sud, les préoccupations sont surtout environnementales, estime-t-il, les citoyens étant particulièrement attachés au paysage national.» Plus au nord, la question du développement économique vient s’ajouter à cet aspect. «L’économie et la culture sont très liées à l’exploitation de la mer, notamment à l’extraction des hydrocarbures et à la pêche: les habitants des zones nordiques veulent assurer leur avenir», note David Smith, qui ajoute que les tensions sont vives entre les tenants de l’exploitation des ressources qu’offre le Nord et ceux qui veulent protéger cet environnement fragile. À son avis, le réchauffement climatique apportera aussi son lot de défis et de possibilités, en Norvège.
Pour répondre à tous ces enjeux, le pays investit d’importantes sommes dans les domaines de l’éducation et de la recherche. David Smith juge que la Norvège est un modèle à suivre pour sa façon d’exploiter intelligemment ses ressources et pour son investissement dans la social-démocratie. «Nous avons beaucoup à apprendre des Norvégiens sur la façon de traiter les défis nordiques», croit-il.
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