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Hiver 2013

Le recrutement de volontaires selon trois diplômés

Le témoignage de diplômés-chercheurs qui font appel à des volontaires au Liban, au Bénin et aux États-Unis.

 Ces témoignages s’inscrivent dans la suite de l’article Heureux au service de la science

MHazaz-150LIBAN: MIEUX FAIRE COMPRENDRE L’IMPORTANCE DE LA RECHERCHE
May Hazaz (Sciences sociales 1981 et 2007) enseigne et dirige des mémoires et thèses de doctorat en travail social à l’École libanaise de formation sociale de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, où elle est professeure associée, après avoir été directrice de cette école de 1998 à 2010. Elle y mène entre autres des recherches sur les pratiques en matière de toxicomanie et de développement communautaire, en collaboration avec la Fédération internationale des universités catholiques.
   Pour ces recherches, Mme Hazaz a souvent recours au recrutement de volontaires. Une tâche ardue, souligne-t-elle: «Qu’on s’adresse au grand public ou à une clientèle très ciblée, les gens ont du mal à comprendre l’importance des études menées; ils acceptent plus facilement lorsqu’on peut donner en référence des professionnels reconnus comme experts du domaine.» Toutes les recherches faisant appel à des sujets humains doivent d’abord être approuvées par le comité d’éthique de l’Université Saint-Joseph.
   Les moyens privilégiés par l’École libanaise de formation sociale pour entrer en contact avec les volontaires sont les rencontres et les appels téléphoniques. «Ce sont les moyens les moins coûteux», note la professeure. Surtout que l’École dispose d’une bonne banque de noms. En effet, fondé en 1948 et considéré «d’utilité publique», cet établissement possède une base de données importante, ce qui permet d’accéder aux coordonnées d’un grand nombre de personnes. Par ailleurs, les collaborations avec les hôpitaux, cliniques, organismes communautaires et centres spécialisés sont souvent incontournables pour joindre les populations ciblées.

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FAGuedou-150BÉNIN: ÉTABLIR UNE RELATION DE CONFIANCE
Fernand Aimé Guédou (Épidémiologie 2012) est coordonnateur de projets de recherche au Bénin, en Afrique. Il fait partie de l’équipe de Michel Alary, chercheur à l’Unité de recherche pour la santé des populations (CHU de Québec) et professeur à la Faculté de médecine (UL). Pour ses activités de recherche, M. Guédou a souvent recours à la participation de volontaires dont le recrutement présente des difficultés découlant, note-t-il, de trois réalités. D’abord, le faible niveau d’éducation, qui ne permet pas à la majorité de
la population ciblée de comprendre les objectifs, les procédures et même les avantages d’une étude. Ensuite, la pauvreté, qui pousse les participants potentiels à exiger des «frais de motivation» pouvant être refusés par le bailleur de fonds ou le comité d’éthique. Et finalement, l’absence d’une politique de vulgarisation des résultats de recherche auprès de la population,qui fait que même les intellectuels refusent de participer aux études ou déconseillent à leurs proches d’y participer.
   En matière de recrutement de volontaires, M. Guédou et son équipe privilégient le contact direct avec les populations ciblées, soit les travailleuses du sexe. «L’approche directe permet une communication plus ciblée, explique-t-il, créant dès le départ une certaine relation entre l’équipe et le participant potentiel. Celui-ci se sent alors considéré, mais aussi plus confiant car ayant échangé directement avec le chercheur ou son répondant.»

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CMMorin-150ÉTATS-UNIS: ASSURER UNE REPRÉSENTATIVITÉ ETHNIQUE
Le recrutement de volontaires pour la science peut s’avérer complexe aux États-Unis, rapporte Charles M. Morin (Psychologie 1979 et 1982), professeur à la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, qui effectue des recherches multicentriques en collaboration avec des homologues américains. Là-bas, les règles du jeu en matière de recrutement de volontaires diffèrent légèrement de celles qui s’appliquent ici, ce qui a un impact direct sur la recherche de candidats. «Aux États-Unis, donne-t-il en exemple, les chercheurs doivent s’assurer d’avoir la même proportion ethnique chez leurs volontaires que dans la population, ce qui n’est pas le cas au Canada.» L’un des plus grands organismes subventionnaires en matière de recherche aux États-Unis, le National Institute of Health, effectue un suivi très serré à cet égard. Comme cet organisme subventionne et réglemente une grande partie des recherches en santé menées sur le territoire américain, son influence est majeure.
   Autre contrainte importante en matière de recrutement: la concurrence. «Dans un marché comme celui de New York, par exemple, tellement d’études et de recherches peuvent être en cours au même moment qu’une simple annonce dans le journal ne suffit pas pour recruter les volontaires», rapporte M. Morin. Les chercheurs doivent privilégier les alliances et les collaborations avec les cliniques spécialisées: il est plus facile d’y recruter les volontaires qui répondent à des critères spécifiques.

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